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Papa Ratzinger, grâce à Dieu

Un texte (splendide!) italien de 2005 qui nous fait revivre un moment important de l'histoire de l'Eglise, entre l'homélie mémorable prononcée par le cardinal Ratziner aux obsèques du fondateur de Communion et Libération, et l'élection de Benoît XVI (9/4/2010)

Ce texte a été reproduit récemment par Raffaella et je cherchais un moment opportun pour le traduire, et le publier à mon tour.
Ce moment est venu.

L'article commence le 24 février 2005, avec les obsèques de Don Giussiani, le fondateur de Communion et libération, dont l'homélie funèbre a été prononcée par le cardinal Ratzinger.
Il culmine dans l'émotion sur la place Saint-Pierre, le 19 avril, avec l'inoubliable annonce en latin du cardinal protodiacre Jorge Arturo Medina Estévez (*).
Et il se conclut avec de larges extraits de la conférence tenue à Subiaco le vendredi 1er avril 2005, veille de la mort de JP II par le card. Ratzinger, venu recevoir "le prix Saint-Benoît pour la promotion de la famille en Europe".
La conférence était sur le thème "L'Europe dans la crise des cultures". Je n'ai pas trouvé le texte en français sur internet. Pa contre, l'article est publié dans un hors-série de la documentation catholique sur Joseph Ratzinger, intitulé "Discours et conférences de Vatican II à 2005", disponible ici.

L'auteur de l'article (sur laquelle je n'ai pas trouvé grand chose sur Internet), Sara Fumagalli, est membre du "parti populiste et xénophobe" (ainsi que le nomment unanimement les medias dans un bon réflexe moutonnier) d'Umberto Bossi, "La Ligue du Nord" ... qui vient pourtant, au grand dam des mêmes médias, et malgré une campagne de haine insensée contre Berlusconi, dont "la Lega" est l'alliée, de remporter une victoire politique historique lors des élections régionales de mars dernier.
Je ne connais pas suffisamment la politique italienne pour émettre une opinion péremptoire, mais La Lega , même avec de vieilles racines de droite païenne, paraît aujourd'hui proche de l'Eglise sur les "valeurs non négociables".
Sara Fumagalli écrivait cet article pour l'hebdomadaire d'analyse politique "Il Federalismo", qui semble avoir aujourd'hui disparu.

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Papa Ratzinger
Grâce à Dieu!
Sara Fumagalli
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C'était le 24 Février.

Le Dôme de Milan débordait de monde, et la place grise de pluie et de vent, s'étiolant sous les panneaux qui en recouvraient la façade, mais illuminée par notre Bela Madunina, était archi-comble.

A l'intérieur de notre Temple, en toile de fond à l'imposante et magnifique nef soutenue par de puissants piliers en pierre, une tache étendue de silhouettes blanches et violettes assises derrière l'autel.

Devant, au centre, gisait le simple cercueil de Don Giussani, père et âme bonne du grand mouvement Communion et Libération, ayant rayonné de la Lombardie dans le monde entier.

Assis dans un pompeux fauteuil, dans le coin, le Cardinal à la tête du diocèse ambrosien (ndt: Dionigio Tettamanzi, successeur lui aussi progressiste du cardinal Martini, et ex-futur "papabile" des medias), le plus important du monde, observant en regardant par en-dessous tous ces fidèles Lombards, parmi lesquels beaucoup de jeunes avec le chapelet à la main. Derrière lui, on croyait voir surgir l'ombre énigmatique du cardinal émerite dont on s'apprêtait à lire le message de circonstance.

Mais là-haut, sur la chaire accrochée à un pilier, où ma génération n'a pas été habitué à regarder, là-haut était tournés les yeux et l'attention de tous les fidèles.

Tout là-haut, debout, le cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, sans lire son texte, répandait, comme quelqu'un qui dispose de l'autorité, les paroles de l'Esprit et de la vie.

Il parlait et c'était comme un miracle, car il parvenait à exprimer un son très doux, en dépit de son accent aussi gothique que la cathédrale.

Il parlait du Christ, avant tout, et de son "infinie beauté"; du christianisme "qui n'est pas un système intellectuel, un ensemble de dogmes, un moralisme", mais "une rencontre, une histoire d'amour, un événement"; de la nécessité de préserver la centralité du Christ contre "la grande tentation - et les années 68 et suivantes - de transformer le christianisme en moralisme, et le moralisme en politique, de substituer le faire au croire ... et, citant en particulier le cardinal Biffi (!), il parlait de "liberté" , avec les paroles de saint Ambroise "Ubi fides est Libertas".

S'adressant à ses "chers fidèles" et "chers jeunes en particulier", il parlait en substance de la foi. Mais en réalité, il ne parlait pas: il témoignait, émanait littéralement la foi.

Ce n'était pas un discours, mais un événement métaphysique.

- Stéphanie, tu as vu ce qui vient de se passer? On a encore le temps pour faire un article? Il est arrivé quelque chose d'extraordinaire. Autre chose que les habituels discours ou les sermons à la sauce cléricale. L'esprit de Saint-Ambroise est finalement revenu vibrer à Milan! Viva Ratzinger! - Dommage que le journal soit bouclé, mais notre directeur reprendra certainement l'argument.

Et nous voilà ici. Viva Ratzinger! Viva il Papa!

