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Le voyage du Pape en Israël compromis

Dossier: Le cardinal Martino compare la bande de Gaza à un camp de concentration (traduction de l'interview). Réactions. Sandro Magister dit qu'il s'agit d'un cocktail molotov dans les pieds de Benoît XVI et cite le discours au corps diplomatique de ce matin (8/1/2009)

A peine ai-je fini de traduire un article du vaticaniste d'une agence de presse italienne, Salvatore Izzo, accusant le staff du Vatican de compliquer la tâche du Saint-Père (Le 2008 de Joseph Ratzinger) - en termes familiers de lui "savonner la planche" - par des déclarations-choc apparaissant comme autant de provocations, qu'un nouvel exemple éclatant semble tout juste venir d'en être donné, avec la déclaration fracassante du Cardinal Martino, Président du Conseil Pontifical justice et paix, comparant la bande de Gaza à un grand camp de concentration.

Autant dire que la polémique n'attend que sa mise à feu, d'autant plus que les medias adorent ce qu'ils nomment les "couacs" des institutions...

J'ai traduit le texte de l'interview qu'il a accordé au journal Il Sussidiario, et je trouve que dans l'ensemble, sa position est sage et équilibrée, ne contredisant aucunement les convictions d'un chrétien. Chacun pourra juger selon son coeur si ses évaluations sont ou non fondées.
La situation, là-bas, est si complexe que, comme on ne peut pas se mettre à la place des gens qui y vivent, et si on ne tient pas à s'approprier un conflit qui n'est pas le nôtre (c'est mon point de vue, ce n'est pas celui du cardinal, mais son point de vue est totalement respectable), il est difficile de prendre une position tranchée.
Peut-on reprocher au cardinal d'avoir dit ce qu'il pensait? De penser que les deux protagonistes sont coupables? Et surtout, doit-on supposer que tout ce qui sort de la bouche d'un "officiel" de l'Eglise reflète l'opinion du Saint-Père, comme on le fait chaque fois qu'un membre de la Curie, ou un éminent cardinal s'exprime sur l'environnement ou sur l'immigration sur un ton plus proche du consensus politiquement correct? Doit-on supposer que la Curie est une sorte de Politburo où tout le monde observe un silence de terreur ou de secret absolu?
Un point ennuyeux serait évidemment que ses propos aient gêné le Saint-Père, ce n'est pas exclu.
Mais il n'a rien dit qui remette en cause l'autorité de ce dernier ou qui le contredise, c'est le point le plus important.

Ceci pour dire que sur son blog "Settimo Cielo", Sandro Magister réagit de façon légèrement excessive, en titrant dramatiquement:
Le Cardinal Martino tire un cocktail Molotov entre les pieds du Pape (ma traduction plus bas)

Or, ce qu'a dit le Saint-Père ce matin dans ses voeux au corps diplomatiques ne m'a pas paru si éloigné des propos du cardinal (Vive réaction de Sandro Magister ). D'autant plus que les bureaux que ce dernier dirige contribuent certainement à la rédaction de la prochaine encyclique sociale, et peut-être même à la "matière" dont le saint-Père tisse son discours aux diplomates.
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Addendum
: lisant les réactions de sites amis, dont j'apprécie généralement les analyses, je m'aperçois que je ne suis pas dans la note.
Cela ne me fait pas changer d'avis pour l'instant, mais conforte mon opinion sur la difficulté de prendre position sur ce sujet.


Interview de Renato Raffaele Martino

Mercredi 7 janvier 2009
(texte en italien sur le site de Raffaella, traduction)

Israël/ Cardinal Martino: nous recueillons les fruits de l'égoïsme.
L'unique espoir est le dialogue


Alors que le conflit entre Israël et le Hamas continue avec une hostilité renouvelée, le Pape a persisté à invoquer le dialogue comme unique chemin possible pour construire la paix en Terre Sainte.
Selon le cardinal Renato Raffaele Martino, le président du Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix, la solution la plus raisonnable reste celle du dialogue entre des israéliens et des palestiniens. Ils sont frères, fils de la même terre. Malheureusement « personne ne voit l'intérêt de l'autre. Mais les conséquences de l'égoïsme sont la haine pour l'autre, la pauvreté et l'injustice. Et ce sont toujours les populations sans défense qui en font les frais. Apprenons de l'Irak».

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- Éminence, dans son homélie du 1er janvier, Benoît XVI a affirmé que la vraie paix est « l'oeuvre de la justice » et que « même la violence, la haine et la méfiance sont des formes de pauvreté - peut-être plus terribles - à combattre ». Pourquoi le dialogue est-il l'unique condition de la paix ?

