Accueil

La fin de longues fiançailles ?

... entre le Pape et le monde. Carlota a traduit l'analyse très intéressante - mais qui me laisse quelque peu sceptique - d'un religieux espagnol, à propos du rapport de l'ONU (16/2/2014)

     

Dossier:

C'est reparti! L'Onu accuse le Vatican de violer la Convention sur les droits de l'enfant. Finie, la trêve entre le monde et François, dit Giuliano Ferrara (5/2/2014)

L'ONU en guerre contre l'Eglise Massimo Introvigne a lu l'extravagant rapport du Comité pour les droits de l'Enfance de l'ONU. Les choses deviennent claires! (6/2/2014)

Guerre de l'ONU contre l'Eglise (suite) Sur la Bussola, le directeur Riccardo Cascioli fait une imparable reconstruction des derniers épisodes. Il est question de la BBC, d'ONG, de "Fondations"... bref, des "pouvoirs forts". A lire absolument, pour comprendre (6/2/2014)

L'Eglise bientôt sous tutelle? Retour sur quelques-uns des paragraphes les plus inquiétants du rapport sur le Vatican par la Commission de l'ONU pour les droits des enfants (7/2/2014)

Guerre de l'ONU contre l'Eglise, encore... De Benoît à François. Un an après, les mêmes problèmes. Un article d'Andrea Gagliarducci, qui épingle les insuffisances de la comm' ... et le silence relatif du Pape (11/2/2014)

La fin de longues fiançailles ? ... entre le Pape et le monde. Carlota a traduit l'analyse d'un religieux espagnol, à propos du rapport de l'ONU, qui me laisse quelque peu sceptique (16/2/2014)

La guerre de l'ONU contre l'Eglise continue Les 5 et 6 mai prochains, le Saint-Siège présentera son rapport sur la Convention contre la torture (Cat) à la commission compétente de l'ONU, et répondra à ses questions (2/5/2014)

L'ONU, un cadavre pourri ... que l'Eglise doit quitter, dit le Père Santiago MARTÍN un prêtre blogueur espagnol, à la veille de la présentation par le Saint-Siège de son rapport sur la Convention contre la torture (5/5/2014)

L'ONU contre l'Eglise, ça continue Énième épisode. Une mise au point de Monique (6/5/2014, mise à jour le 8/5))

ONU: le Saint-Siège se défend Explications d'Andrea Gagliarducci après l'assimilation vicieuse et unilatérale, par le comité de l'ONU, des abus sur mineurs à des actes de torture (12/5/2014)

     

Le Père Santiago Martin est un religieux espagnol. Il est fondateur de l’ordre des franciscains de Marie, et nous l’avons rencontré (et apprécié) plusieurs fois dans ces pages, grâce aux traductions de Carlota.
J’ai l’impression qu’il se range parmi ceux qui attendent avec impatience que François soit la cible des mêmes attaques que Benoît XVI, afin de légitimer la continuité.
Ici, il défend l’argument que l’agression onusienne contre l’Eglise serait une sorte de réponse du berger à la bergère, en l’occurrence une punition au Pape pour s’être opposé à l’intervention en Syrie.
Avec tout le respect dû au Père Santiago Martin, ce ne peut pas être la raison de l’agression, car l’appel à la paix du Pape François remonte à septembre 2013, et les « unes » d’hommage des magazines américains les plus hostiles à l’Eglise, de Time à Rolling Stone, sont bien postérieures.
Encore tout récemment, Vatican Insider (qu’on devrait désormais appeler « Agence de comm' bis du Vatican ») se faisait l’écho de l’enthousiasme du Président Obama envers le Pape, (qu’il espère sans doute utiliser contre les évêques américains, unanimement vent debout pour la vie et contre les réformes sociétales et les clauses de l’obamacare qui portent atteinte à la liberté de conscience) qu’il doit rencontrer au Vatican le mois prochain.

Par ailleurs, j’avais moi aussi eu spontanément la même première réaction que le Père Santiago Martin, tout comme Giuliano Ferrara: « Le monde qui l’a tant cajolé présente finalement la note au Pape ».
En réalité, il ne s’agit pas d’une punition « au Pape », mais d’un énième épisode de la lutte sans merci contre l’Eglise : le « monde » n’a pas un seul instant fait la trêve avec l’Eglise. Il a au contraire essayé, et essaie encore, de mettre le Pape de son côté, contre l’Eglise (j’espère qu’il va échouer, c’est un autre sujet).

Enfin, Riccardo Cascioli et Andrea Gagliarducci, que j'ai cités dans ces pages, ont prouvé par A+B (et je pense que leurs arguments ne souffrent pas de discussion) que la réponse du Saint-Siège, via sa cellule de communication, n’avait pas du tout été à la hauteur - et encore moins celle du secrétaire d’Etat Parolin, dont j’ai du mal à imaginer qu’il ait pu agir sans l’aval de son patron.

