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ou comment on est passé du concept de "salut" à celui de "bonheur". (19/5/2012)

     



L'expression "glissement sémantique" est à la mode. Souvent utilisée pour justifier les pudeurs du politiquement correct, sa pratique sert aussi à "endormir" les gens - par exemple, à expliquer combien certaines injures (mais ne venant pas de n'importe qui!) doivent être replacées dans le contexte de notre époque, et donc relativisées. Inutile de donner des exemples, chacun sait de quoi je parle.
Par ailleurs, le Saint-Père déplore fréquemment que l'homme, dans notre société qui veut exclure Dieu, soit réduit à sa dimension horizontale.
C'est cette idée (et le "glissement sémantique" du salut - qui implique une dimension "cosmique" - vers le bonheur -une dimension purement individualiste) que l'on retrouve dans ce texte datant du printemps 1975, alors que le Professeur Ratzinger participait à une série de conférences à l'Université théologique du Triveneto, sur le thème "Salut chrétien et histoire des hommes". Ces échanges ont été rassemblés dans un livre qui vient de sortir en Italie.

Consultant la page News.va, je suis tombée par hasard, via le module Facebook, sur un article en anglais, paru dans l'OR du 22 mars dernier (il doit s'agir d'une traduction de l'italien, mais je n'ai pas trouvé trace du texte présumé).

* * *

Le Professeur Ratzinger nous parle du bonheur
http://www.news.va/en/news/professor-ratzinger-speaks-to-us-of-happiness

22/03/2012
L'Osservatore Romano
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<< Je crois que l'histoire du développement des mots est comme un miroir dans lequel on peut lire les progrès de la pensée humaine.
Le mot «bonheur» a progressivement remplacé le terme classique de «salut», dans le sentiment commun et dans le discours, en dehors du contexte théologique. Cela a signifié la perte de la signification cosmique contenue dans le concept chrétien du salut.
Le terme «salut» signifiait le salut du monde, à l'intérieur duquel prend place le salut de l'individu. Aujourd'hui, au contraire, le bonheur réduit le contenu du salut à une sorte de bien-être individuel, à une «qualité» de la vie de l'homme considéré comme individu; dans cette perspective, le «monde» n'est plus considéré pour lui-même et globalement, mais uniquement en termes individualistes ....

Nous devons réagir. La théologie doit aider les hommes et les femmes d'aujourd'hui à trouver des possibilités, les plus profondes et les plus vraies, pour changer le monde. Une telle stratégie doit être nouvelle dans le sens qu'elle est capable d'étendre et de dépasser les sphères à la fois de la rationalité technologique de l'Occident et de la rationalité révolutionnaire de l'Est (ndt: je n'ai pas traduit par "de l'Orient" qui me paraît impropre, au moins ambigu, car en 1975, peu nombreux encore étaient ceux qui imaginaient que le Communisme vivait à peu près sa dernière décennie). L'homme ne se contente plus d'un supplément, d'une addition quantitative de bonheur: ni simplement d'une répartition plus équitable des biens présents. Il demande quelque chose de total, de vraiment nouveau et de plus profond.>>
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Ce sont les paroles du professeur Joseph Ratzinger en 1975, dans un cours qu'il a donné pour la Faculté de Théologie du Triveneto. Les contributions de cette collaboration, des textes qui sont aujourd'hui peu connus, sont rassemblées dans le livre "Salvezza cristiana e storia degli uomini, Joseph Ratzinger con Luigi Sartori (*) tra i teologi triveneti (1975-1976)" (cf. http://www.edizionimessaggero.it), sorti en Italie en mars 2012.


(*) Note de traduction:
Luigi Sartori (1924-2007) est un des pères de la théologie italienne, expert au Concile Vatican II pour le compte de la CEI, et pendant de longues années, professeur de théologie dogmatique et oecuménique au séminaire diocésain de Padoue.