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Le recours de toujours: attaquer l'Eglise

Un texte "musclé" d'un prêtre madrilène, le Père Alberto Royo, déjà cité dans ce site, traduit par Carlota (22/5/2010).

Carlota m'écrit:

Le Père Alberto Royo Mejía (*) que nous avons eu l’occasion de lire (cf. Mgr Romero, un saint?, Benoît XVI et la théologie de la Libération, Mgr Léonard nommé archevêque de Bruxelles, La diplomatie de l'évangile...) rappelle, à la suite de propositions envisagées pour que l’État espagnol puisse faire des économies (Diktats bruxellois et du FMI pour épargner les créanciers ou pour sauvegarder les emplois ?) certains faits qu’il préfère traiter avec humour.
Je ne partage pas forcément son optimisme constructif final car malheureusement dans certaines circonstances les foules même constituées d’hommes raisonnables et éduqués peuvent perdre la raison…


Le recours de toujours : attaquer l’Église

(original ici )

La solution lumineuse d’un parlementaire qui a des affinités avec le gouvernement pour sortir de la crise économique dans laquelle nous nous trouvons: Attaquer l’église.
C’est vrai qu’un seul parlementaire propose cette solution, mais c’est vrai aussi que l’ovation que s’est élevée à la commission parlementaire correspondante a été mémorable. La proposition était d’éliminer tout le système d’assignation d’une contribution à l’église (**) qui fonctionne depuis quelques années, avec pour conséquence de régler la crise économique. Sans avoir aucun intérêt à entrer en politique, je constate que ce n’était pas le premier à le dire car un candidat du même parti, au niveau de la Communauté de Madrid, mais avec un ton plus modéré et plus aimable (il voudra, non en vain, que les gens votent pour lui) invitait l’Eglise à renoncer d’elle-même à cet argent. Il pensait peut-être inclure dans son programme électoral une partie de l’argent pour payer la lumière et le chauffage des paroisses de notre région et des autres pour la campagne au profit du séminaire, la journée Pro Orantibus (NDT : Le 30 mai prochain, journée destinée à faire connaître les congrégations contemplatives et prier pour elles) et même pour les lieux saints.

Moi je n’y entends rien en économie (je me limite à équilibrer la comptabilité de ma paroisse) mais cela m’interpelle qu’en pleine crise économique comme celle dont nous souffrons tous, pour calmer les esprits qui sont déjà suffisamment échauffés, on ait recours à la stratégie de toujours: attaquer l’Église. Dans ce cas, il semblerait que si on ne recevait pas l’argent que l’on reçoit (que donnent librement les citoyens) l’économie espagnole irait mieux, le chômage baisserait, les gens achèteraient des voitures, le tourisme étranger reviendrait dans notre pays et même peut-être on freinerait le réchauffement de la planète ou l’on gagnerait le festival de l’Eurovision et le mondial de football.

La chose me fait penser à cet acteur espagnol qui lors d’une cérémonie des Goya (NDT : Équivalent de la cérémonie des César pour l’Espagne ou des Oscar hollywoodiens) d’il y a quelques années, il avait exprimé son plus grand désir pour un monde meilleur : la dissolution de la Conférence Épiscopale (NDT : Il s’agissait de l’acteur Alberto San Juan – né en 1968, qui avait reçu lors de cette cérémonie en 2004, le Goya du meilleur acteur pour son interprétation d’un marginal dans « Sous les étoiles » titre français, diffusé d’une façon confidentielle en France malgré le sujet porteur ! Cet acteur avait dit « je demande la dissolution de cette chose qu’on appelle conférence épiscopale »). Il pensait peut-être que les curés depuis les chaires et les lutrins exhortent les fidèles à ne pas aller voir les films espagnols et que c’est pour cela que le cinéma de notre patrie fait tant profil bas, sauf d’honorables exceptions. Peut-être qu’avec la dissolution de la Conférence Épiscopale, comme par magie, le maléfice disparaîtrait et les masses se précipiteraient pour voir les âneries que nous présentent certains cinéastes de notre terre (pas tous, on n’oublie pas les honorables exceptions). Allez, des pétards mouillés.

