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Les précisions historiques de Carlota. Elles ne sont pas sans rapport avec l'actualité... (30/4/2012)

-> Voir ici:
Béatification de Pierre-Adrien Toulorge

     



C’est une incroyable histoire de penser que le Père Toulorge a pu être béatifié parce que les papiers qui expliquaient exactement ce qui lui était arrivé n’ont pas été brûlés pendant les terribles bombardements alliés de 1944, ou plus exactement parce que sa famille en avait recopié les éléments avant la guerre.
J’ai cru comprendre que l’idée de constituer des dossiers à adresser à Rome, pour les prêtres martyrs de la Révolution de cette région de France, avait surgi déjà avant la Sde Guerre Mondiale. Les autres, quelques 50 prêtres guillotinés du diocèse de Coutances, ne seront sans doute jamais béatifiés car aux yeux du monde, il n’y a plus de trace écrite de leur martyr. Dura lex sed lex ! Mais le Père Toulorge les représente tous, bien sûr.

Cette béatification, même si évidemment la große Presse n’en fait pas beaucoup d’échos, est en outre une excellente opportunité de découvrir ou redécouvrir cette période et ce qui s’est vraiment passé, et en particulier quel a été le drame vécu par les curés « jureurs » comme « réfractaires » face aux déchainements de violence auxquelles ils n’étaient pas préparés et au terrible cas de conscience relatif à la « constitution civile du clergé » (par décret signé de Louis XVI, le 24 août 1790). On lira à ce sujet l'ouvrage de Paul et Pierrette Girault de Coursac: Louis XVI et la question religieuse pendant la Révolution).

Il y a eu aussi dans le diocèse voisin normand, celui de Bayeux, de nombreux situations dramatiques.
Je pense notamment à la magnifique église Ste Trinité tout près de l’Abbaye aux Dames (construite par la Duchesse et Reine Mathilde, épouse de Guillaume le conquérant ; son mari, lui, faisait construire l’Abbaye aux Hommes, actuelle mairie, et l’église Ste Étienne où il est enterré), où l’on peut découvrir aujourd’hui une plaque avec la mention de l’abbé Gombault, « humble, doux et discret curé de St Gilles » (je n’ai malheureusement pas de photo et cite de mémoire), guillotiné le 5 avril 1793.
Une soixantaine de curés de Caen et de ses environs ont été emprisonnés d’ailleurs dès l’été 1791, dans le séminaire des Eudistes et je viens de découvrir via internet un texte particulièrement intéressant et également d’actualité (extrait) sur les martyrs eudistes par P. J.-B. Rovost C. J. M. – 1926 – cf ici.

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Extrait qui concerne plus particulièrement la constitution du clergé
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[…] « Les archives municipales de Caen ont conservé la lettre par laquelle le jeune vicaire [Samson, prêtre eudiste, vicaire pendant dix ans de l’abbé Gombault, de la Paroisse de Saint Gilles à Caen] exposait aux autorités de la ville les raisons de son refus. Elle ne manque pas de crânerie ni d'habileté. La voici :

Messieurs,

Pour répondre à l'honneur de la lettre que vous m'avez adressée en date du 15 du présent, personne n'est plus porté que moy à faire preuve de patriotisme et à entretenir la tranquillité publique ; en conséquence j'ai l'honneur de vous déclarer que je suis tout prêt à prêter le serment civique exigé par l'Assemblée Nationale au jour et heure que vous jugerez à propos; mais avant tout vous ne trouverez pas mauvais que j'aye l'honneur de vous expliquer la formule du serment que je veux prêter, ma conscience ne Me permettant pas de le prêter d'une manière pure et simple.

Je déclare donc que reconnaissant dans les principes de la déclaration de MM. les curés de cette ville la doctrine de Jésus-Christ et de son Église, je l'adopte dans tout son contenu, en conséquence (1) : Je jure d'être fidèle à la loi, celle qui s'accorde avec la Loi éternelle et qui en émane ; à la Nation dont je fais partie avec les autres Français qui la composent, et que l'Evangile m'ordonne d'aimer comme moi-même; au Roi que je respecte et que je chéris ; enfin, à la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale, en tout ce qui ne blessera pas la religion catholique, apostolique et romaine dont je suis ministre et dans laquelle je veux vivre et mourir.

Tels sont les sentiments de celui qui a l'honneur d'être...

SAMSON,

Vicaire de Saint-Gilles.

A Caen, ce 21 janvier 1791 »

(1) Le 13 janvier 1791, la plupart des curés de Caen avaient rédigé une déclaration dont l'abbé SAMSON reproduit la conclusion dans sa lettre à la municipalité.