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Une réflexion d'Andrea Tornielli sur les dissensions au sein de l'Eglise - dont celle de la FSSPX, pour médiatique qu'elle soit, n'est pas la plus ample. Pendant ce temps, en France, un mouvement de contestation, a les honneurs de Radio Vatican !! [1] (29/4/2012)

     



Tornielli nous rappelle de ce nous savons ici depuis le début: Benoît XVI a toujours défendu la foi des simples contre l'arrogance des intellectuels. On en retrouvait encore la preuve dans l'extraordinaire discours prononcé a braccio lors de l'ouverture du synode pour le Moyen-Orient, où il part du chapitre 12 de l'Apocalypse (cf. http://benoit-et-moi.fr/2010-III/).

Dans la dernière partie de son argumentaire, sur le "néo-cléricalisme", Andrea Tornielli propose de recadrer le rôle du laïcat, afin de le rendre plus en conformité avec le décret de Vatican II sur l'Apostolat des laïcs, notant "l'émergence dans différents pays d'un néo-cléricalisme qui semble ne considérer les laïcs que comme le «bras séculier» d'une hiérarchie qui dirige tout ou voudrait tout diriger, bien au-delà de son domaine de compétence".

Oui mais:
Les mouvements de contestation comme Wir sind kirche (auquel le Saint-Père avait explicitement fait allusion dans le discours aux séminaristes de Fribourg, voir ici le commentaire de Sandro Magister chiesa.espresso.repubblica.it), ou "notre" CCBF hexagonale, avec ses deux "vitrines" Mesdames Pedotti et Soupa (1) sont ces "bras séculiers" (en France, de quels membres de la hiérarchie?).
Comment les empêcher de confisquer l'action des laïcs au profit de leurs idées?

-> Voir aussi: Vent de contestation dans l'Eglise (benoit-et-moi.fr/2012-I )

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La dissidence, la foi des simples, et le «néo-cléricalisme»
Les «schismes silencieux» et le rappel du Pape au caractère essentiel de l'annonce chrétienne


Andrea Tornielli
Vatican Insider
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Bien qu'une grande (et compréhensible) attention des médias ces dernières semaines se soit focalisée sur le résultat du dialogue entre le Saint-Siège et la Fraternité Saint-Pie X, qui pourrait bientôt rentrer dans la pleine communion avec Rome, il n'y a aucun doute que dans l'Église catholique d'aujourd'hui, il y a un autre type d'opposition, bien plus ample et répandu. Celle qui se propage dans l'Europe du centre et du nord - en Autriche, Allemagne, Belgique, Irlande - qui voit des groupes de prêtres signer des appels à la «désobéissance» exprimant des positions fortement critiques envers la ligne «romaine» dans les domaines qui concernent la sexualité, la communion pour les divorcés et remariés, le célibat des prêtres, l'ordination des femmes, le rôle des laïcs dans l'Eglise. Tandis qu'aux États-Unis, on discute de l'intervention de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi contre la «Leadership Conference of Women Religious», l'organisme qui rassemble la majorité des Supérieures des congrégations religieuses américaines (http://www.radiovaticana.org/fr1/articolo.asp?c=581234), mis sous surveillance pour ses positions qui ne sont pas en ligne avec celles de l'Eglise sur des questions comme l'avortement, l'homosexualité et le sacerdoce. Il y a des «schismes» silencieux qui sont en cours, que la chronique relate - forcément - impitoyablement, et qui contribuent à briser l'image d'une Église toujours triomphante. «Schismes» qui ne peuvent être liquidés aisément comme des hoquets de protestation post-conciliaire ou des vieilles franges progressistes vouées à l'extinction.

Face à ce qui se passe, on assiste souvent à des difficultés de la part des évêques pour affronter et «gouverner» ces situations, en attendant que sur la question «Rome intervienne». Par ailleurs, il est également indéniable qu'il est difficile de discuter des questions soulevées par les dissidents, et de les affronter dans un débat ouvert.
Un exemple de la façon dont cela pourrait être fait est représenté par le passage de l'homélie de la Messe chrismale (cf. benoit-et-moi.fr/2012-I/), que Benoît XVI a consacré à la protestation des prêtres autrichiens, parlant de leur requête de discuter de l'ordination des femmes. Le Pape est intervenu, posant - à eux et à tous ceux qui l'écoutaient, à Saint-Pierre - des questions sur ce que cela signifie de se conformer à la volonté du Christ et de le suivre. L'approche qui a suivi - et cela s'est produit aussi dans le cas des «discussions doctrinales» avec la Fraternité Saint-Pie X - a été celle de quelqu'un qui, tout en assumant le rôle de «roc» et d'autorité suprême dans l'Église, ne renonce pas à donner constamment, et avec un langage adapté à l'époque, les raisons profondes sous-jacentes à certaines positions doctrinales.

