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Deux Papes, deux styles...

et la mauvaise foi des médias, opposant, une fois de plus, les deux papes, à l'occasion de la première visite de François à une paroisse romaine. Des éléments pour l'inévitable comparaison (27/5/2013)

Le style de François est tout de spontanéité, et certainement très émouvant pour ceux qui ont la chance d'être dans l'assistance (mais que restera-t-il dans ces improvisations, destinées, par leur nature-même, à un cercle très restreint?)... Celui de Benoît XVI, plus professoral, plus "structuré", n'en était pas moins lui aussi riche de gestes chaleureux.

Une dépêche de l'AFP (lue sur Libé) relate la première visite du Pape François dans une paroisse romaine:
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Le pape François, qui a appelé les prêtres à porter le message de Dieu jusqu’aux «franges» de la société, s’est rendu pour la première fois dimanche dans une paroisse de la banlieue de Rome.
Les cloches des églises ont résonné dans la banlieue populaire de Prima Porta, au nord de la capitale, à l’arrivée du pape François, accueilli par des centaines de fidèles enthousiastes qui brandissaient des mouchoirs aux couleurs blanc et or du Vatican

L'article se termine par ces mots:

Tout en gardant la même ligne, notamment sur les moeurs, il s’est profondément distingué de son prédecesseur Benoît XVI, dans son langage et sa relation plus chaleureuse avec les foules.

     

Dans son langage, peut-être... Mais dans ses gestes, certainement pas.
Il est d'ailleurs curieux que l'AFP se fasse l'écho d'une visite pastorale du Pape, surtout en des termes si élogieux.

J'ai l'impression d'être un tourne-disque rayé des années 60, qui répète constamment le même air.
Mais c'est FAUX! Benoît XVI a visité nombre de paroisses romaines (1) - toujours dans les banlieues les plus "populaires" (lui aussi) et il ne s'est jamais dérobé aux gestes affectueux et aux caresses aux enfants. Peut-être ne l'a-t-il pas fait de façon aussi spectaculaire que François, privilégiant la parole, par rapport au geste, mais parler de "profonde distinction" entre François et son prédécesseur sur ce point est une malhonnêteté, voire une calomnie, et elle a forcément un but...
Peut-être s'agit-il de remercier François de n'avoir pas encore pris publiquement position (y compris dans ses homélies matinales improvisées à Sainte Marthe) contre le mariage gay? Encore que le ton de l'article donne presque l'impression que les médias sont prêts à lui pardonner cela aussi!
Et là, franchement, je ne comprends plus...

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Le reportage de l'agence italienne ANSA

(attention! de la part du Pape, c'est entièrement du langage parlé):

La visite du pape François à l'église de Saint-Zacharie et Elizabeth
http://ilblogdiraffaella.blogspot.it/2013/05/la-visita-di-papa-francesco-alla-chiesa.html
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Entre plaisanterie et réflexion, le pape s'adressant aux fidèles et au curé de l'église des Saints Zacharie et Elizabeth, qui à l'extrême banlieue (periferia) nord de Rome, se qualifient de «sentinelles de la ville », a prononcé ces mots avant de commencer à célébrer la messe:
«Chère première sentinelle, et chère deuxième sentinelle, j'aime ce que vous dites au sujet des sentinelles, la réalité, on la comprend mieux, non pas du centre mais des périphéries, et même, comme tu l'as dit (ndt: le Pape répondait sans doute au curé), il faut devenir des sentinelles, merci pour ce travail d'être sentinelles, merci pour l'accueil en ce jour de fête de la Trinité. Et - a-t-il ajouté - il y a les prêtres que vous connaissez bien et qui sont les deux secrétaires du Pape, qui est au Vatican, tandis que c'est l'évêque qui est ici, ces deux-là - a-t-il-dit - travaillent bien et l'un, aujourd'hui, don Alfred (ndt: le maltais), fête ses 29 ans de sacerdoce, prions pour lui, demandons au moins 29 autres années ».

