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Complot

J'ai regardé le double documentaire d'Arte consacré à Benoît XVI et au Pape (19/6/2013, mise à jour)

>>> Deux documentaires sur Arte, le 18 juin
>>> Le chemin de croix de Benoît

     

Je me suis imposée de regarder le programme d'Arte consacrée au "Calvaire de Benoît XVI" (55'), suivi des "100 premiers jours de François", sous la conduite du journaliste d'investigation Gianluigi Nuzzi (l'auteur de Sua Santità, l'homme qui connaît le catholicisme autant que moi le bouddhisme mais qui est pourtant là à titre d'expert.) "mis en scène" au volant de sa voiture dans les ruelles de Rome et même la cité du Vatican, masque quasi-métallique surmonté d'un crâne cabossé chauve – il évoque le méchant d’un film d’espionnage - interrogé ensuite par une pauvre fille en nuisette au regard assez peu inspiré.
Si le calvaire de Benoît XVI a duré huit ans, le mien n'a duré que 55 minutes, je m'en remettrai donc.
Venant d'Arte, la chaîne qui a diffusé en automne dernier la série sur les séminaristes violemment à charge contre l'Eglise "Ainsi soient ils", je ne m'attendais certes pas à un chef-d’œuvre, encore moins à un exercice d'apologétique au bénéfice de l'Eglise, mais pas non plus à une telle succession d'attaques - d'autant plus que le titre lui-même contenait cet élément de vérité qui pouvait attirer: calvaire.

D'emblée, Nuzzi assène qu'au bout d'un an du pontificat de Benoît XVI, l'affluence aux audiences avait diminué de moitié. Mensonge éhonté.
Suit la litanie des désormais bien connues crises qui ont ponctué sans interruption ces huit années de « chemin de Croix », toutes présentées de manière tendancieuse, depuis Ratisbonne, en passant par Williamson, le préservatif, les affaires de pédophilie (on a interrogé à cet effet le représentant du groupe SNAP, le réseau des « survivants d’abus sexuels par des prêtres », dont on sait qu’il milite activement pour que Benoît XVI soit déféré devant le TPI, et bien sûr des « victimes » avec des photos à faire pleurer Margot), les prétendues malversations de la banque du Vatican (championne du « recyclage », càd du blanchiment - quid des autres?), culminant avec les vatileaks et le témoignage masqué du larbin de service, Paolo Gabriele. Et après cela, Nuzzi se plaint qu’il se soit vu refuser une carte de journaliste accrédité pour couvrir le Conclave !!

On dit que tout ce qui est excessif est insignifiant, et l'on devrait hausser les épaules, mais on n'en ressent pas moins une profonde impression de malaise devant cette volonté de réduire, et même de salir. Je ne veux pas perdre mon temps à réfuter un par un les arguments, je l'ai fait jour après jour depuis la création de ce site; car il n'y a pratiquement rien de vrai - ou au moins de correctement exposé - dans ce qui s'est dit pendant ces 55 premières minutes consacrées au douloureux Pontificat de Benoît XVI. Pas une allusion aux moments de joie et d'euphorie qui n'ont pourtant pas manqué au cours de ces huit années, notamment les voyages internationaux tous triomphaux malgré les efforts de sabotage préalables systématiques. Mais cela n'intéressait évidemment pas les auteurs, qui étaient payés pour faire passer le message d'un échec intégral.
Il s'agit donc d'une œuvre de pure propagande cathophobe destinée à accréditer l'idée que l'Eglise est un repère de vermines et de corrompus à éradiquer au plus vite, que le Pontificat de Benoît XVI a été une malheureuse parenthèse et une succession de catastrophes, avec à la tête de l'Eglise un incompétent rétrograde assisté par des intrigants, et que les "scandales" qui l'ont ponctué ont exclusivement des causes internes. Tiens donc!!
Donc un film propre à inciter à la haine et qui devrait à ce titre tomber sous le coup de la loi. Je n'ose imaginer le tollé si une autre religion était visée....