Benoît XVI est un Pape qui a dirigé le dicastère doctrinal, tenant des comptes quotidiens avec tous les problèmes exposés ci-dessus. Voici comment il s'exprimait à cet égard, avant même d'être appelé à Rome par le Pape Jean-Paul II:

«Le Magistère ecclésial protége la foi de simples , ceux qui n'écrivent pas de livres, qui ne parlent pas à la télévision et ne peuvent pas écrire des éditoriaux dans les journaux: c'est cela, son devoir démocratique. Elle doit donner une voix à ceux qui n'ont pas de voix».

«Ce ne sont pas les savants - déclarait-il dans une homélie prononcé à Munich en Décembre 1979 - qui déterminent ce qui est vrai dans la foi baptismale mais c'est au contraire la foi baptismale qui détermine ce qui est valide dans les interprétations savantes. Ce ne sont pas les intellectuels qui mesurent les simples, mais bien plutôt les simples qui mesurent les intellectuels. Ce ne sont pas les explications intellectuelles qui sont la mesure de la profession de la foi baptismale, mais la profession de foi baptismale, dans sa littéralité naïve, qui est la mesure de toute théologie. Le baptisé, celui qui est dans la foi du baptême, n'a pas besoin d'être enseigné. Il a reçu la vérité décisive et la porte avec lui, avec la foi elle-même ...».

Dans la même homélie, celui qui était alors le cardinal Ratzinger ajoutait:

«Il devrait enfin être clair aussi, que dire que l'opinion de quelqu'un ne correspond pas à la doctrine de l'Église catholique ne veut pas dire violer les droits de l'homme. Chacun devrait avoir le droit de se former et d'exprimer librement sa propre opinion. L'Eglise, avec le concile Vatican II, s'est déclarée fermement en faveur de cela, et elle l'est encore aujourd'hui. Mais cela ne signifie pas que chaque opinion externe devrait être reconnue comme catholique. Chacun doit pouvoir s'exprimer comme il le veut et comme il le peut, devant sa propre conscience. L'Eglise doit pouvoir dire à ses fidèles quelles opinions correspondent à leur foi et quelles autre non. C'est son droit et son devoir, afin que le oui reste oui et le non reste non, et afin de préserver cette clarté qu'elle doit à ses fidèles et au monde».

Nous pouvons mieux comprendre, à la lumière de ces mots, pourquoi le Pape a voulu mettre en place un nouveau dicastère dédié à la nouvelle évangélisation, et a proclamé l'Année de la Foi. Le rappel à l'essentialité de la foi baptismale, dont le «B-A-BA» est souvent ignoré, même dans le cœur de l'Europe qui était chrétienne, est considéré par le Pape Ratzinger comme une urgence. Mais ce serait une erreur de juger ce rappel destiné uniquement à «étriller» une certaine dissidence. Il s'agit en effet d'un appel plus large et plus profond, qui devrait également conduire ce monde ecclésiastique qui n'est plus en ligne avec la papauté à s'interroger. Rappeler à l'urgence de l'annonce de la foi, et à l'approfondissement de son contenu, détournerait beaucoup de prélats de s'intéresser trop et de trop près à la politique, aux prises de position, aux nominations dans les organismes publics, aux médias, ainsi que, souvent ou très souvent, d'intervenir dans des domaines où cela pourrait être fait avec une plus grande liberté par les laïcs catholiques (???). L'un des fruits espérés de Vatican II, commencé il y a cinquante ans, regardait justement le rôle des laïcs dans l'Eglise. Il n'est pas hors-sujet d'observer combien le décret consacré à ce thème, Apostolicam actuositatem (Activité apostolisue) apparaît un demi-siècle après, comme le document le moins réalisé dans la pratique concrète de la vie ecclésiale, face à l'émergence dans différents pays d'un néo-cléricalisme qui semble ne considérer les laïcs que comme le «bras séculier» d'une hiérarchie qui dirige tout ou voudrait tout diriger, bien au-delà de son domaine de compétence.

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Note: la CCBF et Radio Vatican

(1) Madame Pedotti vient de commettre (seule? j'ai des doutes!) un pavé de 574 pages sur Vatican II.
Aucune pub n'en sera faite dans ces pages.
Mais sur Radio Vatican en français, si!


Car il serait évidemment impensable (et cela créerait immédiatement un scandale) que la radio du Pape, ou mieux, comme elle se définit, "la voix du Pape et de l'Eglise" donne la parole à un "lefevbriste", ou à quelqu'un qui serait, comme on dit, proche des "intégristes".

La commère (si l'on peut dire) de Madame Pedotti, Anne Soupa, a aussi eu les honneurs de Radio Vatican, et encore tout récemment, ayant publié, à l'occasion de Pâques, un fascicule aux éditions du Cerf: voir ici.
Rappelons que ces deux femmes sont en opposition ouverte au Magistère, notamment sur l'ordination des femmes.