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Dans la rubrique "que pense-t-on de nous à l'étranger?", le commentaire de Marcello Foa, écrit la veille du 1er tour (23/4/2012).

Quand je dis "à l'étranger", je ne veux évidemment pas parler des titres de la "grosse" presse, de La Repubblica à El Païs et au Süddeutsche Zeitung, du NYT au Guardian, qui sont tous plus ou moins inter-dépendants (il paraît qu'ils s'inquiètent du vote Le Pen...)

Sarkozy/Hollande

Photo sur les Inrockuptibles



J'ai suivi le premier tour de l'élection présidentielle, j'ai bien sûr une opinion, mais je ne crois pas nécessaire d'ajouter de la confusion à la confusion en répétant un avis qui de toutes façons n'intéresse personne. D'autant plus que (pour une fois, diraient ceux qui me connaissent!!!) je ne suis pas sûre d'avoir raison (voir ici: Principes non négociables... ).
Je vais donc éviter de reproduire ce que chacun peut lire dans la presse ou sur les blogs français, ils sont trop impliqués.
Par contre, un exercice intéressant est: que dit-on de nous au-delà des frontières?
Pour ce qui concerne nos voisins italiens, et dans le "domaine" que je fréquente, pas grand chose, pour le moment.
J'ai trouvé sur le blog de Marcello Foa, déjà rencontré dans ces pages, une réflexion qui, avec de menues erreurs (Sarkozy, gaulliste???), me paraît poser LA question essentielle. Je précise qu'elle date du 21 avril, veille du premier tour.

* * *

Cela vaut-il la peine de souffrir pour cette Europe-là?
http://blog.ilgiornale.it/foa/
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Cette fois-ci il ne suffit pas de parler de gauche et de droite, de soutenir le gaulliste (?) Sarkozy ou le socialiste Hollande, en faisant éventuellement un clin d'oeil qui à Marine Le Pen, qui aux candidats de la gauche alternative tels que Jean-Luc Mélenchon.

Cette fois, les enjeux sont beaucoup plus élevés, et ne regardent pas seulement les Français, mais toute l'Europe. Parce que, celui qui vote, pour la première fois depuis qu'a explosé la crise de la dette publique de zone euro, c'est l'un des deux grands pays sur lequel a été construit à ce jour l'Union européenne et parce que, pour la première fois dans les vingt dernières années, il ne semble plus invulnérable, et même il est fragile, faible, paralysé par une dette publique très élevée et depuis quelques semaines dans le collimateur des marchés.

Certains pourraient se demander: mais, au fond, qu'est-ce que cela change que ce soit Hollande ou Sarkozy qui gagne? Droite modérée contre gauche modérée ... en théorie, bien peu. En effet, si le candidat socialiste devait l'emporter, selon toute vraisemblance, il ne pourrait appliquer qu'une petite partie de son programme.

C'est le sort partagé par tous les chefs de gouvernement de l'Union Européenne, qui, en campagne, promettent des changements, mais qui, une fois élus, découvrent qu'ils ont très peu de pouvoirs. Ils ne contrôlent pas les finances publiques car ils sont liés par les critères de Maastricht; ni le territoire, ni les frontières qui ont été abattues par le traité de Schengen; et ils ne peuvent pas proposer de lois en conflit avec la réglementation européenne, c'est-à-dire sur la plupart des sujets qui régulent la vie d'un pays.

Il est grand temps qu'aux électeurs, on dise clairement que leur pays n'est plus souverain et que leurs Constitutions n'ont en fait plus de valeur, en demandant peut-être aux peuples (et pas seulement aux Parlements) s'ils sont d'accord. Dans une démocratie, cependant, cela se fait.

Et la démocratie, parfois, ne coïncide pas avec certains desseins. En France, par exemple, il y a quelques semaines, il est arrivé que Hollande, afin de gagner, promette une augmentation des dépenses publiques, la baisse de l'âge de la retraite, l'augmentation des taxes sur les riches. Un programme populiste et destiné à rester sur le papier, mais conditionné par deux petits mots simples: la croissance et l'emploi. Et il est arrivé que Sarkozy semble pour de nombreux électeurs le candidat de l'establishment, de l'orthodoxie financière. Malgré lui. Oui, parce que même Sarkozy, comme beaucoup de dirigeants européens, a dû en réalité subir les décisions prises par d'autres, la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international, la Commission européenne et en particulier par l'imprévisible Angela Merkel, qui a de fait démantelé le tandem avec Paris, imposant à tous, y compris l'ancien allié français, une politique de discipline budgétaire absolue qui favorise les peurs ancestrales du peuple allemand, mais ne prend pas en compte les exigences du reste de l'Europe, qui aurait besoin d'un peu d'oxygène et au lieu de cela voit devant lui des années de sacrifice et de pénurie, en particulier lorsqu'entrera en vigueur le Traité, qui impose l'équilibre budgétaire.

Tout cela, Hollande a réussi à l'expliquer aux Français, et c'est pour cela que le vote de demain (ndt: le 1er tour) assume de plus en plus la valeur d'un référendum pour ou contre une Europe dominée par des obsessions allemandes, pour ou contre une Europe qui impose des sacrifices mais n'offre plus d'espoir.

Un référendum que les marchés attendent en frémissant, pour lancer une autre attaque contre l'euro qui pourrait conduire les peuples du Vieux Continent à se poser une question simple et pourtant dérangeante: cela vaut-il vraiment la peine de souffrir pour l'Europe; et surtout, pour cette Europe-là?

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Note:
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Au lendemain de l'élection, Marcello Foa écrit que le vaiqueur du premier tour, plus que Hollande, c'est le vote anti-système (il additionne les voix de Marine le Pen, Mélanchon, et Eva Joly, et il arrive à 31%). Et il conclut:
C'est un signal très fort aux élites, à l'establishment, et qui, en attente d'une réponse appropriée, ne peut que croître. Et pas seulement en France.