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Prêtres pédophiles: un cas de "panique morale"

En français, on dirait "lynchage médiatique" (*).
Un commentaire-analyse magistral du sociologue italien
Massimo Introvigne (13/3/2010)

Ce matin, en parcourant les titres sur Internet, et en écoutant la radio, je me suis retrouvée accablée par l'immensité de la tâche qui se présentait à ceux qui, comme moi, voulaient apporter des arguments de vérité en soutien du Saint-Père.
Ceux, en particulier, qui imputent systématiquement à un défaut de "communication" du Saint-Siège les campagnes de calomnie sciemment orchestrées contre le Pape, se sont tout à coup retrouvés à court d'arguments.
Pas étonnant.
Car il devient de plus en plus évident que la communication n'a pas grand chose à voir là-dedans.

Il y a aussi ceux qui, jetant un regard de commisération sur les "cathophiles non croyants, gens sympathiques mais privés du discernement que donne la foi" (!!!) se joignent plus ou moins consciemment au choeur des critiques, admettant sans les passer au crible de la raison les chiffres avancés par les adversaires qui, ceux-là, ne sont ni catholiques, ni cathophiles! Sans compter que cette fois, il ne s'agit pas seulement de la pédophilie, dont on entend parler depuis que règne Benoît XVI, mais de la personne même du Saint-Père.

Aux attaques, il faut donc (cela ne suffit pas, hélas), opposer des FAITS.

Grâce à mon amie Raffaella, je n'ai pas tardé à trouver des munitions.
Ce sont des faits que propose le sociologue très apprécié dans ces pages Massimo Introvigne, à coup de CHIFFRES, utilisés à bon escient.
Une démonstration magistrale, on attend de voir un intellectuel français dénoncer la manipulation (car il y a bel et bien COMPLOT) avec autant de pugnacité.

A propos, j'ai fait une recherche sur l'énigmatique titre de l'article, en italien:
Preti pedofili: un panico morale.

Voici ce que dit Wikipedia:
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(*) La panique morale est un concept anglo-saxon d'origine nord-américaine ("moral panic"), sans équivalent exact en français, qui désigne une réaction disproportionnée de certains groupes face à des pratiques culturelles ou personnelles, souvent minoritaires, jugées "déviantes" ou dangereuses pour la société. En français, les notions les plus proches de la "panique morale" sont ceux de croisade morale, de vindicte populaire, de lynchage médiatique ou de cirque médiatique. ...
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Voici donc ma traduction d'un long article de Massimo Introvigne , opportunément cité par Raffaella.
Les soulignements et les sous-titres sont de moi.


Prêtres pédophiles: un cas de "panique morale" (*).
Massimo Introvigne
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Pourquoi reparler de prêtres pédophiles, avec des accusations relatives à l'Allemagne, à l'entourage du Pape et maintenant, au Pape lui-même? La sociologie a-t-elle quelque chose à dire ou doit-elle laisser le champ libre uniquement aux journalistes?
Je crois que la sociologie a beaucoup à dire et ne devrait pas garder le silence par crainte de déplaire à certains. Le débat actuel sur les prêtres pédophiles - considéré du point de vue du sociologue - est un exemple typique de «panique morale». Le concept trouve son origine dans les années 1970 pour expliquer comment certains problèmes sont l'objet d'une « hyper-construction sociale».
Plus précisément, les paniques morales ont été défini comme des problèmes socialement construits, caractérisés par une amplification systématique des données réelles, que ce soit dans la représentation médiatique, ou dans le débat politique.
Deux autres caractéristiques ont été citées comme typiques des paniques morales.
Premièrement, des problèmes sociaux qui existent depuis des décennies sont reconstruits dans les médias et les discours politique comme «nouveaux» ou faisant l'objet d'une prétendue croissance spectaculaire ces derniers temps.
Deuxièmement, leur impact est amplifié par des statistiques folkloriques qui, bien que non confirmées par des études universitaires, sont répétées d'un media à l'autre et peuvent ainsi inspirer des campagnes médiatiques persistantes.
Philip Jenkins a souligné le rôle, dans la création et la gestion des paniques, d'"entrepreneurs moraux", dont les intentions ne sont pas toujours déclarées.
Les paniques morales ne font de bien à personne. Elles faussent la perception des problèmes et compromettent l'efficacité des mesures qui devraient les résoudre. A une mauvaise analyse ne peut que succéder un mauvaise traitement.
Entendons-nous bien: les paniques morales ont à leurs sources des conditions objectives et des dangers réels. Elles n'inventent pas l'existence d'un problème, mais elles en exagèrent les dimensions statistiques.
Dans une série d'études précieuses, le même Jenkins a montré comment la question des prêtres pédophiles est peut-être l'exemple le plus typique d'une panique morale. Sont présents en effet les deux éléments caractéristiques: une donnée réelle au départ, et une exagération de cette donnée par l'action d' « entrepreneurs moraux» ambigus.

