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L'analyse d'un "initié". (21/4/2012)



Dans son précédent billet, s'appuyant sur le "scoop" d'Andrea Tornielli, il titrait, à chaud: La divine surprise.
Depuis, la réflexion s'est affinée.
Il est optimiste côté réaction des fidèles laïcs, beaucoup moins côté "cléricalisme dans l’Église et, de part et d'autre, la difficulté à admettre la concurrence".

     


Les masques tombent.
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C'est de manière discrète que Mgr Fellay vient d'accepter le Préambule doctrinal que le pape lui demandait de signer. Il l'a fait non sans apporter quelques modifications, qui, manifestement, comme l'indique Andrea Tornielli, ont été jugées "non substantielles". Ce point est extrêmement important, mais il passe inaperçu pour la plupart des (nombreux) observateurs du Tradiland. C'est que le mouvement traditionaliste dans tous ses états est celui qui dans l'Eglise comporte la plus forte proportion de laïcs, comme si les traditionalistes, sur ce point, avaient été les seuls à exaucer Vatican II. Ironie de l'histoire!

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que l'acceptation de Mgr Fellay marque la fin non pas du débat doctrinal (appelé à croître et embellir), mais la fin des discussions doctrinales tenues ès-qualité entre Rome et la Fraternité Saint Pie X. Nous n'avons pas le texte de ce Préambule, ni non plus le texte révisé par le staff de Mgr Fellay ; nous savons qu'au Vatican, une Commission de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi va se pencher attentivement sur ces quelques corrections. Mais le fait qu'Andrea Tornielli ait pu annoncer dans la Stampa une acceptation du Vatican signifie que le pape a défini d'emblée une attitude résolument positive vis-à-vis des discussions en cours.
L'idée de Benoît XVI apparaît clairement : il faut passer de la problématique des discussions doctrinales à celle de l'accord pratique. Signer le Préambule, cela signifie justement, pour Mgr Fellay, passer à la phase des accords pratiques : le sujet n'est plus Vatican II. Pourquoi ? Parce que la FSSPX reconnaît désormais le n°25 de Lumen gentium et le "respect" dû au magistère authentique non infaillible. Sur ces sujets tous les débats restent possibles, mais non les discussions. Sauf coup de Trafalgar de dernière seconde, les discussions porteront désormais sur la construction juridique qui devra formaliser la réintégration officielle de la FSSPX dans le périmètre visible de l'Eglise.

L'importance de cette nouvelle phase explique largement ce que l'on découvre aujourd'hui : alors que l'Eglise tout entière semble bifurquer en se réconciliant avec elle-même, comme j'ai tenté de l'expliquer en parlant à ce sujet de "divine surprise", on peut dire que, malgré les atermoiements de ceux qui ne veulent pas voir ce qui se passe, les masques tombent... et vont tomber. Quidquid latet apparebit (ndlr: cf. Requiem de Mozart, "tout ce qui est caché doit apparaître").

Il y avait ceux qui, dans la FSSPX envisageaient une très longue séparation et qui avaient construit là-dessus leur plan de carrière : du nettoyage Internet en perspective pour eux ; il y avait les sédévacantistes non-déclarés, qui se trouvent brusquement en face d'une réalité qui n'est plus la leur, obligés de faire un choix entre le pape pape et le pape pas pape ; il y avait les intrigants et les frustrés, qui, dans certaines communautés ED (Ecclesia Dei), rêvaient d'être "la Fraternité Saint Pie X dans l’Église" (comme si l'on pouvait reproduire ce miracle historique qu'est la FSSPX) et qui découvrent... la FSSPX dans l’Église, mais alors la vraie, l'originale ; il y avait tous ceux qui dans l’Église avaient construit leur christianisme non sur cette grande ouverture du cœur qu'est la foi mais sur un rétrécissement idéologique et rationalisant : ceux là aussi sont inquiets et menacent même parfois de s'en aller : il serait tellement beau qu'ils redécouvrent la véritable amplitude de leur foi, qui comme le disait Pascal (pas vraiment mou du genou pourtant) comporte toujours la vérité contraire.

Jean-Pierre Denis, dans le dernier numéro de La Vie, pointe, "le risque de découragement de nombreux prêtres, évêques ou fidèles", ceux qui se situent de l'autre côté de l'échiquier catholique par rapport à la Fraternité Saint Pie X. Je note l'ordre dans lequel il énonce la méfiance probable : elle est avant tout clérical : prêtres, évêques... et fidèles. Mais ces catholiques de gauche (par lesquels, peu ou prou j'ai été moi même formé il y a trente ans), qui ont toujours prôné l'accueil, ne trouveront-ils pas dans l'accueil de leurs frères catholiques de droite, une occasion de montrer la sincérité profonde de leur positionnement?

J'avoue que ma plus grande crainte n'est pas la réaction des troupes de Jean-Pierre Denis. Elle sera finalement positive, j'en suis certain. Aujourd'hui, de gauche ou de droite, les catholiques qui le restent serrent les rangs et ouvrent leur coeur à leurs frères. Je crains plutôt le cléricalisme dans l’Église et, de part et d'autre, la difficulté à admettre la concurrence. Pendant quelque 40 ans (à partir de 1976) la FSSPX a mis en cause la légitimité de toutes les messes qui n'étaient pas célébrés dans le cadre qu'elle offrait aux fidèles. De l'autre côté, les prêtres qui tiennent à bout de bras des communautés paroissiales et qui constatent une "dérive droitière" de la jeunesse, risquent de ne pas voir d'un très bon œil la possibilité d'une concurrence ouverte.
Et si le vrai problème n'était pas, avant et après Vatican II, le cléricalisme dans l’Église?