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Les dissenssions au sein de l'Eglise ont suscité une réflexion d'Andrea Tornielli que j'ai traduite hier (cf.
Dissidences ).
Parmi celles-ci, pas des moindres, la fronde des religieuses américaines, objet ces jours-ci d'un sévère recadrage de la CDF. Massimo Introvigne avait consacré au sujet un article, la semaine dernière. Traduction. (30/4/2012)

A propos,
qu'en dit le Comité de la Jupe, qui a ses entrées à Radio Vatican?

"La Vie" qui titre sur "le recadrage drastique des religieuses américaines" écrit :
Le soutien de la LCWR à la réforme de la santé du président démocrate - "Obamacare", qui comprend tout un volet de médecine reproductive et contraceptive - n'est certainement pas étranger au recadrage des soeurs.

Sandro Magister consacre à l'affaire son dernier billet: http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350234?fr=y

Enfin, j'ai retrouvé et scannné un long échange de Joseph Ratzinger répondant à Vittorio Messori dans le fameux "Rapport Ratzinger" traduit en français sous le titre "Entretiens sur la foi": cf. Féminisme au couvent .



Des soeurs américaines "sous enquête"
http://www.labussolaquotidiana.it/ita/articoli-suore-americane-commissariate-5124.htm
Massimo Introvigne
20/04/2012
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Les lecteurs de la Bussola (ndt: à mon très grand regret, ce site magnifique a annoncé hier qu'il suspendait - provisoirement, nous l'espérons - sa parution), en grande majorité des catholiques, pensent que le bon catholique place au centre des fêtes commandées la Messe, les jours saints. Et que ceux qui ont choisi la vie religieuse le font avec un zèle et une solennité tout particuliers.

Si vous pensez cela, cependant, vous ne connaissez pas les religieuses américaines. Dans de nombreux ordres de religieuses aux Etats-Unis, les chères sœurs se posent la question de savoir s'il est opportun ou non que «l'Eucharistie soit au centre de leurs célébrations communautaires solennelles» , parce que, malheureusement, « la célébration de la messe exige un prêtre ordonné, chose que certaines religieuses jugent "discutable"». En d'autres termes, voir un homme sur l'autel est intolérable pour les religieuses imprégnées de «féminisme radical», dont les Supérieures nationales, depuis des années et systématiquement «protestent contre les enseignements du Saint-Siège en ce qui concerne l'ordination des femmes», et même les «refusent publiquement », bien qu'il s'agisse d'enseignements qui - comme le Pape l'a réaffirmé récemment (ndt: lors de la Messe Chrismale) - déclarent le refus de ces ordinations définitif et irrévocable. Il se peut que la présence d'un homme qui célèbre la Messe gênent ces soeurs également pour une autre raison, puisque - toujours épaulées et même guidées par leurs Supérieures nationales - elles ont adopté une position sur les «personnes homosexuelles » - s'agissant de soeurs, en particulier les lesbiennes - qui, pour utiliser un euphémisme, «ne correspond pas à l'enseignement de l'Église sur la sexualité humaine».

Le problème de savoir si on doit ou non admettre le prêtre pour célébrer la Messe dans les fêtes des couvents de religieuses ne doit pas être occasionnelle, s'il est vrai que c'est le «Systems Thinking Handbook», un manuel pour la formation doctrinale des supérieures religieuses. Et quelle solution propose le manuel? Une bonne discussion démocratique, couvent par couvent, où l'on exclut que l'objectif du «dialogue» soit «d'accepter l'enseignement de l'Eglise». Il s'agit plutôt d'apprendre à donner de l'espace, non seulement à «l'esprit occidental» - qui procède par la doctrine et par la logique, et qui pourrait conduire à la conclusion que, sur la Messe, on doit suivre ce qu'enseigne l'Église - mais aussi au «modèle mental organique», plus typique des religions orientales, où chaque sœur va là où la porte son cœur.

Naturellement, une fois adopté ce «modèle mental organique» - dont le nom plus précis serait relativisme - pour décider ce qui est bon à penser et à enseigner dans les couvents de religieuses américaines, il n'y a aucune raison de s'arrêter à la Messe. Le rejet de la doctrine de l'Eglise en matière de sexualité, homosexualité, mais aussi «famille», «avortement» et «euthanasie» est donné pour acquis. Mais désormais, on ne s'arrête plus à la morale. Dans de nombreux cas la discussion franche et démocratique conduite selon le nouveau modèle porte à rejeter «la Trinité, la divinité du Christ et le caractère inspiré de la Sainte Écriture».
Et même là, on ne s'arrête pas.

Au cours de la réunion annuelle des supérieures religieuses américaines de 2007 l'une des principales oratrices, la sœur et théologienne dominicaine Laurie Brink, a affirmé que beaucoup de sœurs ont décidé d'aller «au-delà de l'Eglise» et désormais, même «au-delà de Jésus», vers un horizon de vague religiosité où Jésus est un maître parmi beaucoup d'autres, et que «l'esprit du Sacré» vit dans toutes les religions, et même, «dans toute la création».

Il est vrai que beaucoup de congrégations de Sœurs font un bon travail de bienfaisance et promeuvent pour le soutien des pauvres des pratiques qui sont souvent «conformes à la doctrine sociale de l'Eglise». Mais cela ne suffit pas, et ne distingue pas les sœurs d'une quelconque association humanitaire, si venait à être perdu «le centre fondamental et le point focal christologique de la consécration religieuse, ce qui conduit à son tour à perdre le sens constant et vivant de l'Église».

