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Dans une conférence prononcée à Gênes en 1961, le jeune théologien de 34 ans avait servi de "plume" au cardinal Frings. Les souvenirs du secrétaire de Jean XXIII, Mgr Capovilla (19/4/2012)

Dans ses souhaits d'anniversaire, José-Luis Restan (Les 85 ans et la patience de Benoît ) faisait allusion en ces termes à une conférence prononcée à Gênes, par le cardinal Frings, en 1961, pour laquelle le jeune théologien de 34 ans Joseph Ratzinger lui avait servi de "plume":

Ces jours-ci, j'ai également été surpris par l’impressionnante anticipation du jeune Ratzinger sur les problèmes du présent, et comment il a approfondi comme Pape ses intuitions précoces. Par exemple, si nous lisons la conférence prononcée par le cardinal Joseph Frings en 1961, sur Vatican II face à la pensée moderne, qui, nous l’avons appris par la suite, avait été écrite par son très jeune théologien de confiance. On y trouve déjà toute la radiographie de ce monde post-moderne que Ratzinger dissèque avec intelligence et respect en comprenant que l’Église doit l’accompagner dans son naufrage et son dérèglement pour récupérer son désir de justice et de liberté en l’orientant de nouveau vers l’unique fondement du Christ.
Nous y découvrons déjà sa clarté incorruptible et sa délicatesse incroyable, son amour de la Tradition et son caractère d’une inégalable modernité. On y comprend comment le Concile ne pouvait se concevoir ni comme une rupture, ni comme une assimilation, mais comme une rénovation dans la continuité de l’unique sujet de l’Église. Cela impressionne que la Providence ait marqué si tôt l’homme qui devait compléter cette œuvre transcendante pour la mission chrétienne du XXIème siècle.

L'Avvenire a publié un numéro spécial pour les deux anniversaires de cette semaine.
Parmi les articles, à ce que rapporte mon amie Teresa, ce témoignage de Mgr Capovilla, le secrétaire de Jean XXIII, aujourd'hui âgé de 97 ans.
J'ai retouvé le texte ici.
Il s'agit d'une synthèse, et nous devons tenir compte du fait que c'était "une autre époque". Nous étions alors en pleine guerre froide, et (presque) personne ne pouvait supposer que trois décennies plus tard, le communisme allait s'écrouler.
Mais l'idéologie sous-jacente vit encore de beaux jours, et la réflexion du jeune théologien apparaît prophétique, même si elle est forcément marquée par cette époque.


Au cours de 2012, en prévision du début de l'année de la foi annoncée par le Pape Benoît XVI, cela fera du bien à tout le monde de revenir sur une note historique peu connue.
Peu avant l'ouverture du Concile, le cardinal Giuseppe Siri invita le cardinal Joseph Frings, archevêque de Cologne, à donner une conférence à Gênes sur le thème: «Le Concile Vatican II face à la pensée moderne» (20.XI.1961).
Débordé d'engagements, le vieux cardinal demanda de l'aide au Professeur Joseph Ratzinger, son théologien de confiance, lequel prépara un texte « qui ne pouvait peut-être pas passer pour révolutionnaire, mais sans doute quelque peu audacieux ». Le Pape Jean XXIII le lut, lors d'une audience ultérieure; il embrassa le cardinal Frings et dit: «C'étaient exactement mes intentions en décidant le Concile».

Voici un résumé de la leçon vraiment magistrale, qui partait des transformations radicales intervenues depuis l'époque du premier concile du Vatican (1869-1870), caractérisées par des facteurs qu'il fallait identifier pour être en mesure d'en discuter avec compétence:

1. La première est l'expérience de l'unité de l'humanité. Le rapprochement des distances, et le standard de vie, diffusé partout dans le monde, ont donné à l'humanité une nouvelle physionomie, à savoir celle du progrès technique de matrice américano-européenne. Ceci facilite la mission universelle (donc catholique), de l'Eglise, mais lui impose le devoir - pour être comprise par la civilisation technologique d'aujourd'hui - d'en user la même langue, en la vidant de son arrière-plan matérialiste, afin de diffuser le message chrétien. L'expérience négative de deux guerres mondiales a introduit chez les peuples non chrétiens une méfiance du christianisme et de la civilisation occidentale. Aujourd'hui, tout en conduisant à un plus grand respect pour l'héritage spirituel de tous les peuples, cela offre à l'Eglise des possibilités supplémentaires pour son universalité: n'appartenant à aucun peuple, elle peut remplir plus efficacement sa mission de paix, qui fonde toutes les peuples dans une unité supérieure, et peut rester ouverte aux besoins des populations individuelles. De cela naissent des applications intéressantes dans les domaines tant de la liturgie, qui doit être comprise par tous les peuples, que de l'autorité des évêques, qui universalise les données particulières à la lumière de l'universalité, qui appartient à Rome.

2. Un autre élément de la civilisation actuelle est la compétence technique qui a profondément changé la relation de l'homme avec la nature, oeuvre de Dieu, et donné au monde un caractère profane, entraîné vers un nouveau paganisme. La tâche de l'Église est ainsi d'«exposer à nouveau son droit fondamental à l'homme, et de le faire comprendre sous une forme nouvelle».

3. Une autre caractéristique est la foi dans la science. On tente d'expliquer scientifiquement tout, même les relations les plus intimes de l'homme (Rapport Kinsey), et le comportement devant la faute (la psychanalyse). Aujourd'hui, malgré cela, l'homme est toujours le grand abîme, qu'aucune explication scientifique ne peut sonder, avec sa douleur, l'amour, avec l'aspiration à l'infini et à Dieu; l'homme, en dépit de tout, aujourd'hui, se sent seul, et il a besoin de quelqu'un pour lui apprendre de nouveau à comprendre «le langage de ses solitudes». Dans cette tâche redoutable, l'Eglise doit guider l'homme à cette découverte, peut-être en modernisant certaines de ses formes, devenant plus sobres dans la substance et dans la forme.

4. L'ultime caractère du monde aujourd'hui est donné par les idéologies, c'est-à-dire ces systèmes de pensée (en particulier le libéralisme et le marxisme), qui chez les masses ont pris la place de la foi et de la religion, parce qu'elles offrent une explication du monde, sans imposer l'adhésion à des réalités transcendantes. Avec toutes leurs erreurs, le triomphe des idéologies explique l'aspiration des gens d'aujourd'hui à quelque chose de valide. La tâche de l'Eglise sera de découvrir sous les idéologies les valeurs éternelles (et les vérités devenue folles), pour les mettre à leur juste place, afin que l'homme retrouve la confiance en elles. Puisque le marxisme est une idéologie de l'espérance, d'une justice terrestre, il revient à l'Église de présenter sous une nouvelle lumière le salut qui dans le Christ est offert à l'humanité, non seulement pour la vie éternelle, mais aussi par rapport à celle de ce monde. Quant au libéralisme, il a un respect jaloux de la liberté, et cela a rendu l'homme d'aujourd'hui très sensible: nous devons donc lui donner la confiance qu'en adhérant à l'Eglise, il ne perd pas son autonomie, et que sa recherche de la vérité en est guidée et renforcée (Nuovo Cittadino, Genova, 21.IX.1961- Testo completo in Edizioni Columbianum, Genova)..