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en particulier, le vote pour Marine Le Pen (24/4/2012)

     



Depuis hier, tout un monde de professionnels de la politique, politologues, sociologues, sondagistes, tous de gauche - on est mieux entre soi -, s'agitent sur les plateaux de télévision et dans les studios des radios pour interpréter le vote Front National, dont ils examinent les électeurs au microscope, comme le feraient des entomologues d'une population d'insectes mystérieux et plus ou moins répugnants.
24 heures après, le verdict est unanime: il s'git d'un vote CONTRE (protestation) et pas d'un vote POUR (adhésion). Sans rentrer dans les détails du fond de ce jugement, je constate qu'il est bien pratique: tout ramener à la pauvreté (relative) et au pouvoir d'achat, éventuellement au racisme, permet d'évacuer en douce les sujets qui fâchent: mondialisme, immigration, perte d'identité , alors qu'ils sont consubstantiels aux "protestations", dont les effets visibles ne sont que les symptômes, et que de toutes façons, le vote Mélanchon aurait dû suffire à canaliser.
Il est donc plus que probable qu'en effet le rejet de l'immigration, du mondialisme, du gouvernement de Bruxelle, de la dictature des marchés, de celle des medias, l'abandon de la nation, le dégoût des magouilles électoralistes, ont été les éléments décisifs de leur choix.
Bref, on nous refait le coup du "nous avons compris le message des électeurs, nous allons y répondre". Entendre cela, surtout dans la bouche de François Hollande qui représente TOUT ce que ces 18% de français ont rejeté, est tout simplement osbscène.

Voici sur ce sujet un article de Massimo Introvigne, observateur attentif et analyste très fin de la situation de notre pays.
Il étudie le vote Le Pen - qu'il qualifie de "candidate de droite", et ses électeurs, d'électeurs de droite, sans jamais adjoindre le qualificatif "extrême".

Les électeurs de Mme Le Pen sont tout simplement des électeurs de droite. Ceux-là aussi existent dans toute l'Europe, même s'ils ne trouvent pas toujours une représentation adéquate. Ils voudraient plus d'identité nationale et moins d'euro-bureaucratie, plus de contrôle de l'immigration, mais aussi plus de valeurs.

Il met en garde Marine Le Pen contre le syndrome de "Fiuggi" (voir l'explication plus bas).
Et, observant qu'elle a une grande occasion de parler aux catholiques, il lui donne quelques conseils, en vue des prochaines élections présidentielles, où elle pourrait bien, cette fois, concourir pour la victoire - selon lui.

La France n'aime pas l'Europe des marchés
Massimo Introvigne
www.labussolaquotidiana.it
24/04/2012
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Dans les systèmes électoraux à deux tours, le premier tour constitue un grand sondage d'opinion, le second sert à élire celui qui va occuper la charge publique en question.
Le premier tour des présidentielles françaises a dit par-dessus tout ceci, selon l'opinion unanime des médias internationaux: qu'il y a une proportion très importante d'électeurs qui n'aiment pas la technocratie, la bureaucratie à Bruxelles, les recettes larmes et sang de la Banque centrale européenne, les partis réduits à des comités électoraux qui, au lieu de proposer valeurs et identité se présentent chacun comme le meilleur interprète de la volonté des «marchés» internationaux, bourreaux inflexibles toujours prêts à faire faire "une fin comme la Grèce" à ceux qui comprennent mal, ou trop tard, leurs signaux.

Un tiers des électeurs français a exprimé ce refus . En dehors de ceux qui ont choisi des candidats mineurs, 11% ont voté pour le candidat communiste Jean-Luc Mélenchon et près de 19% pour la candidate de droite Marine Le Pen, saluée par les médias comme le véritable vainqueur des élections. Attention: il ne s'agit pas d'anti-politique, mais d'ultra-politique. Mélenchon n'est pas Beppe Grillo (ndt: histrion médiatique transalpin, genre Coluche), c'est un communiste dont les formules politiques sont les plus traditionnelles et les plus fidèles à ses vieilles racines marxistes que la gauche européenne soit aujourd'hui en mesure d'offrir. Et Marine Le Pen conduit quant à elle un véritable parti, structuré, organisé sur le territoire, et qui existe depuis quarante ans. Les succès de Mélenchon - quoique plus faible que prévu - et de Marine Le Pen - celui-là, oui, retentissant - ne doivent pas être confondus avec ceux des listes de protestation anti-politiques qui ont émergé dans d'autres pays. La nostalgie de l'identité communiste, à gauche, s'est du reste manifestée aussi ailleurs.

Et Marine Le Pen? La diaboliser comme raciste, xénophobe ou «fasciste» ne sert à rien. Personne ne peut vraiment penser qu'un Français sur cinq, en votant Le Pen, se déclare raciste ou nostalgique de l'occupation nazie. Les électeurs de Mme Le Pen sont tout simplement des électeurs de droite. Ceux-là aussi existent dans toute l'Europe, même s'ils ne trouvent pas toujours une représentation adéquate. Ils voudraient plus d'identité nationale et moins d'euro-bureaucratie, plus de contrôle de l'immigration, mais aussi plus de valeurs.

