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Respect de la vie

Carlota a traduit un article très émouvant d'un prêtre espagnol, parlant d'un jeune trisomique de ses amis qui vient de mourir. Et nous fait part de ses réflexions sur une éventuelle révision de la loi de bioéthique proposant le diagnostic de la trisomie 21 dans le cadre d'un diagnostic préimplantatoire (27/5/2010)

Carlota: "La mission de l'élite"


J’ai lu récemment sur internet qu’une jeune femme trisomique de 24 ans, Éléonore (elle travaille comme secrétaire en CDI), allait rencontrer avec ses parents, le 20 mai 2010, le ministre de la Santé, Madame Roselyne Bachelot, pour lui demander d’abandonner le projet du rapport parlementaire sur la révision de la loi de bioéthique proposant le diagnostic de la trisomie 21 dans le cadre d'un diagnostic préimplantatoire (DPI). Monsieur Jean Léonetti, rapporteur de la mission d'information parlementaire pour la révision de la loi de bioéthique, se défend bien évidemment de vouloir mener une politique eugéniste : « Il ne s'agit pas d'aboutir à l'enfant parfait, mais d'éviter des souffrances inutiles ».

Les exemples des « bons » trisomiques comme Éléonore, « bons » bien évidemment dans le sens du politiquement correct, c'est-à-dire presque comme tout le monde, sont évoqués assez couramment dans la presse et bien évidemment je m’en réjouis même si les propos qui vont suivre peuvent choquer.
En effet le « bon » trisomique c’est le trisomique « montrable » à une société qui se mobilise pour la disparition des ours blancs (bien qu’ils n’aient jamais été aussi nombreux dans le grand nord canadien) mais qui trouve naturel que l’avortement soit un droit de la femme, que dis-je un devoir, quand en plus on porte un enfant un peu différent dans son ventre (quel poids pour la société s’il vit à l’heure où la sécu est en faillite chronique, surtout quand un état providence déjà moribond veut tout gérer et oublier de dire que la solidarité la plus générale et la plus durable ne peut que s’appuyer sur la famille aidée et encouragée dans sa mission naturelle!). Dans les exemples de « bons » trisomiques j’avais évoqué l’Espagnol Pablo Pineda qui avait remporté un prix d’interprétation au dernier festival cinématographique de Saint Sébastien(cf. http://benoit-et-moi.fr/2010-I/... ).
J’ai aussi lu récemment un article sur un trisomique salvadorien, d’une famille très modeste, qui était devenu champion d’haltérophilie aux jeux olympiques spécifiques pour les handicapés.
Tout cela est bien sûr magnifique et correspond tout à fait aux objectifs tels qu’ils ont été rappelés notamment lors du II ème Congrès Ibéro-américain sur la trisomie 21 qui s’est déroulé à Grenade – Andalousie du 29 avril au 2 mai dernier sous la présidence d’honneur de la Reine Sophie. Il était ainsi précisé : « Le Congrès vise à l’élaboration et à la diffusion de toute une philosophie de vie pour les personnes atteintes de la trisomie 21, en leur qualité de citoyens aptes à part entière. Des idées valables pour chaque pays ibéro-américain, chaque association et chaque personne atteinte de trisomie et leurs familles » (référence : www.granada2010down.org ).
Je ne crois pas que ce genre d’organisation existe en France (Il est vrai que la «population » trisomique y est moins nombreuses qu’ailleurs du fait du triste record français en matière de dépistage de cette maladie génétique depuis plusieurs décennies) mais nous avons la fondation « Jérôme Lejeune » qui fait un travail exceptionnel pour lutter contre cet eugénisme annoncé et un jour trouver un remède à cette maladie qui touche une conception sur 650 environ.

J’émets cependant les remarques suivantes, en ne voulant ni nier la réalité des épreuves de la vie ni faire un portrait idéalisé et lénifiant des personnes trisomiques.

1. Éléonore (Je n’ai pas vu de compte-rendu de sa rencontre avec Mme Bachelot dans la « grosse presse ») est une jeune femme trisomique plus qu'exceptionnelle. Et je m’obstine à dire que ce ne serait pas un bon service à rendre aux trisomiques que de parler d'eux par rapport à cette exceptionnalité qui est loin de pouvoir être atteinte par toutes les personnes qui ont cette maladie génétique.

2. Par contre ce qui est absolument anormal, c'est qu'au lieu de chercher à soigner, on tue et on utilise des prétextes odieusement fallacieux et complètement irrecevables, encore plus quand on est rapporteur d'un projet : « Il ne s'agit pas d'aboutir à l'enfant parfait, mais d'éviter des souffrances inutiles ». On connaît très bien l’intérêt financier du marché de la fécondation in vitro, du DPI. Il est très profitable pour certains de conforter des personnes dans leur désir-projet d'enfants à tout prix. L'altruisme a l'odeur de l'argent... On se doute bien aussi que cette fausse compassion permettra aux députés et sénateurs dont d’ailleurs certains ont déjà répondu dans ce sens à leurs électeurs qui les ont sollicités, de voter sans état d’âme, mais la larme à l’œil médiatique, des lois scélérates (comment ils l’ont déjà fait au moment de la loi Veil), avec l’argument imparable qui empêche de poser les vrais enjeux « cartes sur table » et d’émettre une opinion contraire. Quelle infâme hypocrisie!

