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Les incroyants à la loupe, dans une étude menée en Sicile par Massimo Introvigne sur les pratiques religieuses en Occident, et les nouveaux athées. (18/6/2012)

A la veille de l'année de la foi, un état des lieux de l'incroyance religieuse.
Avant de poser un remède à un mal, il est important d'en connaître l'étendue, et les causes.

     



Présentation de l'ouvrage

Gentils sans cour - «athées forts» et «athées faibles» dans la Sicile centrale
http://www.cesnur.org/2012/mi-plz-gentili.htm
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Tandis que l'Eglise est impliquée dans le projet de la «Cour des Gentils», visant à ouvrir un dialogue avec les non-croyants disposés à écouter avec intérêt - bien que «de loin» - la bonne nouvelle de l'Evangile, les études sociologiques mettent en évidence la présence croissante de gens qui se déclarent à différents titres athées , hostiles ou sans intérêt pour la religion. Ces «Gentils sans cour» sont l'objet de l'étude que le CESNUR a menée dans le centre de la Sicile.

Il en émerge un tableau où les athées «fort», en partie vestige de l'athéisme idéologique du XXe siècle, en partie résultat des campagnes anti-religieuses plus récentes, constituent une petite minorité (2,4%), tandis que plus répandus (5%) sont des athées «faibles», désengagée et désintéressés envers une religion à laquelle ils pensent que la vie d'aujourd'hui - frénétique, impitoyable, et qui privilégie les relations sentimentales et le travail - ne laisse plus d'espace significatif.
A côté des athées «forts» et «faibles», 63,4% d' «éloignés» continuent à se déclarer vaguement spirituels, religieux ou même catholiques, mais en même temps sans aucun lien réel avec la religion institutionnelle.

Le tableau - dans la Sicile Centrale aussi - est celui de «l'âge séculier» décrit par le philosophe Charles Taylor, où l'option majoritaire et «par défaut» pour un jeune qui arrive à la vie adulte est celle de rester loin des Églises et des communautés religieuses. Les Églises peuvent encore proposer avec succès des options différentes. Mais seulement en ramant avec vigueur contre un courant qui va dans la direction opposé.

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Mgr Michele Pennisi, Evêque de Piazza Armerina, présente le livre de Massimo Introvigne et Pierluigi Zoccatelli
Gentils sans cour - «athées forts» et «athées faibles» dans la Sicile centrale
http://www.zenit.org/article-31236?l=italian (ma traduction)

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Au cours des cinq dernières années, le Centre d'études sur les nouvelles religions (CESNUR) a mené dans le diocèse de Piazza Armerina une série de recherches socio-religieuses sur les appartenances, les pratiques religieuses et les croyances non seulement de la majorité qui professereligion catholique, mais aussi dans les minorités religieuses.

Avec cette nouvelle étude, on a tenté de compléter le tableau à travers une enquête sur la consistance et la complexité du phénomène des minorités non religieuses. Ceux qui sont étiquetés avec le qualifiacatif négatif de «non-croyants» ou «athées» ne sont pas une catégorie homogène, mais variée, comme cela avait déjà été souligné par les pères du Concile Vatican II dans la Constitution pastorale sur l'Eglise dans le monde contemporain («Gaudium et spes» ), énumérant différentes formes d'athéisme: l'agnosticisme, la négation explicite de Dieu, la répudiation d'une image de Dieu qui ne correspond pas au Dieu de l'Evangile, l'indifférence religieuse, le climat matérialiste de la civilisation moderne qui éloigne de Dieu.

Les différentes catégories de non-croyants objets de la présente enquête sont appelés «les gentils sans cour» pour les distinguer des non-croyants intellectuels à la recherche d'un sens de la vie, curieux de l'Eglise catholique et disposés à des formes de dialogue avec les croyants. Ceux-là sont les partenaires privilégiés de la «cour des Gentils», comme on a nommé l'initiative née de la volonté du pape Benoît XVI et portée par le cardinal Gianfranco Ravasi et ses collaborateurs du Conseil Pontifical de la Culture, par laquelle l'Eglise a décidé de s'engager dans une nouvelle phase de dialogue entre croyants et non croyants.

Dans cette recherche sont distinguées plusieurs catégories d'athées plus ou moins éloignés, hostiles et indifférentes à la foi en Dieu.