Si tout ce que vous avez lu jusqu'ici entre guillemets provenait d'une enquête journalistique, ce serait déjà suffisamment grave. Mais il s'agit d'un document du Magistère. C'est l '«Evaluation doctrinale de la Conférence des Supérieures religieuses [des Etats-Unis]», rendue publique par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi le 18 Avril 2012, comme il est indiqué sur l'ordre et avec l'approbation de Benoît XVI. C'est le résultat d'un travail commencé en 2008, sous la direction de l'évêque de Toledo, dans l'Ohio, Mgr Leonard Blair, lequel a examiné les assemblées annuelles, les politiques et les documents de la Conférence des Supérieures, la Leadership Conference of Women Religious (LCWR). Le document donne acte des réponses données par la LCWR à l'évêque Blair et à la congrégation, considèrées comme «inadaptées» .

D'un côté, les Supérieures ont répondu que toutes les interventions dans leurs assemblées sont prononcées à titre personnel: ce qui n'est pas convaincant, répond le document du Vatican, parce que des années d'interventions vont toutes dans le même sens et parce que les Conférences des Supérieures religieuses sont explicitement régies par le droit canon et «approuvées par le Saint-Siège», et en tant que telles ont «une responsabilité positive pour la promotion de la foi et pour offrir aux communautés qui en font partie et au plus vaste public catholique une position claire et convaincante à l'appui de la vision de la vie religieuse proposée par l'Eglise».

D'un autre côté, les sœurs ont utilisé un vieil argument , que - comme par hasard - à l'extrémité opposée de la théologie on entend répéter ces jours-ci également par quelques «traditionalistes». Les sœurs, en fait, disent qu'il est obligatoire pour les catholiques, y compris les religieuses, de suivre parmi les enseignements du Magistère uniquement ceux infaillibles, ou tout au moins «qui ont été déclarés enseignements autorisés». Le document du Vatican répond que, en dehors du fait que certains des enseignements publiquement rejetés par la LCWR, y compris ceux qui nient la prêtrise aux femmes, sans parler de la Trinité ou de la divinité de Jésus-Christ, entrent certainement dans cette catégorie, le bon fidèle catholique, et encore plus la religieuse qui a fait le vœu d'obéissance, sont tenus de suivre aussi le magistère ordinaire, pas seulement l'extraordinaire.

Au diagnostic - selon lequel la situation de la LCWR est «grave», «vraiment préoccupante» et sur certains points même «scandaleuse» - suit dans le document du Vatican la thérapie. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi nommera un Archevêque délégué, assisté par deux évêques, sous la direction de qui la LCWR devra réformer ses statuts. Le fameux «Systems Thinking Handbook» sera «retiré de la circulation pendant que l'on procédera à sa révision». Le matériel de formation sera révisé afin de le rendre conforme au «Catéchisme de l'Eglise catholique». Les orateurs lors des réunions annuelles et des principaux congrès de la LCWR devront être approuvées par l'Archevêque délégué. Il sera procédé à une révision de la vie liturgique, veillant à ce que «l'Eucharistie et la Liturgie des Heures aient un rôle central».
L'Archevêque délégué exercera ses fonctions «jusqu'à cinq ans». Les dégats produits sont tels que cela pourrait ne pas être suffisant.

Que dit le Comité de la Jupe?


J'ai eu la curiosité de me rendre sur le site du Comité de la jupe.
Pour le moment, la seule allusion que j'ai trouvée est le témoignage de féministe engagée de "Karin Heller, qui vit aux Etats-Unis" (on n'en sait pas plus):

(...)
L’histoire des Etats-Unis a forgé des religieuses qui sont des femmes fortes et indépendantes. Ces traits n’ont souvent rien pour plaire aux hommes mâles en général et aux autorités vaticanes en particulier. Depuis des décennies, les réalisations et les talents de ces religieuses ont donc été ignorés. L’image d’une Mère Teresa à l’oeuvre dans les bidonvilles de Calcutta avait bien plus pour plaire au Vatican qu’une religieuse bien établie dans sa chaire de théologie et protégée par des lois américaines à toute épreuve. A partir des années 1980, a commencé un travail de sape (!!!) pour les évincer des postes de responsabilité au niveau diocésain et universitaire. En même temps, elles ont vieilli et leurs congrégations avec elles. Beaucoup d’entre elles vivent maintenant fort bien de leurs rentes, car elles ont vécu en « bonnes mères de famille », toujours capables d’adapter leur « business » aux besoins du temps, trait qui caractérise la nation américaine dans son ensemble.

Très récemment un livre d’Elizabeth Johnson, religieuse et théologienne féministe, a fait couler beaucoup d’encre. Son ouvrage intitulé « Quest for the Living God. Mapping Frontiers in the Theology of God » a conduit la commission doctrinale de la Conférence épiscopale nord-américaine à en interdire l’usage dans des établissements catholiques. Cette interdiction a été suivie de nombreuses protestations d’associations américaines de théologie catholique et de théologiens catholiques.

L’incident traduit bien le climat qui règne actuellement dans le paysage catholique nord-américain. Les évêques se contentent d’être le bras prolongé de la politique vaticane. Toute l’attention est tournée sur l’éthique sexuelle, de l’être humain au moment de sa conception et en phase terminale. Les religieuses américaines me paraissent lasses de ces vues très courtes où il n’y a pas d’autre choix que celui d’être « pour » ou « contre ».

Il n’y a pas de place pour une véritable réflexion fondée sur l’Ecriture, si importante en ce territoire anciennement calviniste, ni pour une véritable créativité théologique. Quand elles sont encore relativement jeunes, ces religieuses s’investissent dans des tâches de pastorale universitaire, paroissiale, hospitalière et sociale, où elles défendent leur indépendance, sûres qu’elles sont de toujours pouvoir compter sur leur couvent et la congrégation auxquels elles appartiennent en cas de rappel à l’ordre doctrinal ou/et disciplinaire par l’autorité masculine.