Les deux voyages vus par 'A. Tornielli
La presse italienne, en Afrique, a décidément vu d'autres choses que la presse française: un extraordinaire courant de sympathie humaine (24/3/2009)
Les deux voyages vus par A.Tornielli
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Les "deux voyages", je le vois bien à présent, sont devenus un thème récurrent du séjour du Saint-Père en Afrique, également repris par la presse française, qui a beaucoup à se faire pardonner.
>>> Les deux voyages du pape en Afrique
Occasion pour certains journalistes de faire leur mea culpa, peut-être.
Et pourtant, c'était tellement évident, pour ceux qui ont eu la chance de regarder les directs sur KTO, qu'il y avait un décalage énorme entre les affirmations de certains ... et le vécu sur place.
Andrea Tornielli, qui était du voyage, n'a rien à se reprocher, je crois.
C'est sans doute en pensant à des gens comme lui que le Saint-Père a remercié les journalistes de leur travail, dans la micro-conférence de presse qu'il leur a accordé au retour.
Ou bien, c'était de l'humour... car je sais que son humour est malicieux. (Dans l'avion du retour)
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Le Pape en Afrique, bilan de deux voyages
Ma traduction (texte ici)
Visitant l'Afrique, en un séjour de six jours dans le Continent noir, Benoît XVI a accompli deux voyages. Deux voyages très différents entre eux.
Le premier est le réel, marqué par le contact avec les foules du Cameroun et de l'Angola, par les thèmes que le Pape a traités dans ses discours et dans ses homélies, par l'impact avec les contradictions de deux capitales où richesse et pauvreté extrême cohabitent côte à côte.
L'autre voyage est le virtuel, celui sur lequel ont glosé commentateurs, bureaucrates et sondagistes occidentaux, qui ont accusé Ratzinger d'irresponsabilité pour avoir dit ce que tous devraient maintenant reconnaître et qui est attesté par des études scientifiques : la distribution de préservatifs n'est pas la méthode efficace pour combattre la diffusion du Sida dans ces Pays.
Pendant trois jours, dans les Pays européens comme aux Etats-Unis, tandis que le Pape parlait de pauvreté, de développement, de droits humains, on a discuté de prophylactiques. Pour ensuite passer, pendant les suivants trois jours, à parler d'avortement thérapeutique, sur la base d'une phrase prononcée par Benoît XVI dans un discours fort sur les maux qui affligent l'Afrique.
La machine mediatico-politique, une fois mise en marche, ne s'est plus arrêtée.
Et ainsi en France, où tirer sur le Pontife semble devenu dernièrement un sport national, on a fait des sondages et des mini-sondages pour montrer qu'au moins la moitié des catholiques du Pays demandent à Ratzinger de démissionner.
Le sentiment, en lisant des déclarations de quelques ministres et de leur porte-parole, est que pour la première fois depuis longtemps, le Pape n'est plus entouré de ce respect attribué à une personnalité super partes, mais est considéré comme un chef de parti, soumis au tir croisé des déclarations quotidiennes typiques de la « pâtée » politique. C'est à qui a qui l'invite au silence, l'invite à démissionner, lui explique ce qu'il doit dire et comment le dire.
Ainsi, seize discours prononcés en terre africaine, se sont réduits à deux phrase, deux, dont la première avait été prononcée de façon impromptue pendant la conférence de presse tenue dans l'avion.
L'impression est que Benoît XVI n'est pas excessivement préoccupé par cette hostilité croissante.
Jamais comme dans ces jours on n'a cueilli l'énorme distance entre voyage réel et voyage virtuel. Et s'il est vrai que la critique montante de certaines bureaucraties occidentales n'a pas de précédents récents, il faut aussi se rappeler que des critiques féroces furent adressées à Jean Paul II dans les premières années de son pontificat. De même qu'il faut rappeler la souffrance et l'isolement de Paul VI, au moment où il prit la décision courageuse d'Humanae vitae, devenant signe de contradiction.
Que reste-il, donc, du voyage de Benoît au Cameroun et en Angola ?
Avant, et plus encore que les messages lancés par le Pape pour la lutte contre la pauvreté, pour la dignité de la femme, pour une économie qui ne soit pas déshumanisée, pour l'éducation et le développement, il reste une présence et un extraordinaire courant de sympathie humaine, qui a eu son sommet en Angola.
Beaucoup de gens simples et extraordinaires, ont passé des heures et des heures sous le soleil pour saluer non pas Joseph Ratzinger mais le successeur de Pierre, venu ici pour confirmer les frères dans la foi.
Et dans un Pays tourmenté de tragiques guerres intestines, abus, misères, violences, l'embrassade de Pierre, son sourire et sa proximité ont compté plus que mille discours.