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Le bâton et la houlette


C'était l'un des thèmes de l'homélie du Saint-Père, lors de la messe de conclusion de l'année sacerdotale. Deux articles espagnols, traduits par Carlota (13/6/2010)
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Carlota


Voici un article de José Manuel Vidal (*) qui est le spécialiste des questions religieuses pour le journal espagnol « El Mundo » (journal libéral, mais non conservateur, en bref, la tendance de notre « Monde » et notre « Figaro » nouvelle génération) et directeur du portail internet « Religión digital ».
Je n’apprécie guère ce journalise archétype du « catholicisme adulte ». Il a été prêtre catholique (et a notamment étudié au Québec), rendu à l’état laïc il y a 20 ans, il est marié et père de famille. Il a notamment écrit en 2003 un livre sur Jean Paul II, « Habemus Papam : de Juan Pablo II al Papa del Olivo ». Lors d’un entretien en janvier dernier avec une journaliste évangéliste espagnole, il a, entre autre, déclaré : « l’Église Catholique souffre d’un processus d’involution brutale (ndt involution : ensemble de phénomènes de sclérose et d’atrophies de la vieillesse !) depuis trente ans. Cette involution l’a conduit à une espèce de talibanisation. L’Église Catholique se sent attaquée et agressée de toutes parts et cela la porte à s’enfermer sur elle-même, dans un ghetto, en recherche de sécurité […] »
Il faut peut-être mieux se « piquer à la tisane » avant d’écouter l’interview (original ici) si l’on veut garder son calme, mais c’est particulièrement édifiant ! (Ces déclarations ont été reprises/dénoncés par infocatolica.com ici ).

Voici néanmoins la traduction de ce qu’a écrit José Manuel Vidal sur son portail (original ici) à l’occasion de la fin de l’année sacerdotale et intitulé « Le Pape, chevreau expiatoire » (En français on traduit souvent par bouc émissaire, mais la traduction littérale rend peut-être mieux la tâche sacrificielle du Saint Père).

Je vous propose en complément un article de Luis Fernando Pérez Bustamente (directeur du portail digital infoCatólica), paru à la même occasion, mais dont j’apprécie beaucoup plus le développement, notamment en sa dernière partie…

 



1.- « Le Pape, chevreau expiatoire » par José Manuel Vidal

Ils disaient qu’il n’allait pas oser. Que le pape ne peut demander pardon parce qu’il compromettrait je ne sais quelles prérogatives papales. Plus encore, les plus papistes assuraient qu’il ne devait le faire. Et ils disaient même que, quand son prédécesseur l’a fait, celui qui était alors le cardinal Ratzinger n’en avait pas partagé l’idée.
Ils disaient, ils disaient…mais heureusement ils n’ont pas réussi. Et comme nous l’avons demandé ici il y a des mois, Benoît XVI s’est transformé en bouc émissaire des péchés des curés abuseurs. Humblement, solennellement. Devant 15 000 prêtres du monde entier. À genoux devant le Très Haut il a pris à sa charge la souillure des fruits pourris du clergé. Et il a réconcilié l’Église avec le monde. Et peu à peu, il est en train de rendre possible que nous nous sentions de nouveau fiers d’être l’Église. Le Pape, balayeur de Dieu.

En bon professeur, le Pape sage a profité de l’occasion (solennelle) pour donner aux curés du monde une leçon sur ce que signifie être curé aujourd’hui. D’abord il a revendiqué « La grandeur et la beauté du ministère sacerdotale ». Mais jamais ne devient un métier de plus. Non au curé fonctionnaire. Parce que le sacerdoce est « un sacrement », qui met en scène « l’audace de Dieu » qui « s’abandonne dans les mains des êtres humains ». C’est et seulement ainsi que c’est la peine d’être curé.

Mais le mal continue à être présent dans l’histoire et « il fallait s’attendre à ce que cela ne plaise pas à l’ennemi que le sacerdoce brille de nouveau ». Et Satan a incité « les péchés des prêtres, surtout les abus des petits ».

Et devant ce péché il ne reste qu’à demander « pardon instamment à Dieu et aux personnes affectées ». Pour que « de semblable abus n’arrive plus jamais de nouveau ». Les victimes, d’abord.

