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Les chrétiens, et l'immigration

Notre époque évoque terriblement la fin de l'Empire romain. Traduction d'un article d'un journaliste italien, Francesco Agnoli (5/11/2010)

Inutile de tomber dans l'angélisme.
On ne peut pas bâtir une convivialité (au sens de "possibilité de vivre ensemble") avec des immigrés issus d'autres civilisations, d'autres religions, d'autres "cultures", si on n'a rien d'autre à leur proposer que le "rien". Si on a renoncé à tout son passé, à toutes ses racines. C'est ce que le Saint-Père ne cesse de répéter - au grand dam des immigrationistes, naïfs, ou pervers - au choix..

L'Empire romain s'est effondré pour des raisons qui présentent une ressemblance troublante avec ce que nous vivons aujourd'hui en Europe. Le Saint-Père nous en avertit discours après homélies, catéchèses après messages.
Les gens ne le savent peut-être pas, mais les Romains, déjà, pratiquaient l'avortement (1). Et cela ne s'est pas vraiment bien terminé pour eux. Sauf qu'entre-temps, les chrétiens avaient pris le relais, et c'est grâce à eux que l'Europe des cathédrales a pu fleurir.
Mais aujourd'hui?

Le 26 octobre dernier était publié le message annuel du Saint-Père pour la journée mondiale du migrant et du réfugié
(Une seule famille humaine).

Sur ce sujet, voici un article signé d'un journaliste italien qui collabore à Il Foglio, et à L'Avvenire, déjà rencontré plusieurs fois dans ces pages, Francesco Agnoli.
Texte en italien: http://www.rassegnastampa-totustuus.it/...

 


Il me semble que la situation de l'Europe d'aujourd'hui ressemble terriblement à celle de la fin de l'Empire romain. Une grandeur passée, au milieu des ruines. Une civilisation qui se dissout lentement, sans même s'en rendre compte. On chante et on danse, comme sur le Titanic, sans comprendre ce qui va se passer.

L'Empire romain s'est effondré, principalement pour des raisons internes: la corruption, l'éclatement de la famille, l'avortement de masse (1) qui conduisit à une crise démographique dévastatrice.
Des peuples sans terre se sont aperçus qu'ils pouvaient entrer, comme le couteau dans le beurre, dans un empire sans peuple, qui, souvent, avait été contraint de faire appel à eux en premier, ayant besoin de bras et de jeunes soldats.

Ainsi est née la période la plus difficile du Moyen Age, celles des premiers siècles après l'an 476: les Germains étaient vraiment des barbares, avec des coutumes sauvages et des moeurs féroces. Ils pratiquaient la vendetta, l'ordalie , vénéraient des guerriers, adoraient des serpents et des arbres, pratiquaient le sacrifice humain. Ce ne fut cependant pas seulement un empire en déclin, qui les accueillit: face à eux, les barbares trouvèrent également la culture latine et surtout, le christianisme en expansion. Il arriva ainsi que les vaincus, grâce à leur supériorité, après des années et des années de difficultés, de guerres, de pauvreté, réussirent peu à peu à conquérir les vainqueurs. Avec le temps, principalement grâce aux papes, aux saints, et à quelqus femmes, comme Clotilde et Théolinde (le Pape l'a évoquée dans la catéchèse du 28 mai 2008, consacrée à Grégoire le Grand, où il parle justement de cette période difficile), les barbares ont été convertis à l'Eglise et à la latinité.

Charlemagne en est un exemple: fils des dominateurs, il refonda l'empire, lui donnant aussi une structure culturelle et religieuse. L'Europe après l'an mil, celles des cathédrales, des Communes, de Dante, Giotto, des universités et les hôpitaux, donc, est née après des siècles où une idée forte, l'idée chrétienne, s'était affirmée et avait permis une lent mélange des peuples et des cultures.

Mais aujourd'hui? Alors que les Italiens et les Européens n'ont plus d'enfants, alors que la famille occidentale vit une crise terrible, des peuples étrangers se pressent à leurs frontières à la recherche de notre richesse, derrière laquelle, cependant, il n'y a rien. Face à cette masse d'immigrants qui avancent, plusieurs positions sont possibles.

Il y a d'abord l'attitude dominante, soutenue par la gauche.

