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Le Saint-Siège et l'immigration

La gauche et les medias voudraient bien enrôler Benoît XVI sur ce thème. Analyses de Salvatore Izzo et Vittorio Messori (4/7/2009)

Les medias, qui ne répercutent jamais les déclarations du Saint-Père (sinon pour les critiquer, et éventuellemnt susciter une polémique) sont au contraire tout prêts à l'enrôler dans leurs troupes lorqu'il s'agit de promouvoir l'accueil des immigrés. Surtout quand c'est contre le gouvernement de Berlusconi. Quitte à lui prêter des opinions qui sont celles de simples prélats s'exprimant à titre personnel. Mise au point. Et un article de Vittorio Messori.

Voir ici: Conférence épiscopale italienne sur l'immigration et ici: Un évêque italien parle de l'immigration

Selon l'AFP

Le Parlement italien adopte une loi controversée sur l'immigration et la sécurité
AP | 02.07.2009
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Le Parlement italien a définitivement adopté jeudi une loi controversée durcissant l'arsenal contre l'immigration clandestine, et autorisant l'organisation de patrouilles de citoyens non-armés pour renforcer la sécurité dans les rues.
Le Sénat, la chambre haute du Parlement, a adopté le texte par 157 voix pour, et 124 contre. La Chambre des députés avait déjà donné son feu vert en mai au projet de loi, condamné par l'opposition de centre-gauche et les organisations de défense des droits de l'homme.
La nouvelle loi fait de l'entrée ou du séjour irrégulier en Italie un délit puni d'une amende de 5.000 à 10.000 euros. Toute personne ayant volontairement loué un logement à un immigré clandestin en connaissant sa situation sera passible de trois ans de prison.
Le séjour des clandestins dans les centres de rétention pourra par ailleurs être prolongé jusqu'à six mois, contre deux mois actuellement. La loi autorise également les maires à organiser des patrouilles de citoyens non-armés pour renforcer la sécurité dans les rues. Cette disposition a suscité de vives critiques de l'opposition, pour qui le gouvernement encourage l'auto-défense.
Le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni a défendu cette mesure, affirmant que la création de groupes de volontaires permettrait au contraire d'éviter que des patrouilles non-organisées ne s'emparent des rues. M. Maroni a précisé qu'il rencontrerait la semaine prochaine les responsables des municipalités concernées pour fixer le cadre et les limites de ces "rondes de citoyens".
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L'analyse de Salvatore Izzo

IMMIGRÉS : VATICAN ET CEI, L'ÉGLISE NE JUGE PAS LE DDL
Salvatore Izzo (AGI), 3 juillet
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« C'est la liturgie habituelle », dit le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, à propos des présumées critiques du Vatican au projet de loi sur la sécurité ( disegno di legge, - ddl - sicurezza).
Et le porte-parole du Saint Siège, le père Federico Lombardi, même sans le citer, lui donne raison de fait lorsqu'il précise encore une fois que les journaux attribuent au Vatican des opinions personnelles de religieux individuels, aussi influents soient-ils, mais qui ne représentent certes pas la ligne du Saint-Siège.
« Je ne constate pas qu'il y ait eu des critiques qu'on puisse qualifier de critiques du Vatican », répète-t'il à propos des titres des journaux qui au contraire qualifient aujourd'hui de « critiques du Vatican » des opinions au sujet du décret sur la sécurité exprimées par Mgr Agostino Marchetto, numéro deux du Conseil pour la pastorale des migrants.

