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Le roi d'Italie... c'est le Pape!

C'est du moins ce qu'affirme dans un livre une journaliste française, ex-correspondante à Rome. Réponse argumentée (23/4/2011, mise à jour ultérieure)

Pour moi, le dernier roi d'Italie, c'est Umberto II qui régna durant 35 jours, du 9 mai au 13 juin 1946 , et dont le descendant actuel est Emmanuel-Philibert de Savoie, l'époux de Clothide Courau (ceci ne constitue pas une critique du prince - quoique - que je ne connais que de nom).
Mais pour certains, il est encore au pouvoir, et c'est.... Benoît XVI! Personnellement, je ne suis pas contre.
C'est hélas grossièrement éloigné de la réalité.

Demain, c'est Pâques, les catholiques célèbrent la Résurrection du Christ, et en guise de "cadeau", Europe 1, dans son émission hebdomadaire "C'est arrivé cette semaine", n'a rien trouvé de mieux que d'inviter une certaine Martine Nouaille, ex-envoyée à Rome de l'AFP, qui vient d'écrire un méchant pamphlet intitulé: Benedetto, roi d’Italie : chroniques d’un pays à l’ombre du Vatican.

L'interviewe est à écouter ici: (vers 30')

Voici la présentation du livre (auquel je ne veux surtout pas faire de pub!) par l'éditeur:

Pendant quatre ans, de février 2005 à mai 2009, Martine Nouaille a suivi à la fois la politique italienne et l’activité du Vatican. Elle a pu observer de près les liens entre le pouvoir de Benoît XVI et celui de Silvio Berlusconi, la proximité entre les puissances de l’autel et celles de l’argent.
Elle raconte les coulisses et le « règne » pontifical : la mise en scène soigneusement réglée des audiences hebdomadaires (ndlr: mensonge grossier. Je suis allée plusieurs fois à la rencontre du Pape, y compris à Castelgandolfo, et je peux témoigner sur mon honneur que tout est vraiment à la bonne franquette, même les contrôles de "sécurité"!!), les visites de chefs d’État étrangers, les voyages en province dans des décors à la Potemkine (ndlr: c'est aussi faux que ridicule! quand le Saint-Père visite un diocèse d'Italie, il y a toujours une grande fête, et des foules énormes venues bien à l'avance pour le voir, car il est très aimé, mais cette dame Nouaille voudra bien m'expliquer comment il serait possible dans un état laïc, dont la représentation politique locale est aussi largement de gauche, de lui présenter des "villages Potemkine"; sans compter qu'il s'informe toujours des dificultés sociales et économiques, et y fait allusion dans les homélies. Et quand il s'est rendu à l'Aquila, on lui a montré un village Potemkine, peut-être???) , les réseaux politiques(???), les secrets d’argent, les intrigues et les conflits violents avec une partie de la société sur les questions de moeurs ou de bioéthique (ndlr: nous y voilà!!!). Elle montre comment le pape a relancé l’affaire Galilée quatre siècles après la condamnation de ce dernier, suscitant l’ire des scientifiques italiens (ndlr: d'une toute petite minorité d'activistes ignares, voir plus bas, l'épisode de la Sapienza), et révèle ce qu’il en coûte encore de contester l’autorité de l’Église (ndlr: l'affaire Balducci, ci-dessous).

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Je voudrais revenir ici sur certains points abordés en toute mauvaise foi par Madame Nouaille, tout en me permettant de souligner l'incongruité, pour l'agence de presse française AFP, d'envoyer comme correspondant à Rome une personne "de gauche" (il serait certes difficile d'en trouver "de droite"), mais surtout délibérément hostile à l'Eglise. Je ne ferais pas de parallèle, même s'il serait trop facile d'en trouver.
Avec de tels "correspondants" et la façon dont ils présentent l'information sur la papauté (qui est reprise, forcément, par l'ensemble de la presse), il n'est pas étonnant de lire des sondages aussi débiles que celui complaisamment présenté ici par la même AFP : oserions-nous faire observer aux désinformateurs professionnels que la grande diffférence entre Jean-Paul II et Benoît XVI... c'est que le premier est mort! (raison pour laquelle il est si aimé!)


