Rechercher:

Pages spéciales:

Page d'accueil

Vatileaks

Rencontre des familles

Toscane

Accord avec la FSSPX

Anniversaires

dans le quotidien italien Il Foglio: Pourquoi le rapprochement entre Benoît XVI et les lefebvristes ne renie pas Vatican II (27/4/2012)

Texte en italien: http://rassegna.camera.it/
Ma traduction.

-> Voir aussi: Saint Siège- FSSPX: le danger de forcer les choses
-> Et tous les articles sur ce sujet: Accord avec la FSSPX

     



Théologien, liturgiste et consultant auprès de l'Office des Célébrations Liturgiques du Souverain Pontife et des Congrégations pour la Doctrine de la Foi et pour les Causes des Saints, Mgr Nicolas Bux, né en 1947, est surtout connu par les initiés comme «très proche de Benoît XVI». Et c'est lui qui, il y a un peu plus d'un mois, a fait la rumeur dans le milieu ecclésial avec une lettre ouverte au supérieur général et aux prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X fondée par Mgr Lefebvre, les invitant à saisir la main que Benoît XVI leur tend (1).
Les observateurs en ont tous tiré la conclusion la plus logique: le Pape souhaite vivement la réconciliation.

« Vous voyez - explique Mgr Bux - cette conclusion est à la fois exacte et inexacte. Elle est exacte parce que Benoît XVI veut cette réconciliation et pense qu'il ne peut y avoir aucune autre solution possible dans l'affaire de la Fraternité fondée par Mgr Lefebvre. Elle est imprécise si on lui attribue un caractère politique. Rien n'est plus éloigné de l'esprit de ce Pape. Ratzinger est une personne qui ne pense ni n'agit en fonction de la politique ecclésiale. C'est pourquoi il est souvent mal compris. Et cela vaut encore plus pour l'histoire de la Fraternité Saint-Pie X: pour lui, il s'agit uniquement du retour définitif et complet à la maison de nombreux enfants qui peuvent faire le bien de l'Église».

- Donc, les lectures de droite ou de gauche seraient tronquées, mais il ne sera pas facile de les désamorcer à l'intérieur même de l'Eglise. Comment un catholique devrait-il se situer devant un fait comme la réconciliation entre le Saint-Siège et la Fraternité Saint Pie X?
« Il faut relire avec attention ce que Benoît XVI a écrit le 10 Mars 2009 dans la "Lettre aux évêques" pour expliquer les raisons de la levée de l'excommunication des quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre: «Une communauté dans laquelle se trouvent 491 prêtres, 215 séminaristes, 6 séminaires, 88 écoles, 2 instituts universitaires, 117 frères, 164 sœurs et des milliers de fidèles peut-elle nous laisser totalement indifférents? Devons-nous impassiblement les laisser aller à la dérive loin de l’Église? Je pense par exemple aux 491 prêtres. Nous ne pouvons pas connaître l’enchevêtrement de leurs motivations. Je pense toutefois qu’ils ne se seraient pas décidés pour le sacerdoce si, à côté de différents éléments déformés et malades, il n’y avait pas eu l’amour pour le Christ et la volonté de L’annoncer et avec lui le Dieu vivant. Pouvons-nous simplement les exclure, comme représentants d’un groupe marginal radical, de la recherche de la réconciliation et de l’unité? Qu’en sera-t-il ensuite? » (source). Ici est le cœur de Benoît XVI. Voilà, je pense que si beaucoup d'hommes d'Église agissaient selon ce cœur, ils ne pourraient que se réjouir de l'heureuse conclusion de cette affaire».

- Peut-être l'opposition à la volonté de Benoît XVI vient-elle du fait que beaucoup de gens font l'équivalence: réconciliation avec les lefebvristes égale rejet de Vatican II.
«Regardez, le premier 'accord', si on veut l'appeler ainsi, advint au Concile de Jérusalem, entre saint Pierre et saint Paul, Alors, le débat, à condition qu'il se fasse pour le bien de l'Église, n'est pas si scandaleux. Une autre observation:.. ceux qui ont isolé de l'histoire de l'Eglise le Concile Vatican II et qui l'ont surévalué par rapport à ses intentions ne se privent pas de critiquer, par exemple, le Concile Vatican I ou le Concile de Trente. Certains prétendent que la Constitution dogmatique "Dei Filius" de Vatican I a été remplacée par "Dei Verbum" de Vatican II, c'est de la 'fantathéologie'. Il me semble au contraire que la bonne théologie est celle qui pose le problème de la valeur des documents, de leur enseignement, de leur signification: dans le Concile Vatican II, il existe des documents de valeurs différentes et, par conséquent, d'une force de contrainte différente, qui permettent différents degrés de discussion. Le Pape, quand il était encore le cardinal Ratzinger, en 1988 (ndt: dans le livre d'entretiens avec Messori), a parlé du risque de transformer Vatican II en "superdogme"; aujourd'hui, avec "l'herméneutique de la réforme dans la continuité", il a fourni un critère pour affronter la question, pas pour la fermer. Il ne faut pas être plus papiste que le Pape. Les Conciles, tous les Conciles et pas seulement Vatican II, doivent être reçus avec obéissance, mais on peut évaluer intelligemment ce qui appartient à la doctrine et ce qui doit être critiqué. Ce n'est pas un hasard si Benoît XVI a lancé "l'année de la foi" parce que la foi est le critère pour comprendre la vie de l'église.»

- Comme catholiques, si nous laissons nos cœurs battre docilement avec celui de Benoît XVI, que pouvons-nous attendre de la réconciliation définitive entre Rome et la Fraternité de Saint Pie X?
«Certainement pas la revanche d'une faction sur une autre, mais un progrès dans la foi et dans l'unité, qui sont le seul témoignage pour que le monde croie. La rhétorique du dialogue avec l'athée, avec l'agnostique, avec ceux qu'on nomme "autrement croyants", quel sens a-t-elle si on ne se réjouit pas de la réconciliation avec ses frères dans la foi? Nous l'avons appris du Seigneur: ce n'est pas le dialogue avec le monde qui convertira le monde, mais notre capacité à rester unis.
En cette période, je reviens souvent à une prière composée par le cardinal Newman:
"Seigneur Jésus-Christ, qui lorsque Tu étais sur le point de souffrir, as prié pour tes disciplesafin que jusqu'au bout, ils restent une seule chose, comme Tu es avec le Père et le Père avec Toi, abbat les barrières de la séparation qui divisent entre eux les chrétiens de confessions différentes. Enseigne à tous que le Siège de Pierre, la Sainte Église romaine, est le fondement, le centre et l'instrument de cette unité. Ouvre leurs cœurs à la Vérité, depuis longtemps oubliée, que notre Saint-Père, le Pape est Ton Vicaire et Ton représentant. Et, comme dans le ciel il y a une seule compagnie sainte, que sur cette terre aussi il y ait une seule la communion qui professe et glorifie Ton Saint Nom" ».

Alessandro Gnocchi et Mario Palmaro

* * *

(1) Le texte de cette très belle lettre datée du 20 mars 2012 est publiée sur le site de Mgr Bux (la traduction en italien, et le texte original en français en dessous: http://ecclesia-mater.blogspot.it/2012/03/lettera-di-don-nicola-bux-al-superiore.html )