R: L'alternative au dialogue est seulement le recours à la force et à la violence. Mais la violence ne résout pas les problèmes et l'histoire est pleine de confirmations. Le dernier exemple est celui de la guerre en Irak. Qu'a-t-il résolu ? Il a compliqué les choses. La diplomatie du Saint Siège savait bien que Saddam était prêt à accepter les demandes des Nations Unies. Mais on n'a pas voulu attendre.
En Terre Sainte nous assistons à un massacre continu, où l'immense majorité n'est pour rien, mais paie de sa vie la haine d'une petite minorité.
Nous venons tout juste de célébrer les trente ans de la médiation entre le Chili et l'Argentine, dont le Saint siège en son temps fut un des grands promoteurs. Ce fut là le fruit du dialogue.

- Que manque-il dans le scénario moyen-oriental pour entreprendre la route du dialogue ?

R: Un sens plus aigu de la dignité de l'homme. Personne ne voit l'intérêt de l'autre, mais seulement le sien. Mais les conséquences de l'égoïsme sont la haine pour l'autre, la pauvreté et l'injustice. Et ce sont toujours les populations sans défense qui en font les frais. Regardons les conditions de Gaza : elles ressemblent de plus en plus à un grand camp de concentration.

- Éminence, durant l'Assemblée plénière du Conseil Justice et Paix, commentant Populorum progressio, vous avez affirmé « il n'y a pas de développement sans un dessein sur nous et sans nous comme dessein » et pour cette raison, le développement n'est pas « quelque chose de facultatif, mais un devoir à assumer ». À la lumière des derniers événements quelle tâche cette considération impose-t'elle ?

R: Nous venons de célébrer les quarante ans de la superbe encyclique de Paul VI Populorum progressio, où Paul dit que « le développement est le nouveau nom de la paix ». Benoît XVI n'a pas manqué de le rappeler dans son Message pour la célébration de la journée mondiale de la paix. Si on veut construire la paix, il faut favoriser le développement, pas seulement le développement des pays mais celui, personnel, de chaque homme. L'assistance aux nations en développement ne peut pas être une aumône, mais doit être un partenariat, une aide pour faire en sorte que chacun devienne protagoniste de son propre développement. Seulement ainsi, l'aide à tous peut devenir l'aide au développement de chacun. Ceci vaut naturellement aussi et surtout pour le Moyen Orient.

-Comment ce qui arrive en Terre Sainte questionne-il la conscience du chrétien ? Comment se fait-il que cette terre, beaucoup plus que d'autres, apparaît éloignée de la paix et que chaque tentative pour l'atteindre semble compromise dès le départ ?

R: Nous ne sommes pas les seuls, nous, chrétiens à l'appeler Terre Sainte, mais aussi les juifs et les musulmans. Et cela semble une fatalité que justement cette terre-là doive être le théâtre de tant de sang versé. Mais il faut une volonté des deux parties, parce que toutes les deux sont coupables. Les israéliens et des palestiniens sont des fils de la même terre et il faut les séparer, comme on le ferait avec deux frères. Mais c'est-là est une considération que le « monde », malheureusement, ne comprend pas. S'ils ne réussissent pas à se mettre d'accord, alors quelqu’un d'autre doit sentir le devoir de le faire. Le monde ne peut pas regarder sans rien faire.

- Malgré les exhortations continues des diplomaties, c'est une sensation généralisée d'impuissance qui prévaut.

R: On envoie des missions de paix du monde entier, on a fait quantité de propositions mais les vetos ont toujours prévalu. Là, j'ai entendu dire que même le président Bush a commencé à penser que peut-être une mission de paix serait souhaitable. Pour commencer ce serait une mesure efficace. Si on arrivait à la paix entre les palestiniens et les israéliens, ce serait un bénéfice inestimable pour tout le Moyen orient.

- Quel devoir revient aux chrétiens dans cette terre martyrisée?

R: Témoigner leur unité. Dans tout le Moyen Orient les chrétiens perdent l'espoir et ont commencé à s'en aller, surtout d'Irak. Lorsque j'étais à New York, aux Nations Unies, j'ai rencontré beaucoup de réfugiés aux Etats-Unis, qui me disaient : quel avenir pouvais-je assurer à mes enfants ? C'est un cri de douleur auquel il est difficile de donner une réponse. Seul peut le faire l'espoir qui vient de la foi. Mais le monde ne s'en occupe pas, et reste à regarder.