1. L'affaire Balducci

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Chez Dominique Souchier, Mme Nouaille commence par "l'affaire Balducci".
Je me souviens parfaitement de cette affaire, vraiment dérisoire, qui remonte à Juillet 2009. A entendre l'ex-correspondante de l'AFP, on pourrait croire que le "malheureux journaliste" a fini au goulag, ou pendu. Et elle a présenté les faits de façon partielle, partiale, même erronée, mettant de côté l'intention évidemment malveillante de son ami Balducci, et prétendant que le dernier angelus avant les vacances d'été attire "deux pelés et trois tondus" (en italien: due gatti)... ce qui est FAUX!

Mais rappelons plutôt les faits.

Commentant le dernier angelus à Rome avant le départ du Saint-Père pour sa période estivale de repos aux Combes, le "vaticaniste" Roberto Balducci de RAI 3 (commentaire savoureux de la dame: la chaîne traditionnellement de gauche! Ah bon! Et les autres?) a cru malin de dire (source):
"Domani il Papa va in vacanza e ci saranno anche 2 gatti... che gli strapperanno un sorriso, almeno quanto i proverbiali quattro gatti, forse un po' di più, che hanno ancora il coraggio e la pazienza di ascoltare ancora le sue parole". (demain le Pape part en vacances, et il y aura aussi deux chats qui lui arracheront un sourire, au moins autant que les proverbiaux quatre chats, peut-être un peu plus, qui ont encore le courage et la patience d'écouter ses paroles".
Pas du meilleur goût, et même carrément déplacé, s'agissant du "vaticaniste" d'une chaîne publique, mais bon... on a vu pire, c'est vrai, et le Saint-Père s'en moque. Mais la sacro-sainte liberté d'expression, ici, elle fait plaisir à qui, elle sert à quoi?
Le directeur de la chaîne a certainement reçu de nombreuses protestations (il ne peut pas en être autrement, sinon, il n'aurait pas réagi), et le Père Lombardi, interrogé, a demandé que le Pape soit traité avec respect sur la chaîne publique. Le directeur a donc demandé des explications au journaliste, qui s'est bien entendu répandu en protestations d'innocence, "loin de moi l'intention de me moquer du Saint-Père, pensez-donc".... Le journaliste a finalement été relevé de ses fonctions de vaticaniste de RAI 3 (pour lesquelles il n'était clairement pas l'homme de la situation), mais on peut espérer qu'il sait faire autre chose, et il a sans doute été recasé ailleurs. Pas de quoi fouetter un ... chat, donc, ni dans un sens, ni dans l'autre.
Je me souviens de la réaction de Raffaella, observatrice hyper-attentive, soutien sans faille du Saint-Père, mais de grand bon sens, et je l'ai retrouvée:

Cela me semble une mesure excessive. Il aurait suffi qu'il admette sa faute, voire qu'il fasse des excuses. Il n'était pas nécessaire d'en arriver là. Je parie que demain, ils mettront la faute sur le dos du Pape.

Bien vu!!

2. Le Crucifix dans les salles de classe

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L'affaire du Crucifix dans les Salles de classe (voir en détail ici: 18 mars, une date historique ... on peut comprendre que les laïcistes acharnés conçoivent quelque dépit de leur défaite) est vue comme une ingérence intolérable de l'Eglise dans les affaires de l'Etat, et les faits rapportés sous un angle unique. On ne discute pas là-dessus avec ces gens, puisqu'on ne parviendra jamais à les convaincre. Je ne chercherai donc pas à le faire.
Il est intéressant, par contre, de remarquer que Dominique Souchier commence par un lapsus terriblement révélateur: "Dans ses discours, Benoît XVI parle de 'sainte' laïcité" (alors que bien sûr, le Pape parle de "saine" laïcité). Serait-il dyslexique, ou, plus vraisemblablement, d'une absolue mauvaise foi? (je dois à la vérité de reconnaître qu'elle a rectifié son erreur).

