Articles Images La voix du Pape Lectures, DVD Visiteurs Index Sites reliés Recherche
Page d'accueil Articles

Articles


Voyages 2011, en deux collages Liens Le Pape en Espagne Nicolas Sarkozy chez le Pape Synode pour le Moyen-Orient La luce del Mondo

Vraie ou fausse droite: comment les reconnaître

Une réflexion profonde de Massimo Introvigne (3/12/2010)

Fini, couverture de Panorama

"Il répudie son passé et efface des années de batailles politiques. Voilà où veut en arriver le Fini d'aujourd'hui, après avoir tué celui d'hier"

Massimo Introvigne réfléchit sur les notions de fausse et vraie droite.
Le point de départ de sa réflexion est Gianfranco Fini, homme politique italien venu de l'extrême-droite, qui n'en finit plus de renier son passé, et qui est devenu ainsi une figure emblématique de la "fausse droite". Car il flirte de plus en plus avec la gauche sur de nombreux sujets (société, immigration), mais il aura beau faire, son image d'homme de droite (dont il joue électoralement) lui colle à la peau, et la gauche ne l'admettra jamais parmi les siens!.
58 ans, ex-ministre de Berlusconi dans son précédent gouvernement, actuel président de l'assemblée nationale, ses passes d'armes avec le Cavaliere - dont, dernier épisode en date, il réclame la démission - intéressent médiocrement les français, et la connaissance des arcanes de la vie politique italienne n'est absolument pas nécessaire pour goûter le texte de Massimo Introvigne. Des Fini, nous en avons aussi chez nous, même si les circonstances historiques et politiques sont légèrement différentes, car évidemment, ils pourraient difficilement être issus d'un parti "post-fasciste".
D'ailleurs, la fausse droite n'est elle pas au pouvoir, chez nous?
Cela me fait penser à une publicité pour le mensuel "Le Choc du mois": un petit lapin aux longues oreilles est représenté sur un fond rouge, sous le titre, en très grosses lettres: "Ceci est une poule". Et en dessous, en plus petit, "Si vous croyez également que la droite est au pouvoir en France, il vous reste beaucoup à découvrir". .
Comme d'habitude chez Massimo Introvigne, le contenu est extrêmement érudit et argumenté, truffé de références historiques, mais écrit dans une langue très simple et très claire.

Humpty Dumpty

Illustration de Dusan Kàllay (ed. Gründ)

Le titre énigmatique est une allusion à un personnage qui apparaît dans le roman "De l'autre côté du miroir" (chapitre 6) la suite d'Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll, Humpty Dumpty. Je me suis hâtée de ressortir le livre....

Quel rapport avec Benoît XVI: eh bien, tout simplement, le respect de la loi naturelle, les valeurs non négociables, le refus du relativisme.

Texte original en italien ici: http://www.rassegnastampa-totustuus.it/...
Ma traduction.

Fini au pays des merveilles.
Vraie ou Fausse droite

Dans un contexte démocratique, personne ne peut interdire à Fini de présenter ses idées et son programme à l'attention des électeurs. On peut toutefois contester sa prétention à se présenter comme de «droite». Et on peut – et même on doit – accomplir une œuvre pédagogique qui rappelle les notions de vraie et de fausse droite.

de Massimo Introvigne
---------------------
Le journaliste Massimo Gramellini n'est pas un homme de droite. Mais il est difficile de lui donner tort quand, sur la première page de La Stampa du 17 Novembre, il écrit que ce que propose Gianfranco Fini comme liste des valeurs de droite « ce n’est pas une liste, mais ce sont des phrases toutes faites ».

La question peut paraître dénuée de sens dans une ère de « dictature du relativisme» - le terme est connu, souvent utilisé dans le Magistère de Benoît XVI - dans lequel chacun donne aux mots le sens qui lui convient le mieux.

Le dictateur secret du monde qui nous entoure est le mauvais Humpty Dumpty dans A travers le miroir (1872), la suite bienvenue que Lewis Carroll (1832-1898) a donné à son Alice au pays des merveilles (1865). Dans le sixième chapitre de A travers le miroir , nous trouvons ce dialogue entre Alice et Humpty Dumpty:
«Quand j'emploie un mot, - dit Humpty Dumpty d'un ton de supériorité, - il signifie juste ce que je veux qu'il signifie, ni plus ni moins.
- Il s’agit de savoir - dit Alice - si vous pouvez faire dire aux mots tellement de choses différentes.
- Il s’agit de savoir, - dit Humpty Dumpty, - qui doit être le maître. C'est tout ».

