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Après "Un Pape pour notre temps", Carlota a traduit un autre article du card. Cañizares, publié sur le quotidien espagnol 'conservateur' « La Razón ». Pour survivre, l'Europe a besoin d'autre chose que de simples relations de fonctionnalité, et de revenir à son héritage chrétien. Et il cite le card. Ratzinger. (21/6/2012)

     



Où allons-nous, Europe?
www.larazon.es/..antonio-canizares
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Je suis avec le plus grand intérêt et non moins de préoccupation - je pense que nous sommes nombreux dans ce cas - tout ce qui est en train de se passer en Europe.
Que va être l’Europe ? Vers où se dirige-t-elle ?
Jusqu’à présent je n’ai pas trouvé en moi-même une réponse convaincante, et personne ne m’en a donnée une.
Mais ce qui paraît évident c’est que nous nous trouvons immergés dans un grande bataille - je n'en connais pas avec certitude les protagonistes, bien qu’on puisse peut-être les deviner - dans laquelle se joue l’être ou le non-être de l’Europe; en tout cas le futur de la vieille Europe, qui est bien plus qu’un concept géographique ou un pacte économique.

En ces moments, tout est économie. Les informations à la radio ou à la télé, les émissions des médias, les journaux ; tous reflètent la même question : économie, surtout économie, et presque jamais autre chose que l’économie. Ce n’est pas étonnant devant ce qui est en train de s’écrouler. D'ailleurs c’est ce qui semble préoccuper le plus les citoyens (et les nations) qui se voient menacés dans leur bien-être et dans certains cas même jusqu’à leur survie dans la dignité. Il est certain que cette crise économique est très importante, qu’elle a une force inusitée, et un profond enracinement difficile à extirper, comme s’il s’agissait d’un mal inconnu mais terrible. C’est presque devenu un lieu commun - les lieux communs détiennent beaucoup de vérité en eux -de reconnaître qu’au-delà et en dessous d’elle, il existe une crise ou une faillite morale et humaine qui a donné lieu à ce qui est en train de se passer.

Mais personnellement (sûrement dans mon ingénuité, quelques uns beaucoup plus perspicaces que moi me diront, dans mon ignorance, je l’admets) il me semble frappant que cette crise ait spécialement pris forme en Europe, plus encore, précisément dans des nations qui ont un poids et une influence historique et culturelle très singuliers dans ce qui constitue l’Europe elle-même, définie, selon les mots d’Ortega y Gasset (*) « comme une société antérieure à l’existence des nations européennes » et qui a commencé à se former il y a plus de vingt siècles dans la culture grecque, le droit romain et le christianisme.

Je ne crois pas que cela soit un hasard, un fruit du hasard, que les pays européens les plus affectés par la crise économique, tous, sans exception et en même temps, en soient arrivés à une telle situation.
Mais même si les experts le disaient, cela ne semblerait pas crédible du fait même de l’économie très interdépendante et globalisée.
Qui peut comprendre, en outre, le harcèlement et l’hostilité si persistante, dure et insidieuse que certains pouvoirs économiques sont en train de mener avec succès contre certains pays, notre Espagne, par exemple ? Les questions et les doutes qui se rassemblent dans ma tête sont très nombreux, je les expliquerai certainement un de ces jours.

En tout cas, j’estime que l’Europe, comme « unité européenne », comme « projet d’avenir commun », s'éloigne chaque jour davantage de la réalité.

Pour donner une impulsion à son intégration véritable, qui est la seule chose qui pourrait sauver l’Europe - l’ « eurozone » comme certains l’appellent (c’est un autre signe de la désintégration de l’Europe que de l’appeler ainsi) - il est nécessaire d’aller plus loin que quelques relations de fonctionnalité ou liens économiques, de dépasser la non- solidarité de l’«Europe des marchands » - qui n’est pas l’Europe - pour être cette Europe à laquelle ont rêvé des hommes aussi véritablement européens et avec une aussi ample vision du futur et de la générosité qu'Adenauer, Schumann, De Gasperi, ou, plus récemment les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, grands européens qui, avec tellement de vigueur, ont défendu des fondements plus solides et avec plus de capacité d’avenir.

Pour les Pères de l’unification européenne, après la terrible dévastation de la Seconde Guerre Mondiale, plus terrible que la crise actuelle, il était clair que ce fondement existe et qu’il repose principalement sur l’héritage chrétien, qui à la fois, intègre, assume, incorpore et enrichit la culture et les racines gréco-latines.
Pour les Pères de l’unification de l’Europe, « il était clair que les destructions auxquelles la dictature nazie et la dictature de Staline les avaient confrontés, avaient pour base le rejet de ces fondements, dans un monstrueux orgueil qui ne se soumettait plus au Créateur mais qui prétendait créer lui-même un homme meilleur, un homme nouveau, et transformer le monde mauvais du Créateur en un monde nouveau qui surgirait du dogmatisme de l’idéologie. Pour eux il était clair que ces dictatures qui avaient mis en évidence une forme du Mal entièrement nouvelle, reposaient, au-delà de toutes les horreurs de la guerre, dans la volonté d’éliminer cette Europe, et qu’il fallait revenir à cette conception qui avait donné sa dignité à ce continent, malgré toutes les erreurs et les souffrances » (J.Ratzinger).

Qui a intérêt à revenir sur cela ? Ceux qui se sont engagés dans le relativisme ou dans l’économisme de type capitalisme extrême, « omnipotent » et dominateur : ils paraissent en effet disposés à dévorer l’homme et à éliminer ce qui leur fait opposition.

Antonio Cañizares

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Note:
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(*) Une analyse qui semble assez juste de la pensée du philosophe et essayiste espagnol Ortega y Gasset (1883-1955) ici: questionsdecommunication.revues.org..