Et Benoît XVI ne se contente pas de la demande solennelle de pardon, mais il avance des mesures pour couper le problème à sa racine et que « cela ne se reproduise jamais » : sélection des candidats aux sacerdoces (moins mais des bons), formation et accompagnement

En outre il a demandé aux curés qu’ils puissent dire, comme le Bon Pasteur, « je connais mes brebis et elles me connaissent ». Proximité pastorale, incarnation dans le peuple. Et les guider « dans un sentier juste », en dépassant les « chemins de la tentation, du découragement et de l’épreuve ».

Le Pape, qui dans le nettoyage de l’Église va beaucoup plus loin que quelques uns de ses propres évêques, les a avertis que la crosse du prélat est à la fois houlette et bâton. »Le bâton contre les bêtes sauvages qui veulent attaquer le troupeau ; contre les voleurs de grand chemin qui cherchent leur butin ».

Des évêques avec un bâton pour « ne pas tolérer des comportements indignes de la vie sacerdotale » et pour protéger la foi contre ceux qui se font passer pour ce qu’ils ne sont pas ». Un bâton qui doit se transformer en houlette du pasteur, « qui aide les hommes à suivre le Christ ». Sollicitude des pères.

Leçon magistrale pour des curés et des évêques. Et geste vaillant d’un Pape destiné à être de transition et dont la figure prend des proportions chaque jour plus gigantesques. Ce n’était pas facile, mais le Pape Ratzinger a le don de transformer ce qui est difficile en facile.

José Manuel Vidal

 



2.- Le Pape et le bâton pour combattre l’immoralité et l’hérésie par Luis Fernando Pérez Bustamente (original ici: http://infocatolica.com/..)

Sans doute, l’homélie que Benoît XVI a faite aujourd’hui devant des milliers de prêtres, au cours de la Messe de clôture de l’Année Sacerdotale a-t-elle été un des moments culminants de ce pontificat. Quand il y a an tout juste un professionnel de l’information m’a dit que cet évènement, - l’Année Sacerdotale - n’aurait pas trop d’importance et ne mériterait pas qu’on lui prête attention, j’ai pensé tout de suite que la dite personne marchait plutôt désorientée.
Le temps m’a donné raison.

Cela a été une année décisive pour le sacerdoce dans le monde entier. Et ce n’est pas par hasard, comme s’est chargé de le rappeler aujourd’hui le Pape, que ce fut précisément dans ces mois que se sont d’autant plus donnés à connaître les péchés de ceux qui ont démontré qu’ils étaient indignes du sacerdoce et de l’épiscopat. L’accusateur des frères a prétendu jeter aux ordures du péché de quelques uns tous les prêtres en leur totalité. Mais à son tour, ce qui est arrivé nous a donné l’opportunité d’apporter une solution à un mal qui, il convient de le reconnaître, n’a pas été affronté d’une manière adéquate.

Benoît XVI a de nouveau demandé pardon aux victimes et a assuré que l’Église fera plus attention au discernement des vocations au sacerdoce. Ce n’est pas impossible que dans l’avenir surgissent de nouveaux curés indignes, mais ce sera plus difficile. Et ce sera plus rare encore qu’il y ait des évêques qui veuillent cacher leurs péchés avec des transferts et de sottes dissimulations. Le Seigneur saura pardonner à celui qui à chaque Messe dit : « Ne prends pas en compte nos péchés mais la foi de ton Église ».
Nous verrons si le monde, si prompt à accuser l’Église de maux qui en sont le pain quotidien, est capable de faire face d’une manière aussi efficace.
La réponse sera non. Il ne veut ni ne peut.

De l’homélie du Saint Père, je veux reprendre un paragraphe qui pour beaucoup, et au moins pour moi, nous confirme que nous sommes dans la bonne voie:

« Ton bâton et ta houlette me protégent » : le pasteur a besoin d’un bâton contre les bêtes sauvages qui veulent attaquer le troupeau ; contre les voleurs de grands chemins qui cherchent leur butin. Juste à côté du bâton se trouve la houlette qui soutient et aide à traverser les lieux difficiles. Les deux choses entrent dans le ministère de l’Église, du ministère du prêtre. L’Église doit aussi utiliser le bâton du pasteur, le bâton qui protége la foi contre ceux qui se font passer pour ce qu’ils ne sont pas, contre des orientations qui sont, en réalité, des désorientations. En effet, l’usage du bâton peut être un service d’amour.
Aujourd'hui, nous voyons qu'il ne s'agit pas d'amour, quand on tolére des comportements indignes de la vie sacerdotale. De même qu'il ne s'agit pas d'amour, quand on laisse proliférer l'hérésie, la distorsion et la désintégration de la foi, comme si nous-mêmes, de façon autonome, l'avions inventée. Comme si ce n'était plus un don de Dieu, la perle précieuse que nous ne nous laisserons pas arracher. Dans le même temps, cependant, le bâton doit toujours redevenir la houlette du berger - la houlette qui aide les hommes à marcher sur les sentiers difficiles pour suivre du Seigneur.
Nous allons voir si ce qu’a dit le Pape est enregistré par ceux qui nous accusent de manquer de charité quand nous demandons que les règles de discipline soient appliquées à ceux qui propagent l’hérésie et tout type d’erreur doctrinale et morale. Non, Messieurs, non. Tous ceux qui nous accusent ainsi servent Satan et non pas Dieu. Ils servent le mensonge, non la vérité. Ils servent le péché, non la charité. Qu’ils se taisent donc et se repentissent de leur péché de complicité avec l’erreur. On ne combat pas le mal uniquement avec des bonnes paroles. Parfois il faut user du bâton. Et si l’on ne l’utilise pas, les bêtes sauvages, déguisées ou non en brebis et ou en anges de lumière, ne font qu’une bouchée du troupeau.

Nous ne permettrons pas qu’on nous vole la perle précieuse que Dieu nous offre à travers son Église. Celui qui veut vivre sa foi d’une manière autonome, en interprétant l’évangile et le reste de la Révélation inspirée par l’esprit du pouvoir de l’air du temps qui domine se monde, est libre de le faire. Chacun se suicide spirituellement comme lui en vient l’envie. Mais à nous fidèles, à nous qui respectons l’Église comme Mère et Maîtresse, qu’ils ne nous arrivent, ni avec des hérésies, ni avec de sottes complicités , des comportements indignes.

Qu’ils prennent note, ceux qui ont en main le bâton des bergers. Ni moi ni ceux d’entre nous qui nous consacrons à la tâche de « combattre pour la foi qui a été transmise aux Saints une fois pour toute » (Jud 3), ne l’avons ce bâton. Mais nous avons, oui, nous avons la certitude que la dite tâche a le soutien du Vicaire du Christ sur la Terre. À côté de lui, sous lui et en communion avec lui, nous continuerons à rendre un service qui, peut-être aujourd’hui plus que jamais, est absolument nécessaire pour le bien de toute l’Église, et en passant, pour le bien de l’humanité. La vérité nous rend libres. Pour elle, nous sommes ce que nous sommes et nous faisons ce que nous faisons.

Pax et bonum,

Luis Fernando Pérez

(*) NDLR

Pour l'article de José Manuel Vial... mea culpa! C'est moi qui, rendue curieuse par le titre, ai appelé Carlota au secours. Elle a très gentiment accuelli mon appel, mais elle a tout de suite vu qu'il y avait un "os":
"Je ressentais un je ne sais quoi en traduisant le texte de José Manuel Vidal , cette insistance sur la demande de pardon, etc.", me dit-elle.

Gageons que les "mea culpa" de Benoît XVI vont devenir un thème récurrent des catholiques progressistes (cf: article de Zizola, dans La Repubblica ). Une façon de détourner son message. Et une démarche qui déforme ses intentions.
Et surtout, le catholique adulte (une "synthèse"!) se garde bien d'évoquer tous les dangers dont le bâton protège:
"(...) il ne s'agit pas d'amour, quand on laisse proliférer l'hérésie, la distorsion et la désintégration de la foi, comme si nous-mêmes, de façon autonome, l'avions inventée. Comme si ce n'était plus un don de Dieu, la perle précieuse que nous ne nous laisserons pas arracher" (Messe de conclusion de l'Année Sacerdotale ).

Bon, ceci dit, la conclusion de l'article est magnifique, et vaut le travail de traduction:
"(...) un Pape destiné à être de transition et dont la figure prend des proportions chaque jour plus gigantesques".

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