Vive celui qui a été élu pape par l'Eglise et le Saint-Esprit par la force de la foi et non pas de la diplomatie et du compromis, après avoir tonné, lors de la Via Crucis du Vendredi-Saint contre "la dérive vers un sécularisme sans Dieu", mais aussi contre les "tant de fois où sa Parole est déformée et galvaudée! Quel manque de foi dans de très nombreuses théories, combien de paroles creuses! Que de souillures dans l'Église, et même parmi ceux qui dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement! Combien de fierté, combien d'auto-suffisance". Celui qui a osé une prière jamais entendue auparavant: «Seigneur, ton Église nous semble souvent comme une barque prête à couler, une barque qui prend l'eau de tous côtés. Et dans ton champ de blé, nous voyons plus d'ivraie que de bon grain. Les vêtements et le visage si sales de ton Église nous épouvantent ... Aie pitié de ton Eglise ... Quand nous tombons, nous t'entraînons à terre, et Satan s'en réjouit, car il espère que tu ne pourras pas te relever de cette chute; il espère que toi, entraîné dans la chute de ton Église, tu resteras à terre, vaincu. Mais Toi, tu te relèveras. Tu t'es relevé, tu es ressuscité et tu peux nous relever nous aussi. Sauve et sanctifie Ton Église. Sauve et sanctifie chacun de nous".

Il n'imaginait certainement pas que Dieu répondrait à sa vibrante prière en lui confiant à lui le timon de la barque.

Pour éviter toute équivoque, le cardinal bavarois allait encore reprendre la métaphore nautique dans la dernière homélie avant le conclave: "La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens été souvent ballottée par ces vagues - jetée d'un extrême à l'autre: du marxisme au libéralisme, jusqu'au libertinisme; du collectivisme à l'individualisme radical, de l'athéisme à un vague mysticisme religieux, de l'agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite ....
Posséder une foi claire, selon le Credo de l'Eglise est souvent étiqueté comme du fondamentalisme. Alors que le relativisme, c'est-à-dire se laisser emporter par tout vent de doctrine, apparaît comme la seule attitude capable de faire face aux temps modernes. Nous mettons en place une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et ne laisse comme ultime mesure que son propre moi et ses désirs".

Vrais et authentiques coups de massue teutoniques pour l'aile dite progressiste de l'Eglise, qui auraient dû le mettre à l'abri d'une élection, selon les logiques de médiation et d'accomodements dont nous avons l'habitude avec la politique italienne.

Mais le Seigneur n'aime pas le sel sans saveur.

Habemus papam: Iosephum Ratzinger qui sibi nomen imposuit Bendictum XVI.

Béni soit le Seigneur!
Benoît Pape (ndt: béni soit le Pape, jeu de mots autour de "benedetto" en italien)! Benoît comme saint Benoît, le saint patron de l'Europe, l'Europe de l'ora et labora, des pèlerinages et des échanges commerciaux qui unissaient dans la communion et dans l'intérêt les peuples et les nations, sans effacer les frontières, l'Europe du latin lingua franca qui rendait universelles la science et la culture sans effacer les identités, l'Europe des moines, des scribes, des monastères et les abbayes qui ont sauvé la pensée occidentale et la civilisation pendant les invasions barbares, l'Europe de la spiritualité médiévale...

Trop grand, trop vrai, trop céleste, Ratzinger, pour l'entraîner dans la politique.

Nous ne devons pas, nous ne voulons pas réduire son message, qui a le Christ pour Alpha et Oméga, à de simples déclarations politiques. Nous ne voulons pas, cependant, être hypocrites, et nier le fait que nous éprouvons un énorme plaisir du fait que sur les questions d'e lidentité et des racines chrétiennes de l'Europe, de la Turquie en Europe, de la famille exclusivement hétérosexuelle, des dangers de l'absolutisme du relativisme pour la liberté d'opinion, nous la Ligue du Nord et le Saint-Père Benoît XVI - non pas lui comme nous, mais nous comme lui - nous pensons exactement de la même manière.

Ainsi, pour les lecteurs qui n'ont pas encore eu la chance de connaître la pensée de Ratzinger, nous publions des extraits de conférence tenue le soir du 1er avril à Subiaco, le berceau du monachisme occidental et de saint Benoît, où le cardinal Ratzinger était allé recevoir le "Prix Saint-Benoît pour la promotion de la vie et la famille en Europe".

Dans ce document, le futur pape Benoît XVI traçait une impressionnante analyse de la culture des Lumières et rationaliste qui constitue «la contradiction la plus radicale non seulement du christianisme, mais des traditions religieuses et morales de l'humanité», est en train de façonner l'Europe vers "un dogmatisme de plus en plus hostiles à la liberté". Ce manifeste de Ratzinger sur l'Europe a enrichi le dossier sur lequel les cardinaux ont planché et se sont concertés durant les jours de préconclave et constitue donc un document historique important pour la compréhension de la nouvelle direction de l'Église en Europe pour le troisième millénaire.

(*)
Je ne résiste pas à l'envie de faire partager à mes lecteurs le pur plaisir que j'éprouve en réécoutant le "benedictusmix" que seuls des esprits chagrins peuvent critiquer pour l'emploi de la musique techno!!

Habemus Papam (benedictusmix)

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