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UNE ÉTOILE BRILLE À MADRID
 

Mais la star, dit Benoît XVI, ce n'est pas moi. A une semaine des JMJ, Sandro Magister fait une de ces synthèses dont il a le secret: pourquoi Benoît XVI a maintenu les JMJ instaurées par son "charismatique" prédecesseur", en quoi les JMJ sont bien autre chose qu'un "festival rock en version ecclésiale". Et il cite le discours à la Curie de décembre 2008, après Sidney. Magistral (9/8/2011).

-> Sur ce thème: Les JMJ, un Woodstock catholique: il faut oser!!




 
 



 
Article ici: http://chiesa.espresso.repubblica.it/...
Le discours du Pape à la Curie romaine en décembre 2008: http://www.vatican.va/...
Le discours du Pape à la Curie romaine en décembre 2005: http://www.vatican.va/...



Sidney

"UNE JOIE QUI N'EST PAS COMPARABLE À L'EXTASE D'UN FESTIVAL ROCK"
par Benoît XVI

[...] Le phénomène des Journées Mondiales de la Jeunesse devient toujours plus l'objet d'analyses, dans lesquelles on tente de comprendre ce type, pour ainsi dire, de culture des jeunes.
Jamais auparavant, l'Australie n'avait vu tant de personnes de tous les continents comme au cours de la Journée mondiale de la Jeunesse, pas même lors des Jeux olympiques. Et si on craignait auparavant que la présence massive de si nombreux jeunes puisse provoquer des troubles de l'ordre public, paralyser la circulation, empêcher le déroulement de la vie quotidienne, conduire à des actes de violences et laisser place à la drogue, tout cela s'est révélé sans fondement.
Ce fut une fête de la joie - une joie qui, à la fin, a conquis également les personnes réticentes : à la fin, personne ne s'est senti importuné. Les journées sont devenues une fête pour tous et c'est même à cette occasion que l'on s'est rendu compte de ce qu'est véritablement une fête - un événement dans lequel tous sont, pour ainsi dire, hors d'eux-mêmes, au-delà d'eux-mêmes et précisément ainsi avec eux-mêmes et avec les autres.
Quelle est donc la nature de ce qui a lieu au cours d'une Journée Mondiale de la Jeunesse ? Quelles sont les forces qui agissent ? Des analyses en vogue tendent à considérer ces journées comme une variante de la culture moderne des jeunes, comme une sorte de festival rock en version ecclésiale avec le Pape comme star. Avec ou sans la foi, ces festivals seraient au fond toujours la même chose, et on pense ainsi pouvoir éliminer la question sur Dieu. Il y a également des voix catholiques qui vont dans cette direction, en considérant tout cela comme un grand spectacle, certes beau, mais pas très significatif en ce qui concerne la question sur la foi et la présence de l'Évangile à notre époque. Il s'agirait de moments d'extase joyeuse, mais qui, en fin de compte, laisseraient tout comme avant, sans influer de façon profonde sur la vie.
Mais cela n'explique pas, toutefois, la spécificité de ces journées et le caractère particulier de leur joie, de leur force créatrice de communion.
Il est tout d'abord important de tenir compte du fait que les Journées Mondiales de la Jeunesse ne consistent pas seulement en cette unique semaine où elles deviennent publiquement visibles au monde. Elles sont précédées d'un long cheminement extérieur et intérieur qui conduit à celles-ci. La Croix, accompagnée par l'image de la Mère du Seigneur, effectue un pèlerinage à travers les pays. La foi, à sa manière, a besoin de voir et de toucher. La rencontre avec la croix, qui est touchée et portée, devient une rencontre intérieure avec Celui qui, sur la croix, est mort pour nous. La rencontre avec la Croix suscite au plus profond des jeunes la mémoire de ce Dieu qui a voulu se faire homme et souffrir avec nous. Et nous voyons la femme qu'Il nous a donnée pour Mère.
Les journées solennelles ne sont que le sommet d'un long chemin, grâce auquel nous allons à la rencontre les uns des autres et sur lequel nous allons ensemble à la rencontre du Christ. En Australie, ce n'est pas un hasard si la longue Via Crucis à travers la ville est devenue l'événement culminant de ces journées. Celle-ci résumait encore une fois tout ce qui s'était produit au cours des années précédentes et indiquait Celui qui nous réunit tous ensemble : ce Dieu qui nous aime jusqu'à la Croix. De même, le Pape n'est pas lui non plus la star autour de laquelle tout tourne. Il est totalement et seulement le Vicaire. Il renvoie à l'Autre qui se trouve au milieu de nous.
Enfin, la liturgie solennelle est le centre de l'ensemble, car dans celle-ci a lieu ce que nous ne pouvons pas réaliser et que, toutefois, nous attendons toujours. Il est présent. Il vient au milieu de nous. Le ciel se déchire et cela rend la terre lumineuse. Tel est ce qui rend la vie heureuse et ouverte et unit les uns aux autres dans une joie qui n'est pas comparable à l'extase d'un festival de rock. Friedrich Nietzsche a dit une fois : "L'habileté n'est pas d'organiser une fête, mais de trouver les personnes capables d'en tirer de la joie". Selon l'Écriture, la joie est le fruit de l'Esprit Saint (cf. Ga 5, 22) : ce fruit était abondamment perceptible pendant les journées de Sydney.
De même qu'un long chemin précède les Journées Mondiales de la Jeunesse, un chemin successif en dérive. Des amitiés se forment qui encouragent à un style de vie différent et le soutiennent de l'intérieur. Les grandes Journées ont, entre autres, le but de susciter ces amitiés et de faire naître de cette façon dans le monde des lieux de vie dans la foi, qui sont en même temps des lieux d'espérance et de charité vécue. [...]




