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Le Pape s'est rendu à la Faculté de médecine de l'hopital Gemelli, qui fêtait ses 50 ans. Ma traduction. (3/5/2012)

Impossible de résumer son discours - qui a rappelé celui prononcé aux Bernardins en septembre 2008 - en une formule. Si je devais choisir une phrase: "Vécue dans son intégralité, la recherche est éclairée par la science et la foi, et de ces deux «ailes» elle tire impulsion et élan, sans jamais perdre la juste humilité, le sens de ses propres limites. ".




Texte en italien ici: http://www.vatican.va/
Video: http://player.rv.va/

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[Après les salutations, le Pape poursuit:]

Nous vivons une époque où les sciences expérimentales ont transformé la vision du monde et l'auto-compréhension même de l'homme.
Les multiples découvertes, les technologies novatrices qui se succèdent à un rythme accéléré, sont un motif de juste fierté, mais souvent, elles ne sont pas sans conséquences troublantes. En effet, sur fond d'optimisme répandu envers les connaissances scientifiques s'étend l'ombre d'une crise de la pensée. Riche de moyens, mais pas autant de fins, l'homme de notre temps vit souvent influencé par le réductionnisme et le relativisme, qui conduisent à perdre le sens des choses; presque ébloui par l'efficacité technique, il oublie l'horizon fondamental de la demande de sens, reléguant ainsi à l'insignifiance la dimension transcendante. Dans ce contexte, la pensée devient faible et gagne aussi du terrain un appauvrissement éthique, qui brouille les références normatives de valeurs. Ce qui a été la féconde racine européenne de culture et de progrès semble oublié. En elle, la recherche d'absolu - le quaerere Deum - incluait la nécessité d'approndir les sciences profanes, le monde entier de la connaissance (cf. Discours au Collège des Bernardins à Paris , 12 Septembre 2008).
La recherche scientifique et la quête de sens, en effet, bien qu'avec leurs physionomies épistémologiques et méthodologiques spécifiques, jaillissaient d'une source unique, ce logos qui préside à l'oeuvre de la création et guide l'intelligence de l'histoire. Une mentalité fondamentalement technopratique génère un risque de déséquilibre entre ce qui est techniquement possible et ce qui est moralement bon, avec des conséquences imprévisibles.

Il est donc important que la culture redécouvre la vigueur du sens et le dynamisme de la transcendance, en un mot, ouvre de façon décisive l'horizon du quaerere Deum .
Il vient à l'esprit la célèbre phrase de saint Augustin: «Tu nous a créé pour Toi [Seigneur], et notre cœur est inquiet jusqu'à ce qu'il repose en toi» ( Confessions , I, 1). On peut dire que l'impulsion même à la recherche scientifique découle de la nostalgie de Dieu qui vit dans le cœur de l'homme: au fond, l'homme de science tend, même inconsciemment, à atteindre cette vérité qui donne un sens à la vie. Mais aussi passionnée et tenace que soit la recherche humaine, elle n'est pas capable par ses propres forces de trouver un point d'abordage sûr, parce que «l'homme n'est pas en mesure d'éclairer complètement la pénombre étrange qui plane sur la question des réalités éternelles ... Dieu doit prendre l'initiative, de venir à la rencontre, et de S'adresser à l'homme» (J. Ratzinger, l'Europe de Benoît dans la crise des cultures).
Pour restituer à la raison sa dimension originelle intégrale, il faut alors redécouvrir la source que la recherche scientifique partage avec la recherche de la foi, fides quaerens intellectum (ndt: la foi à la recherche de l'intelligence) , selon l'intuition d'Anselme (ndt: Anselme de Canterbury, la catéchèse du 23/9/2009 lui était consacrée, cf. www.vatican.va).
Science et foi ont une réciprocité féconde, presque une exigence complémentaire de l'intelligence du réel. Mais, paradoxalement, la culture positiviste, justement en excluant la question sur Dieu du débat scientifique, détermine le déclin de la pensée et l'affaiblissement de la capacité de l'intelligence du réel. Mais le quaerere Deum de l'homme se perdrait dans un dédale de routes si ne venait pas à sa rencontre un chemin d'illumination et d'orientation sûre, qui est celui de Dieu lui-même qui se fait proche de l'homme avec un immense amour: «En Jésus Christ, Dieu ne parle pas seulement à l'homme, mais il le cherche .... C'est une quête qui naît au plus profond de Dieu, et qui a son point culminant dans l'Incarnation du Verbe »(Jean-Paul II, Tertio millennio adveniente , 7).