Tout d'abord, la donnée réelle de départ. Il existe des prêtres pédophiles. Certains cas sont à la fois choquants et dégoûtants, ils ont abouti à des condamnations définitives et les accusés n'ont jamais été innocentés.
Ces cas - aux États-Unis, en Irlande, en Australie - expliquent les paroles sévères du Pape et sa demande de pardon aux victimes. Même s'il n'y avait que deux cas - et, malheureusement, il y en a davantage - ce serait toujours deux cas de trop. Mais puisque demander pardon - pour autant que ce soit noble et nécessaire - ne suffit pas, et qu'il faut éviter que les cas ne se reproduisent, il n'est pas indifférent de savoir s'il existe deux cas, ou deux cent, ou vingt mille.
Il n'est pas non plus indifférent de savoir si le nombre de cas est plus ou moins nombreux parmi les prêtres et les religieux catholiques que dans les autres catégories de personnes. Les sociologues sont souvent accusés de travailler sur des chiffres froids, oubliant que derrière chaque chiffre il y a un cas humain. Mais les chiffres, bien que non suffisants, sont nécessaires. Ils sont la condition préalable d'une analyse adéquate.


Des chiffres
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Pour comprendre comment, à partir d'un fait tragiquement réel, on est passé à une panique morale, il est alors nécessaire de se demander combien il y a de prêtres pédophiles.
Les données les plus importantes ont été recueillies aux États-Unis où, en 2004, la Conférence épiscopale a commandé une étude indépendante, au John Jay College of Criminal Justice de la City University of New York, qui n'est pas une université catholique et est largement reconnue comme l'institution universitaire des États-Unis faisant autorité dans le domaine de la criminologie.
Cette étude nous apprend que, de 1950 à 2002, 4392 prêtres américains (sur plus de 109.000) ont été accusées de relations sexuelles avec des mineurs. Parmi ceux-ci, un peu plus d'une centaine ont été condamnés par des tribunaux civils. Le faible nombre de condamnations prononcées par l'Etat découle de plusieurs facteurs. Dans certains cas, les victimes réelles ou présumées ont dénoncé des prêtres déjà morts, ou les faits étaient couverts par la prescription. Dans d'autres cas, l'accusation et même la condamnation canonique ne correspondaient à la violation d'aucune loi civile: c'est le cas, par exemple, dans plusieurs États américains, du prêtre qui a une relation avec un - ou une - mineur(e) de plus seize ans, consentante. Mais il y a également eu de nombreux cas retentissants de prêtres accusés qui étaient innocents. Ces cas se sont en effet multipliés depuis 1990, alors que certains cabinets d'avocats ont compris qu'ils pouvaient arracher des millions sur la base de simples soupçons. Les appels à la «tolérance zéro» sont justifiées, mais il ne devrait y avoir aucune tolérance pour les gens qui calomnient des prêtres innocents. J'ajoute que pour les États-Unis, les chiffres ne changeraint pas de manière significative si on ajoutait la période 2002-2010, parce que déjà l'étude du John Jay College, notait "le déclin remarquable" des cas dans les années 2000. Les nouvelles investigations ont été rares, et il y a eu très peu de condamnations, en raison des mesures rigoureuses introduites à la fois par les évêques des Etats-Unis et le Saint-Siège.