Arrivé en hélicoptère un peu avant 9h, le pape François, avant de revêtir les parements liturgiques, a salué les enfants baptisés cette année, et plusieurs malades. Avec le précieux billet d'entrée en main, certains ont commencé à faire la queue dés 6h30, une heure avant que ne s'ouvrent les portes de l'église.

Le pape a ensuite quitté la paroisse en hélicoptère pour regagner le Vatican pour l'Angélus. Tandis qu'il rejoignait l'hélicoptère en papamobile, Papa Bergoglio a salué de nombreuses personnes. Un enfant a demandé: «donne-moi un autographe» et il a répondu par le geste caractéristique du pouce en signe de victoire.
Descendu de la voiture, près de l'hélicoptère, il a salué le cardinal Agostino Vallino, l'évêque auxiliaire de l'endroit, Mgr Guerino du Tora, le curé, le Père Benoni Amabarus.
C'était aujourd'hui la première visite pastorale à une paroisse romaine du nouveau pape. «C'est une paroisse avec beaucoup d'enfants, - a dit le Pape avant de monter dans l'hélicoptère - continuez à travailler, soutenez le curé dans son travail, et priez pour moi ».

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Le Pape explique la Trinité aux enfants
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Questions réponses entre le Pape et les enfants de la paroisse de "Saints Zacharie et Elizabeth" à Prima Porta, à la périphérie de Rome, assistant à la première visite de François à une paroisse romaine.
Le Pape est parti de l'évangile qui raconte la visite de la Vierge à Elizabeth, il l'a commenté, puis il a expliqué la Trinité selon la foi chrétienne, posant des questions aux petits et attendant leurs réponses. «La Sainte Vierge - a dit le Pape - se dépêche parce qu'elle a en elle le désir d'aider, elle ne va pas pour se vanter, pour dire: "Je suis la Maman de Dieu", elle va pour aider Elizabeth: c'est notre mère qui se dépêche toujours quand on a besoin d'elle, nous devrions ajouter aux litanie une qui dise "Notre-Dame qui se dépêche, prie pour nous". Cela donne la sécurité, «la sécurité d'avoir une maman à ses côtés» et la «Sainte Vierge qui toujours se dépêche est celle qui nous permet de comprendre Dieu ». Le Pape a ensuite interrogé les petits sur qui est Dieu, et Jésus et le Saint-Esprit, pour expliquer la Trinité, dont aujourd'hui est la fête liturgique.

«A vous les enfants, je demande: qui sait qui est Dieu? Levez la main, dis-moi ici - a-t-il encouragé, tandis qu'arrivaient les réponses du petit public d'enfants habillés en vêtements de première communion - le créateur de la terre, et combien de dieux y a-t-il? Un, à moi on a dit trois: Père, Fils et Saint-Esprit, comment expliquez-vous cela, il y en a un ou il y en a trois? Comment expliquez-vous qu'un seul soit père et fils et saint esprit? fort, fort, répondez fort, oui, ils sont trois personnes en une, et que fait le père? C'est le principe qui nous a tout créés, nous, que fait le fils, que fait Jésus, il nous aime, il apporte la parole de Dieu, il nous enseigne la parole de Dieu, qu'a-t-il fait sur terre, il nous a sauvés, il est venu donner sa vie pour nous ».
«Le Père crée, - résume le Pape - Jésus nous sauve, le saint esprit, nous aime, et c'est cela la vie chrétienne: parler avec le Père, le Fils, avec le Saint-Esprit.
Jésus nous a sauvés, - a poursuivi Papa Bergoglio - et que fait-il quand il marche avec nous dans la vie? Ça, c'est difficile - a-t-il dit en plaisantant - et celui qui le sait remporte le derby: premièrement, il nous aide, nous guide, nous apprend à aller de l'avant, et Jésus nous donne la force pour marcheer, nous soutient dans les difficultés et dans les devoirs à l'école, nous donne la force, et comment? Dans la communion, il nous donne la force, il nous aide avec la force, il vient à nous, mais quand vous dites "il nous donne la communion", qu'est-ce que la communion? C'est du pain ou ce n'est pas du pain, cela semble du pain mais ce n'est pas vraiment du pain, c'est le corps de Jésus, Jésus vient dans nos cœurs, et pensons tous à cela ».
«Demandons à la Sainte Vierge - conclut-il - qu'elle nous apprenne à bien comprendrecomment est Dieu, comme est le père, comment est le fils, et le Saint-Esprit ».