Les athées «forts», professent un «athéisme systématique» inspiré par des idéologies du siècle dernier, renforcé, mais pas créé par la publicité des «nouveaux athées» avec leur attitude hostile à l'Église, souvent arrogants, polémiques, ironiques et irrévérencieux.

On doit faire la distinction avec les athées «faibles», qui se déclarent indifférents à la religion (5,0% de l'échantillon), plus nombreux que les athées «forts» (2,4%), mais qui reçoivent plus d'attention dans les débats télévisés ou dans les pages culturelles des journaux.
La majorité des athées «faibles» - plus fréquents chez les personnes âgées, les femmes, les personnes les moins instruites - pratique un athéisme «désengagé» (48,4% des réponses), considérant que les problèmes de la vie d'aujourd'hui, en particulier dans cette période de grave crise, ne laissent ni temps ni place pour la religion. Ce chiffre montre combien l'Église et les autres communautés religieuses ne sont pas perçues comme capables de donner une réponse de sens à partir de la foi aux problèmes et aux besoins de la vie quotidienne.

Il y a ensuite un athéisme défini comme «cynique» (29,6% des réponses), plus présent parmi les jeunes, les hommes, les personnes les plus instruites, pour lesquels l'argent, le pouvoir, le plaisir débridé, le succès en amour ou dans les affaires sont les nouvelles idoles qui ont remplacé les vieux dieux païens, bannissant le Dieu chrétien, abandonnant l'Eglise.

Le poète Thomas Stearns Eliot (1888-1965) constatait amèrement: «Mais il semble que quelque chose s'est passé qui n'est jamais arrivé avant: bien qu'on ne sache pas quand ni pourquoi ni comment ni où. Les hommes ont abandonné Dieu non pour d'autres dieux, disent-ils, mais pour aucun dieu; et cela n'était jamais arrivé auparavant. Que les hommes nient les dieux et adorent les dieux, professant d'abord la Raison, et puis l'Argent, le Pouvoir, et ce qu'ils appellent Vie, ou Race, ou Dialectique. L'Eglise répudiée, la tour abattue, les cloches renversées; que pouvons-nous faire, sinon rester avec les mains vides et les paumes ouvertes vers le ciel, en un âge qui avance progressivement à reculons? Désert et vide. Et les ténèbres sur la face de la terre. Est-ce l'Eglise qui a abandonné l'humanité ou l'humanité qui a abandonné l'Église? Quand l'Église n'est plus considérée, ni même contrariée, et que les hommes ont tout oublié, sauf l'usure, la luxure et le pouvoir» (Le Roc, pièce de théâtre, 1934).

Le pasteur protestant Dietrich Bonhoeffer (1906-1945) tout en critiquant le «dieu bouche-trous» invoquée par certains croyants dans des situations extrêmes, dans une lettre de prison le 21 Juillet 1944, prenait ses distances de cet «[...] être plat et banal de ce monde des éclairés, des affairés, des indifférents ou des lascifs».
Parmi les plus jeunes, que don Armando Matteo qualifie de «première génération incrédule» le plus répandu est l'athéisme «faible» et les positions peut-être influencées par les tendances culturelles telles que le New Age ou les philosophies orientales de ceux qui se prétendent "spirituels mais non religieux" » (6,1%).

Il y a ensuite ceux qui sont «éloignés des formes institutionnelles de la religion», et qui pourtant ne se proclament pas athées, mais au contraire se déclarent croyants, ou même catholiques. Ces «athées catholiques» sont des gens qui professent en quelque sorte un catholicisme purement culturel, qu'ils considèrent comme acquis, sans se poser d'autres questions sur le contenu de la foi et sans se préoccuper de leur incohérence en termes de pratique religieuse. Ces «éloignés» - en additionnant les personnes qui se déclarent «spirituelles mais pas religieuses» et ceux qui «croient, mais ne participent pas activement à la vie religieuse» - représentent 63,4% de l'échantillon, sans différence significative entre les hommes et les femmes, mais avec une augmentation liée à la fois à l'éducation et à l'âge. Si on ajoute ces «lointains» aux athées, on arrive à 70,8%.