L'étude du Collège John Jay nous dit-elle, comme nous le lisons souvent, que 4% des prêtres américains sont des «pédophiles»? Pas du tout. Selon cette étude 78,2% des chefs d'accusation se rapportent à des mineurs qui ont passé la puberté. Avoir des relations sexuelles avec un jeune de dix-sept ans n'est certes pas très beau, encore moins de la part d'un prêtre, mais ce n'est pas de la pédophilie. Ainsi, les prêtres accusés de pédophilie aux Etats-Unis sont en fait au nombre de 958 en 50 ans, 18 par an. Il y a eu 54 condamnation, un peu plus d'une par an.

Le nombre de condamnations pénales de prêtres et de religieux dans d'autres pays est comparable à celui des États-Unis, même si aucun pays ne dispose d'une étude aussi approfondie que celle du John Jay College. On cite souvent un certain nombre de rapports gouvernementaux en Irlande, qui qualifient d'"endémique" la présence d'abus sexuels dans les orphelinats et les internats (de garçons), gérés par certains diocèses et ordres religieux, et il ne fait aucun doute que des cas d'abus sexuel sur mineurs, y compris très graves, ont eu lieu dans ce pays. L'examen systématique de ces rapports montrent aussi combien de nombreuses accusations concernent l'utilisation de moyens de correction excessifs ou violents. Le rapport de 2009 connu sous le nom de "Rapport Ryan" - qui utilise des termes très durs contre l'Eglise catholique - sur 25000 élèves des internats, maisons de correction et orphelinats de la période examinée, fait état de 253 accusations d'abus sexuels de la part de garçons et 128 de la part de filles, pas tous attribuées à des prêtres, des religieux ou des religieuses, de nature et de gravité diverses, se référant rarement à des enfants prépubères, et ayant encore plus rarement abouti à des condamnations.


On ressort des faits anciens et connus, en les présentant comme nouveaux
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Les polémiques de ces dernières semaines sur l'Allemagne et l'Autriche présentent une caractéristique typique des panique morales: elles présentent comme "nouveaux" des faits qui remontent à plusieurs années, dans certains cas à plus de trente ans, et en partie déjà connus. Le fait que - avec une insistance particulière sur ce qui touche la région de la Bavière, d'où vient le Pape - sont présentés en première page des événements de 1980 comme s'ils s'étaient passés hier, et que naissent de furieuses polémiques, en une attaque concentrique qui annonce tous les jours à grands cris de "nouvelles découvertes", montre clairement comment la panique morale est promue par des "entrepreneurs moraux", de façon organisée et systématique.


Y a-t-il plus de pédophiles parmi les prêtres qu'ailleurs? Non!!!

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Une question désagréable - parce que le simple fait de la poser semble une démarche défensive et ne console pas les victimes - mais importante est la suivante: le fait d'être un prêtre catholique est-il une condition qui implique un risque de devenir un pédophile ou d'abuser sexuellement de mineurs - les deux choses, comme on l'a vu, ne coïncident pas puisque celui qui abuse d'un jeune de 16 ans n'est pas un pédophile - plus élevé que dans la population générale?
Répondre à cette question est crucial pour découvrir les causes du phénomène et ensuite le prévenir.
Selon les études de Jenkins, si l'on compare l'Eglise catholique des Etats-Unis aux différentes "dénominations" protestantes, on découvre que la présence de pédophiles est - selon les dénominations - de deux à dix fois plus élevée parmi les membres du clergé protestant que chez les prêtres catholiques.
La question est pertinente car elle montre que le problème n'est pas le célibat: la majorité des pasteurs protestants sont mariés. Dans le même temps où une centaine de prêtres américains étaient condamnés pour abus sexuel sur des enfants, le nombre de professeurs d'éducation physique et d'entraîneurs d'équipes sportives - eux aussi en grande majorité mariés - reconnus coupables du même crime par les tribunaux américains avoisinait les 6000. Les exemples pourraient se poursuivre, non seulement aux Etats-Unis. Et surtout, selon les rapports périodiques du gouvernement américain, environ les deux tiers des cas d'abus sexuels sur des mineurs ne sont pas le fait d'étrangers ou d'enseignants - prêtres et pasteurs protestants, notamment - mais des membres de la famille: beaux-pères, oncles, cousins, frères et malheureusement parents. Des données similaires existent pour de nombreux autres pays.


