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L'homélie du cardinal Amato (1), transcrite par Marie-Christine (30/4/2012)

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Le Père Toulorge, nouveau Bienheureux français



Son martyre nous invite à vivre avec cohérence et fidélité notre communion avec Jésus et ce, malgré les blessures et les souffrances de toutes sortes que la société moderne inflige à l’Evangile par ses idéologies erronées, sur la conception de la vie humaine, sur l’avortement, sur le mariage, sur l’euthanasie. Nous apprenons du bienheureux martyr Toulorge à résister, avec la grâce et par la prière, à cette culture de mort en affrontant avec force et persévérance les sacrifices nécessaires pour rester fidèle au Christ, Chemin, Vérité et Vie.

     



Coutances, le 29 avril 2012

Excellences, chers Fidèles,

Le martyre est un signe resplendissant de la sainteté d’un fidèle. Le témoignage usque ad sanguinem est un apport de grande valeur pour l’Eglise et pour la société, qui aide à éviter de confondre le Bien et le Mal. Les martyrs, et plus généralement, tous les Saints de l’Eglise, par l’exemple éloquent et attirant d’une vie totalement transfigurée par la splendeur de la Vérité, éclairent toutes les époques de l’histoire en y réveillant le sens moral. Rendant un témoignage sans réserve au Bien, ils donnent une constante actualité aux paroles du prophète : « Malheur à ceux qui appellent le Mal Bien et le Bien Mal, qui font des Ténèbres la Lumière et de la Lumière les Ténèbres, qui font de l’amer le doux et du doux l’amer ».

C’est là la signification encore actuelle pour nous du martyre de Pierre-Adrien Toulorge, chanoine prémontré guillotiné durant la Révolution française. Il y a un an à Dax a été béatifiée la sœur Marguerite Rutan, Fille de la Charité, tuée, elle aussi, au cours de cette tragique révolution qui a semé partout deuil et ruine. A l’automne 1793, alors qu’avait commencé la phase la plus cruelle de la Révolution, la Terreur, prêtres et religieux fidèles à Rome furent persécutés, incarcérés, soumis à des procès sommaires et exécutés.
Le 12 octobre 1793, le prémontré Pierre-Adrien Toulorge, âgé de 36 ans, rentra dans la cellule de sa prison avec le visage serein. Interrogé sur l’issue de son procès, il répondit que tout était bien allé. On pensa qu’il avait été acquitté. Mais on apprit au contraire qu’il avait été condamné à mort. Moniale bénédictine qui avait été arrêtée en même temps que lui, Sœur Saint-Paul fondit en larmes. Mais le futur martyr la réconforta : sa mort serait un exemple pour les autres fidèles ; d’ailleurs, ayant renoncé au monde par la profession religieuse, il ne devait pas craindre de la quitter pour un passage assuré vers le Ciel. L’attitude, les paroles du Père Toulorge révèlent sa grande force d’âme, don précieux du Saint Esprit.

Pierre-Adrien était né à Muneville-le-Bingard en Normandie, le 4 mai 1757, dans une famille d’humbles paysans. Dernier de trois enfants, il fut baptisé le jour-même de sa naissance. Il fut ordonné prêtre en 1782 et cette même année, il fut nommé vicaire de Doville, paroisse allouée à l’abbaye prémontrée de Blanchelande. Quelques années après, il entra dans la communauté de cette abbaye et, après le noviciat, il émit ses vœux. En 1790, l’Assemblée nationale décréta la suppression des ordres religieux et la confiscation de leurs biens. Se refusant à adhérer à l’idéologie révolutionnaire, le Père Toulorge se mit à vivre dans la clandestinité, célébrant les sacrements en cachette et se déplaçant continuellement. Il fut arrêté en septembre 1793. Il portait avec lui les prières de la messe en l’honneur du Saint Esprit et celles de la messe de la Vierge Marie, recopiées à la main, ainsi qu’une tunique blanche et d’autres objets pour le culte. Soumis à trois interrogatoires en septembre et octobre 1793, il fut finalement condamné à mort.

Le 13 octobre 1793, le bienheureux martyr invita ses compagnons de détention à réciter avec lui l’Office divin : les Laudes, les Vêpres. Arrivé à Complies, il interrompit le chœur à l’avant-dernière strophe de l’hymne en ajoutant qu’il aurait terminé au Ciel. Les témoignages nous apprennent qu’il fut guillotiné entre seize heures et seize heures trente, le dimanche 13 octobre 1793 à Coutances. Le Père Toulorge était vêtu d’une longue redingote verte boutonnée jusqu’au cou. Il demanda que les cheveux lui fussent ramenés sur le devant de la tête pour faciliter la décapitation.

Dans l’une des trois lettres qu’il écrivit la veille de son martyr, il dit : « On vient de me lire ma sentence de mort ; demain à deux heures, je quitterai cette terre pour aller au Ciel jouir de la présence de Dieu et de mon Eglise. Hélas, comment se peut-il faire que, tout pécheur que je suis, j’aie le bonheur d’être couronné du martyre. Je confesse à mon Dieu d’être très indigne d’une telle faveur, mais, que dis-je ? C’est le sort de ceux qui ont le bonheur d’être demeurés fidèles à la Foi catholique, apostolique et romaine. ». Ecrivant ensuite à son frère, il a ajouté : « Réjouis-toi, tu auras demain un protecteur dans le Ciel. Réjouis-toi de ce que Dieu m’ait trouvé digne de souffrir non seulement la prison mais la mort même pour Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est la plus grande grâce qu’Il pouvait m’accorder. Tourne tes yeux vers le Ciel, vis en honnête homme et surtout en bon chrétien. Elève tes enfants dans la sainte religion catholique, apostolique et romaine. ».

Nous trouvons-là, mes chers frères, l’actualité impérissable d’un martyr mis à mort il y a plus de deux siècles.
Son martyre nous invite à vivre avec cohérence et fidélité notre communion avec Jésus et ce, malgré les blessures et les souffrances de toutes sortes que la société moderne inflige à l’Evangile par ses idéologies erronées, sur la conception de la vie humaine, sur l’avortement, sur le mariage, sur l’euthanasie. Nous apprenons du bienheureux martyr Toulorge à résister, avec la grâce et par la prière, à cette culture de mort en affrontant avec force et persévérance les sacrifices nécessaires pour rester fidèle au Christ, Chemin, Vérité et Vie.

Comme le disait Saint Grégoire le Grand : « Les chrétiens peuvent même aimer les difficultés de ce monde en vue du fruit éternel ». A l’imitation du Christ, Bon Pasteur, le bienheureux Pierre-Adrien Toulorge a donné sa vie pour ses fidèles les défendant des loups. Son intercession puisse-t-elle nous aider à être, nous aussi, de bons chrétiens, forts et victorieux, dans la défense de notre Foi en Dieu, Père, Fils et Saint Esprit.

Amen !

Note

(1) A propos du cardinal Amato: relire sur 30 Giorni ce témoignage sur le nouveau Pape, écrit au lendemain du 19 avril 2005: http://www.30giorni.it/articoli_id_8944_l4.htm