On le dit proche du Saint-Père, et même futur papabile. Mais les faits sont têtus, et disent tout autre chose (5/4/2012)
-> Voir ici: Le jeu étrange du Cardinal Schönborn
On dit souvent que le cardinal Schönborn est un «proche du Pape», «plus ratzingerien que Ratzinger», et même papabile.
Ce sont des clichés médiatiques qui en arrangent beaucoup, car à l'évidence, le prince von Schönborn accumule (de façon visible) les preuves du contraire.
Rien qu'en fouillant (rapidement) dans les archives de mon site, je trouve une liste impressionnante de démentis.
- En avril 2008, en pleine Semaine Sainte, il autorise, dans le Musée diocésain de Vienne une exposition blasphématoire présentant entre autre la Cène comme une orgie homosexuelle
- En juin 2009, à la veille de l'ouverture de l'année sacerdotale, le cardinal Schonborn se rend à Rome avec une délégation d'évêques autrichiens pour présenter au Pape une "Initiative laïque" (Laieninitiativ), c'est-à-dire une appel lancé au début de l'année par d'importants catholiques autrichiens, demandant l'abolition de l'obligation du célibat, le retour en activité des prêtres mariés, l'ouverture du diaconat également aux femmes et l'ordination de ceux qu'on nomme « viri probati » .
- En septembre 2009, dans une interviewe à un quotidien bavarois, il laisse filtrer des informatione erronées sur les négociations entre Rome et la FSSPX, et limite d'emblée les possibilités de discussions en annonçant "que Rome ne donnera pas le feu vert aux lefebvristes, mais leur imposera certains principes non négociables, à savoir la position de l'Église envers la religion juive, les religions non chrétiennes et les autres confessions chrétiennes, et la liberté religieuse comme droit humain fondamental"
- En octobre 2009, il interdit à l'évêque auxiliaire de Salzbourg de participer à une marche pour la vie, organisée par un mouvement autrichien de lutte pour la vie
- En mai 2010, en pleine tempête pédophile, il allume une polémique contre le cardinal Sodano (qui venait, lors d'un discours mémorable, avant la messe pascale, d'assurer le Pape de son soutien en des termes très émouvants), accusé d'avoir minimisé les scandales, et surtout d'avoir utilisé pour les qualifier un terme jugé inapproprié.
- En juin 2010 il est convoqué par le Pape, et "les cendres sur la tête, il doit retirer ce qu’il avait dit contre le cardinal Sodano et à propos du célibat" .
- Démarche très inhabituelle, l'évènement donne lieu à un communiqué officiel.
- En octobre 2010, il fait un lien entre homosexualité et pédophilie, écrivant sur le bulletin de son diocèse: "il est .. nécessaire de s’interroger sur les causes de tout abus sexuel. Aussi bien la question de la formation des prêtres que les suites de la « révolution sexuelle » de 1968. Le thème du célibat et celui du développement personnel s’inscrivent également dans ce contexte.
- En avril 2011, juste avant les JMJ de Madrid, un catéchisme à l'usage des jeunes, le Youcat, est publié. La version allemande, supervisée par Schönborn, suscite quelque perplexité dans son paragraphe consacré à l'euthanasie:
Cette liste n'est pas exhaustive: il y a aussi l'épisode de la démission obligée, en février 2009, de Mgr Wagner, l'évêque auxilliaire de Linz récemment nommé par le Pape, jugé "trop conservateur". Le rôle joué par le cardinal n'est pas clair (cf. benoit-et-moi.fr/2009-I). Et sa prise de position sur les apparitions de Medjugorje (il n'est pas question ici de discuter de l'authenticité des apparitions, c'est un autre sujet), contre l'épiscopat local, anticipant celle, officielle, de l'Eglise, est un manquement grave à la discipline.
Evidemment, chaque fait, pris isolément, peut avoir une explication très simple et tout à fait innocente.
Mais l'accumulation revêt obligatoirement une autre signification.
Parmi les commentaires à l'article de Paolo Rodari, je lis: "Plus que la FSSPX, c'est Schönborn qui aurait besoin de signer un préambule doctrinal"!!
On relira avec intérêt cette interviewe du "prince" (qu'il est sans aucun doute! et c'est quelque chose dont il peut être fier) par Paolo Rodari: benoit-et-moi.fr/2011-II/
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En conclusion, et sans nécessairement le charger, il est - sans doute par tempérament, et du fait de son histoire personnelle - extrêmement "tolérant" et consensuel.
A l'opposé du cardinal Ratzinger qui répondait en 1997 aux questions de Peter Seewald dans "Le sel de la terre" (page 81-82):
Peter Seewald: Ce qui frappe avant tout, c'est la manière dont, en tant qu'évêque, vous avez accepté la physionomie du temps. L'objet de votre lutte, ce fut la désagrégation de la tradition et de l'authenticité. Vous avez stigmatisé certaines forces centrifuges qui tourbillonnaient dans tous les sens. D'aucun autre côté la critique de notre époque n'a jamais été formulée en termes plus radicaux et dramatiques. Vous avez mis en garde contre la dégénérescence graisseuse du coeur causée par la richesse et l'hédonisme, vous avez parlé du ricanement de Méphistophélès, perceptible derrière tant de phénomènes contemporains. Qu'est-ce qui vous poussait alors ? N'aviez-vous aucun pressentiment de l'avenir ? Pourquoi vous étes-vous consacré avec une telle véhémence à la critique de la société ?
Joseph Ratzinger: On parle beaucoup aujourd'hui de la mission prophétique de l'Église. Ce mot est parfois employé à tort. Mais il est vrai, pourtant, que l'Église ne doit jamais pactiser avec l'esprit du temps. Elle doit interpeller les vices et les dangers d'une époque; elle doit s'adresser à la conscience des puissants mais aussi aux intellectuels, à ceux aussi qui, d'un coeur étroit et tranquille, veulent vivre en passant indifférents devant les misères de l'époque. Comme évêque, je me sentais obligé de remplir cette mission. En outre, les déficits étaient trop flagrants : découragement de la foi, régression des vocations, abaissement des valeurs morales précisément parmi les hommes d'Église, tendance croissante à la violente et bien d'autres choses. J'entendais résonner à mes oreilles les paroles de la Bible et des Pères de l'Église, qui condamnent avec la plus grande rigueur les bergers qui sont comme des chiens muets et, pour éviter des conflits, laissent le poison se répandre. La tranquillité n'est pas le premier devoir du citoyen, et un évêque qui ne chercherait rien d'autre qu'à éviter les ennuis et à camoufler le plus possible tous les conflits est pour moi une vision repoussante.
- La période où vous avez été évêque de Munich n'a pas été pauvre en conflits, toutefois vous étiez respecté comme « traditionaliste », qui de fait montre de « la plus solide connaissance en matière de tradition de la doctrine ». Vous étiez, écrivait alors la Súddeutsche Zeitung, « parmi tous les conservateurs de l'Eglise, celui qui possédait la plus forte aptitude au dialogue ».
- Je suis heureux, aujourd'hui encore, de ne pas avoir évité les conflits à Munich, car le « laisser faire » est - je viens de le dire - la pire manière que je puisse imaginer de remplir sa fonction. ...