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La barque de Pierre dans la tempête

C'est une image qui s'impose naturellement, et le thème a été illustré ici même (Voir ici: Laissons la tempête s'apaiser... ).
Un bel article d'Eric Zemmour, dans le Figaro Magazine, qui mérite d'être archivé, pour en faire profiter éventuellement des lecteurs étrangers (20/2/2009)


Fin de crise?

Eric Zemmour intervient ici dans un magazine très lu.
C'est bien qu'il ait compris - et cherche à le transmettre - que Benoît XVI voulait rassembler tous les chrétiens que l'Histoire avait séparés de Rome. Autrement dit, ni plus ni moins que tenir l'engagement solennel qu'il avait pris dès les premiers jours de son pontificat.

Même si on peut ne pas être d'accord avec tout, c'est suffisamment nuancé pour trancher avec les idioties - entre hostilité et ignorance - lues et entendues par ailleurs dans les grands médias depuis trois semaines .
Des idioties qui pourraient bien faire un flop auprès des gens concernés, d'ailleurs... je me demande si le vent n'est pas en train de tourner. J'ai vu tout à l'heure à Strasbourg sur un kiosque à journaux une campagne d'affichage de la Croix, disant en susbtance "Le journal qui ne hurle pas avec les loups " (mais qui n'a pas pas cherché à les faire taire non plus, malheureusement...)

Article ici: http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/


La barque de Pierre dans la tempête

Eric Zemmour
20/02/2009
Le scandale Williamson a occulté - à dessein ? - les intentions de Benoît XVI, qui voudrait réunir dans l'Eglise tous les chrétiens que l'Histoire a séparés de Rome.
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Et Williamson connut son quart d'heure de gloire. Gloire sulfureuse, mais mondiale. On découvrit que l'évêque britannique mettait en cause l'extermination des Juifs dans les chambres à gaz. Le monde ignorait jusque-là l'existence de cet individu, et ne s'en portait pas plus mal. Il l'oublierait dans quelques jours, et cela ne changerait rien au cours des choses, ni à l'Histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Ce quart d'heure de gloire planétaire de Williamson a pourri médiatiquement la levée de l'excommunication des évêques lefebvristes, décidée bien auparavant par le pape Benoît XVI, mais annoncée concomitamment. L'objectif a été atteint. Mais quel objectif ? Et poursuivi par qui ? Une cabale anti-Ratzinger, venue de Rome et d'Allemagne, qui reproche au pape ses penchants «conservateurs» ? Ou l'évêque Williamson lui-même, et une minorité de la minorité traditionaliste, décidée à tout faire pour ne pas rejoindre le troupeau de l'Eglise sous l'autorité de son berger romain? Ou des médias, entre scoop et désir de diabolisation d'un pape jugé «réactionnaire» ? On ne sait. On ne saura peut-être jamais. (mon commentaire: on en revient à mon fameux faisceau convergent d'inimitiés...)

Dans cette blitzkrieg médiatique, les lignes Maginot de l'Eglise ont été contournées ; ignorants ou maladroits, les conseillers de Benoît XVI ont mis plusieurs jours à prendre la mesure du hourvari médiatique, et de l'émoi sincère de nombreux catholiques qui refusaient d'être mis dans le même sac que quelques furieux «révisionnistes».

Le sort du schisme lefebvriste est en voie de règlement, en tout cas à l'échelle temporelle de l'Eglise : une grosse partie de la Fraternité Saint-Pie X rejoindra Rome - dans quelques années, une décennie peut-être -, dont elle s'était séparée il y a vingt ans. Une minorité récalcitrante persévérera dans sa solitude, jusqu'à - qui sait ? - constituer une nouvelle Eglise.

L'essentiel est ailleurs, mais n'intéresse guère médiatiquement. La levée de l'excommunication - qui n'est pas la réintégration dans le giron de l'Eglise, celle-ci supposant que le statut du clergé de la Fraternité Saint-Pie X soit réglé, et que les désaccords doctrinaux soient abordés, opération qui peut prendre des années - était la seconde condition posée par les lefebvristes pour discuter avec les autorités romaines. La première condition était la liberté liturgique, en clair, le retour possible de la fameuse - et mythique - messe en latin, selon le rituel d'avant 1962. Le pape l'avait décidé il y a plusieurs mois, indépendamment de la question lefebvriste, pour la raison que les messes en langue vernaculaire n'avaient nullement été imposées par Vatican II, mais seulement autorisées. La liturgie aussi est le reflet d'une époque. Dans les années 60, on bazardait les antiquités pour des meubles «modernes» industrialisés ; aujourd'hui, les jeunes redécouvrent le charme de l'ancien.

Plus profondément, quarante ans après Vatican II, c'est l'heure des comptes.
Le résultat est mitigé.
Vatican II fut la tentative la plus aboutie de l'Eglise pour s'adapter à son temps, et retenir en son sein une Europe travaillée par une déchristianisation de masse. Cette tentative a échoué. La Pologne mise à part, l'Europe est une terre sinistrée pour le catholicisme, qui vit une seconde jeunesse en Afrique ou en Asie. Pourtant, le bilan de Vatican II n'est pas entièrement négatif. Il a habitué les Eglises à être indépendantes des Etats. Il a fait naître de nouveaux rapports avec le judaïsme, les Juifs étant désormais les «frères aînés» des chrétiens. Ce n'est donc pas un hasard si la bombe Williamson a explosé au beau milieu d'une des plus belles réussites de Vatican II. Le dialogue interreligieux avec l'Islam est beaucoup plus laborieux ; et certains, en France, ont du mal à faire la différence entre dialogue des religions et relativisme religieux.

Plus grave encore, la revitalisation que connaissent toutes les religions et tous les continents ne touche guère le catholicisme. Il est vrai que cette vague repose largement sur l'émotion, la liturgie, la soif identitaire, et l'ignorance crasse en matière théologique. Jean-Paul II, « star » très médiatique, avait réussi, avec les JMJ, à chevaucher cette vague juvénile et moderniste. Benoît XVI n'a pas le charisme de son prédécesseur et ami polonais ; c'est un intellectuel qui travaille à un retour théologique. Vaste programme, aurait dit le général de Gaulle.

Dans ce contexte défensif, la stratégie unitaire de l'Eglise ne s'arrête pas aux lefebvristes, qui ne représentent qu'un peu plus de 100 000 fidèles (???), sur un milliard de catholiques. L'ambition du pape est d'une tout autre ampleur. Elle vise à réunir ceux que l'Histoire bimillénaire de l'Eglise a séparés : orthodoxes, anglicans, ou encore l'Eglise chinoise. Benoît XVI multiplie les visites, les efforts, les mains tendues. Il doit vaincre bien des réticences, effacer des offenses séculaires, des souvenirs cuisants, des massacres, des anathèmes.

Les autres Eglises ont pris goût à l'indépendance. L'Eglise catholique, de son côté, peut difficilement contenir ses habitudes centralisatrices. De Philippe le Bel à la Chine post-communiste, la question de la nomination des évêques par le pape demeure une question essentielle pour elle. Les négociations ne font que commencer. Benoît XVI ne pourra sans doute pas les faire aboutir de son vivant.
Son ambition paraît hors de portée humaine. Le temps de l'Eglise n'est pas celui des hommes.

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