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Marina Corradi, éditorialiste à l'Avvenire, prend appui sur la catéchèse du mercredi 13 juin, consacrée à la confiance en Dieu dans la prière de Saint Paul, pour expliquer "la vision et les choix du Pape". Quelque chose que les commentateurs laïcistes qui le "suivent" ne peuvent évidemment pas comprendre. (17/6/2012)

>> L'audience du 13 juin:
www.vatican.va/...

   



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La vision et les choix du Pape
La méthode de Dieu
http://www.avvenire.it/
Marina Corradi
15 juin 2012
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Peut-on imaginer un parti politique qui choisirait pour une convention le lieu de sa pire défaite électorale, ou une multinationale en crise qui relancerait son image depuis le pays où une catastrophe écologique l'aurait endommagée? Ces choix seraient immédiatement rejetés par des experts en communication.
Au lieu de cela, l'Irlande, l'Eglise d'Irlande déjà troublée par le scandale de la pédophilie, est le site du Congrès eucharistique.
La prochaine Rencontre des familles aura lieu à Philadelphie, dans une communauté chrétienne très éprouvée par un scandale similaire. Et les Journées Mondiales de la Jeunesse ont eu lieu à Madrid, au milieu du courant contraire de l'Espagne de Zapatero. Il semblerait donc que la méthode de Benoît XVI soit de choisir, pour les grands événements ecclésiastiques, les lieux où l'Eglise est affaiblie et dans la tourmente.

Dans la dernière audience , le Pape a expliqué de manière indirecte la racine de cette logique, humainement paradoxale. A partir de la deuxième Lettre de Paul aux Corinthiens - celle dans laquelle l'apôtre des Gentils parle de son «épine», de l'obscure souffrance qui le tourmente, et conclut pourtant, «quand je suis faible, c'est alors que je suis fort» - le Pape a rappelé que c'est au moment où l'on expérimente sa propre faiblesse que se manifeste la force de Dieu: « ce n'est pas la force de nos moyens, de nos vertus, de nos capacités, qui réalise le royaume de Dieu, mais c'est Dieu qui opère des merveilles à travers notre faiblesse, nos insuffisances », a-t-il dit.

La «méthode» de Dieu, donc, ne se fonde pas sur notre savoir-faire ou notre cohérence, mais justement, dans la prière, en nous reconnaissant pauvres et impuissants, et donc en demandant. Certes, Paul l'avait déjà enseigné; mais, nous chrétiens, combien de fois l'avons-nous oublié. On en rencontre tant, et même parmi les plus assidus à l'église, fiers de leur vertu, et peut-être aigris par la façon dont ces vertus, étrangement, ne seraient pas transmises à leurs enfants, qui suivent une autre voie. Et alors, c'est l'amertume: nous avons été fidèles, cohérents, chaste, nous étions «bons», et avec quoi nous retrouvons-nous ? (L'amertume qui ensuite éloigne ceux qui se rapprochent, parce que ce n'est jamais la tristesse, qui fascine et convertit).

L'épine obscure dont Paul parle aux Corinthiens contient la méthode extraordinaire de Dieu, qui, semble-t-il, attend simplement que nous tendions la main vers lui, comme font les enfants avec leur mère, quand ils sont tombés. L'humilité de cette main vide, c'est le vide que Dieu remplit de sa grâce. Grâce qui multiplie les fruits de l'oeuvre des hommes, comme c'est arrivé à Paul, persécuté, emprisonné, mais qui gagna au christianisme toutes les terres où il posa ses pas. Paul qui, s'il n'avait pu compter que sur lui-même, serait depuis longtemps oublié par l'histoire. Paul qui, comme nous, aurait simplement voulu être libéré de son mal; puisqu'ensuite - pensait-il comme nous - alors oui, il serait fort, libre, puissant. Mais au contraire, dans la compagnie d'une souffrance qui nous est inconnue, il a appris l'abandon, et la question de l'enfant, il a appris la méthode de Dieu en lui-même.
Un Dieu qui se fait évident sur le visage des plus impuissants en apparence, comme le Jean-Paul II des dernières années, malade, tremblant, l'a montré au monde. (Et il y en avait qui murmuraient que, malade à ce point, il devrait s'en aller. Mais comme sur ce vieux visage, on voyait briller une lumière qui, bien au-delà des mots émerveillaient et fascinaient! et comme nous l'avons vu encore, à sa mort, dans l'immensité de la foule venue le saluer).

Et Benoît aujourd'hui, âgé, dans une période de tourmente et de souffrance pour l'Eglise, qui conduit avec ténacité les événements cruciaux là où, d'un point de vue humain, on pourrait s'attendre à un échec. Benoît XVI, qui consacre une longue audience à nous réexpliquer la logique de saint Paul, ne semble-t-il pas nous témoigner: n'ayez pas peur, il suffit de tendre la main ouverte, de demander?
Poursuivant avec opiniâtreté, même contre d'excellents, rationnels et raisonnables conseils, la méthode de l'Eglise, humainement absurde, mais qui existe depuis deux mille ans: la folle, l'extrordinaire méthode de Dieu