Trois articles pour le Saint-Père
Dans "La Faute à Rousseau", et dans "Valeurs actuelles". Quand le copier-coller se fait caisse de résonnance du meilleur... (2/4/2009)
J'ai déjà dit - mais sans doute est-ce un péché d'orgueil- que je me méfiais du copier-coller. D'abord parce qu'on n'est jamais tout à fait sûrs qu'on a le droit, et donc le sentiment de flirter avec l'illégalité (j'ai déjà été -une seule fois- échaudée sur ce site, et je me méfie).
Mais quand le procédé permet de servir de caisse de résonnance au meilleur de l'information, d'amplifier un message qui aura forcément un impact limité, parce que les bons journaux ne sont pas si faciles à trouver et n'ont pas de très gros tirages, ce qui est une tautologie (exemple ici: Valeurs Actuelles), ou d'élargir l'audience d'un très bon blog (La Faute à Rousseau), je dis bravo au bouton droit!
Je me réjouis donc de reproduire ces trois textes, que j'aimerais avoir écrits.
Le premier, un article de Valeurs Actuelles, sous la plume de Vincent Tremolet de Villers.
Les deux suivants, du blog La Faute à Rousseau, dont j'ai déjà dit le bien que j'en pensais: Nouveaux liens .
Dans Valeurs Actuelles
Inquisition médiatique
POLÉMIQUE La chasse au pape est ouverte dans la presse.
Vincent Tremolet de Villers, journaliste,
le 02-04-2009
http://www.valeursactuelles.com/...
Albert Londres nous l’avait bien dit, il faut « porter la plume dans la plaie ».
Raconter ce que personne ne veut voir, n’ose dire, pour que le plus grand nombre le sache et que ceux qui mentent sans vergogne y réfléchissent à deux fois avant de le faire.
Voilà deux mois que chaque jour qui passe va son torrent de mensonges, de calomnies et d’insultes. Un homme, seul, les reçoit.
Il a 82 ans, il est le chef spirituel d’un milliard d’êtres humains, il s’exprime avec douceur et n’aime rien tant que les nuances du raisonnement. Il est, plus qu’aucun autre, un homme civilisé. Depuis qu’il étudie la théologie, il cherche les chemins qui croisent ceux de ses frères juifs. Son livre sur Jésus est en grande partie une conversation intellectuelle avec son ami, le rabbin Jacob Neusner. Il était enfant sous Hitler et a pris la mesure autrement que dans les livres, du totalitarisme nazi, des persécutions et de la tragédie inouïe de la Shoah. Négationniste, révisionniste,bavarois, allemand… sont les adjectifs qui doivent cependant apparaître dans les deux lignes qui précèdent ou suivent son nom.
Il a pu faire des discours à ce sujet lors des audiences du mercredi, publier des lettres reprises dans le monde entier, accepter avec humilité de s’expliquer: peine perdue, c’est écrit dans le marbre informatique des journaux et des télévisions. Des comiques-qui-n’ont-pas-peur-dedénoncer- l’intolérable le traînent dans la boue, des chroniqueurs l’insultent au petit matin,des hommes politiques autrefois connus se changent en théologiens, des catholiques autoproclamés “refont” le Vatican, des éditorialistes septuagénaires s’emportent et lui conseillent de raccrocher.
Cet homme est la délicatesse même. Tous ceux qui l’ont rencontré en témoignent. Son ouverture d’esprit ne fait pas de doute. Il peut s’entretenir des heures durant avec Jürgen Habermas, un philosophe athée, et, lorsqu’il a pris la parole au Collège des Bernardins au mois de septembre, c’était comme une insurrection de l’intelligence contre la tyrannie des conformismes et des idées reçues. Il n’est pas un homme de slogans, de convenances petites-bourgeoises et d’émotions standardisées. Il est maintenant coupable des malheurs d’une fillette de 9 ans, Cosette brésilienne que de nouveaux Thénardier (l’expression est de Gérard Leclerc) utilisent pour défendre leurs intérêts. La souffrance de cette gamine a été pillée au profit de tous les donneurs de leçons de la planète. Cet homme a préféré le silence plutôt que d’aller prendre un air compatissant au journal de 20 heures avant de se rendre à une première au théâtre. C’est un “ayatollah”, un monstre qui canoniserait des violeurs en série (Stéphane Guillon), un “autiste” et un coeur de pierre.
