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Un allemand défend le Pape

Un article paru dans le quotidien allemand "Die Welt": Benoît XVI, radical, moderne, et comme Boudha". Traduction (4/2/2010)

Raffaella a attiré mon attention sur un "article monumental sur Benoît XVI", paru dans le quotidien allemand Die Welt fr.wikipedia.org/wiki/Die_Welt , réputé conservateur.
Il s'agit d'un plaidoyer pour Benoît XVI, et ce qui fait son originalité, c'est qu'il est écrit par un... allemand.
Car le Pape allemand n'a pas été ménagé par ses compatriotes, au contraire.
Il semble pourtant ne pas en garder d'amertume.
Interrogé en mai 2007, dans l'avion qui l'emmenait vers le Brésil, par un journaliste allemand qui lui demandait s'il se sentait suffisamment soutenu par ses compatriotes, et s'il avait la nostalgie de son pays, il répondait en italien avec simplicité (source):
Oui, je me sens suffisamment soutenu. Naturellement, il est normal que dans un pays qui est à la fois protestant et catholique, et où il y a beaucoup de personnes non-baptisées, tout le monde ne soit pas d’accord avec le pape. C’est tout à fait normal. Mais j’ai également senti un grand soutien même de la part des non-catholiques allemands. Ce soutien est beau, et il m’aide. J’aime mon pays, mais j’aime également Rome, et maintenant je suis un citoyen du monde. Ainsi, je suis partout chez moi. Mon pays est près de mon cœur, comme tous les autres.

Mon mari a accepté de traduire l'article pour moi.

Il commence par l'évocation du fameux titre qui a fait le tour du monde du tabloïd Bild, au lendemain de l'élection: Wir Sind Papst! Evidemment, c'était du grand n'importe quoi, juste un calembour de journaliste
(de passage en Allemagne, dans l'été 2006, j'avais trouvé un tout petit album très amusant, qui exploitait le filon: http://beatriceweb.eu/baviere/... )
Ce ne sont pas les allemands, qui sont papes. Et heureusement!!! Mais par contre, c'est le fait qu'il soit allemand que l'on reproche au Pape.


Benoît XVI, radical, moderne, et comme Boudha
Paul Badde
http://www.welt.de/politik/...

Très souvent, on reproche au Pape d'être d'avant-hier.
Alors qu'il est en réalité d'avant-avant-avant-hier, car Benoît XVI personnifie une tradition vieille de 2000 ans, et de ce fait, il est la cible d'attaques croisées.
Mais le Pape n'est pas seulement radical et moderne, il est aussi un roc dans la mer des modes passagères.
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Nous ne sommes pas Pape , et nous ne l'avons jamais été - Dieu en soit loué - que ce soit l'auteur de ces lignes, Klaus Wowereit (membre du Parti social-démocrate, actuel Maire-gouverneur de la ville-État de Berlin, il est le premier homme politique allemand à avoir ouvertement indiqué son homosexualité, ndt) ou Dieter Bohlen ("roi de la pop allemande"), et c'est aussi bien ainsi.
Ni Angela Merkel, ni Margot Kässmann (femme- évêque de l’Église protestante du Hanovre, présidente de l'église évangélique d'Allemagne, divorcée http://www.la-croix.com/... ) n'ont jamais été Papes, encore moins l'ensemble des allemands.
Le faiseur de calembours qui a prétendu le contraire a fait un titre génial de page une, mais aussi une boutade, élaborée dans la "fabrique à blagues" de l'école de journalisme de Francfort.
Nous ne sommes pas non plus devenus français en 1992, quand le Cardinal Joseph Ratzinger a été élu à l'Académie Française.

De même, l'affirmation d'un journaliste de Spiegel que "les allemands auraient perdu en 2005 la foi en l'athéisme" n'a jamais correspondu à la réalité. Cette sensation n'a pu être provoqué que par l'expérience accablante du jour où, sur la Place Saint-Pierre, des fidèles sans dons musicaux particuliers ont prétendu entendre dans les râles du Pape Jean-Paul II quelque chose provenant du choeur des anges.

