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Le Père Scalese: calme et sang-froid, SVP

Il a apprécié Massimo Introvigne, et aussi l'interviewe du Promoteur de justice de la CDF (*), qui tous deux apportent des statistiques et des faits (13/3/2010).

Petit à petit, en dehors de certains ouvriers de la 25eme heures qui, même sur ce sujet, en invitant à reconnaître la "réalité" du scandale, tentent le tour de force de diviser les soutiens du Pape, (et il en a besoin, quoi que les mêmes en disent, mais ils font comme si le fait d'éprouver sur ce sujet des sentiments humains avait quelque chose d'obscène), les arguments s'affinent, les soutiens se précisent.
Je suis heureuse que le Père Scalese ait fait paraître un nouveau texte, plein de sagesse et d'équanimité.
Et plus encore de voir que, comme moi, il a été frappé par les arguments de Massimo Introvigne (Prêtres pédophiles: un cas de "panique morale" ) .
Il nous invite au "calme et au sang-froid"... une recommandation nécessaire, que je prends un peu pour moi aussi.

http://querculanus.blogspot.com/...

Ma traduction:

Calme et sang froid
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Tandis que nous nous resserrons tous autour du Saint-Père en ce moment difficile - par ailleurs amplement prévu - nous enregistrons aujourd'hui avec plaisir la publication de deux contributions majeures, que j'invite les lecteurs à lire dans leur intégralité. Ce sont deux morceaux de plus à ajouter à la «mosaïque» que nous avons commencé à composer dans le dernier message de ce blog (Père Scalese: quelque chose commence à bouger ). Les deux interventions sont appréciables car elles sont fondées sur des données certaines: elles rapportent des statistiques difficilement contestables. Dans un moment de confusion comme celui que nous vivons, il semble important de se référer également aux chiffres, parce que sinon nous risquons de perdre de vue la véritable ampleur des phénomènes dont il est question.

La première contribution est l'intervention de Massimo Introvigne, qui analyse ce qui se passe ces jours-ci d'un point de vue scientifique. L'auteur décrit le phénomène en ayant recours à la catégorie de la sociologie. Cela me semble une approche très utile pour comprendre ce qui se cache derrière les gros titres que nous lisons dans les journaux. Aux réflexions d'Introvigne, auxquelles je souscris à cent pour cent, je voudrais seulement ajouter quelques observations sur la question de Ratisbonne, bâtie sur presque rien. Les faits qui ont été rapportés pour prouver les abus survenus dans le chœur du Dôme se référaient aux années 50-60; ce qui signifie que les victimes ont aujourd'hui entre cinquante et soixante ans; les responsables étaient connus, ils ont déjà été jugés et condamnés, et sont déjà morts. Pourquoi sortir maintenant ces cas? Deuxièmement, avez-vous remarqué à quel point on a joué sur le caractère équivoque du terme «violence», comparant dans les articles le fait de donner une gifle et une agression sexuelle? Il s'agit de techniques pour créer, justement, une «panique morale».

La seconde contribution est l'interview, publiée aujourd'hui dans L'Avvenire, de Mgr Charles J. Scicluna(*), Promoteur de justice de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Encore une fois, il me semble que c'est une contribution importante, car elle rend compte de la façon dont l'Eglise agit; elle ouvre une lucarne sur ce système Canonique dont j'ai déjà parlé. Jusqu'à présent, l'idée que l'on s'est faite à travers les médias est que les cas de maltraitance d'enfants sont toujours et seulement "couverts" et "enterrés" par les évêques, qui se limiteraient au transfert des prêtres concernés d'une paroisse à une autre, multipliant ainsi les abus. Cela a certainement pu être le cas, mais l'interview nous montre l'autre face de la médaille: les interventions canoniques de ces dernières années et la procédure qui s'en est en général suivie dans de telles circonstances.

Je voulais citer ces interventions, parce que je pense qu'elles peuvent être utiles à tous, en ce moment, pour ne pas nous laisser gagner par la panique et conserver le calme et le sang-froid, nécessaires dans ces cas. Il est très important dans les moments difficiles, de ne pas réagir de façon désordonnée sur la vague des émotions induites par les médias: le risque est celui de commettre de graves erreurs et des injustices. Qu'il devrait y avoir une collaboration avec les autorités civiles, me paraît plus que raisonnable; mais je ne trouve pas totalement hors-sujet (même s'ils paraissent des tentatives pour arrêter le processus de nettoyage entrepris par Benoît XVI) les propos de ceux qui rappellent que même le péché de pédophilie peut être absous (et ne peut en aucun cas briser le sceau sacramentel) ou qui insistent sur le fait que "le scandale de la violence doit être abordée en suivant rigoureusement le droit canonique". Que le droit canonique puisse changer, il n'y a aucun doute (Mgr Scicluna lui-même y semble favorable), mais passer par dessus, ou l'ignorer, pourrait être extrêmement dangereux.

(*) L'interview de Mgr Scicluna


Voici l'interviewe du Promoteur de justice de la CDF à partir du bulletin VIS: je l'ai remise un peu en page pour faciliter la lecture, et corrigé les menues fautes de traduction (preuve que le ou les traducteurs ont travaillé dans l'urgence).
Les soulignements sont de moi.