Comme l’Afrique souffre, cet homme s’y est rendu une semaine durant. Pas dans un palace pour ses vacances, ni dans un safari pour évacuer le stress de la vie citadine, non, il a voulu prendre le continent dans ses bras. Dans l’avion, il a répondu à la question d’un journaliste de France 2 sur le sida, avec intelligence et finesse, comme d’habitude. Ensuite, il a fait des centaines de kilomètres, il a vu des millions de fidèles, il a prononcé de magnifiques discours. Il a apaisé pour une semaine les souffrances des peuples meurtris. Peine perdue: il est contre le préservatif ! Il paraît même qu’il dit que ça donne le sida! C’est un irresponsable, un criminel, un génocidaire.
Il faut qu’il parte, se sont exclamés quelques- uns de mes confrères, bien accrochés à leur fauteuil, et d’ailleurs les sondages le disent. Impossible de dire autre chose, impossible d’entendre autre chose.Cet homme est dangereux, et il faudra qu’il paye. Ils sont rares à la télévision, à la radio, dans les journaux à ne pas avoir repris, hystériques, ces incantations. Il a fallu des blogs et des forums pour comprendre les faits, pour croiser l’information et prendre la mesure d’une gigantesque manipulation de masse qui a consisté à condamner un homme pour des idées qui ne sont pas les siennes, des actes qu’il n’a pas posés, des propos qu’il n’a pas tenus.
Je le regardais lors de la messe à Luanda, dans la chaleur suffocante, dire de sa voix presque timide la peine que lui cause la souffrance de l’Afrique: « Grand continent, si riche d’espérance […]. » Il était doux comme l’agneau et digne comme les princes. Tellement supérieur à cette coulée de boue qui voudrait salir sa soutane blanche. Rien, chez lui, ne correspondait à ce que je lis, ce que je vois et ce que j’entends. Il nous montrait comment se tient un homme face aux loups.
Je dois l’avouer: j’avais honte d’être journaliste.
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La Faute à Rousseau (1)
L'énorme opération en cours contre BenoîtXVI
31 mars
http://lafautearousseau.hautetfort.com/...
Que dire de « l'énorme opération en cours contre Benoît XVI *» qui n’ait déjà été dit ailleurs et que, de manière spontanée, nous ne ressentions profondément en nous-mêmes ?
Une fois de plus, le Souverain Pontife se trouve affronté à « l'immense hostilité du système qui lui fait face », comme Paul VI – certains diront : même Paul VI - choisit de braver par devoir l’impopularité lorsqu’il publia envers et contre tous l’encyclique Humanae Vitae ou Jean-Paul II Evangelium Vitae. Lorsque ce même Pontife publia l’encyclique Veritatis Splendor, où il rappelait que la splendeur de la vérité ne souffre aucune remise en question, ni par l’opinion, ni par aucune majorité, en aucun temps ni en aucun lieu, comment le « monde moderne » aurait-il pu comprendre ou accepter un tel message, qui va à l’encontre de ses fondements ? Le « système » - car c’en est un – en arrive, aujourd’hui, à nier – qu’elle soit absolue ou relative - jusqu’à l’existence d’une quelconque vérité. Sur l’essentiel, il n’y a donc pas de compromission possible entre lui et l’Eglise Catholique, sauf, pour cette dernière, à accepter de ne plus exister. Jusqu’à présent, l’Eglise se refuse (on pourrait dire : toutes les églises car les autres religions, à cet égard, disent à peu près les mêmes choses) à rabaisser la morale au niveau des mœurs et à sacrifier la vérité – ou ce qu’elle tient pour tel – au relativisme de ce que l’on appelle l’ « opinion » laquelle n’est, en réalité, que ce que le « système » veut bien qu’elle soit.
A la fin de la Longue Marche, les dirigeants du P.C. chinois, réunis autour de Mao, durent décider si la Longue Marche, où l’armée rouge avait perdu les trois-quarts de ses effectifs, était une défaite ou une victoire. Ils « décidèrent » que c’était une victoire. Ce fut donc une victoire.
Il faut savoir que, sous d’autres formes, tout aussi redoutables, nous vivons sous la tyrannie d’un « système » parfaitement totalitaire et dont, comme les malheureux Chinois crurent aux promesses de l’ « Horizon Rouge », les peuples ne s’aperçoivent même pas.
Pour décider de ce qu’il faut faire, dire et penser, de la grève qui sera ou a été un grand succès, de la personnalité qu’il faut « se payer », de l’homme qui monte ou qui s’écroule, de l’idée qu’il faut combattre, et ainsi de suite, les composantes du « système » n’ont probablement même pas besoin de se réunir. Elles agissent et interagissent spontanément, de façon complémentaire, parfaitement orchestrée et d’une quasi universelle efficacité : ce sont « les instituts de formation de l’opinion et de sondages » ; les grands médias (les seuls qui comptent vraiment) ; la classe politique prise dans son ensemble ; les appareils syndicaux, qui ne sont « représentatifs » que par tacite convention ; l’univers glauque et oppressif de l’Education Nationale ; et, à de rares exceptions près, le secteur dit des « associations », en pleine expansion. Cette « superstructure », homogène derrière d’apparentes oppositions, développe une pensée parfaitement univoque et, d’ailleurs, parfaitement nulle, sans cohérence et sans culture, qui devient, bon gré mal gré, la loi d’airain des peuples. A bien y regarder, il est douteux que les propagandes des régimes totalitaires d’autrefois aient exercé une plus grande emprise que celle-ci.