D'autres furent convaincus, à l'époque de l'élection de Benoît XVI, par l'illusion qu'avec cet évènement, la seconde guerre mondiale s'achevait enfin pour le peuple allemand.
Ces idées euphoriques sont à présent dépassées.
Aujourd'hui, les athées reviennent en force, plus enragés encore qu'avant, comme pour reconquérir le terrain perdu.

Il est évident que Benoît XVI s'est mis lui même dans la ligne de mire de leurs feux roulants.
Il ne s'oppose pas.
Il ne se défend pas.
Il ne part pas en croisade dans les talk-shows à la télé.
Et il n'y a personne qui soit capable d'endiguer ces ingénieurs sociaux de gauche, ces agitateurs dépassés.
Pas mal d'entre eux gagnent leur pain et leur salaire comme policiers de la pensée et des paroles, et comme gardiens (de prison) d'une nouvelle religion laïque qui, en dehors de Dieu, adore tout ce qui sert à assurer la domination de l'homme sur la vie, sur la mort et sur son destin. Entre eux, ils montent des opérations d'agit'prop contre le dernier bastion qui leur résiste, c'est-à-dire l'Eglise, et le Pape.
Mais ce qui demeure étonnant pour les observateurs romains, c'est le silence de nombreux courageux héros allemands, qui s'esquivent face aux accusations diffamatoires et démagogiques.
La Conférence des évêques elle-même, paralysée par la peur, démissionne, et laisse son bureau de presse, au lieu de dire courageusement la vérité, répandre une horrible nouvelle qui fait frissonner toutes les rédactions de Aachen à Passau: ce que Joseph Aloïs Ratzinger, le grand oncle du Pape avait une fois dit au sujet des juifs. Il s'agit là d'une sorte de mauvaise publicité pour le Pape, traversant trois générations. Pourtant, pas un mot d'indignation à ce sujet venant de Berlin.
En Italie, pourtant, chaque parole d'importance du Pape entraîne des débats nationaux dans les journaux tant de gauche que de droite.
Les polonais, quant à eux, en s'identifiant avec leur Pape, sont arrivés à faire s'effondrer le système soviétique depuis Berlin jusqu'au détroit de Bering

Le reproche le plus grave venant de l'extérieur de l'Allemagne et concernant le Pape, c'est qu'après analyse de tous les éléments, il n'en reste en réalité qu'un seul... qu'il est allemand, et de ce fait, qu'il est un antisémite patenté, etc. etc.
Que les anglais aient émis ce reproche tout de suite après son élection est compréhensible. Mais le fait que cela soit à présent divulgué au pays de la Réforme entraîne qu'à Rome, Varsovie et Paris, on se frotte les yeux de perplexité.

En Allemagne, on n'a pas le droit d'être solidaires du Pape.
Il est le Pontife le plus moderne qui ait jamais été, par sa brillante érudition de renommée mondiale, et sa doctrine de séparation radicale de l'Eglise et de l'Etat. Il est un Boudha sur le Siège de Pierre, et il est le Pape qui plus qu'aucun autre s'est intéressé en profondeur à la foi des juifs. Il est peut-être le plus oecuménique des Papes (mais bien entendu, pas à n'importe quel prix) même si beaucoup ne le comprendront que si le prochain Pape devait être chinois ou brésilien.
Mais il est allemand! Et c'est pour cela qu'il nous faut nous intéresser un peu à sa foi.

Tout pour l'esprit tapageur de l'époque.
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Car les catholiques ne croient pas seulement en un seul Dieu, ils croient en plus, comme conséquence de cette certitude qu'il y a une vérité. Et précisément UNE vérité, et pas deux, trois ou quatre, ou de nombreuses vérités.
Et ce qui est vrai ne peut pas être en même temps faux. Même de multiples répétitions ne pourront pas transformer le mensonge en vérité.
La croyance à l'existence d'une vérité unique est d'ailleurs partagée avec les pieux catholiques par de pieux juifs et de pieux musulmans.
Cependant, cette croyance catholique, grâce à la liberté religieuse, personne n'est obligé de la partager.
Dans notre région du monde, le grand écrivain catholique Alexis de Tocqueville admet qu'il a rencontré cette confiance dans la vérité à l'époque moderne. Car, comme contemporain de Karl Marx, il était arrivé à cette conclusion: "je crois. De tous temps, j'aurais aimé la vérité. Mais à l'époque à laquelle nous vivons, je me sens enclin à la vénérer".

