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Le Pape théologien et l'humble curé

A propos de la lettre du Saint-Père aux prêtres, un bel article de "l'Eco di Bergamo" (26/6/2009)

La lettre est ici: lettredusouverainpontife.pdf [68 KB]

L'ayant imprimée avant de partir, j'ai lu la lettre de Benoît XVI aux prêtres dans le train pour Paris.
Simultanément, et sans doute intentionnellement, La Croix publiait un de ces sondages destructeurs dont elle a le secret, intitulé "Les français et la vocation". J'ai téléchargé le descriptif complet sur le site, c'est un document de 19 pages!
Y sont interrogés des catholiques, pratiquants et non pratiquants, et des non-catholiques (à quel titre leur demande-t'on leur avis?), chaque catégorie faisant l'objet de statistiques détaillées.
A lire ici: Sondage
Mais revenons-en à la belle lettre du Saint-Père.
Tissé de citations très émouvantes du curé d'Ars, et aussi de confidences personnelles extraordinaires, comme lorsqu'il évoque le curé Blumschein dont il parle dans ses mémoires, et qui a accompagné ses premiers pas de jeune vicaire, à Munich ("Je porte moi-même encore vivant dans mon cœur le souvenir du premier curé auprès de qui j’ai exercé mon ministère de jeune prêtre : il m’a laissé l’exemple d’un dévouement sans faille à son service pastoral, au point de trouver la mort alors qu’il allait porter le viatique à un malade grave"), elle ne s'adresse pas directement à moi, évidemment, mais elle est si touchante, si pleine d'amour, en fait, qu'on a vraiment l'impression d'un père affectueux et protecteur écrivant à des enfants turbulents et qui cherche à leur tendre une main à la fois douce et ferme pour les remettre dans le droit chemin dont ils s'étaient un peu détournés.
On est donc à des années-lumières des "admonestations" et autres "avertissements" que certains medias friands de caricature ont cru ou voulu y déceler, d'autant que le Saint-Père ne se place pas au-dessus, mais avec les prêtres auxquels il s'adresse ("Nous tous, prêtres, nous devrions réaliser que les paroles qu’il mettait dans la bouche du Christ nous concernent personnellement...").
C'est ce qu'explique cet article paru le 19 juin dans l'Eco di Bergamo, journal coutumier d'excellentes analyses sur le pontificat.

Texte en italien ici: http://paparatzinger2-blograffaella.blogspot.com/
Ma traduction:

Quand le Pape théologien s'inspire du Curé
Lucio Brunelli
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Etre prêtre aujourd'hui est devenu un métier difficile.
Autrefois, il y a bien longtemps, en Occident, devenir prêtre était même une forme d'émancipation sociale. Aujourd'hui la mentalité commune, qui n'est plus chrétienne, regarde les prêtres avec une pointe de commisération. Presque comme s'il s'agissait de personnes condamnées par une autorité despotique à être privées d'amour, l'amour d'une femme et celui de ses enfants. Dans les conversations de bistrot, ou les talk show ce qui revient au même, lorsqu'on aborde le sujet, il y en a toujours un qui en sait plus que les autres et qui dit que l'unique antidote contre les cas de pédophilie serait de « libérer » les prêtres des chaînes du célibat.
Comme s'il n'était presque plus concevable qu'une personne normale aujourd'hui, par la Grâce de Dieu, puisse accomplir librement un choix aussi radical. Et se sentir par là pleinement réalisé, et même plus fort, y compris sous l'angle affectif.
Le Pape le sait bien, que les temps sont difficiles.
Hier il a écrit une lettre de huit pages aux 400 mille prêtres de l'Église catholique. Ce sera le manifeste de l'Année sacerdotale qu'il a lancée à partir d'aujourd'hui, 19 juin, à l'occasion du 150-ème anniversaire de la naissance du saint curé d'Ars.
En donnant la nouvelle, les grands journaux on-line titraient sur la nouvelle « admonestation » du Pape, comme si Benoît XVI avait pris papier et plume pour étriller les prêtres, dénoncer la honte des scandales sur fond sexuel, rappeler à l'ordre ceux qui demandent l'abrogation de l'obligation du célibat sacerdotal.
Seul un mélange d'ignorance et de préjugés peut réduire la lettre du Pape à ces pauvres choses. Ratzinger a évidemment bien présente la situation réelle. Il a toujours appelé par son nom la « saleté » qu'il y a aussi dans l'Église. Et il n'ignore pas les revendications croissantes qui arrivent de groupes organisés, dernièrement d'Autriche, pour la fin du célibat des prêtres. Mais dans la lettre il explique comment, de la crise du clergé catholique on ne sortira pas tant avec « la révélation pointilleuse des faiblesses des ministres de l'Église » qu'avec une « une conscience renouvelée et joyeuse de la grandeur du don de Dieu, concrétisé dans les figures splendides de pasteurs généreux, de religieux brûlant d’amour pour Dieu et pour les âmes, de directeurs spirituels éclairés et patients. ».
Sa lettre est une lettre à méditer, plus encore qu'à analyser. Enrichie de très belles citations du saint curé d'Ars, Jean Marie Vianney, qui a vécu dans un petit village français (moins de trois cents âmes) dans la première moitié du XIXème siècle.
Et c'est justement cela, la première chose qui impressionne. Un pape théologien, intellectuel, prend pour modèle un modeste curé de campagne. Un prêtre dont les études ont été été un désastre, rejeté des séminaires, en difficulté dans l'apprentissage du latin, en crise chaque fois qu'il devait prendre la parole en public. Pourtant, une figure, celle du saint curé d'Ars, qui étonnait et attirait des foules venues de la France entière. Sans accomplir de prodiges particuliers, rien qu'en passant la plus grande partie de la journée dans le confessionnal. Et le reste à visiter des malades, à soutenir des filles en difficulté, toujours disponible avec tous ses paroissiens.
L'image du bon pasteur. « Le torrent de la divine miséricorde », qui emporte toute mesure humaine. Y compris son sentiment continuel de se sentir inadéquat à son rôle. Y compris tout formalisme, toute rigidité cléricale inutiles. En cela, infininiment moderne. Parce que c'est de cette approche d'amour - et pas seulement d' « avertissement » - qu'a besoin l'homme lointain d'aujourd'hui. « Ce n'est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon - disait le curé d'Ars - mais c'est Dieu lui-même qui court derrière le pécheur et le fait revenir à Lui ».
Et aux prêtres incertains sur le comportement à user dans confessionnal : « Je vous dirai quel est mon ordonnance : je donne aux pécheurs une petite pénitence et le reste je le fais à leur place ».

© Copyright Eco di Bergamo, 19 juin 2009

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