Sur cette page de la grande littérature, nous trouvons un thème développé par Benoît XVI dans son discours de Ratisbonne en 2006 et dans les encycliques Spe Salvi en 2007 et Caritas in Veritate de 2009: ou bien la raison accepte de se faire mesurer par la vérité, ou bien elle sera mesurée uniquement par le pouvoir. Quelle est la vérité ou ce que signifie une parole sera décidée par le «maître», celui qui contrôle la communication et les médias. Si tous les mots ont un maître, qui va à l'encontre de la vérité, nous sommes confrontés au scénario catastrophe évoqué par un autre écrivain anglais de génie, le Père Robert Hugh Benson (1871-1914) dans son Maître de la Terre (1907).

L 'Apocalypse et l'Ecriture Sainte nous amènent assez près de notre sujet. C'est ici que nous trouvons l'origine des termes «droite» et «gauche». Un commentaire aux Lettres de saint Pierre et à la lettre de Saint Jude explique qu’après l'Ascension:

" le Christ est désormais « à la droite » de Dieu. Pour comprendre cette position, il faut se rappeler la valeur positive de la «droite» dans l'Écriture et dans la civilisation antique et le sens négatif de la gauche. [...]
[Dans l'Écriture] la droite signifie le côté positif, chanceux, salvifique, divin, tandis que la gauche assume un sens négatif, maudit, satanique; de sorte que le sauvé-béni par Jésus sera placé à droite et à gauche à la malédiction (cf. Matt. 25: 31-46) "
(Michele Mazzeo, Lettere di Pietro, Lettera di Giuda, ed.Paoline, Milano 2002, p. 141).

Ce n'est donc pas un hasard si après la Révolution française, une fois la monarchie restaurée, ceux qui s'opposaient aux principes révolutionnaires sont venus occuper le côté droit de les bancs du Parlement et ceux qui acceptaient ces principes, ou du moins ne les condamnaient pas radicalement, la partie gauche, donnant ainsi leur origine aux concepts politiques modernes de «droite» et «gauche».
Au début du XIXe siècle, ce que ces mots voulaient signifier était clair. Etait de droite celui qui était opposé aux principes de la Révolution française. Etait de gauche celui qui ne s’y opposait pas. (ndt : en réalité, déjà à la Convention, élue prétendument au suffrage universel, mais par moins de 10% des votants en pleins massacres de septembre 1792, et qui devait voter deux mois plus tard la mort du Roi, les Montagnards siégeaient en haut… mais surtout à gauche)

Mais un approfondissement rapide est nécessaire. L'aile droite n’était pas composée de simples nostalgiques de la monarchie telle qu'elle existait avant 1789. Selon l'observation d'un penseur catholique de la génération suivante, René de La Tour du Pin (1834-1924), celui qui est contre la Révolution française n’a pas envie de revenir à 1788, parce qu'il sait que, dans un an, ce sera 1789. La monarchie de 1788 était déjà souffrante des maux de l'absolutisme (ndt : ce n’est pas tout à fait exact, Louis XVI ayant de la monarchie une conception quasiment religieuse, c’est le moment de relire le site consacré aux œuvres des Girault de Coursac, les grands spécialistes de Louis XVI , et même… le mien) et du centralisme (ndt : en réalité Louis XVI avait imaginé la grande réforme des Assemblées Provinciales), auxquels la révolution n'aurait pas remédié, mais qu’elle aurait exaspérés.

L'ordre chrétien de la monarchie traditionnelle - qui est très différente de la monarchie absolue - reconnaissait qu’au-dessus du souverain, il ya une limite constituée par la loi de Dieu et la loi naturelle. Le souverain ne peut adopter de règles qui entrent en conflit avec la loi inscrite par Dieu dans la nature: s’il le fait, il ne s’agit pas de véritables lois et on n’est pas tenus de s'y conformer. S ‘il respecte cette limite en haut, le souverain respecte aussi une limite en bas, constituée par les droits non pas du citoyen « abstrait », qui est une invention des Lumières, mais des personnes concrètes réunis dans les communautés et les corps intermédiaires.

