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Interviewe dans le quotidien régional de Lyon "Le Progrès" (7/6/2012)

Texte original:
http://www.leprogres.fr

(Merci à Florence)




Question: Des « informations » – dont des courriers personnels du pape – ont été divulguées dans la presse et dans un livre paru en Italie. Est-ce un scandale ?

Cardinal Barbarin: Oui, c’est un scandale. Le Vatican a utilisé l’adjectif « criminel » pour dénoncer ces pratiques lamentables, qui vont au-delà de simples indiscrétions. C’est d’autant plus déplorable que ces soi-disant « révélations » ne nous apprennent rien. On nous donne le numéro du compte en banque du pape. Et alors ? On se doute bien que son compte bancaire a un numéro ! Tout cela est inutile et d’autant plus offensant que ces fuites ne peuvent venir que de proches collaborateurs.

Q: Comment expliquer ces fuites ? Certains disent qu’elles viseraient à déstabiliser le cardinal Bertone, numéro 2 du Vatican…

Card: Des journaux évoquent des luttes d’influence mais j’ignore ce qu’il en est. Je me dis que tout cet étalage public doit être affligeant pour le pape. Mais j’ai confiance : Benoît XVI est un homme capable de vivre cette épreuve avec dignité et dans une attitude de foi, sans cacher qu’il en souffre.

Q: Est-ce de l’acharnement contre lui ?

Card: Je ne sais pas. C’est en tout cas une injustice et, j’insiste, un manque de respect pour les personnes comme pour les institutions (ndlr: ce qui pose d'autant plus le problème des responsables). Imagineriez-vous le secrétaire d’un président de la République tenir au courant la terre entière, minute par minute, des faits et gestes de son supérieur ? Quand des décisions importantes se mûrissent, il est indispensable que les collaborateurs gardent le secret.

Q: Sinon, l’action n’est plus possible ?

Card: Oui, cela devient impossible. Il ne s’agit pas d’un manque de transparence, ni de « culte du secret », mais d’avoir les moyens de mûrir sereinement ses décisions.

Q: Le Vatican est souvent accusé de manquer de transparence…

Card: C’est injuste. Benoît XVI a toujours été très clair. Sur la pédophilie par exemple, il a toujours dit « les faits doivent être connus ». Sa devise est d’ailleurs « coopérateur de la Vérité ».

Q: La curie, l’administration du Vatican, est souvent décrite comme un réservoir à intrigues. Benoît XVI aurait-il échappé à un Vatileaks s’il s’était vraiment attaqué à la réforme de cette institution lourde et complexe ?

R: Au Vatican, le cardinal Ratzinger s’est toujours tenu à l’écart des luttes de clans. Beaucoup en tout cas espéraient que sous son pontificat, Benoît XVI entamerait une réforme profonde de la curie. Peut-être a-t-il tenté des changements que nous ignorons. Il est sûr que cette réforme est difficile à conduire…

Q: Pourquoi, alors, tant d’agitation ?

Card: Dès qu’il est question du Vatican, les médias s’enflamment comme si le Vésuve entrait en éruption. Encore une fois, il faut raison garder. Ces soi-disant révélations ne nous apprennent rien : c’est beaucoup d’esbroufe et de fumée, pour rien. Quant aux conflits internes et aux éventuels défauts des uns des autres, je dirais que cela existe partout. Le but de l’Église est spirituel ; cette institution ne se compose pas moins de pauvres pécheurs, de l’espèce commune. Moi-même lorsque je dis la messe, comme évêque de Lyon, je me déclare « indigne serviteur » du Seigneur.

Q: Vous êtes cardinal et membre du collège électeur du pape. Avez-vous prévu de lui adresser une forme de soutien après cette affaire ?

Card: Ce matin (mardi matin, ndlr), je lui ai écrit une lettre pour lui adresser des paroles de réconfort et lui dire que nous prions pour lui. Je devine et partage sa peine, mais cela ne me déstabilise pas dans les liens que j’ai avec lui.