Les prêtres pédophiles sont majoritairement homosexuels

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Bien qu'il soit peu politiquement correct de le dire, il y a un chiffre qui est beaucoup plus important: plus de 80% des pédophiles sont homosexuels, des individus mâles abusant d'autres mâles. Et - pour citer une fois de plus Jenkins - plus de 90% des prêtres catholiques condamnés pour abus sexuel d'enfants et pédophilie sont homosexuels.
Si dans l'Église catholique il y a eu effectivement un problème, ce n'était pas le célibat, mais une certaine tolérance de l'homosexualité dans les séminaires, en particulier dans les années 1970, quand ont été ordonnés la grande majorité des prêtres reconnus par la suite coupables d'abus. C'est un problème que Benoît XVI corrige vigoureusement. Plus généralement, le retour à la morale, à la discipline ascétique, à la méditation sur la vraie, grande nature du sacerdoce sont l'antidote ultime aux vraies tragédies de la pédophilie. C'est à cela aussi que devrait servir l'Année Sacerdotale.


Qui sont les "entrepreneurs de morale"?
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Par rapport à 2006 - alors que la BBC diffusait le documentaire-poubelle du parlementaire irlandais et militant homosexuel Colm O'Gorman - et à 2007 - quand la version italienne fut proposée- il n'y a eu en vérité guère de nouveautés, sinon la sévérité et la vigilence accrues de l'Eglise. Les cas douloureux dont on parle ces dernières semaines ne sont pas toujours inventés, mais remontent à vingt, voire trente ans.
Ou peut-être y a-t-il quelque chose de nouveau.
Pourquoi déterrer en 2010 ces affaires anciennes ou très souvent déjà connues, au rythme d'une par jour, s'attaquant de plus en plus directement au Pape - une attaque, de surcroît paradoxale si l'on considère l'extrême sévérité du cardinal Ratzinger d'abord, et ensuite de Benoît XVI sur ce sujet?
Les «entrepreneurs de morale» qui organisent la "panique" ont un programme qui émerge de plus en plus clairement, et qui n'a pas vraiment en son centre la protection des enfants.
La lecture de certains articles nous montrent comment - à la veille de choix politiques, juridiques et même électoraux, qui un peu partout en Europe et dans le monde, mettent en avant l'administration de la pilule RU486, l'euthanasie, la reconnaissance des unions homosexuelles, là où pratiquement la voix de l'Eglise et du Pape est la seule à défendre la vie et la famille - des lobbies très puissants tentent de disqualifier à l'avance cette voix sur l'accusation la plus infâmante et aujourd'hui, malheureusement, la plus facile, celle de favoriser ou de tolérer la pédophilie.
Ces lobbies plus ou moins maçonniques soulignent la puissance sinistre de la technocratie évoquée par Benoît XVI dans l'encyclique Caritas in veritate, et la dénonciation de Jean-Paul II lui-même dans le Message pour la Journée mondiale de la Paix 1985 , à propos de "desseins cachés" - à côté d'autres "ouvertement propagés" - "visant à assujettir tous les peuples à des régimes dans lesquels Dieu ne compte pas.

En vérité, il s'agit d'une heure de ténèbres, qui nous rappelle la prophétie d'un grand penseur catholique du XIXe siècle, Emiliano Avogadro della Motta (1798-1865), selon lequel, aux ruines causées par les idéologies laïques, succéderait une authentique "demonolâtrie» qui se manifesterait notamment dans l'attaque à la famille et au véritable concept du mariage.
Rétablir la vérité sociologique sur les "paniques morales" à propos de prêtres pédophiles, en lui-même, ne résout pas les problèmes et n'arrête pas les lobbies, mais peut constituer au moins un petit hommage mérité à la grandeur d'un Pape et d'une Eglise blessés et calomniés parce que sur la vie et la famille, ils ne se résignent pas à se taire.

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