La science politique formulera par la suite ce respect de la limite en bas comme le principe de subsidiarité et de fédéralisme. Mais il n’y a pas de respect de la limite en bas sans respect de la limite en haut. La droite est donc opposée à tout pouvoir absolu, ab solutus, libéré des limites de la loi naturelle en haut, et donc des limites du respect des droits des individus et des communautés en bas. Comme l’écrit un penseur catholique du XXe siècle, le Brésilien Plinio Corrêa de Oliveira, « l'attitude de la droite est majoritairement en accord avec les principes d'ordre, de hiérarchie, d’autorité et de discipline qui distinguent l'ordre médiéval. La Gauche» signifie donc s’éloigner de ces principes et, par conséquent, ipso facto, être lié à des principes opposés » (Préface à l'édition allemande, dans Révolution et Contre-Révolution, édition du cinquantième anniversaire (1959-2009)).

L’ordre médiéval toutefois n'a rien à voir avec la monarchie absolue, justement parce qu’il n'est pas « absolu », mais reconnaît les limites du haut et du bas. Et la droite ne se caractérise pas seulement par un moment négatif - le refus de la Révolution française, et le processus de distanciation de la vérité naturelle et chrétienne qui l’a précédée et suivie - mais aussi par un moment positif qui fait référence en haut à la loi naturelle , dont l'auteur est Dieu, et en bas aux droits de la personne, des corps intermédiaires et des communautés locales - d'où le principe de subsidiarité et la préférence fédéraliste – garantis justement par le respect de la loi naturelle. Les formes d'Etat et de gouvernement sont secondaires par rapport à cette définition de la droite, qui est primitive. La démocratie, par exemple, peut respecter la loi naturelle et le principe de subsidiarité, mais - comme l'enseigne la doctrine sociale de l'Eglise, jusqu’à Benoît XVI - ne garantit pas automatiquement ce respect.
 
Si par "Révolution", nous entendons non seulement la Révolution française, mais un processus plus large qui nie la loi naturelle, commencé bien avant 1789 et qui continue jusqu’à nos jours, la géographie de la politique - continue Corrêa de Oliveira dans le passage cité - devient plus claire. « Il y a eu une Révolution. Les hommes aussi se laissent classer selon trois grandes tendances: ceux qui reconnaissent la Révolution - au moins confusément – et s’y opposent: la droite ; ceux qui sont conscients de la Révolution et la portent à son terme, rapidement ou lentement : la gauche ; et ceux qui ne connaissent pas la Révolution en tant que telle, n’en perçoivent que des aspects superficiels et s'efforcent, par la préservation du statu quo de trouver une pacification avec la Révolution: le centre » (ibid).

Il arrive que les nécessités de la politique imposent des alliances de centre-droit et de centre-gauche. Dans ce cas, du moins en théorie, «le centre et la droite s’efforcent de lutter contre la Révolution. Centre et gauche s'efforcent de faire progresser la Révolution, mais sans tomber dans l'extrême »(ibid).
 
Mais bien vite arrive Humpty Dumpty, lequel est précisément quelqu'un qui pense qu'il a le pouvoir «absolu» affranchi de toute limite morale, même sur les mots. Dès l’instant où le mot «droite», pour des raisons qui, nous l’avons vu sont aussi vieilles que la Bible elle-même, évoque des valeurs qui suscitent un certain consensus, y compris électoral, au fur et à mesure que le processus révolutionnaire avance, naissent ce que Corrêa de Oliveira appelle les « fausses droites ». En particulier, au cours du dix-neuvième siècle émerge une première «fausse droite», composée de ceux qui acceptent les principes libéraux dans leur version de 1789 mais rejettent le socialisme.
 
Et la montée du marxisme-léninisme au XXe siècle a créé un deuxième « fausse droite », composée des socialistes qui rejettent le communisme, tout en conservant de nombreux éléments de la pensée socialiste. Et ainsi de suite. Les « fausses droites » sont innombrables, parce que leur horizon se déplace constamment. Ils rejettent la dernière phase, la plus extrême du processus révolutionnaire, mais ils acceptent les phases précédentes. Et ces «droites» sont appelées à juste titre «fausses» parce que, à chaque génération, elles acceptent une partie toujours plus grande des principes de la gauche.
 