     

Les inquiètudes d'Andrea Tornielli

Les enfants, les malades... et le protocole
http://2.andreatornielli.it/?p=6368
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Dans l'homélie de la messe célébrée ce matin à la Casa Santa Marta, le Pape François a parlé de la foi des simples, la foi du peuple de Dieu «qui ne peut se tromper dans la foi ».... Bergoglio a déclaré que «nous sommes trop souvent contrôleurs de la foi, au lieu de devenir des facilitateurs de la foi des gens ».

Ici, je voudrais m'arrêter sur deux passages. Commentant le récit évangélique des enfants qui vont à Jésus, François a rappelé que le Nazaréen étreignait et embrassait les petits que les gens lui apportaient. Et il a rappelé comment les disciples s'inquiètaient. Ils pensaient que Jésus se fatiguait trop. Et pour cela, ils essayaient de limiter l'enthousiasme des gens, les empêchant d'arriver au Seigneur. Le Pape dit que Jésus se mettait en colère à cause de cette attitude: «Laissez-les venir à moi, ne les empêchez pas. A ceux qui sont comme eux, en effet, le royaume de Dieu appartient ».

François a ensuite fait référence au récit de l'évangile qui parle de l'aveugle de Jéricho, réprimandé les disciples parce qu'il criait: «Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ». «L'Evangile dit qu'ils ne voulaient pas qu'il crie, - a dit le Pape - et lui criait encore plus, pourquoi? Parce qu'il avait la foi en Jésus! Le Saint-Esprit avait mis la foi dans son cœur. Et eux disaient: Non, tu ne peux pas! Auprès du Seigneur, on ne crie pas. Le protocole ne le permet pas ».

Les disciples inquiets parce que Jésus se fatiguait en rencontrant les gens qui voulaient le toucher, les disciples qui réprimandent l'aveugle qui ne respecte pas le protocole ... Peut-être que je me trompe, mais il n'est pas exclu que ces déclarations puissent être appliquées également à Papa Bergoglio: ses collaborateurs s'inquiètent parce qu'il se fatigue et s'expose trop, à rencontrer et embrasser les gens, les malades, les petits (désormais, la plus grande partie de l'audience du mercredi est consacrée à ce contact avec les fidèles).

Autour du Pontife, il y en a qui s'inquiètent des infractions répétées au «protocole», et de l'autre côté du Tibre, certains craignent que ce style et ces gestes du nouveau pape ne finissent par en désacraliser la figure.
Au contraire, François estime que cette proximité avec les gens, cette façon d'être à la tête du troupeau, mais aussi au milieu de lui et derrière lui, est un aspect essentiel de son ministère.

     

Avec Benoît...

(1) En fouillant dans mes archives, on trouvera de nombreux reportages des visites régulières de Benoît XVI dans des paroisses romaines (chercher ici: tinyurl.com/pl6l7d3).
La dernière visite était le 16 décembre 2012 dans une paroisse de la banlieue, San Patrizio al Colle Prenestino. (cf. benoit-et-moi.fr/2012(III))
L'irremplaçable récit de Jeannine témoigne de la chaleur de l'accueil

Le 4 mars, il était à Saint-Jean Baptiste de la Salle: benoit-et-moi.fr/2012-I (et là encore, la lettre de Jeannine est un témoignage précieux)

>>> Un autre élément de comparaison, c'est la mémorable rencontre de Benoît XVI avec les enfants de la première communion, le 19 octiobre 2005, à Rome, avec l'extraordinaire échange, certainement préparé, mais qui semblait totalement spontané: http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2005/october/documents/hf_ben_xvi_spe_20051015_meeting-children_fr.html
Le texte ne peut pas rendre compte de l'émotion.
A revoir avec bonheur ici: http://beatriceweb.eu/videoson