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5% / 95% - Au moment où le "schisme" est en passe d'être recousu, certains parlent "d'abîme" . Mais de quel côté est-il? Modeste réflexion d'un béotien (15/4/2012).

-> Cf.
Lefebvristes: vont-ils rentrer au bercail?

     



Si la Fraternité Saint-Pie X va rentrer dans la communion avec Rome - selon l'expression consacrée - nous n'en savons encore rien, sinon par des rumeurs, celles que j'ai reprises hier du Figaro (cf. Accord entre "Rome et Ecône"?), et qui semblent confirmées par Andrea Tornielli. Ce serait de mon point de vue une magnifique nouvelle, et un grand moment du Pontificat. Mais ne vendons pas la peau de l'ours.
Je lis à l'instant ce que Jean Mercier a écrit sur le sujet, sur son blog Paposcopie; j'aime bien Jean Mercier, au point que j'ai mis "Paposcopie" parmi les "blogs amis", même si mes idées sont sans doute assez éloignées des siennes sur pas mal de sujets. Mais il a déjà écrit de très belles pages sur Benoît XVI, qui le fascine manifestement, et ses analyses sont toujours intelligentes et nuancées.
Et, si l'on excepte cette fois les inutiles digressions sur "le pape qui s'avance vers le soir de sa vie. Et celui-ci se rapproche." (certes: mais pour qui pourrait-on dire que ce moment s'éloigne? le couplet devient lassant, et tourne même à l'obsession, puisque "nous sommes tous entre les mains de Dieu"), son analyse est intéressante, même si l'hostilité envers les lefebvristes - prévisible - est plutôt "lourde".
Mais il y a un point qui risque d'être repris par d'autres médias, et que je tiens à rectifier:
En effet, Jean Mercier écrit:

"Le geste du pape sera très mal perçu par certains catholiques qui ne comprennent pas pourquoi il déploie autant d'énergie envers des dissidents alors qu'il semble ne pas tendre la main à l'aile progressiste".

Et aussi:

"[Le Pape] a décidé de passer outre ce qui est une réalité incontournable: le désaccord total entre lui et les intégristes sur des éléments essentiels comme la liberté religieuse, l'oecuménisme et le dialogue avec les autres religions. Au risque de n'être pas compris par sa base". (ndlr: mais qui a dit qu'il s'agissait de "points essentiels"?)

Dans le même registre, Jean-Marie Guénois écrivait hier (ici) que "Le désaccord doctrinal entre les lefebvristes et Rome à propos du concile Vatican II est effectivement abyssal".

A force d'êre martelée, une inexactitude flagrante finit par être une vérité admise par tous.
Car d'abord, peut-on vraiment dire que le Pape ne tend pas la main à l'aile progressiste? Et puis, qu'entend-on par là? (le mariage des prêtres? l'ordination des femmes? la communion aux divorcés remariés? bref, la routine qui empoisonne ce pontificat depuis sept ans...)
Depuis que Benoît XVI est Pape, je ne vois rien de symétriquement comparable à la FSSPX et à sa situation particulière d'"exclusion" côté progressiste. Benoît XVI n'a pas besoin de "tendre la main à des progressistes", qui ne sont nullement "exclus", et dont la situation canonique et médiatique est parfaitement confortable. On peut même dire qu'il met beaucoup d'indulgence à les supporter.
Je ne suis pas théologien(ne), et de surcroît absolument pas partie prenante côté FSSPX (même si je reconnais une certaine sympathie de principe), mais mon simple bon sens - joint au fait, en toute modestie, que je suis de près l'activité de Benoît XVI depuis 7 ans - me fait retenir ce que disait le théologien John R.T. Lamont cité par Sandro Magister (désolée de me répéter, mais c'est important), que j'ai découvert hier avec stupéfaction (cf. Lefebvristes...) :

Pourquoi le rejet d’une petite partie (5%) des enseignements de Vatican II par la FSSPX donne-t-il lieu à une fracture entre la Fraternité et le Saint-Siège, alors que le rejet d’enseignements de Vatican II beaucoup plus nombreux (95%) et plus importants par d’autres groupes au sein de l’Église n’empêche pas ces groupes de garder tranquillement leur place et de rester en possession d’une pleine situation canonique ?
...
Il est intéressant de noter que les textes de Vatican II qui sont rejetés par la FSSPX sont acceptés par ces groupes qui, au sein de l’Église, rejettent d’autres enseignements de ce concile. On pourrait donc supposer que ce sont précisément ces textes spécifiques – concernant la liberté religieuse, l’Église, l'œcuménisme, la collégialité – qui posent problème. La fracture entre le Saint-Siège et la FSSPX naît parce que la Fraternité rejette ces éléments particuliers de Vatican II, pas parce que le Saint-Siège entend défendre Vatican II en bloc. En revanche il n’y a pas de fracture avec des groupes n’appartenant pas à la Fraternité qui rejettent une part beaucoup plus grande de Vatican II parce que ces groupes acceptent ces éléments particuliers.

* * *


En vérité, de quel côté est "le désaccord abyssal"?
Simple question de ma part, mais la réponse contient tout le problème.