La question se complique avec le «fusionisme». Les gens pensent souvent que cette expression est née aux États-Unis pour désigner l'idée de mettre ensemble toutes les « droites » possibles afin de défaire la gauche. En réalité, elle est née parmi les royalistes français à la fin du XIXe siècle, de la proposition de la famille d'Orléans de rassembler tous les monarchistes - qu’ils soient des catholiques hostiles à 1789, des libéraux prêts à défendre au moins certains aspects de la Révolution française, et même des anticléricaux et des francs-maçons - autour du projet commun de restaurer la monarchie en France.

Les fascismes sont à leur manière, des «fusionismes» qui cherchent à rassembler des droites différentes: les vrais et les fausses. «Fusion» Les cartels électoraux « fusionistes » fonctionnent souvent, surtout dans le système électoral des États-Unis. Mais du point de vue de la doctrine le «fusionisme» implique un certain relativisme, une certaine attitude qui fait prévaloir les intérêts électoraux sur les idées. Et dans un climat relativiste, la fausse droite plus homogène au relativisme, inévitablement prévaut sur les autres droites et donne le ton à l'ensemble.

Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de corruption du relativisme, mettant à son service des slogans apparemment de «droite», dont le sens est alors détourné jusqu’à dire le contraire. «Quand je demande à un mot de faire un tel travail, - dit Humpty Dumpty, - je lui donne toujours un supplément de paye» (A travers le miroir, ch 6.).

Qu’a donc à voir Gianfranco Fini là-dedans? Il a beaucoup à y voir, parce que ceux qui m'ont suivi jusqu'ici doivent en avoir tiré au moins un critère pour distinguer la vraie droite des fausses droites. Est vraie, la droite qui demande au pouvoir de respecter une limite en haut constituée par la loi naturelle, et donc - comme conséquence logique - une limite en bas, définie par le principe de subsidiarité comme respect de la part de l'Etat des droits des personnes, des organismes intermédiaires et des autonomies locales. La position de Fini est très confuse quant à la limite en bas. Si parfois il affirme qu’il ne s'oppose pas au fédéralisme, le plus souvent il défend le centralisme et l'étatisme avec le pilier économique qui les soutient, le système « impôts et dépenses» qui caractérise l'Etat-providence.

Comme nous l'avons vu, il y a un critère fiable pour prédire si une politique donnée respectera la limite en bas. Il faut se demander s’il commence par respecter la limite en haut constituée par la reconnaissance théorique et pratique de l'existence d'une loi naturelle. Dans le livre signé par lui - peu importe s'il l’a vraiment écrit lui-même - L'avenir de la liberté. des conseils non sollicités pour ceux qui sont nés en 1989 (Rizzoli, Milan 2009) Fini prétend refuser le dogmatisme [..] à caractère religieux» (ibid).

De ce rejet, il fait découler l'affirmation du droit des hommes et des femmes à l'autodétermination en matière de bioéthique et la forte revendication de la position qu'il avait prise dans le domaine de la procréation assistée (ibid) mais aussi - parce qu’il ne s’agit pas seulement de bioéthique – une idée de nation, et donc de citoyenneté - avec des réflexions sur la question des immigrés - comme un processus dynamique, plastique, en constante évolution et qui se redéfinit au fil du temps.

A propos d' Eluana (1970-2009) (ndt Eluana Englaro est devenue "le symbole italien de la lutte pour l'euthansie") , Fini se félicite de sa suppression au nom d'une prétendue «souveraineté de l'individu sur lui-même [...], sur sa propre vie sur sa façon de quitter la vie» (ibid). Les exemples pourraient continuer - à chaque occasion, Fini souligne l'urgence d'une reconnaissance juridique des « unions de fait » (ndt : PACS à l’italienne), y compris homosexuelles - mais peut-être n’est-il pas nécessaire de trop insister pour se convaincre que Fini ne reconnaît pas dans la loi naturelle une limite à l'action de l'état et de ses lois à propos de la vie et la famille. Il n'est pas nécessaire, comme on dit, de boire la mer pour conclure que l'eau est salée.

