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Un an après le début du mouvement du 15 mai, l'analyse de Mgr Munilla, l'évêque de Saint-Sébastien. Traduction de Carlota (17/5/2012)

     



Carlota:

Monseigneur José Ignacio Munilla, évêque de Saint Sébastien, Pays Basque espagnol, revient sur le mouvement des « Indignés » qui est né en Espagne il y a tout juste un an, et qui s’est manifesté, sous différentes formes locales plus ou moins violentes notamment en Italie, aux Etats-Unis devant la bourse new-yorkaise, en Grèce bien sûr et de nouveau tout récemment en Espagne. Son analyse loin de toute polémique, donne une vision catholique donc équilibrée sur un évènement humain. Cela dépasse les frontières de la péninsule. Pour mémoire, tout comme en Grèce avec l’Église majoritairement orthodoxe, la mission caritative de l’Église catholique en Espagne, est particulièrement active, en ces temps très difficiles et qui ne font sans doute que commencer. Mais ceux qui agissent au plus près de la misère humaine et morale n’ont pas forcément le temps d’être dans les studios de télé ou de radio ou à la une des journaux pour le faire savoir et se faire connaître.

Original ici en Pdf (http://www.elizagipuzkoa.org..),
disponible sur le très beau site du diocèse de Saint Sébastien.

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Ombres et lumières du 15 M (*).
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Par où vais-je commencer? Par le positif ou par le négatif?
La vérité est qu’il me semble que les ombres et les lumières sont entremêlées dans le Mouvement du 15 M. Sommes-nous devant le clair-obscur propre à l’aurore, ou bien devant le clair-obscur caractéristique du couchant?

En regardant avec un certain recul, je pense que le 15 M. a été une grande occasion gaspillée. Je fais référence à ce qui aurait pu être une grande initiative pour donner une impulsion au principe de subsidiarité si nécessaire: Plus de société et moins d’État ! Mais malheureusement on a l’impression que la dictature du politiquement correct a fini par engloutir le 15 M.

Parmi les aspects positifs, se trouve le service rendu comme avertissement (ndt le mot espagnol correspond aussi au sens propre par le coup violent que l’on donne à la porte au moyen du heurtoir) pour réveiller une société en léthargie. Notre culture dominante avait dérivé vers l’individualisme, vers une vision hédoniste et placentaire de la vie, en même temps que vers une désinhibition sociale notoire. Je me rappelle une phrase du défunt cardinal de Paris, Mgr Lustiguer qui caractérisait ainsi la culture postmoderne : « Les jeunes campent en dehors de la Polis (ndt dans le sens grec que ville, cité). Il faisait référence à la tendance de la jeunesse à s’isoler dans les nouvelles bulles virtuelles. C’est un fait que des millions de jeunes vivent immergés dans les réseaux sociaux et leurs radios musicales favorites et qu’ils marchent dans la rue avec les casques sur les oreilles, sans même seulement se pencher sur les nouvelles…

Certainement, le 15 M rompt avec l’image d'une jeunesse isolée et désinhibée. C’est un appel à prendre au sérieux notre engagement social et à développer le sens critique dans notre vie. Face à la tendance à transformer les réseaux sociaux en une espèce de vitrine des vanités, une espèce de « grand frère » sur la toile, le Mouvement du 15 M nous a rappelé que les nouveaux moyens de communication n'ont un sens que dans la mesure où ils se mettent au service de contenus et de buts objectifs.

Néanmoins, je pense que les principales ombres du Mouvement du 15 Mai sont dans l’incapacité à dépasser le rouleau [compresseur] de la pensée unique.
Pour donner un exemple, il suffit de rappeler quelques slogans utilisés : « Moins de crucifix et plus de travail permanent ». « Cette place (ndt en référence au lieu d’où ils avaient été évacués juste avant les JMJ d’août 2011) n’est pas celle du Pape » ; « Ce sac à dos (ndt celui des JMJistes) c’est moi qui l’ai payé », etc.
Cela a été très décevant de constater à quel point les consignes laïcistes des media anticléricaux étaient suivies au pied de la lettre par les assemblées du 15 M. La critique s’est transformée en une « consigne » et il est notoire que la capacité critique a manqué face aux consignes critiques.

L’un des problèmes du 15 M est qu’il est davantage né comme un mouvement de protestation que de construction.
Pour donner un exemple, cela a peu de valeur maintenant de dénoncer globalement les coupures budgétaires dans le domaine social, alors qu’il est évident que nous sommes au bord de la faillite économique motivée par les gaspillages antérieurs. Or, un mouvement capable d’intégrer l’indignation avec l’engagement personnel et social aurait été très différent. Par exemple ; « Nous revendiquons le respect de tous les droits aux soins des immigrants, indépendamment de leur situation légale ; mais en échange nous sommes disposés à une augmentation de la contribution à la sécurité sociale ». Le problème est qu’il est plus facile de crier contre les abus que d’apporter des solutions. Bien que, certainement, un certain type de cri est nécessaire pour nous réveiller de notre léthargie.

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(*) Mouvement du 15 Mai, en référence au premier jour du début d’occupation du centre de Madrid par les Indignés en 2011.