SUR LES "DELICTA GRAVIORA"
13 MAR 2010 (VIS).
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Voici l'interview accordée ce matin au journal italien L'Avvenire par Mgr.Charles J.Scicluna, Promoteur de justice de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Il est le Ministre public du tribunal de la congrégation en charge d'enquêter sur les Delicta Graviora, les crimes que l'Eglise considère comme les plus graves, ceux commis contre l'Eucharistie, ou le secret de la confession, ou bien des viols sur mineurs de la part du clergé:
Le Motu Proprio de 2001 (Sacramentorum Sanctitatis Tutela) en a réservé la compétence à la Congrégation pour la doctrine de la foi. Ainsi son promoteur de justice doit-il traiter la terrible question des prêtres accusés d'actes pédophiles, qui fait périodiquement la première page des journaux. Il s'agit d'une personne très scrupuleuse et qui a la réputation de ne pas se laisser influencer.
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Question: Monseigneur Scicluna, vous avez une réputation de dur, et pourtant l'Eglise est systématiquement accusée d'être accommodante envers les prêtres pédophiles.
- Dans le passé, par une mauvaise interprétation de la défense de la réputation de l'institution, des évêques peuvent avoir fait preuve d'indulgence face à ces tristes affaires. Il l'ont été dans la pratique, car au niveau des principes, la condamnation des ces crimes a toujours été ferme et sans équivoque. Pour ce qui est du siècle dernier, il suffit de citer l'instruction Crimen Sollicitationis de 1922...

Q: Mais ne s'agissait-il pas de 1962?
- Si la première édition de ces mesures remonte à Pie XI, le St.Office en fit une nouvelle version sous Jean XXIII, destinée aux Pères conciliaires. Mais les 2.000 copies ne suffisaient pas et la distribution fut renvoyée sine die. Quoiqu'il en soit, il s'agissait de règles à suivre en cas de révélations faites en confession des crimes les plus graves et de type sexuel, comme les viols sur mineurs...

Q: Ces règles recommandaient le secret.
- Une mauvaise traduction en anglais du texte a fait penser que le Saint-Siège imposait le secret pour occulter les faits, mais il n'en était pas ainsi. Le secret de l'instruction servait à protéger la réputation des personnes impliquées, les victimes comme aussi les prêtres accusés, qui ont eux aussi droit à la présomption d'innocence. L'Eglise n'aime pas la justice spectacle. Les règles relatives aux abus sexuels n'ont jamais été entendues comme une interdiction de leur dénonciation à la justice civile.

Q: Ceci dit, ce document est souvent cité pour accuser le Pape actuel d'avoir été, comme Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le responsable d'une politique d'occultement des faits de la part du Saint-Siège...
- Cette accusation est sans fondement, et même calomnieuse.
Quelques faits:
Entre 1975 et 1985 aucune signalisation de cas de pédophilie cléricale n'est parvenue à la congrégation. Après la promulgation du Code canonique de 1983, il y a eu une période d'incertitude sur les Delicta Graviora qui devaient être de notre compétence. C'est seulement avec le Motu Proprio de 2001 que le crime pédophile est redevenu de notre exclusive compétence, et à partir de là le Cardinal Ratzinger a géré avec fermeté ces affaires. Il a en outre fait preuve de courage dans le traitement de cas extrêmement délicats. Accuser le Pape actuel d'avoir occulté la question est pure calomnie.

Q: Que se passe-t-il lorsqu'un prêtre est accusé d'un Delictum Gravius?
- Si l'accusation est vraisemblable, son évêque est contraint d'enquêter tant sur l'objet de la démarche que sur sa validité. Si l'enquête préliminaire confirme l'accusation, il n'a plus le pouvoir d'agir et doit transmettre le dossier au Bureau disciplinaire de notre congrégation.

Q: Qui compose ce bureau?
- Etant un des supérieurs de la congrégation, j'en fait partie, avec un chef de bureau (P.Pedro Miguel Funes Diaz), sept autres ecclésiastiques et un pénaliste laïque en charge de ces questions. D'autres fonctionnaires de la congrégation collaborent selon les exigences, notamment en matière linguistique.

Q: Ce bureau a été accusé de fonctionner peu, et lentement...
- L'affirmer est injuste. En 2003 et 2004, il a eu une avalanche de cas soumis à notre examen, largement en provenance des Etats-Unis. Depuis, le phénomène s'est heureusement réduit et nous tentons de traiter les dossiers en temps réel.

Q: Combien en avez-vous traité jusqu'ici?
- De 2001 à 2010 il s'est agi d'environ 3.000 accusations regardant des prêtres diocésains ou religieux, pour des crimes commis ces 50 dernières années.

Q: Il s'agit donc de 3.000 cas de prêtres pédophiles?
- On ne peut pas dire ceci car, grosso modo, dans 60% des cas on a affaire à des actes d' "éphébophilie", c'est-à-dire d'attraction physique pour des adolescents de même sexe. Dans 30% des autres cas, il s'agit d'attirance hétérosexuelle, et pour les 10 derniers %, de véritable attraction physique envers des garçons impubères. En neuf ans, les cas de prêtres accusés de pédophilie sont donc environ 300. Trop certes, mais il faut constater que le phénomène n'est pas étendu comme on veut le faire croire.