Ce ne sont pas des problèmes mineurs: en effet, comme le rappelle Benoît XVI dans l'encyclique Caritas in Veritate ce sont là aujourd'hui les questions cruciales de la vie sociale et le terrain où se joue la bataille pour la définition de la vraie liberté et du véritable avenir de l'homme. « Un domaine primordial et crucial de l’affrontement culturel entre la technique considérée comme un absolu et la responsabilité morale de l’homme est aujourd’hui celui de la bioéthique, où se joue de manière radicale la possibilité même d’un développement humain intégral. Il s’agit d’un domaine particulièrement délicat et décisif, où émerge avec une force dramatique la question fondamentale de savoir si l’homme s’est produit lui-même ou s’il dépend de Dieu.» (n. 74);«la question sociale est devenue radicalement une question anthropologique » (n. 75).
Au moment où Fini réitéré sa position antithétique à celle catholique sur la fécondation artificielle, sur l'affaire Englaro et sur les unions homosexuelles, il ne parle pas de questions marginales, mais du « terrain primaire et essentiel » de la politique.

Il ne s'agit pas, bien sûr, d'affirmer que seul un catholique ou un croyant peut être «de droite» ni d’enrôler la doctrine sociale de l'Eglise au service des choix techniques d'un parti politique, ce qui serait faux et arbitraire. Certes, c’est un fait historique que la droite est née catholique, mais la loi naturelle est accessible à la raison humaine indépendamment de la foi, et donc s’impose à toute personne qui a une raison « droite »: qu’il soit croyant ou incroyant, catholique, Juif ou bouddhiste.

Il ne s’agit donc pas d'ingérence indue de l'Eglise ou de «dogmatisme» religieux - une vieille expression maçonnique, qu’il est intéressant de voir reprise par Fini - mais de reconnaître ou pas la loi naturelle. Si les mots ont un sens, et nous ne sommes pas sous le règne de Humty Dumpty, celui qui reconnaît la loi naturelle est « de droite » et celui qui ne la reconnaît pas est « de gauche ».
------------------

Justement à propos de fin de vie, Fini a accusé ceux qui voulaient maintenir Eluana en vie de s’être montré prisonniers des vieilles « lignes (schémas) [...] de l '«être» », c'est à dire les lignes, en définitive rassurantes mais immobiles de l’« identité »(ibid.), alors qu'il s’agit de passer aux lignes contemporaines du « faire »(ibid.), à une politique jugée « pour ce qu’elle réalise » et non « pour ce qu’elle représente» (ibid.). "Au commencement était l'action», pour dire comme le Faust de Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) et les futuristes si chers à Fini. Mais pour la vraie droite, au commencement était la Parole, qui est la vérité, et Faust n'est pas un modèle mais simplement une victime du diable.

Il ne s’agit pas seulement de bioéthique, parce que Fini, sur la vie et la famille, propose des applications de principes généraux sur l'autodétermination, et sur une liberté qui s’est affranchie d’une loi morale naturelle et non négociable, qui émergent dans d'autres domaines. L'évocation de la liberté et de l'avenir n'est pas spécifiquement de «droite». Ni celle de la légalité comme obéissance formelle à la loi, à moins qu’elle ne soit accompagnée d’une déclaration claire que les lois qui ne respectent pas les principes ddu droit naturel ne sont pas de véritables lois.

En outre, le respect du droit naturel et le principe de subsidiarité ne peut pas ne pas être associé à un jugement historique précis sur qui a construit une politique qui a théorisé la négation de cette loi et de ce principe, des pères de la Révolution française à beaucoup de ceux du Risorgimento, idéologie étatiste et centraliste qui doit être distinguée de la réalité historique de l'unité politique de l'Italie. Les jugements historiques de Fini vont exactement dans le sens contraire.

Dans un contexte démocratique, personne ne peut évidement interdire à Fini de présenter ses idées et ses programmes à l'attention des électeurs. Mais on peut contester sa prétention à les présenter comme de «droite». Et on peut – et même on doit - faire une œuvre pédagogique qui rappelle les notions de vraie et de fausse droite.

Humpty Dumpty, quand il prétend que le sens des mots est indépendant de la réalité et est devenu une simple question de pouvoir, est non seulement grotesque mais aussi dangereux. Il doit être sérieusement combattu. Alimentant l'espérance avec la ritournelle qu’Alice, « se répétait doucement » :

Humpty Dumpty sur un muret perché.
Humpty Dumpty par terre s'est écrasé.
Ni les sujets du Roi, ni ses chevaux
Ne purent jamais recoller les morceaux. (A travers le miroir, ch 6).

J Ratzinger,1988: plus de sévérité contre les abus La tyrannie de la transparence