Que le pape en soit, sinon la première victime, du moins la première cible, n’a pas de quoi surprendre, pour les raisons que nous avons tenté de dire. Sans-doute n’en est-il pas lui-même étonné puisque dès la messe d’inauguration de son Pontificat, il avait adressé à l’assistance et au monde la demande suivante : « Priez pour moi, afin que je me dérobe pas, par peur, devant les loups ». La prière – ou le soutien – de ce qu’il nous reste d’hommes de bon sens et de culture, ne devrait pas lui manquer. Nous aurons à y revenir.
La Faute à Rousseau (2)
L'énorme opération en cours contre Benoît XVI (II)
http://lafautearousseau.hautetfort.com/....
2 avril
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« Ce pape commence à poser un vrai problème ».
C’est Alain JUPPE qui le dit. Comme l’ont fait aussi bien d’autres de ses collègues. Alain JUPPE, ancien Premier Ministre français et, peut-être futur ministrable du prochain gouvernement de Nicolas SARKOZY. Xavier DARCOS, notre ministre de l'Education Nationale, laquelle n'a pourtant de leçons à donner à personne, n'a pas hésité, de son côté, à qualifier les propos supposés du pape, de criminels.
Mais à qui Benoît XVI commence-t-il à poser un problème ?
Nous pensons, quant à nous, que c’est le « système » français qui « commence » ou plutôt qui continue – à poser un problème.
« Système » oligarchique de très petite volée, « système » totalitaire et oppressif, dont Alain JUPPE, dont nous ne méconnaissons pas, au demeurant, les qualités, est l’un des pontifes. Mais les « colonnes du temple » (l’expression est de Jacques CHIRAC) sont ébranlées.
Ce que Pierre BOUTANG appelait déjà, en son temps, le Semble-Etat, a-t-il encore une cohérence, et même une existence ? Le président de la République qui a, sinon écrit, du moins prononcé le discours du Latran, est-il le même que celui qui s’apprête à prendre pour ministre un homme qui considère que « ce pape (le Souverain Pontife régnant) commence à poser un problème », comme s’il s’agissait d’un membre quelconque du show-biz ou du monde politique, ce qui « commence », d’ailleurs, à être la même chose ?
Le « système » que nous avons décrit précédemment, existe-t-il d’ailleurs encore vraiment ?
Le Semble-Etat est incohérent, ballotté entre sondages, peur de « la rue », hantise d’un effondrement économique de grande ampleur, pressions de tous les corporatismes et lobbies de privilégiés qui le somment de creuser encore une dette pourtant déjà paralysante, harcèlement des médias …
Les syndicats, quant à eux, ne représentent plus guère que des appareils et sont, en réalité, si on ne leur reconnaissait une légitimité pourtant très improbable, que des fantômes de la représentation des salariés.
Les grands médias sont constitués de coteries uniquement occupées à accroître leur audience, pour faire et défaire les courants dits d’opinion et faire accroire à cette dernière qu’elle pense par elle-même …
Les Instituts de formation de l’opinion et de sondages, œuvrent, évidemment, dans le même sens … Que dire de l’Education Nationale, en pleine décomposition culturelle et morale ? Que dire des « associations », souvent composées de marginaux, qui n’ont d’écho que si les médias les relaient ? « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette » : tout ce petit monde se tient, comme les éléments d’un château de cartes, somme-toute assez lamentable. Quelle est sa réalité ? Voilà, en effet, ce qui « commence à poser un problème ».
D’autant plus que ce « système », ainsi constitué, ignore superbement et vit dans un décalage de plus en plus creusé entre son idéologie d’essence très simpliste et l’évolution évidente d’une grande partie de l’intelligence française, souvent composée, d’ailleurs d’hommes – parfois les plus brillants – venus de ce que l’on appelle encore la Gauche … Cette nouvelle Intelligence française en vient à contester de plus en plus et de plus en plus radicalement la tyrannie, l’idéologie, déclinante et nulle, du « système ».
Et nul doute que cette Intelligence – ne serait-ce que par sentiment naturel de confraternité – penche davantage du côté du grand esprit qu’est le pape Benoît XVI que du côté d’Alain JUPPE, Xavier DARCOS ou David PUJADAS …