La position des évêques italiens sur le thème de l'immigration et la sécurité est celle ayant émergé de la récente Assemblée, qui a souligné la nécessité « de conjuguer accueil et légalité", affirme de son côté, dans une ample déclaration diffusée par le Service d'Information Religieuse, le porte-parole de la Conférence Episcopale Italienne, Mgr Domenico Pompili.
En somme, au sujet de l'évidente tentative de quelques-uns de « tirer par la soutane » le Vatican et la CEI pour les enrôler dans l'opposition (rejoignant dans cette position des associations et des organismes catholiques qui ont par contre pris ouvertement position contre le ddl), les deux porte-parole sont absolument en syntonie : l'Église réaffirme des principes mais n'évalue pas nécessairement les solutions législatives adoptées par les Gouvernements, pour les absoudre ou les condamner.
« Sur la question de l'immigration - précise Mgr Pompili - ce qui avait été affirmé dans le communiqué final de la dernière assemblée générale de la CEI qui s'est tenue le mois dernier vaut encore aujourd'hui (c'est-à-dire au lendemain de l'approbation du "ddl sûreté")».
A cette occasion, ajoute le porte-parole de la CEI, les évêques « ont statué sur le fait qu'il s'agit d'un phénomène très complexe, qui justement pour cela ne doit pas être traité à la hâte ».
Propos très clairs, qui ne visent pas le ddl et la règle qui fait de l'immigration clandestine un délit, mais qui expriment sans équivoque possible l'exigence de la légalité. Et si bien sûr, pour l'Église, « il est évident qu'une réponse dictée par les seules exigences de l'ordre public, de toute façon nécessaires pour garantir un rapport correct entre droits et devoirs, reste insuffisante, si on ne s'interroge pas sur les causes profondes d'un tel phénomène », dans sa déclaration, Mgr Pompili rappelle les paroles du cardinal Angelo Bagnasco, président de la Conférence Episcopale, dans l'introduction de la dernière Assemblée des évêques : à côté de la « valeur incompressible de toute vie humaine, sa dignité, ses droits inaliénables, il y en a d'autres, comme la légalité, l'impunité des trafiquants, la sauvegarde du droit d'asile, la sécurité des citoyens, la liberté pour tous de vivre de façon digne dans son Pays, mais aussi la liberté d'émigrer, pour améliorer ses conditions de vie (à proportionner avec les possibilités d'accueil des Pays), ou peut-être seulement pour s'enrichir culturellement ».
Lorsque le Saint Siège « entend s'exprimer avec autorité », il le fait en employant « ses moyens propres, et des modalités adéquates », comme « des communiqués, des notes et des déclarations », avait déjà précisé le 21 février le père Lombardi à la suite de critiques analogues, également de Mgr Marchetto, contre le ddl sûreté qui débutait alors son tour parlementaire.
« Aucune autre déclaration - avait rappelé Lombardi - n'a la même valeur ».
« Il n'est pas rare - avait ajouté le porte-parole de Benoît XVI - que les medias attribuent au « Vatican », entendant ainsi le Saint-Siège, des commentaires et des points de vue qui ne peuvent pas lui être attribués automatiquement ».
Dans la même déclaration, évoquée aujourd'hui par le père Lombardi, il était affirmé que « le Saint Siège, dans ses organes représentifs, manifeste du respect envers les autorités civiles, qui dans leur légitime autonomie ont le droit et le devoir de pourvoir au bien commun ».
Le même principe avait été réaffirmé cette même semaine par le président de la CEI Bagnasco dans les colonnes de l'Osservatore Romano : « Sur les mesures du Gouvernement italien en matière de sûreté - avait-il dit en ce qui concerne le ddl - on ne peut pas émettre d'opinion, car il faudra voir les résultats ». Même si, quellles que soient les mesures décidées, recommandait Bagnasco, elles devront être réalisées « certes dans le respect de notre tradition de solidarité mais aussi du droit et de la légalité », et « nous devons tous être très attentifs et vigilents afin ne pas perdre ces valeurs fondamentales de la cohabitation, de la solidarité, de l'humanisme authentique qui caractérisent depuis toujours notre culture et notre peuple ».
Et aujourd'hui dans sa déclaration à l'agence SIR, le porte-parole Pompili rappelle aussi une autre affirmation du cardinal Bagnasco, qui complète le raisonnement : dans le thème de l'immigration « les dispositions individuelles finissent fatalement par être inadéquates si on ne les place pas dans une stratégie plus vaste et articulée, dont une nation comme l'Italie doit se pourvoir face à un phénomène d'époque comme la migration de populations entières ».

Sur la même ligne, les considérations confiées dernièrement au forum « Modernisations Sociales » par le président du dicastère vatican pour la pastorale des migrations, Mgr Antonio Marie Veglio, pour lequel est souhaitable « un accueil graduel et ordonné, respectueux mais pas naïf » des immigrés : pour le chef de Marchetto, en effet, conjuguer accueil et legalité « d'un côté fait émerger le sentiment humanitaire de solidarité et d'hospitalité, et, de l'autre, augmente le potentiel productif dans le domaine économique et enrichit les échanges sociaux ».
Tandis que « l'arrivée des migrants n'est certes pas un danger si évidemment elle trouve une juste réalisation et une gestion compléte de tous les aspects corrélés à leur bon accueil, surtout pour lutter le plus efficacement contre possible l'action d'organisations criminelles qui font du trafic et de la contrebande d'êtres humains ».

© Copyright AGI

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Andrea Tornielli interviewe Messori

« Au delà de la miséricorde, il faut du réalisme »
Il Giornale, 3 juillet
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« Rappelons-nous de la plus importante des vertus, le réalisme. Et rappelons-nous que si l'Église fait bien d'inviter à la miséricorde et à l'accueil envers tous, les États doivent penser avant tout à leurs citoyens et doivent chercher à gouverner ce phénomène global de la migration… ».
Vittorio Messori,(..), écoute avec attention le jugement préoccupé exprimé par le Secrétaire du Conseil Pontifical pour les migrants et les itinérants, l'archevêque Agostino Marchetto, qui hier a accueilli la nouvelle de l'approbation définitive du "paquet sûreté" en se disant « triste et peiné » parce que la loi, à son avis, « amènera beaucoup de douleurs et de difficultés pour des personnes qui, déjà par le fait d'être irrégulières, se trouve dans une situation de précarité ».