Je connaissais bien sûr toutes les personnes qui ont défilé; ce n'était sans doute pas le cas du spectateur lambda, et je me demande, non sans inquiétude, quel degré de confiance peut avoir été accordé à un tel ramassis de mensonges - sur fond de faits qui se sont authentiquement passés, condition sine qua non de la désinformation - par des spectateurs moins concernés que moi, quoique (cela doit pouvoir se trouver) de bonne foi (1).

Les témoins étaient pratiquement tous à charge, et aucun franchement à décharge (2). Les trois témoins non à charge (en principe) se sont signalés par leur insignifiance, la pauvreté de leurs arguments, ou leur lâcheté: John Allen, pontifiant et particulièrement antipathique, qui a osé qualifier Joseph Ratzinger de "chien de garde de la doctrine catholique", et les propos du pape sur le préservatif de "discours totalement coupé de la réalité"; la pauvre Lucetta Scaraffia, "signature" féminine et alibi féministe de l'OR, ébouriffée et qui avait l'air de se demander ce qu'elle faisait là; et Peter Seewald, convoqué en particulier pour parler des relations avec le judaïsme, très décevant, dont je préfère supposer que les interventions ont été coupées. Aucun n'a trouvé un mot pour "défendre" l'accusé. Le seul qui a été correct, mais ses interventions étaient si brèves qu'on l'a à peine entendu, est Giacomo Galeazzi, journaliste à la Stampa, qui collabore à Vatican Insider.

La seconde partie, "Les 100 premiers jours de François" était consacrée au nouveau Pape, bien sûr paré de toutes les vertus, pour mieux humilier Benoît XVI. Mais son sort n'est pas vraiment enviable non plus, car les auteurs lui ont mis une laisse très courte, et savent tirer dessus pour lui dire ce qu'ils attendent de lui: mariage des prêtres, ordination des femmes, libéralisation des règles sur la contraception et l'avortement, etc.. Gare à lui s'il "déçoit".

Au final, l'impression que Benoît XVI a été littéralement poussé à la démission s'est renforcée en moi – je n’en étais pas aussi convaincue avant - avec celle que les Vatileaks (et leur diabolique agent Nuzzi, dont je ne doute plus qu'il a été l'un des bras du complot) ont été l'élément déterminant pour cela, et que les auteurs du forfait, qui ne sont certes pas des membres de la Curie (de qui se moque-t-on??), et qui sont parvenus à leur fin, espèrent maintenant liquider l'Eglise avec son successeur.

Est-il juste que ce genre de propagande passe sur une chaîne du service public, financée avec l'argent du contribuable? Et personne, dans la hiérarchie catholique de notre pays, n'émettra une protestation?

* * *

(1) Selon Médiamétrie, l'émission a "fait" 610 000 téléspectateurs. Une misère - heureusement!

(2) Les intervenants, presque tous italiens (et, perdus parmi eux, mais pas vraiment des avocats convaincus, plutôt des alibis, les cardinaux Poupard et Tauran) sont des familiers de ces pages: Paolo Florès d'Acais, l'ennemi intime de Benoît XVI, Paolo Mieli, Alberto Melloni, le théologien de gauche qui prétend que les catholiques sont des crétins (sic!), Enzo Bianchi, le "moine" laïc de la communauté de Bose, proche des idées de Melloni, don Luigi Ciotti, un "prêtre de rue" dont le modèle est don Gallo (dont les obsèques récentes ont donné lieu à un scandale), le rabbin Di Segni, Nicky (comme Nikita... Kroutchev) Vendola, l'homme politique "catholique" italien issu du communisme qui vit en couple de fait avec son "compagnon", Philippe Ridet (du Monde), Marco Lillo, de 'Il Fatto Quotidiano', le journal d'extrême-gauche qui est à l'origine des Vatileaks, et un journaliste allemand du FAZ. Rien que des amis de Benoît XVI, comme on le voit.
Ne manquait qu'Hans Küng, sans doute occupé ailleurs.