- Les chrétiens, auxquels cette terre appartient au même titre qu'aux juifs et aux musulmans, payent un prix fort mais silencieux. Pourquoi ?

R: Tous les ans, trop de prêtres, de religieux et religieuses, de missionnaires, de laïques perdent la vie dans l'exercice de la mission la plus chrétienne de toutes, celle d'aider ceux qui souffrent et sont dans le besoin. Pourquoi les chrétiens, en fin de compte, souffrent-ils plus que les autres ? Pour l'ouverture du christianisme à considérer tous comme des frères, alors que l'extrémisme islamique n'admet ni conversions ni aucune autre religion que la sienne. Là est la source d'inimitiés et de violence.

© Copyright Il Sussidario, 7 janvier 2009
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Voyage du Pape, une décision difficile

(texte en italien sur le site de Raffaella, ma traduction)

Famiglia Cristiana, Alberto Bobbio
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Le conflit rend douteux le voyage du Pape en Israël et en Jordanie, annoncé par le patriarche latin de Jérusalem Fouad Twal pour la seconde semaine de mai
Au Vatican des sources autorisées invitent à ne pas tirer de « conclusions prématurées ».
L'inquiétude du Pape est évidente, mais elle concerne la situation sur le terrain et pas vraiment le voyage, qui « reste à l'étude ».
Le pèlerinage en Terre Sainte n'a été jamais annoncé de manière officielle. Après les anticipations d'un quotidien israélien et les précisions du patriarche latin, le Vatican s'est limité à confirmer l'hypothèse. On sait que les diplomaties de trois Pays, Saint Siège, Israël et Jordanie, et de l'Autorité palestinienne y travaillent depuis des mois.
Et, probablement avant la crise de Gaza, un sondage a été fait auprès de représentants modérés du Hamas, par l'intermédiaire du curé de Gaza, unique prêtre catholique dans la Bande.
Avant Noël, le nonce apostolique à Jérusalem, mgr Franco, s'est lui aussi rendu à Gaza. Mais le Vatican a eu d'autres contacts avec des émissaires du Hezbollah, en Syrie et au Liban.
Le Pape entend donner pèlerinage en Terre Sainte un visage religieux, mais le caractère "politique" du voyage reste évident.
Le patriarche latin Twal l'a confirmé à Radio Vatican, en observant que face au conflit une visite de Benoît XVI serait encore plus importante : « Il pourrait dire un mot à toutes les parties afin qu'on trouve plus de réconciliation, plus de paix et plus de pardon».
Avant un éventuel voyage, de toute façon, le Saint Siège est attentif aux élections en Israël et au changement au sommet de l'Autorité nationale palestinienne. Et puis, aux premiers mouvements du nouveau président américain Barack Obama. Ce n'est que lorsque tout sera plus clair qu'une décision sera prise.

© Copyright Famiglia Cristiana, n. 2

Altercation entre le Vatican et Israël

Un premier commentaire italien:
"Gaza est un camp de concentration", altercation entre le Vatican et Israël

Texte original sur le site de Raffaella. Ma traduction

Le Saint-Siège et Israël de nouveau au point de rupture, tandis que la bataille de Gaza continue à faire rage et que le voyage du Pape en Terre Sainte annoncé pour mai prochain devient de plus en plus problématique.
Aujourd'hui le cardinal Renato Raffaele Martino, président du Conseil Pontifical Justice et Paix, et personnalité éminente de la Curie romaine, a observé que la Bande de Gaza " ressemble de plus en plus à un camp de concentration".

La réponse d'Israël

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Dans la soirée, la riposte très dure du gouvernement israélien est arrivée, accusant le prélat d'employer la terminologie du "Hamas".
Dans une interviewe au quotidien on line 'ilsussidiario.net', Martino avait lancé dans la matinée le énième appel du Vatican au dialogue, affirmant que pour trouver une solution au conflit, il fallait "une volonté des deux parties, parce que toutes les deux sont coupables".
"Les israéliens et les palestiniens sont les fils de la même terre - avait-il ajouté - et faut les séparer, comme on le ferait avec deux frères".
"S'ils ne réussissent pas à se mettre d'accord, alors quelqu'un d'autre doit ressentir le devoir de le faire. Le monde ne peut pas prester à regarder sans rien faire".
Jusqu'ici, des mots dans la ligne des exhortations du Pape et d'autres représentants du Vatican.
Mais la comparaison utilisée par Martino, "Gaza ressemble de plus en plus à un grand camp de concentration", dans lequel "des populations sans défense"payent "les conséquences de l'égoïsme", est apparu intolérable aux oreilles du gouvernement israélien. "Faire des affirmations qui semblent provenir directement de la propagande du Hamas et ignorer les crimes sans nom commis par ces derniers, qui, par la violence, ont fait échouer le processus de paix et ont transformé la bande de Gaza en un gigantesque bouclier humain, n'aide pas les gens à s'approcher de la vérité et de la paix" a martelé dans la soirée, dans une déclaration à l'agence France Presse le porte-parole du ministère des Affaires Étrangères israélien, Igal Palmor.