Q: Combien de procès et de condamnations sur trois mille accusés?
- Tout d'abord, dans 20 % des cas, le procès, pénal ou administratif, s'est déroulé sous notre supervision dans le diocèse de compétence. Très rarement, il y a un procès au Vatican, ce qui permet aussi d'accélérer le processus. Dans les 60 autres % , principalement à cause de l'âge avancé des accusés, on n'engage pas de procès mais des mesures disciplinaires sont prises à leur encontre, comme l'interdiction de célébrer la messe en public et de confesser, ou l'obligation de mener une vie retirée et de pénitence. S'il y a eu dans cette catégorie des cas particulièrement médiatisés, il ne s'est absolument pas agi d'absolution. S'il n'y a pas eu de condamnation formelle, la réduction au silence et à l'obligation de prière a tout son sens.

Q: Et les 20 derniers % ?
On dira que pour la moitié, celle des cas particulièrement graves, agrémentés de preuves indubitables, le Pape a pris la douloureuse responsabilité de la réduction à l'état laïque. Il s'agit d'une mesure extrême mais inévitable. Pour l'autre moitié, ce sont les prêtres qui ont demandé à être relevés de leurs devoirs sacerdotaux. On compte parmi eux les prêtres trouvés en possession de matériel pédo-pornographique, condamnés pour ce délit par la justice civile.

Q: D'où proviennent les 3.000 cas évoqués?
- Principalement des Etats-Unis qui, en 2003-2004 ont fourni environ 80 % des cas. En 2009 leur proportion est tombée à 25 % des 223 nouveaux dossiers en provenance du monde entier. En 2007-2009, la moyenne annuelle des cas signalés à notre congrégation a été de 250. Nombre de pays ne signalent qu'un ou deux cas, bien que le nombre des pays intéressés par un phénomène somme toute assez réduit augmente. Rappelons qu'il y a 400.000 prêtres diocésains et religieux dans le monde, un nombre sans commune mesure avec la perception que provoquent les cas exposés dans la presse.

Q: Et en Italie?
- Jusqu'ici, le problème ne semble pas revêtir de dimension dramatique, même si je suis préoccupé par une certaine culture du silence, encore trop diffuse. Par ailleurs, la Conférence épiscopale italienne assure une excellent service technico-juridique aux diocèses devant traiter ces affaires. On doit saluer l'engagement croissant des évêques pour éclaircir les cas qu'on leur signale.

Q: Vous dites que les procès en règle ne représentent que 20 % des 3.000 cas examinés ces neuf dernières années. Se sont-ils tous terminés par la condamnation des accusés?
- Si nombre de procès se sont conclus par une condamnation, dans certains cas le prêtre a été innocenté ou bien les accusations n'ont pu être suffisamment démontrées. Ceci dit, dans chaque cas, on évalue la culpabilité de l'accusé mais aussi sa capacité à remplir son ministère.

Q: On accuse régulièrement la hiérarchie ecclésiastique de ne pas transmettre à la justice civile des cas de pédophilie du clergé qui lui sont signalés.
- Dans les pays de culture juridique anglo-saxonne , mais aussi en France, les évêques prennent généralement connaissance des crimes commis par leurs prêtres hors confession, ce qui les oblige à recourir à l'autorité judiciaire. C'est une situation grave car ces évêques sont comme un parent contraint à dénoncer son fils. Dans ces cas, nous recommandons de respecter la loi civile.

Q: Et si l'évêque n'a pas cette obligation?
- Dans ces situations la congrégation n'oblige pas les évêques à dénoncer leurs prêtres, mais elle les encourage à inviter les victimes à dénoncer leur bourreaux. Nous encourageons les évêques à fournir à ces victimes toute l'assistance nécessaire, et pas strictement spirituelle. Dans le cas récent d'un prêtre condamné par un tribunal civil italien, c'est la congrégation qui a suggéré aux dénonciateurs réclamant une procédure canonique d'alerter la justice civile. Ceci dans l'intérêt des victimes et pour éviter de nouveaux actes délictueux.

Q: La prescription est-elle prévue pour les Delicta Graviora?
- Vous touchez un point délicat. Avant 1889, le principe de la prescription pénale était étranger au droit de l'Eglise. C'est seulement avec le Motu Proprio de 2001 qu'on a introduit pour les crimes graves une prescription de dix ans. Pour les délits sexuels, la décennie commence au dix-huitième anniversaire de la victime.

Q: Est-ce suffisant?
- La pratique a monté que ce terme décennal n'est pas adapté à ce type d'affaires. Il serait bon de retourner au système précédent fixant l'imprescriptibilité de ces Delicta Gravioa. Ceci dit, le 7 novembre 2002 Jean-Paul II a concédé à la Congrégation pour la doctrine de la foi une faculté de dérogation au cas par cas, à la demande motivé de l'évêque intéressé. Elle est généralement accordée.

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