Pour le moment, donc, contrairement à ce qu’affirme le Père Santiago Martin (qui dit par ailleurs des choses merveilleuses, notamment quand il évoque les tentations du Christ dans le désert), l’idylle n’est pas rompue. Enfin, celle avec le Pape. Il n’y a jamais eu d’idylle avec l’Eglise.
* * *

Texte original: www.religionenlibertad.com/articulo.asp?idarticulo=33893

     

L’idylle est terminée

Quand le 7 septembre dernier, le Pape François demanda à tous les catholiques de prier pour la paix en Syrie, et quand peu après, sur la base d’une initiative du vice-président nord-américain Kerry, la guerre, déjà entièrement planifiée a pu être freinée, j’ai fait remarquer à différents amis qu’on ne tarderait guère à présenter la facture au Pape. On ne gâche pas un marché aussi succulent que celui d’une guerre mondiale sans que le responsable n’en paie les conséquences.

Naturellement il faut savoir attendre qu’arrive le moment opportun. On a toujours dit que la vengeance est un plat qui se mange froid. Et ce moment est arrivé, quatre mois après. L’ONU a publié une résolution de condamnation à l’égard du Vatican en disant qu’il n’a rien fait pour protéger les enfants des abus du clergé. Le Vatican a répondu que c’est faux parce qu’il a fait tout ce qu’il devait faire à ce sujet (entre autres choses, séculariser plus 500 prêtres et 85 évêques, tout du fait de l’action résolue de Benoît XVI). Mais en réalité nous ne sommes pas en train de parler d’abus d’enfants, mais d’une autre chose. Le sujet des abus c’est l’excuse pour présenter à l’Église la facture pour ne pas avoir été suffisamment docile à ce que ceux qui commandent dans ce monde lui réclament.

Avec l’arrivée du Pape François, ces messieurs tellement puissants ont pensé qu’ils avaient réussi à éliminer l’irréductible défenseur des trois principes non négociables et qu’avec l’Argentin tout allait être plus simple. Il faut se rappeler que presque immédiatement le secrétaire général de l’ONU lui a rendu visite et, surtout, que les médias du monde entier ont commencé à le courtiser d’une façon insolente. Les couvertures des revues consacrées au Souverain Pontifie apparaissaient les unes après les autres et en tous lieux, depuis « Time » qui donna le signal, jusqu’à la dernière, il y a quelques jours, « Rolling Stone ».
L’affaire m’a paru tellement effrontée que cela m’a fait penser à l’une des tentations du Christ dans le désert, quand le démon a montré au Seigneur les royaumes de ce monde et lui a dit que tout cela serait à lui s’il l’adorait ; l’on sait que le Christ lui a répondu qu’il n’y a que Dieu que l’on peut et doit adorer. À partir de ce moment là la sentence de mort de Jésus était dictée, de même qu’a été dicté le changement d’attitude face à l’Église du Pape François, parce qu’il ne faut se tromper la condamnation du Vatican par l’ONU n’est pas seulement un coup de pied pour faire mal à l’institution ecclésiastique, mais aussi à celui qui la dirige. C’est pour cela que le Vatican a réagi avec rapidité et non moins de fermeté, en accusant l’ONU de vouloir s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Église (???).

L’idylle a été rompue. Les fiançailles qui ont duré presque un an sont terminées (?). Je ne sais pas si Obama essaiera, quand il ira voir le Pape d’ici quelques jours, de ramener le Souverain Pontife dans le chemin du « politiquement correct », ou s’il lui fera simplement la leçon et l’avertira de ce qui l’attend s’il continue à faire cavalier seul, s’il ne se plie pas au nouvel ordre mondial, comme ne se sont pas soumis ses prédécesseurs. Je répète, je ne sais pas s’il tentera de le faire, mais ce que je sais c’est qu’il n’y arrivera pas, au-delà des sourires que les deux hommes, le Pape et Obama, présenteront aux photographes.
Quand François a décidé de se mettre devant les chars pour arrêter la guerre de Syrie, il a franchi son « Rubicon », il n’y a plus de marche en arrière.
Maintenant nous sommes comme nous étions il y a un an : chacun à sa place, eux en propageant la « culture de mort » et nous en demandant à Dieu la force pour pouvoir continuer à défendre la vérité et la vie.
Mais dans le fond c’est plus facile. Maintenant nous n’avons plus qu’à défendre le Pape contre ses ennemis : ces mois-ci nous avions à le défendre contre ceux qui se faisaient passer pour ses amis.