Et, rappel, en décembre 2005, Cologne

La Journée mondiale de la Jeunesse est restée dans la mémoire de tous ceux qui étaient présents comme un grand don. Plus d'un million de jeunes se rassemblèrent dans la ville de Cologne, située au bord du Rhin, et dans les autres villes voisines pour écouter ensemble la Parole de Dieu, pour prier ensemble, pour recevoir les sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie, pour chanter et se réjouir ensemble, pour profiter de l'existence et pour adorer et recevoir le Seigneur eucharistique au cours des grandes rencontres du samedi soir et du dimanche.
Au cours de toutes ces journées c'est simplement la joie qui a régné.
En dehors des services d'ordre, la police n'a rien eu à faire - le Seigneur avait rassemblé sa famille, dépassant de manière évidente chaque frontière et barrière et, dans la grande communion entre nous, il nous a fait faire l'expérience de sa présence.
Le thème choisi pour ces journées - "Allons l'adorer" - contenait deux grandes images qui, dès le début, fournirent l'occasion d'une juste approche.
Il y avait tout d'abord l'image du pèlerinage, l'image de l'homme qui, en regardant au-delà de ses propres affaires et du quotidien, se met à la recherche de sa destination essentielle, de la vérité, de la juste voie, de Dieu. Cette image de l'homme en marche vers le but de la vie contenait en soi encore deux claires indications. Il y avait tout d'abord l'invitation à ne pas voir le monde qui nous entoure uniquement comme la matière brute avec laquelle nous pouvons faire quelque chose, mais à chercher à découvrir dans celui-ci la "calligraphie du Créateur", la raison créatrice et l'amour dont le monde est né et dont nous parle l'univers, si nous sommes attentifs, si nos sens intérieurs s'éveillent et acquièrent la perception des dimensions les plus profondes de la réalité.
Comme deuxième élément s'ajoutait ensuite l'invitation à se mettre à l'écoute de la révélation historique qui, seule, peut nous offrir la clef de lecture pour le mystère silencieux de la création, en nous indiquant concrètement la voie vers le Maître du monde et de l'histoire qui se cache dans la pauvreté de l'étable de Bethléem. L'autre image contenue dans le thème de la Journée mondiale de la Jeunesse était l'homme en adoration: "Nous sommes venus l'adorer".
Avant toute activité et toute transformation du monde, il doit y avoir l'adoration. Elle seule nous rend véritablement libres; elle seule nous donne les critères pour notre action. Précisément dans un monde où les critères d'orientation viennent progressivement à manquer et où existe la menace que chacun fasse de soi-même son propre critère, il est fondamental de souligner l'adoration. Pour tous ceux qui étaient présents, le silence intense de ce million de jeunes reste inoubliable; un silence qui nous unissait et qui élevait chacun quand le Seigneur dans le Sacrement était déposé sur l'autel. Nous conservons dans nos cœurs les images de Cologne: elles sont une indication qui continue à agir.
Sans mentionner de noms en particulier, je voudrais en cette occasion remercier tous ceux qui ont rendu possible la Journée mondiale de la Jeunesse; mais remercions surtout ensemble le Seigneur, car, en définitive, Lui seul pouvait nous donner ces journées de la façon dont nous les avons vécues.




Pope Benedict in the Holy Land | Sociologie des JMJ