Le Pape n'a pas besoin de nos conseils...
... mais de nos prières: à propos d'un article du site Pro Liturgia (4/3/2009)
Depuis le début du pontificat, et surtout depuis le magistral discours de Ratisbonne, qu'on ne lui a jamais pardonné dans certains milieux, beaucoup voudraient apprendre au Pape à faire le Pape (John Allen avait écrit un article que je n'ai pas oublié: "qui dira non à Benoît XVI?", et depuis, le dernier des chroniqueurs y va de son petit commentaire fielleux), chacun semblant savoir bien mieux que lui ce qui convient à l'Eglise.
Il me revient à l'esprit qu'en septembre 2006, justement après le discours de Ratisbonne, Michel de Poncins, sur Radio Silence, avait prononcé une chronique mémorable sur ce thème, sur le ton de l'humour, intitulé "Le Pape doit-il retourner à l'école [1 282 KB]
"? Elle vaut d'être réécoutée aujourd'hui, surtout la deuxième partie.
Dernier épisode en date: nommé fin janvier par le Pape, le nouvel évêque auxiliaire de Lintz avait presque aussitôt renoncé à sa charge sous la pression de ses "frères" dans l'épiscopat, et sans doute des medias (autrement dit il avait à titre personnel fui "par peur devant les loups"); il vient de voir le Saint-Père, qui n'avait de toutes façons pas le choix, lui accorder sa "dispense d'accepter sa nomination". C'est du réalisme, ni plus ni moins, et c'est évidemment très différent du titre fracassant annoncé par certaines agences de presse: Le Pape sanctionne un évêque ultra-consevateur! Façon de lui dire: il fallait y penser avant de le nommer... Affaire Wielgus bis, donc.
Cela ne justifie en aucun cas non plus les messages alarmistes diffusés sur certains blogs catholiques : c'est très grave, lit-on! Non, ce n'est pas si grave, de toutes façons, l'Eglise en a vu d'autres, et elle s'en remettra...
Denis Crouan écrit sur son site Pro Liturgia (et bravo!):
Quand donc les catholiques se persuaderont-ils que le pape a, sur les dossiers qu'il traite, des informations que nous ne possédons pas? Quand donc se persuaderont-ils que Benoît XVI ne navigue pas à vue, à la façon de certains politiciens, mais que ce qu'il dit et fait est mûrement réfléchi et se situe dans une vision de l'Eglise qui est globale? Quand donc se persuaderont-ils que le Successeur de Pierre a, sur les grandes questions de notre temps, des lumières qui font grandement défaut à bien des plumitifs qui, dans les médias, font davantage du bourrage de crânes que de l'information?
Quand donc serons-nous persuadés que le Saint-Père a davantage besoin de nos prières que des leçons que nous tenons absolument à lui donner... que ce soit au nom du Concile, de la Tradition, ou d'on ne sait quoi d'autre?