3. L'affaire Eluana Englaro

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L'affaire Eluana Englaro (quelques articles ici), morte en février 2009, a déchaîné les passions en Italie, cristallisant le débat sur l'euthanasie.
Elle a été instrumentalisée par la gauche comme l'affaire Vincent Humbert chez nous (une affaire qui a fait éprouver à Mme Nouaille un "haut-le-coeur", la pauvrette!!!). Même remarque. La présentation des faits est absolument sectaire, univoque, et même fermée au débat, si tant est qu'on puisse débattre sur cette question.
Mgr Rino Fisichella, président de l'Académie pontificale pour la vie, dissit un an après, que l'affaire Eluana « a déchiré notre tissu social, surtout parce que la population n'a pas été informée de manière correcte ». Il dénonçait « une page très triste de notre histoire : une jeune femme gravement malade mais vivante, a été privée d'alimentation, déshydratée, exposée, contrairement à ce que l'on dit, à de grandes souffrances et conduite à la mort ». Et cela a été rendu encore « plus triste par l'instrumentalisation politique qui en a été faite ». ... (wikipedia)

J'invite Madame Nouaille, qui doit au moins lire l'italien, à visiter le site d'Antonio Socci ("Journal d'un père dans la tempête", un déchirant cri d'amour, et un plaidoyer passionné pour la protection de la vie jusqu'à son terme naturel, qui vit, lui, le drame à la première personne), un journaliste-écrivain que j'apprécie beaucoup, et dont la fille Caterina, 24 ans, est dans le coma depuis 2009, après un arrêt cardiaque.
Peut-être, aussi, a-t-elle suivi (heureusement, ce n'est plus, en principe, pour des raisons professionnelles) la réponse que le Saint-Père a faite hier à une mère dont le fils de 40 ans, atteint de sclérose en plaques, vit dans un état végétatif (cf. Le Pape à la télévision cet après-midi ).

4. Le marathon biblique

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Il paraît que c'est une occasion de sourire: "ça vaut le marathon de NY" commente finement l'animateur de l'émission.
Là, l'humour m'échappe un peu....
Il s'agissait d'une initiative de feu Giuseppe De Carli, pour Rai uno ("La bible nuit et jour")
C'était en octobre 2008. Cela n'avait pas suscité de polémique particulière, pour une fois; des juifs (parmi eux, Gad Lerdner, pas franchement un ami du Pape!), et même des athées, s'étaient prêtés à l'exercice de la lecture de la Bible en continu pendant une semaine, comme en témoignent ces photos. (et sur la lecture du clown Benigni, voir ici: dans la comparaison avec le Pape, il n'y a pas photo!)

5. La Sapienza

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Et la fausse imputation à Benoît XVI d'avoir condamné Galilée (il avait dit exactement le contraire des propos qu'on lui a attribués pour justifier le refus de l'accueillir), et d'être ennemi de la science:
Rappelons les faits:
Le pape Benoît XVI est invité par le recteur de l’université romaine La Sapienza jeudi 17 janvier 2008. Il doit prononcer une allocution et visiter la chapelle qui vient d’être restaurée.
Une soixantaine de professeurs ont signé un appel contre cette venue qu’ils qualifient d’« incongrue ».
Un peu plus tard, devant les pressions, et la lâcheté du gouvernement Prodi, prétendant qu'il n'était pas en mesure d'assurer sa sécurité, le Pape renonce à s'y rendre en personne (http://benoit-et-moi.fr/2008-I/ ), mais son discours sera quand même lu, et acclamé.
(Tous les articles ici)

Voici comment Andrea Tornielli présentait le pétard mouillé :