Dieu, ne nous laissez pas tomber dans la victimisation corporative dans laquelle on pourrait tomber. C’est bien mieux de prendre les choses avec humour, mais en constatant que la chose n’est pas nouvelle: Déjà l’empereur Néron, à ce qu’il paraît, a brûlé lui-même la ville de Rome parce qu’il voulait « la refondre » et en construire une nouvelle qui porterait son nom. Quand les gens furieux ont cherché des responsables, il ne lui est pas venu à l’esprit d’idée plus brillante que celle d’accuser les chrétiens. Saint Pierre et Saint Paul se consacrant à l’allumage de feux de par la ville, comme s’ils n’avaient pas d’autres choses plus édifiantes à faire qu’à allumer des feux de par la ville. Édifiant, oui, c’est le martyre qu’ils ont eu à souffrir tous les deux et dont l’Église se glorifie.

À une époque beaucoup plus récente, cela appelle l’attention que durant la Seconde République espagnole (Ndt: les premiers incendies d’églises et couvents à Madrid eurent lieu en mai 1931) et la guerre civile (Ndt : juillet 36-mars 39), presque toujours lorsque les miliciens envahissaient un couvent de frères et de soeurs, la première chose qu’ils faisaient c’était chercher des armes qui comme on peut se l’imaginer, ils ne trouvaient jamais. C’est ainsi, cela apparaît dans les actes des procès de canonisation et la vérité est qu’il faut faire un bon exercice d’imagination pour penser que les sœurs gardaient les pistolets sous leurs jupes, imaginer les frères avec leurs tromblons et les séminaristes apprenant à se servir des mitraillettes. Mais il y avait des gens convaincus que c’était ainsi et cela parce que les politiques et certains médias se chargeaient de faire croire que c’était ainsi.

Que le régime d’Hitler a décidé de faire beaucoup de bruit autour de thème des abus de curés indignes pour ôter son prestige à l’Église est aussi un thème connu et certains n’ont pas manqué de souligner (si c’est plus ou moins certain, je ne saurais personnellement le dire) la relation entre la décision du Vatican d’ouvrir les portes aux Anglicans et le début de la campagne conjointe de la BBC et du New York Times sur ce même thème des curés, en ressortant des abus d’il y a des décennies et en mélangeant preuves et allégations, en donnant la sensation que la chose a été pire de ce qu’elle a été en réalité (sans nier les faute qu’il y a eues).

Cette espèce de baume de fier-à-bras qui semble guérir toutes les blessures et qui consiste à critiquer l’Église pour faire dévier l’attention d’autres réalités plus compromettantes, dans le fond, ne guérit rien. Plus qu’une solution à quelque chose c’est un recours désespéré qui brille peu. Autrefois, avec des gens plus ignorants et moins de moyens de communications, il semble que ça passait. Aujourd’hui, non, et les gens n’avalent plus cette histoire de Saint Pierre et de Saint Paul brûlant les édifices de la Rome Antique. Il y en aura bien un qui y croira car il faut de tout dans la vigne du Seigneur. Mais la majeure partie des gens savent discerner que celui qui est la cause des crises économiques, qui fait augmenter le chômage et qui cesse de mettre en place des solutions adéquates pour que cela s’arrange, ce n’est pas précisément l’Église (le vrai responsable, que le disent ceux qui l’ont compris dans le sujet).

Notes de Carlota


* Alberto Royo Mejía, est un prêtre du diocèse de Getafe (Communauté de Madrid), docteur en droit canonique

** Chaque pays de tradition catholique, de par son histoire, a géré et gère différemment son soutien financier à l’Église (pour la France c’est bien sûr très différent puisque l’État depuis la Révolution s’est emparé, disons manu militari, de nombreux biens de l’Église dont elle est devenue propriétaire). En Espagne depuis 2007 la dotation directe de l’État a été remplacée par une dotation dépendant d’une participation volontaire (ne financent l’Église catholique que ce qui veulent. Nous avons un peu l’équivalent avec les « dons aux œuvres »). Les contribuables cochent la case qui va bien sur leur feuille de déclaration d’impôt sur le revenu. Ce changement a permis dans certains cas, et contrairement à ce que l’on aurait pu croire, une légère augmentation des sommes versées aux diocèses.
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