Il y a des études intéressantes sur les électeurs de Marine Le Pen et de son parti en France. Beaucoup d'entre eux sont plus à «droite» que leur candidate, en particulier sur la question des valeurs non négociables. Que Marine se soit mariée et ait divorcé deux fois et vive maintenant avec un troisième partenaire, ce n'est pas un simple détail pour ces électeurs; mais ses positions sur l'avortement sont plus contestables: certes, elle propose une aide aux mères en difficulté et moins de financement pour l'avortement facile, mais elle dit aussi que la législation sur l'avortement ne peut et ne doit pas être remise en question. Les mêmes électeurs apprécient sa défense de la liberté de l'éducation - c'est-à-dire, en France comme ailleurs, les écoles catholiques - mais ils sont parfois déroutés par ses tirades en faveur de la tradition laïque française, même si celles-ci sont souvent jouées comme une tactique anti-musulmane, demandant la «séparation de l'État de la mosquée»

Marine Le Pen a progressé. Elle n'est pas encore au but, mais elle est sur la bonne voie pour «dédouaner» (ndt: nous, on dit "dédiaboliser", mais ce n'est pas tout à fait la même idée) la droite française et rendre crédible l'hypothèse qu'elle pourrait gouverner un jour.
Mais parfois, on a l'impression - qu'en s'inspirant du «tournant de Fiuggi» de Gianfranco Fini (ndt: Fiuggi est la ville où, lors d'un congrès, en 1995, la Droite nationale italienne, sous l'impulsion du secrétaire du parti, Gianfranco Fini, abandonna l'étiquette de "post-fasciste", devenant sous le nom d'Alleanza Nationale -AN- une force politique légitime pour gouverner) - de Fini, elle risque aussi de répéter les erreurs. Les condamnations du racisme et du nazisme , c'est très bien. Mais pour «se dédouaner», il n'est pas nécessaire de dire du bien du laïcisme, ou de se montrer tiède sur la vie et la famille. Les professionnels du laïcisme et de l'idéologie radicale ne voteront de toute façon jamais pour Marine Le Pen, et certaines positions sont susceptibles de faire fuire les catholiques.

Les catholiques, donc. A chaque élection, on répète en France qu'ils sont insignifiants dans un pays qui, avec la République tchèque est la lanterne rouge pour la participation aux rites religieux. Toutefois, il ne faut pas confondre la pratique du dimanche - très faible en France - et l'héritage culturel catholique. Comme le montrent les études de sociologues comme Émile Poulat et Danièle Hervieu-Léger, la «civilisation paroissiale» (ndt: en français dans le texte), le tissu autrefois efficcace des paroisses pour la transmission de la foi est en voie d'extinction en France. Mais il reste une religion en tant que mémoire, il reste également parmi de nombreux non-pratiquants une culture catholique, un résidu de valeurs, voire une sympathie pour le pape. Le pourcentage des anti-avortements en France, par exemple, est certainement plus élevé que celui des catholiques pratiquants .

Même s'il y a aujourd'hui des exceptions heureuses, de nombreux documents issus d'associations et de représentants de l'Eglise français, sur les thèmes politiques et sociaux, sont vraiment insignifiants, car ils répètent de manière lassante un progressisme générique et des slogans sur la paix, la tolérance et l'acceptation des immigrants, qui ne sont pas forcément erronés en eux-mêmes, mais qui sont éloignés des préoccupations du Français moyen en 2012, même du Français qui s'interesse à l'Eglise. A ces français, Marine Le Pen, malgré ses deux divorces, a aujourd'hui une grande occasion de parler. Mais c'est une occasion qu'elle pourrait perdre, en commettant plusieurs types d'erreurs.

Outre l'apologie de la laïcité , il y a aussi l'excessive ostentation des liens avec les traditionalistes de la Fraternité Saint-Pie X, le rappel dans des interviews que ses trois enfants ont été baptisés à Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris, l'église "occupée" par les lefebvristes. La présence à ses manifestations de groupes et associations catholiques traditionalistes, dont la consistance est notable en France et ne doit pas être sous-estimée, fait certainement plaisir à Marine Le Pen. Mais «se dédouaner» signifie également construire une relation avec le monde catholique, qui ne peut pas passer exclusivement par les traditionalistes, qui - même dans l'hypothèse souhaitée d'une réconciliation future avec le Saint-Siège - resteront, pour employer un euphémisme, peu sympathiques à la majorité évêques français. Marine Le Pen peut considérer les évêques comme irrémédiablement hostiles à la droite et inapprochables. Certes, aucun évêque français ne songe à considérer comme un interlocuteur elle ou son parti tels qu'ils sont aujourd'hui. Toutefois, cela était également vrai pour la droite italienne, avant Fiuggi. Après, les choses ont changé.

Mais un processus de croissance et un «dédouanement» implique aussi une tentative de relation avec le monde catholique dans son ensemble - et pas seulement ses expressions «de marge», même numériquement importantes -: un rapport qui ne peut certes ignorer les expressions institutionnelles et l'épiscopat, qui, d'ailleurs, à l'époque de Benoît XVI, en France aussi, n'est plus celui des années 1970 ou 1980.
Pour Marine, un effort est donc encore nécessaire pour viser, la prochaine fois, non pas une très honorable participation aux élections, mais la victoire.