Religion du logos, le christianisme ne relégue pas la foi dans le domaine de l'irrationnel, mais attribue l'origine et le sens de la réalité à la Raison créatrice qui, dans le Dieu crucifié, s'est manifesté comme amour et nous invite à marcher sur le chemin du quaerere Deum: «Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie». Saint Thomas d'Aquin commente ici: «Le point d'arrivée de ce chemin en effet est la fin du désir humain. Maintenant l'homme veut principalement deux choses: en premier lieu, cette connaissance de la vérité qui est propre à sa nature. En second lieu, une permanence dans l'être, une propriété, celle-là, qui est commune à toutes choses. Dans le Christ, on trouve l'une et l'autre ... Si donc tu cherches par où passer, reçois le Christ parce qu'il est le chemin» (Esposizioni su Giovanni, cap. 14, lectio 2). L'Evangile de la vie éclaire alors le chemin ardu de l'homme, et devant la tentation de l'autonomie absolue, rappelle que «la vie de l'homme vient de Dieu, c'est son don, son image et son empreinte, participation de son souffle vital » (Jean-Paul II, Evangelium Vitae , 39). Et c'est précisément en parcourant le sentier de la foi que l'homme est mis en mesure de découvrir dans les réalités mêmes de la souffrance et la mort, qui traversent son existence, un possibilité authentique de bien et de vie. Dans la Croix du Christ, il reconnaît l'Arbre de vie, révélation de l'amour passionné de Dieu pour l'homme. Le soin de ceux qui souffrent est alors rencontre quotidienne avec le visage du Christ, et le dévouement de l'intelligence et du cœur devient un signe de la miséricorde de Dieu et de Sa victoire sur la mort.

Vécue dans son intégralité, la recherche est éclairée par la science et la foi, et de ces deux «ailes» elle tire impulsion et élan, sans jamais perdre la juste humilité, le sens de ses propres limites. Ainsi, la recherche de Dieu devient féconde pour l'intelligence, ferment de culture, promotion de l'humanisme vrai, recherche qui ne s'arrête pas à la surface. Chers amis, laissez-vous toujours guider par la sagesse qui vient d'en haut, par un savoir éclairé par la foi, vous souvenant que la sagesse exige la passion et l'effort de la recherche.

S'insére ici est le devoir irremplaçable de l'Université catholique, lieu où la relation éducative est mise au service de la personne dans la construction d'une compétence scientifique qualifiée, enracinée dans un patrimoine de connaissances que le passage des générations a distillé en sagesse de vie; lieu où la relation de soins n'est pas métier, mais mission; où la charité du Bon Samaritain est la première Chairet et où le visage de l'homme souffrant est le Visage même du Christ, «c'est à moi que vous l'avez fait» (Mt 25,40) .
L'Université catholique du Sacré-Cœur, dans le travail quotidien de recherche, d'enseignement et d'étude, vit dans cette "traditio" qui exprime son propre potentiel d'innovation: aucun progrès, encore moins sur le plan culturel, ne se nourrit de simple répétition, mais exige un départ toujours nouveaut. Il requiert également cette disponibilité au débat et au dialogue qui ouvre l'esprit et témoigne de la riche fécondité du patrimoine de la foi. Se forme ainsi une solide structure de personnalités, où l'identité chrétienne pénètre le vécu quotidien et s'exprime à partir d'un professionnalisme excellent.

L'Université catholique, qui a avec le Siège de Pierre une relation particulière, est appelée aujourd'hui à être une institution exemplaire qui ne restreint pas l'apprentissage à la fonctionnalité d'un résultat économique, mais étend son souffle à des projets où le don de l'intelligence recherche et développe les dons du monde créé, dépassant une vision purement productiviste et utilitariste de la vie, parce que «l'être humain est fait pour le don, qui en exprime et réalise la dimension de transcendance» ( Caritas in veritate , 34). C'est justement cette conjugaison de recherche scientifique et de service inconditionnel à la vie qui trace la physionomie catholique de la Faculté de médecine «Agostino Gemelli», parce que la perspective de la foi est intérieure - ni superposée, ni juxtaposée - à la recherche pointue et tenace de la connaissance.

Une Faculté catholique de médecine est un lieu où l'humanisme transcendant, n'est pas slogan rhétorique, mais règle vécue dans le dévouement quotidien. Rêvant d'une Faculté de Médecine et Chirurgie authentiquement catholique, le Père Gemelli - et beaucoup d'autres avec lui, comme le professeur Brasca -, reportait au centre de l'attention la personne humaine dans sa fragilité et sa grandeur, dans les ressources toujours nouvelles d'une recherche passionnée, et dans la non moindre conscience des limites, et du mystère de la vie. C'est pourquoi vous avez voulu mettre en place un nouveau Centre Universitaire pour la vie, qui soutient d'autres réalités déjà existantes, comme, par exemple, l'Institut scientifique international Paolo VI. J'encourage donc, l'attention à la vie dans toutes ses phases.

Je voudrais à présent m'adresser en particulier, à tous les patients, ici à «Gemelli», les assurer de mes prières et de mon affection et leur dire qu'ici, ils seront toujours suivis avec amour, parce que dans leur visage se reflète Celui du Christ souffrant.

C'est bien l'amour de Dieu qui resplendit dans le Christ, qui rend vif et pénétrant le regard de la recherche et qui saisit ce qu'aucune étude ne peut saisir. C'est ce qu'avait à l'esprit le Bienheureux Giuseppe Toniolo (1), qui affirmait combien il est dans la nature de l'homme de lire dans l'autre l'image de Dieu amour, et dans la Création son empreinte. Sans amour, la science aussi perd sa noblesse. Seul l'amour garantit l'humanité la recherche.

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(1) Béatifié à Rome le dimanche 29 avril, on lui doit l'inspiration de l'université catholique (http://www.radiovaticana.org/FR1/articolo.asp?c=583754)