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Rétrospective 2011

Haro sur la Curie, et sur le Cardinal Bertone. Le Pape seul. Le vaticaniste répond aux questions du quotidien "Libero" (13/2/2012)

-> Lire ici:
Malaise au Vatican

Il semblerait que ce énième "complot" s'inscrive dans la continuité d'intrigues, notamment sur fond financier, et de harcèlement du Cardinal Bertone, qui ont agité ces derniers temps le microcosme vatican, et que je n'ai pas suivis, plus faute d'intérêt que par manque de temps. Frédéric Mounnier donne des détails sur son blog (ici).
Ce qui m'intéresse, c'est le Pape.
J'ai traduit la seconde partie d'une interviewe de Sandro Magister dans le quotidien Libero. (http://rassegna.camera.it/).

Je ne partage pas tout ce qui est dit ici (même si l'interviewe se termine par un hommage franc au Pape). Il est trop facile pour un journaliste très influent de mettre toute la faute sur la hiérachie de l'Eglise, en particulier sur le cardinal Bertone (1), que lui-même n'est pas le dernier à prendre pour cible: ce n'est certainement pas la, meilleure façon d'aider le Pape.
Difficile aussi de croire que les maladresses des autres "obscurcissent" un pontificat qui plane de toutes façons plusieurs hauteurs au-dessus.
Le rôle de la presse (qui à mon avis est de premier plan, et trouve peut-être des alliés objectifs dans des membres subalternes de la Curie) est par contre étrangement passé sous silence. On sait pourtant la haine tenace que cette presse, Repubblica en tête, voue au Pape depuis son élection. Elle ne peut pas être étrangère aux manipulations, qui de toutes façons, n'existeraient pas sans elle.

Enfin, Sandro Magister insiste sur la solitude du Pape.
C'est un point que ce dernier a lui même déjà évoqué.

Le 17 mars 2009, dans l'avion qui l'amenait au Cameroun, le Saint-Père répondait aux questions des journalistes (une interviewe demeurée célèbre, pour la fameuse réponse sur le préservatif):

Q: Votre Sainteté, depuis un certain temps — et en particulier, après votre dernière lettre aux évêques du monde — de nombreux journaux parlent de la «solitude du Pape». Qu'en pensez-vous? Vous sentez-vous vraiment seul? Et avec quels sentiments, après les dernières affaires, volez-vous à présent vers l'Afrique avec nous?

R: Pour dire la vérité, je dois dire que ce mythe de ma solitude me fait un peu sourire: en aucune manière je ne me sens seul. Chaque jour je reçois dans les visites programmées mes collaborateurs les plus proches, à commencer par le secrétaire d'Etat jusqu'à la Congrégation de Propaganda Fide, etc. ; je vois ensuite régulièrement tous les chefs de dicastères, chaque jour je reçois les évêques en visite «ad limina» (...)... Ces derniers jours nous avons eu deux assemblées plénières, une de la Congrégation pour le culte divin et l'autre de la Congrégation pour le clergé et il y a aussi toutes les rencontres amicales; un réseau d'amitié; même mes compagnons d’année d’ordination d'Allemagne sont venus récemment une journée pour parler avec moi... Alors vraiment la solitude n'est pas un problème, je suis réellement entouré d'amis dans une merveilleuse collaboration avec les évêques, avec mes collaborateurs, avec des laïcs et je suis reconnaissant pour cela.

Sur ce même sujet de la solitude du Pape, on relira aussi cet article de Luigi Accattoli, en mars 2009 , et de la même période, cet article de l'Avvenire: Le Pape n'est pas seul.

Sandro Magister, dans Libero

- Comment faut-il interpréter cette énième histoire de lettres, de notes, de dossiers sortis des salles sacrées, et planant dans les salles de rédaction.
- Tout ceci transmet l'image d'un Vatican comme un marais qui émet des bulles de dimensions et de qualités variées, raisons pour lesquelles fleurissent des documents vrais et importants, mélangés à de petites notes sans aucune crédibilité, qui sont le fait des différentes factions sur le terrain. Plus qu'une stratégie précise, on a l'impression d'assister à une cohue confuse, où chacun tire les couteaux et verse le venin à tort et à travers, avec le résultat très grave de donner de la Curie une image de confusion, sans gouvernement. Cette image sombre et misérable de l'Eglise obscurcit la luminosité d'un Pontificat extraordinaire comme celui de Benoît XVI.

- La cible principale est pourtant le secrétaire d'Etat, le cardinal Tarcisio Bertone (1).
- Le Cardinal Bertone est le premier ministre d'un gouvernement qui ne fonctionne pas. Le cardinal est certes objet d'attaques, mais il a aussi des responsabilités objectives, fruits d'erreurs, de faux pas, qui ont finalement fait du tort au Pontife lui-même.

- Le Pape est-il réellement seul, entouré de méfiance? Et qu'y a-t-il de vrai dans les rumeurs sur sa maladie?
- Le Pape est seul: les hautes hiérarchies, la Curie, ne sont pas à la hauteur de ce pape. La solitude de Benoît XVI est dûe à la rareté de ceux qui dans son entourage, sont capables de partager la profondeur et l'ampleur de sa pensée. Pour ce qui concerne les rumeurs, les spéculations sur la fin du Pontificat, sur la maladie du Pape, il s'agit d'un phénomène récurrent; il suffit de penser, par exemple, qu'on a commencé à parler de futurs conclaves quand Jean-Paul II avait 60 ans, et qu'il vécut encore de nombreuses années sereinement, tandis que mouraient à la suite les cardinaux indiqués comme ses successeurs. Il se passe la même chose avec Benoît XVI. Je voudrais voir qui, à son âge, démontre une telle lucidité, un tel équilibre. ll mène une vise très prenante, mais sa santé ne montre aucun signe de faiblesse autres que ceux - naturels - liés à l'âge.

Note

(1) A propos de la relation entre le Saint-Père et son Secrétaire d'Etat, elle est plus que cordiale, comme en témoigne cette lettre qu'il lui avait écrite le 30 juin 2010, pour le 30ème annoiversaire de l'ordination de ce dernier: benoit-et-moi.fr/2010-II/