Toutefois, sa manière rigide de concevoir la vérité, fait que l'Eglise catholique paraît quelque peu inflexible envers ceux qui ont une opinion un jour, puis une autre le lendemain, et la défendent. Parce que, selon leur opinion, il n'existe pas de vérité valable pour tout le monde. Seulement l'esprit tapageur du temps. Et donc, ils soutiennent ce tapage. Hier, ils étaient communistes, demain ils seront boudhistes, après-demain, peut-être, adorateurs de la lune. D'une certaine façon, c'est humain, trop humain.
Moins humaine, toutefois, est la fureur inquisitoriale avec laquelle, à chaque revirement d'opinion, ils redémarrent plein pot! Je ne peux pas nier qu'il y a là deux mondes incompatibles qui s'affrontent. La foi en la vérité (même si elle leur est encore en partie cachée), s'appuyant une reconnaissance de soi-même, constitue un pôle sécurisant qui manque aux vrais athées.
Il ne peuvent, en dernier recours s'appuyer sur rien, car rien n'a pour eux une consistance sécurisante.
Ils voudraient être sûrs d'être du bon côté cette fois, enfin une fois!
C'est cela qui les hante, et ce n'est pas inoffensif.
C'est justement contre cela que Joseph Ratzinger, à la veille d'être élu Pape a mis en garde, quand il a évoqué la menace de la dictature du relativisme.

Car celui qui veut aplanir la différence entre la vérité et le mensonge, voudra aussi aplanir d'autre différences.
Et pourquoi pas? Quand on peut dire ce qui nous plaît. Tout est relatif. Il n'y a pas de vérité. Il n'y a que ceux qui prétendent qu'elle existe.

Il a 2000 ans, il est Pierre
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Que reproche-t-on au pape?Qu'il n'en a pas dit assez à Auschwitz à Jérusalem? Qu'est-ce qui est suffisant? Doit-il baisser les bras, et devenir le ministre d'un rite centré sur l'apocalypse totalitaire ?
La vérité est que l'Eglise catholique n'a pas participé à la criminelle rupture de civilisation du siècle dernier, et n'en est pas responsable, à la différence des nouveaux païens à la mode du XXe siècle.

De ce bouillonnement s'élève aujourd'hui la haine envers le Pape, qui a les mêmes relents que la haine attisée par les nazis contre Pie XII.
Car Benoît XVI gêne. C'est pour cela qu'on le traite de taliban.
Et on nous dit aussi que l'homme de la Bavière n'est pas seulement allemand, mais aussi qu'il est "d'avant-hier", dépassé, conservateur. Là, cela devient complètement ridicule.
Oh que non, les amis! Il n'est pas un homme dépassé, d'avant-hier. Il est d'avant-avant-avant-hier. Il a 2000 ans d'âge. Il est Pierre. Il est galiléen, originaire de Bethsaida, sur le lac de Thibériade. Et c'est pour cela qu'il réconcilie si radicalement l'Eglise avec son authentique tradition apostolique - ininterrompue malgré toutes les ruptures - pour la ramener à sa source, en Jésus de Nazareth, qui dit de lui-même "je suis le chemein de la vérité et de la vie".

Celui qui ne comprend pas cela n'a rien compris à l'Eglise catholique. Benoît XVI s'est voué tout entier, jusqu'à sa peau, jusqu'à la pointe de ses cheveux à l'eternelle vérité du Dieu bienveillant, pour lequel il donne sa vie, comme son prédécesseur l'a fait.
C'est un homme du passé et de l'avenir.
Combien d'empires se sont écroulés, dans les derniers 2000 ans. Le Pape, lui, reste. Pierre, dans ce monde, est un roc

Deux beaux billets d'un blogueur italien Messori, et l'Internet