Les représentants catholiques en Terre Sainte
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Ce qui a fort probablement contribué à faire monter l'irritation israélienne, ce sont aussi les déclarations de nombreux représentants de l'Église catholique de Terre Sainte, lesquels ont souligné que le Hamas doit être considéré un interlocuteur et non pas "un monstre" par Israël et la Communauté Internationale.
Le dernier en date est l'évêque de Nazareth, Mgr Giacinto Boulos Marcuzzo, qui, lundi dernier, a exhorté l'État hébreu à "dialoguer sérieusement avec les palestiniens, à commencer par le Hamas" s'il veut vraiment arriver à une solution durable. Marcuzzo, dans une déclaration à un media italien, a même averti que la possibilité de violences à Gaza met en péril la visite prochaine du Pape en Terre Sainte puisque le Saint Siège - selon lui - "saura certainement en tirer les conséquences".
L'échange d'accusations d'aujourd'hui entre Jérusalem et le card. Martino ne pas facilitera pas la tâche des diplomates vaticans, palestiniens et israéliens qui s'emploient à définir le voyage de Benoît XVI en Israël, en Jordanie et dans les Territoires : une mission qui présente, pour le moment, trop de variables incontrôlables.

© Copyright Rainews24

Vive réaction de Sandro Magister

Sur son blog "Settimo Cielo", ma traduction
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La boutade (en français dans le texte) du cardinal Renato Martino , comparant Gaza « à un grand camp de concentration » sous commandement israélien a rendu un très mauvais service à Benoît XVI. Non seulement en soi, mais même pour l'agenda.
L'interviewe de Martino à « ilSussidiario.net » - journal on line de Communion et Libération - a été mise en ligne, en effet, le 7 janvier, c'est-à-dire juste à la veille de la rencontre que le Pape a chaque début d'année avec le corps diplomatique accrédité auprés du Saint Siège. Le résultat est que les mots de Martino ont bruyamment couvert ceux du Pape. Et pas seulement. Ils ont validé l'idée que, par en-dessous, la vraie pensée du Vatican n'est pas celle, mesurée, de la diplomatie officielle, mais celle plus brutale « candidement » formulée par le cardinal. Dans le discours au corps diplomatique du matin du jeudi 8 janvier Benoît XVI s'est exprimé ainsi sur le conflit en Terre Sainte :
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La naissance du Christ dans la pauvre grotte de Bethléem nous conduit naturellement à évoquer la situation au Moyen-Orient et, en premier lieu, en Terre Sainte, où, en ces jours, nous assistons à une recrudescence de violence qui provoque des dommages et des souffrances immenses aux populations civiles. Cette situation complique encore la recherche d’une issue au conflit entre Israéliens et Palestiniens, vivement désirée par beaucoup d’entre eux et par le monde entier. Une fois de plus, je voudrais redire que l’option militaire n’est pas une solution et que la violence, d’où qu’elle provienne et quelque forme qu’elle prenne, doit être condamnée fermement. Je souhaite que, avec l’engagement déterminant de la communauté internationale, la trêve dans la bande de Gaza soit remise en vigueur, - ce qui est indispensable pour redonner des conditions de vie acceptables à la population -, et que soient relancées les négociations de paix en renonçant à la haine, aux provocations et à l’usage des armes. Il est très important que, à l’occasion des échéances électorales cruciales qui intéresseront beaucoup d’habitants de la région dans les prochains mois, émergent des dirigeants capables de faire progresser avec détermination ce processus et de guider leurs peuples vers la difficile mais indispensable réconciliation. On ne pourra parvenir à celle-ci sans adopter une approche globale des problèmes de ces pays, dans le respect des aspirations et des intérêts légitimes de toutes les populations intéressées.
( source)

Nota Bene: le discours du Saint-Père au corps diplomatique a été comme c'est la coutume prononcé en français, il est donc déjà disponible sur le site du Vatican.

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Retour sur les voeux aux corps diplomatique Le Vatican et le Moyen-Orient selon J. Allen