En ce qui concerne ces pourcentages, il s'agit de données indicatives dans la mesure où les distinctions entre les diverses formes de non-croyance et de croyance religieuse sont plus nuancée et plus vagues que ce que l'on croit communément.

Cette recherche, en réponse à l'exigence de Vatican II «[...] de découvrir les raisons de la négation de Dieu qui se cachent dans l'esprit des athées» , a également voulu vérifier les causes de l'athéisme ou du moins de l'éloignement de l'Eglise.

Beaucoup sont facilement exposés à la propagande des médias contre la religion (33,0%) et restent profondément frappés par les suggestions hostiles sur la «richesse» de l'Eglise (23,0%) - souvent identifiée avec le Vatican - sur le triste, quoique non généralisé, phénomène des prêtres pédophiles (21,6%) ou n'acceptent pas les enseignements moraux de l'Église catholique (18,2%). Même si la cause du désintérêt pour la religion réside souvent dans la vie des non-croyants eux-mêmes, il ne faut pas oublier ce qui a été dit par le Concile Vatican II: «[...] dans la genèse de l'athéisme, les croyants eux-mêmes ont pu contribuer de façon non négligeable, dans la mesure où, pour avoir négligé d'enseigner leur foi, ou par une présentation trompeuse de la doctrine, ou même à cause des défauts de leur vie religieuse, morale et sociale, on peut dire qu'ils cachent plutôt qu'ils ne révélent le vrai visage de Dieu et de la religion» («Gaudium et spes», n°21).

Le phénomène de l'incroyance peut, paradoxalement, exercer une fonction cathartique sur les croyants, en les forçant à dépasser de fausses images de Dieu. Est intéressant à cet égard ce qu'a dit le bienheureux Jean-Paul II à l'Université de Palerme le 20 Novembre, 1982: «Je sais bien que la réalité du Christ nous dépasse, qu'elle n'a pas un accès facile à l'esprit des non-croyants. Mais j'ose dire que tous, aujourd'hui, nous pourrions nous arrêter, songeurs, devant la figure de Jésus, si certains chrétiens n'avaient pas parfois contrefait son vrai visage. C'est pourquoi je vous exhorte: comme hommes de culture, libérez le Christ de toutes les incrustations, les instrumentalisations, et les appropriations indûes. Oeuvrez en ce sens; seul ce Christ révélé dans la juste lumière a le droit d'être cherché par tous les hommes de bonne volonté. Je suis profondément conscient du fait que c'est le premier devoir de l'Église et des croyants de restituer à l'humanité tout entière la vraie image du Christ».

En ce qui concerne l'attitude de l'Eglise à l'égard du phénomène de l'athéisme, Gaudium et Spes affirme que «l'Eglise tout en rejetant l'athéisme de façon absolue, reconnaît toutefois sincèrement que tous les hommes, croyants et incroyants, doivent contribuer à la juste construction de ce monde, dans lequel ils se retrouvent à vivre ensemble: cela, sûrement, ne peut pas se faire sans un dialogue sincère et prudent».
Pour un authentique dialogue, doivent être exclus (?) les intégrismes et les fondamentalismes (??), ainsi que l'indifférence et la superficialité, et on doit éviter le syncrétisme religieux et l'éclectisme idéologique.

Quant aux athées, l'Église catholique «[...] les invite courtoisement à vouloir considérer l'Evangile du Christ dans un esprit ouvert».

Le remède à l'athéisme, suggère le Concile Vatican II «[...] doit être attendu à la fois d'une exposition adéquate de la doctrine de l'Eglise et de la pureté de sa vie et de celle de ses membres [...] avec le témoignage d'une foi vivante et adulte, c'est à dire convenablement formée à reconnaître lucidement les difficultés et capable de les surmonter».

Il ne s'agit pas simplement d'essayer de chercher des valeurs communes au rabais, mais d'éveiller et de maintenir vivante la recherche autour de la question de Dieu, sur lequel personne n'est autorisé à nier que nous devrions nous poser des questions et que c'est quelque chose de grave.
Avant tout, il s'agit - pour les catholiques - de relever le défi de l'athéisme contemporain, en s'engageant dans l'aventure d' «[...] une nouvelle évangélisation, pour redécouvrir la joie de croire et retrouver l'enthousiasme de communiquer la foi» (Benoît XVI, Porta Fidei, 11-10-2011).