     

Pièces au dossier

Les Vatileaks semblent vraiment être le coeur du Complot, ou au moins son point culminant.
Ils ont fait l'objet de plusieurs dossiers sur ce site, auxquels on peut accéder à partir de cette page: benoit-et-moi.fr/2012(III)/vatileaks.php

Il y a juste un an, j'écrivais une synthèse de ce que je pensais savoir, il n'est pas inintéressant de la relire:
>>> Vatileaks, 8 options + 1 (benoit-et-moi.fr/2012(II))

Le 13 juin 2012, je publiais la traduction d'un entretien avec Peter Sewald sur le site allemand kath.net:
>>> Vatileaks, l'analyse de Peter Seewald (benoit-et-moi.fr/2012(II))

     

Mise à jour

Un lecteur, C.H, m'écrit:

D’abord, et sans la moindre ironie, bravo pour votre courage, pour avoir enduré 55 mn de martyr cathodique avant de lancer cette contre-offensive de ré-information par rapport au documentaire du 18 juin sur Arte, intitulé « Le chemin de croix de Benoît XVI » (notons le titre accrocheur par son côté compassionnel, mais tellement trompeur).
Et comme par hasard le « documentaire » passait à une heure dite de grande écoute, pour un sujet qui est sensé n’intéresser personne, un vieux pape à la retraite, et une église catholique romaine moribonde et obsolète.

En plus ce documentaire digne d’une propagande d’état totalitaire portait comme commentaire dans les différents journaux de programme TV (type de publication qui représente la plus forte vente de magazines en France) : « Étayé, rigoureux, utile et instructif». Il faudrait prendre l’antonyme de chaque adjectif pour s’en faire une idée plus exacte : « Bâclé, approximatif, nuisible et décérébrant ».

Essayons néanmoins de positiver. La haine contre Rome et le pape Benoît XVI dont ils avaient senti la dangerosité (sinon pourquoi ce combat acharné contre lui) est peut-être contagieuse, mais elle affermit aussi les âmes bien trempées, tandis qu’elle ronge ceux qui en sont les esclaves. Et en ce moment de plus en plus de personnes relèvent la tête et dans tous les domaines, de plus en plus de personnes notamment parmi la jeunesse, commencent à voir combien on les trompe quotidiennement et ignominieusement.

Cette guerre culturelle implacable des contre-vérités, qui n’a plus comme seul moteur l’idéologie socialisante qu’elle soit marxisante ou nationaliste, mais aussi l’argent d’un capitalisme perverti, se retrouve désormais partout, jusque dans le choix des faits divers (inutile de faire un dessin, les exemples abondent quotidiennement), de sorte que c’est un documentaire favorable au Pape Benoît qui aurait été suspect !

Mais qui aurait pensé le lendemain du Chemin de Croix de notre Seigneur, que cette « même » Croix resplendirait près de deux mille ans plus tard sur toute la terre ?

Merci encore très Saint Père émérite Benoît d’avoir porté et de continuer à porter cette Croix qui éclaire le vrai chemin à suivre.

* * *

Et Monique T:

Bien sûr, ce sont des concentrés de poncifs, avec les obsessions habituelles concernant la morale sexuelle de l'Eglise et ses annexes (femmes prêtres etc...) et l'énumération automatique des "faux-pas" de Benoît XVI.
Mais il y a parfois une parcelle de vérité. Quelqu'un (ndlr: Giacomo Galeazzi, dans mon souvenir) a dit: "Il (Benoît XVI) a tout pris sur lui".
En effet il a pris sur lui les défaillances et les péchés des prêtres et de ses collaborateurs. En cela, il est un cristal pur, une figure christique. Le reportage a au moins reconnu sa détermination et son efficacité dans l'affaire des abus. A aucun moment, on n'a pu attaquer sa probité morale et on nous a épargné les jeunesses hitlériennes ! Finalement, c'est moins pire que prévu!

François est objet de fantasmes. Tout le monde croit qu'il va réformer la morale sexuelle et "marier" les prêtres. D'après ce que j'ai lu et selon ses propres paroles en Argentine, ceci ne correspond pas du tout à ses idées. Avec une pareille attente, attention à la déception!
Par ailleurs, je ne trouve pas François plus chaleureux que Benoît, dont la délicatesse m'a toujours touchée.