- Messori, le Vatican prend ses distances…
« Avant tout je voudrais dire que nous devrions cesser d'affirmer que l'Église ou le Vatican déclarent ceci ou cela, lorsque c'est un prélat individuel qui s'exprime, comme c'est le cas ici ».

- C'est vrai qu'il y a quelques mois, dans un cas semblable, le Secrétariat d'État précisa que certains jugements ne pouvaient pas être attribués au Vatican. Mais il est aussi vrai que l'archevêque travaille dans le ministère du Saint Siège pour les migrants.
« D'accord, mais même pas le Pape n'invoque le charisme de l'infallibilité sinon en de très rares occasions. Que dire alors de ses collaborateurs. En disant cela, je ne veux pas diminuer la portée des affirmations de Mgr Marchetto mais seulement préciser qu'il nous faut faire attention à ne pas transformer chaque jugement personnel en une sentence du Saint Siège».

- Venons-en aux faits. Que pensez-vous de ce qu'a dit Marchetto ?
« La loi non formulée du christianisme, je ne me lasserai jamais de le répéter, est celle de l'et-et, de l'union des opposés. Chacun de nous sera jugé sur la base de ces deux éléments : la justice et la miséricorde. L'Église aussi doit mélanger la charité, l'accueil, l'attention aux pauvres, avec la prudence, qui est définie par Saint Thomas comme « auriga virtutum », c'est-à-dire vertu conductrice. La prudence contient et entraîne toutes les autres. Eh bien, aujourd'hui, nous pourrions traduire avec réalisme la vertu de prudence. Donc, l'attention aux pauvres ne peut pas faire oublier que nous nous trouvons non pas face à l'immigration - c'est-à-dire à un phénomène comme celui qui amena les italiens en Amérique - mais face à une grande migration, au déplacement de peuples entiers. Quelque chose qui arrive une ou deux fois dans un millénaire ».

- Que vous suggère le réalisme dans ce cas ?
« Qu'il n'est pas possible d'ouvrir grand les portes à tous, d'accueillir tout le monde. Il est nécessaire, par contre, de chercher à gouverner le phénomène, en se tenant éloigné de la démagogie. Malheureusement dans les dernières décennies il est arrivé plusieurs fois que la juste et évangélique attention aux nécessiteux ait glissé vers cette démagogie typique de l'idéologie post-68, qui produit des phrases à effet et des attestations de bonté, mais qui risque dans certains cas de devenir désastreuse pour les personnes mêmes qu'on voudrait aider. L'Église est amie de la vérité et contraire à l'hypocrisie. Il faut reconnaître que souvent ceux qui arrivent dans notre Pays ne sont pas tout à fait ou ne sont pas seulement les plus nécessiteux, mais ceux qui ont pu se payer le voyage. Ils représentent l'élite. De même qu'il faudra reconnaître que ceux qui se présentent comme persécutés ne le sont pas tous réellement ».

- Quel est, pour vous le devoir de l'État ?
« Je crois que ce qui vaut avant tout pour soi-même vaut aussi pour l'État. La première charité est envers soi-même. Il n'est pas possible d'aimer les autres si on ne s'aime pas nous-mêmes. Aujourd'hui, les États, avant de penser aux autres, doivent penser à leurs citoyens, à leur vie, à leur travail, à leur sûreté. C'est un devoir qui leur incombe. Un certain « extrémisme » des vertus appartient à quelques grands saints. Mais ceux qui conduisent les peuples ont le devoir de s'occuper avant tout de leurs citoyens. Et cela, attention, sans fanatisme ou exagération. L'autre, l'immigré, n'est pas un ennemi. L'Église nous enseigne l'accueil. Nous devons accueillir et aider sans oublier la grande vertu du réalisme ».

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Un remarquable commentaire à cet article sur le blog de Raffaella:

Objectivement, on ne peut certes pas dire que l'immigration incontrôlée n'apporte pas elle aussi de la souffrance. À ceux qui risquent leur vie dans des traversées aventureuses sur des barques sommaires ou à ceux qui, victimes du désespoir sont recrutés pour des traffics et des cambriolages, ne trouvant rien de mieux pour survivre une fois ici. Au clandestin exploité dans le travail au noir ou la prostitution. À ceux qui, après avoir offert l'accueil, doivent subir en silence le mépris de leurs traditions, pour ne pas offonser la sensibilité d'autrui. Et pourquoi pas? Nous nous voyons enlever le travail par ceux qui sont obligés d'accepter de travailler sans les protections syndicales pour lesquelles nous avons lutté pendant des années. Ce ne sont pas les règles qui engendrent le racisme mais leur absence, avec le citoyen laissé à lui-même, en proie à l'inévitable tentation de l'intolérance et de l'auto-justice. Un père peut et doit inculquer des idéaux à ses enfants, mais s'il est juste, il ne doit pas toujours lui demander de subir, sinon il l'incite même au fratricide.

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Le Pape devient critique d'art Récife, version Magister