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Chrétiens en politique:les valeurs non négociables

Selon Mgr Luigi Negri, la grande leçon du pape est de rappeler ce qui vient en premier, ce qui fonde l'unité des catholiques (18/12/2010)

Justement en ce moment, il est très important de reconnaître ce que nous devons au Saint-Père - et même, avant, au cardinal Ratzinger. Un texte de l'évêque de San Marino nous le rappelle opportunément.
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Mgr Luigi Negri, évêque de san Marino (diocèse auquel le Saint-Père rendra visite en juin prochain) est le co-auteur, avec Riccardo Cascioli d'un livre - non traduit en français - intitulé: Pourquoi l'Eglise a raison; et, en sous-titre: Sur la vie, la famille, l'éducation, le sida, la démographie, le développement.

La Bussola en propose un extrait, qui explique pourquoi il est fondamental que les catholiques en politique, regardent d'abord les "principes non négociables". Ajoutant qu'en ces jours où l'Italie traverse une grave crise politique (mais même si la situation est diférente, au moins pour le moment, en France, ces réflexions sont aisément transposables à notre pays) il s'agit d'une contribution qui permet de comprendre qu'avant les coalitions gouvernementales, il importe d'avoir à cœur le fondement sur lequel nous voulons construire le pays.

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Catholiques et politique, ce qui vient avant tout le reste
Texte en italien: http://www.labussolaquotidiana.it/...

Ma traduction:

Nous devons la définition des "principes non négociables" à Benoît XVI, dans un de ses premiers discours en tant que Pape. Pour être précis, l'occasion lui a été offerte par la rencontre avec les parlementaires du Parti populaire européen, reçus en audience le 30 Mars 2006 (1). C'est une circonstance à ne pas négliger, parce que le Pape n'a pas apporté d'innovations doctrinales, mais a rendu explicite et détaillée la position traditionnelle de l'Eglise, la replaçant dans le contexte de la situation en Europe, où le relativisme attaque les droits fondamentaux étroitement liés à la nature de l'homme et à sa dignité.

A cette occasion, Benoît XVI a évoqué les trois principes non négociables qui jaillissent de la tradition de la doctrine sociale de l'Eglise,vérifiés dans l'histoire des nations :
- Protection de la vie dans toutes ses phases, depuis le premier moment de la conception jusqu'à la mort naturelle;
- Reconnaissance et promotion de la structure naturelle de la famille en tant qu'union entre un homme et une femme fondée sur le mariage, et sa défense contre les tentatives de la rendre juridiquement équivalente à des formes d'union radicalement différentes qui en réalité lui portent préjudice et contribuent à sa déstabilisation, en occultant son caractère particulier et son rôle social irremplaçable;
- Protection du droit des parents d'éduquer leurs enfants.
"Ces principes ne sont pas des vérités de la foi , même s'ils reçoivent un éclairage supplémentaire, et une confirmation, de la foi. Ils sont inscrits dans la nature humaine elle-même et sont donc communs à toute l'humanité. L'action de l'Eglise dans leur promotion n'est donc pas à caractère confessionnel, mais elle est adressée à toutes les personnes, indépendamment de leur appartenance religieuse. "

La formulation des principes non-négociables était en fait déjà présente dans la Note doctrinale sur certaines questions regardant l'engagement des catholiques dans la vie politique (2), que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (présidée alors par le Cardinal Joseph Ratzinger) a publiée le 24 novembre 2002 dans le but de rappeler et de préciser certains points de la doctrine sociale de l'Eglise pour ceux qui oeuvrent et vivent dans les sociétés démocratiques.

En particulier, le document fait la distinction entre les décisions politiques contingentes dans lesquelles sont souvent "moralement possibles des stratégies différentes pour réaliser ou garantir en substance une même valeur de fond" (n° 3) et "les principes moraux qui n'admettent aucune dérogation, exception ou compromis" ( n° 4), où "alors, l'engagement des catholiques devient plus évident et chargé de la responsabilité".
La note parle dans ce cas d'"exigences éthiques fondamentales inaliénables", devant lesquelles "les chrétiens doivent en effet savoir qu’est en jeu l’essence de l’ordre moral, qui concerne le bien intégral de la personne. Tel est le cas des lois civiles en matière d’avortement et d’euthanasie (à ne pas confondre avec le renoncement à l’acharnement thérapeutique qui, même du point de vue moral, est légitime), qui doivent protéger le droit primordial à la vie, depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle. De la même manière, il faut rappeler le devoir de respecter et de protéger les droits de l’embryon humain. De même, il faut préserver la protection et la promotion de la famille, fondée sur le mariage monogame entre personnes de sexe différent, et protégée dans son unité et sa stabilité, face aux lois modernes sur le divorce: aucune autre forme de vie commune ne peut en aucune manière lui être juridiquement assimilable, ni ne peut recevoir, en tant que telle, une reconnaissance légale. De même, la garantie de liberté d’éducation des enfants est un droit inaliénable des parents, reconnu entre autre par les Déclarations internationales des droits humains"(n° 4).

Dans cette approche, il y a une question fondamentale qui doit être soulignée, à savoir que la doctrine sociale de l'Eglise est le contenu qui lie (ndt: au sens de contrainte) les interventions faites par des individus et des groupes. Elle les lie, dans le sens où elle constitue l'hypothèse de travail, une hypothèse à la lumière de laquelle peuvent ensuite être conduites toutes les analyses de caractère culturel et toutes les mesures de nature opérationnelle.

Ce qui est essentiel dans l'engagement des catholiques ne réside donc pas dans l'analyse des individus et des groupes, où on court le risque inévitable d'utiliser les principes de la doctrine sociale en fonction d'évaluations ou d'interventions de caractère culturel, social et politique. Si on ne garde pas à l'esprit les principes fondamentaux que seule l'Église enseigne et qui ne peuvent être rejetés, alors les valeurs fondamentales deviennent le contenu des analyses, et ce sont les choix contingents - sociaux, culturels et politiques - qui assumeront le rôle des valeurs fondamentales. Avec pour résultat une désagrégation, qui non seulement rend équivoque la présence des catholiques en politique, mais fait en sorte que les contenus de leurs intervention finiront par être irréformables comme la foi.

Il arrive ainsi que dans la communauté ecclésiale, ceux qui font des choix opérationnels, culturels et sociaux différents, se combattent avec une violence acharnée comme s'il n'y avait pas une base commune qui précède ces différences, et qui à la limite pourrait valoriser ces différences. Alors, le "catho-communiste" (ndt: nous dirions catholique de gauche) considére celui de droite comme un non-chrétien, le catholique de droite considère le catho-communisme comme une trahison fondamentale de la foi, et la communauté est divisée dans sa nature profonde, elle risque d'être mise en situation de crise, ou déchirée, pour des considérations de nature contingente. Et cette division se retrouve jusqu'au sommet de la hiérarchie.

La grande leçon du pape est justement de rappeler ce qui vient en premier, ce qui fonde l'unité des catholiques.

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(1) Source
(2) Source

Le best-seller (incompris) du Pape Rencontre avec les étudiants de Rome