Les enseignants de physique de la Sapienza de Rome ont fait savoir par la presse - plus précisément, La Repubblica - la contrariété qu'ils éprouvaient à cause de la visite du Pape prévue de longue date, et fixée au 17 janvier.
Ils se prétendent humiliés, au prétexte que Joseph Ratzinger serait un ennemi de la science, et
à l'appui de leur thèse, ils citent une conférence donnée par le cardinal à Parme en 1990, lui attribuant les affirmations provocatrices d'un philosophe agnostique et libertaire, Feyerabend, à propos de l'affaire Galilée, selon lesquelles à l'occasion du procés fait au savant, l'Eglise était davantage restée attachée à la raison que l'accusé.
Ces doctes chercheurs se sont basés, pour leur attaque, sur les données de Wikipedia et de Google, mais ils ont "oublié" de vérifier sur le texte original, pourtant publié en 1992.
Ils auraient pu s'apercevoir que le futur Pape ne faisait nullement siens les propos du philosophe.
Pauvre université italienne, quelle déchéance: "professori, professoroni, professorini", tous incapables de vérifier une citation!
...
Les mouvements étudiants ont décidé de l'accueillir avec une "frocessione" -c'est-à-dire une procession exaltant l'homosexualité-, et ils préparent des manifestations anticléricales, afin de faire savoir combien l'illustre invité est personna non grata.
Mais le plus inquiétant dans cette affaire, ce ne sont pas les manifestations des étudiants, mais leurs inspirateurs idéologiques, un nombre non négligeable d'enseignants, qui, depuis plusieurs jours se répandent dans les colonnes de la Republicca, pour exiger l'annulation de la visite.
Il s'agit des 67 signataires d'une pétition, s'estimant "humiliés et offensés" à 17 anées de distance (!!), pour des propos que le cardinal Ratzinger avait tenus en s'en dissociant expressément, puisqu'il concluait la citation en disant en substance l'exact contraire des propos qu'on lui prête mensongèrement: "il serait absurde de prétendre que l'Eglise aurait eu raison contre Galilée", et "la foi ne croît pas à partir du refus de la rationnalité".
Une autre affaire Ratisbonne, en somme, mais avec une explosion encore plus retardée!

6. Collusion entre Berlusconi et "le Vatican"

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Berlusconi est le chouchou du Vatican (il est vrai que d'un point de vue simplement humain, le Saint-Père a de la sympathie pour l'homme, peut-être pour le pécheur).
Alors que Romano Prodi, "bon catholique", allant à la messe, marié avec la même femme depuis toujours (tout ce que ces gens devraient haïr, mais Prodi, le catholique "adulte" proclamé, avait fondé son accès au pouvoir sur une alliance improbable avec l'extrême-gauche libertaire, les partisans du mariage gay, de l'avortement, de l'euthanasie, etc...!!) ne bénéficiait pas des mêmes faveurs. Le problème est de savoir si ce qui prime, chez un homme "aux affaires", c'est sa vie privée, ou ce qu'il fait pour le bien commun. L'idéal serait qu'il y ait cohérence entre les deux aspects, mais l'Eglise considère (et c'est son droit) que, l'homme étant pécheur, il convient de privilégier la seconde option. Car les hommes politiques passent, alors que le mal fait, lui, reste!

Sur Berlusconi, et la moralité des hommes politiques, voir aussi:
-> Berlusconi, l'homme à abattre (I) et (II)
-> et surtout, l'enquête (magistrale) sur le phénomène du "berlusconisme", par Massimo Introvigne.

A entendre ces attaques répétées qu'on ne peut plus vraiment qualifier de subliminales, allant des critiques (faussement) argumentées, sans aucun droit de réponse, comme ce livre, aux provocations du genre Piss'Christ, et aux profanations d'églises, on peut se poser la question: sommes-nous en guerre?

J'ajoute que ces journalistes qui brandissent la liberté d'expression comme un étandard, et se réclament de Voltaire (celui à qui on prête cette "noble"phrase qu'il n'a jamais écrite ni prononcée : "je déteste vos idées, mais je serais prêt à mourir pour qu'elles puissent s'exprimer"... ou quelque chose de ce genre) sont en réalité incroyablement sectaires et fermés à toute contradiction.
Ils sont hélas les seuls à avoir l'accès aux medias et à l'édition.

Le blasphème religieux au pays des soviets Le Pape à la télévision: une joie un peu gâchée.