Selon cette vision, l'immigration massive est une bonne chose en soi: il ne faut pas s'alarmer, ni prendre la moindre mesure. Dans l'idéologie de gauche, qui hait la mentalité chrétienne, toutes les autres cultures sont les bienvenues et égales, au nom du relativisme. "Accueillir" signifierait "travailler pour la société multi-ethnique", sans y voir aucune inquiétude. Cette vision est le cheval de Troie de l'Europe: les musulmans d'aujourd'hui, ou les Slaves des pays ex-communistes, n'ont pas la chance des germains du passé. En face d'eux, ils ne trouvent rien, et ne seront certainement jamais attirés par notre culture, si décadente et si dépourvue d'identité.

Comme ennemie de l'identité historique et religieuse de l'Europe, la gauche prépare un avenir de ghettos et de conflits sociaux, parce qu'il est impossible que tant de gens, si différents, dans une ère de migration si massive, puissent se rencontrer au nom du néant. L'idéologie de gauche de l'égalité, en fait, ne repose sur rien. C'est la même qui a permis à Staline d'exterminer ses compatriotes russes, au chinois Mao, les Chinoiss, et à Pol Pot au Cambodge ses frères.

La réponse chrétienne au problème de l'immigration est très différente. Elle présuppose avant tout un regard réaliste : l'Etat doit d'abord protéger ses citoyens, et ne pas confondre l'accueil avec l'octroi d'une licence déplorable. À l'époque de l'Empire en flammes, Saint Augustin invitait les Africains de son temps à accueillir fraternellement ceux qui fuyaient le nord de l'Empire. Il leur demandait d'être des frères de l'étranger, leur demandait des sacrifices matériels (qu'aujourd'hui nous ne savons plus faire), mais pas de sacrifier leur foi et leur culture (ce qu'aujourd'hui nous avons déjà fait). Augustin demandait de reconnaître en chaque être humain une créature de Dieu, dotée d'une âme immortelle: c'est seulement ce regard, en effet, non pas celui matérialiste ou dérivant du communiste, qui peut nous faire voir l'étranger trop intrusif comme autre chose qu'un ennemi.

Seul ce regard peut engendrer un accueil qui n'est pas simplement un "Vas-y, le pays est si grand et ce n'est à moi de m'occuper de toi", mais quelque chose de plus profond, et donc de vraiment significatif. Il me semble que face au drame de l'immigration, l'Eglise devrait pourvoir à de nouveaux missionnaires, qui connaissent les langues des immigrants et aillent à leur rencontre, pour répondre à leurs besoins matériels mais aussi spirituels. Seuls de saints missionnaires peuvent être aujourd'hui, comme ils l'étaient dans le passé, en mesure de permettre à l'immigration de peuples de devenir rencontre, et non pas confrontation. Si telle est la mission des croyants, il ne devrait toutefois pas y avoir de chevauchement entre la chariyté des particuliers et le rôle de l'Etat.

À Dieu ce qui appartient à Dieu et à César ce qui est à César, soutiennent toujours, à mauvais escient, des personnalités de gauche. D'où le plan qualifiant d'"anti-chrétien" quand cela arrange, des gouvernements qui tentent simplement de faire leur devoir, régulant un phénomène, celui de l'immigration, qui est en soi toujours dramatique, pour ceux qui arrivent dans un nouveau pays, mais aussi pour ceux qui les reçoivent.
L'ennemi le plus féroce de l'Europe, l'Attila d'aujourd'hui: l'idée relativiste et le mythe multiculturel, c'est-à-dire le principe selon lequel renoncer à ce qui est essentiel pour nous est la condition préalable pour rencontrer les autres.

 


(1) La loi romaine n'était pas opposée à l'avortement, elle considérait que le foetus n'était pas un être humain, mais un être humain à devenir. Le mari en sa qualité de chef de famille pouvait selon la loi romaine obliger sa femme à avorter, si elle termine la grossesse sans le consentement du mari, ce dernier peut demander le divorce.
L'avortement était largement pratiqué dans l'empire romain, l'apparition du christianisme modifia progressivement cette situation. La condamnation chrétienne de l’avortement a été formulée deux siècles après le Christ dans les écritures de Tertullien (155-222), et saint Basile (320-379).
(Source)

Ratisbonne, le 12/9 de l'Occident Message pour la journée mondiale de la paix