3. D'ailleurs en quoi Monsieur Léonetti et cie peuvent-ils affirmer que la souffrance est inutile? Rappelons nous ce qu'a dit le Pape aux malades tout récemment et à Fátima notamment...Avec ce genre d’argument « …éviter des souffrances inutiles » l’on légitime en toute bonne conscience aussi l'euthanasie des personnes âgées alors qu'il y a de grandes possibilités d'éviter la douleur avec la médecine moderne. Quant à la souffrance parce qu'on n'a pas d'enfants elle peut être sublimée (même si c’est difficile mais encore faut-il être encouragé à le tenter et non pas sciemment orienté vers une direction contestable) et se transformer en un service aux autres, plutôt que d'en arriver à cette DPI. On ne peut pas combattre le mal en faisant le mal.

Bien sûr l’initiative menée par Eléonore et ses parents (avec un comité de soutien et une pétition) est formidable. Mais il faut considérer Eléonore comme un porte-drapeau, une première de classe. Eléonore est une personne qui appartient à l'élite. En agissant ainsi, elle remplit, elle, au contraire de bien de nos hommes politiques, sa mission d'élite au profit de ceux qui n'ont pas son intelligence et ses capacités, de ceux qui ne peuvent pas s'exprimer avec des mots. Son combat doit être un combat pour la vie de tous et non seulement pour ceux qui peuvent s'intégrer dans la société parce qu'ils sont presque comme tout le monde. Le respect de la vie n'a rien à voir avec un QI et une notion d'utilitarisme. La vie ne se marchande pas, elle se respecte, c'est notre condition d'humanité. Oh, combien l’on peut louer tous les jours le Très Saint Père de le rappeler envers et contre tout et tous, pour nous aider à garder le cap face à cette culture de mort omniprésente et toujours plus insidieuse !

Pour terminer mon courrier, je l’avoue, sans concession, je vous adresse un texte d’un prêtre espagnol, le Père Juan García Inza (original http://www.religionenlibertad.com/... ) qui ne parle pas de performance mais bien d’autre chose…Et l’on sent vraiment son émotion.

Mort d'un ange


Nous avons enterré aujourd’hui un ami qui est mort hier. Il s’appelait Louis. Nous vivions avec lui dans la même Résidence, et il était trisomique. Louis était un « enfant-aîné » (ndt dans le sens de personne âgé, peut-être qu’on pourrait traduire par un adulte resté enfant) Un véritable ange de Dieu. Avec le sourire toujours aux lèvres et le regard affectueux. Quand je rentrais chaque soir à la résidence, après une journée de travail continue, c’était lui qui me recevait pour me dire ce qui s’était passé dans la journée, en fait il n’avait rien à signaler. Après le dîner je m’asseyais un moment avec lui et lui faisait beaucoup de farces. Il me disait toujours la même chose : « Tu en as des idées ! ».
On ne pouvait parler devant lui ni du démon ni de la mort. Cela lui faisait peur, comme aux enfants. Depuis le décès de ses parents les ambulances lui donnaient une peur panique. Jamais il n’a voulu se rappeler ces moments-là, cela le rendait triste. Et il me disait que jamais il ne mourait, qu’il était l’ange du Seigneur, et les anges ne meurent pas. Il avait raison. Louis n’est pas mort, il est aujourd’hui encore plus présent dans notre cœur. Ces personnes qui sont nés pour être des enfants permanents, se font aimer. Avec lui sont mort deux amis et ils ont laissé deux trous béants dans l’âme.
Louis allait chaque après-midi à la Messe. Il se souciait d’aider les prêtres les plus vieux qui concélébraient l’Eucharistie. Il leur remettait l’étole et il leur donnait la paix comme Ministres du Seigneur. Candide et l’âme pure, il se confessait souvent. Dieu répandait sa grâce sur son âme cristalline et il était heureux.
Parfois je lui amenais une petite figurine et il s’en réjouissait comme si cela avait été une nuit de Noël. Il ne savait pas comment remercier. En réalité on se sentait bien payé, avec un sourire de l’ange. Je me rappelle comme il s’est réjoui le jour où je lui ai donné une croix. Il l’embrassé avec affection et il la toujours portée sur lui. Le Seigneur l’a accompagné les quelques jours qu’a duré son hospitalisation, et dans son transit au ciel.
Beaucoup de personnes ont participé à l’Eucharistie de son enterrement. Ils pleuraient de douleur et d’émotion du fait de son absence. Moi je me sentais content parce que j’ai déjà un ami de plus dans le ciel qui prie pour moi ! Quel cadeau Dieu fait aux familles qui profitent d’un être cher atteint de la trisomie 21. Ils sont l’incarnation des anges qui nous accompagnent. Qui parle de disgrâce de ces êtres-là ? Ils ont une dignité et une rectitude d’intention que je voudrais pour beaucoup de ceux qui nous appelons normaux. Ils méritent notre respect et notre admiration. Ils nous montrent comment voir la vie sans méchanceté. Ils essaient d’être le bien sans rien demander. Ils sont le modèle de ce que doit être un fils de Dieu. Une école d’humilité et de service. Une leçon pour nous qui pensons que nos qualités nous changent en dieux. Le Royaume de Dieu appartient à ceux qui sont comme des enfants dit Jésus Christ.

Louis, un « enfant - aîné » est entré au Ciel. Un salut, et prie pour nous.

Juan García Inza

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