Rechercher:

Pages spéciales:

Page d'accueil

Vatileaks

Rencontre des familles

Toscane

Accord avec la FSSPX

Anniversaires

Boom de fréquentation aux audiences du mercredi. Belle réflexion de Marina Corradi, dans l'Avvenire. (2/5/2012)



Si j'en crois les comptes-rendus du débat d'hier entre les deux candidats (je ne l'ai pas regardé), en trois heures, il n'a été à aucun moment question des principes chers à Benoît XVI (frileusement défendus, à de rares exceptions - médiatiquement inaudibles - près, par notre épiscopat), sur la vie, la famille, l'éducation.
Notre horizon est réduit à des courbes et des colonnes de chiffres, l'homme uniquement à sa dimension horizontale, et nous ne sommes plus que des consommateurs sur pattes, dont on sonde l'endettement et le pouvoir d'achat pour ajuster au mieux le marché à la demande... et les promesses aux mécontentements.
Mais ceux qui nous courtisent pour avoir nos suffrages ont peut-être tort de sous-estimer le fait que parmi les gens - même simples - il y a une soif d'autre chose, que leurs discours de politiques ne peuvent pas combler.
C'est pour cet "autre chose" qu'il y a tellement de monde aux audiences du Pape, le mercredi; même si les gens ne comprennent sur le moment peut-être pas TOUT ce qu'il dit, ils en comprennent l'essence, n'en déplaise au correspondant à Rome de La Croix (A quoi servent les correspondants...), pour qui "sa pensée est très intéressante, mais loin de la capacité d'écoute des gens. Je pense que c'est un grand défi pour son pontificat"!!

Très bel article de Marina Corradi dans l'Avvenire, qui explique le "boom de fréquentations" aux audiences papales.
En passant, comparons les 40 000 personnes d'hier, et la moyenne hebdomadaire qui tourne auour de 15 000, à Rome, devant le Pape - en s'en tenant à une fouchette très basse - avec "l'affluence" aux meetings électoraux de ces dernières semaines en France. Cela devrait donner à réfléchir à beaucoup...

Article original ici: http://www.avvenire.it/Commenti/Pagine/un-papa-che-risponde.aspx
Ma traduction.

     



Un Pape qui répond à la nostalgie de l'infini
L'Avvenire, 2 mai 2012
Marina Corradi
------------------

Il y avait 20 000 réservations, mais hier matin sur la Place Saint-Pierre, pour écouter l'audience avec le Pape , ils étaient 40 000. Aux Polonais venus de loin à la date anniversaire de la béatification de Jean Paul II se sont ajoutés d'autres, les Romains; et des gens qui étaient peut-être de passage à Rome, en vacances, et qui n'avaient pas prévu d'aller à Saint-Pierre. Patiemment, ils se sont soumis aux files d'attente, aux contrôles de sécurité; une petite foule, équivalente à la population d'une ville comme Alghero ou Imperia, s'est rassemblée un matin, en semaine, pour entendre le pape Benoît (cf. http://www.vatican.va).
Le thème était le martyre de saint Etienne, un événement qui remonte au christianisme primitif. De l'histoire ancienne, ou - dans une optique grossièrement journalistique - une vieillerie. Qui date de deux mille ans. Pourquoi une foule de quarante mille personnes devrait-elle se déplacer pour entendre parler du premier martyr chrétien? Des temps si terriblement lointains pour nous. Pourquoi, alors, et pas seulement hier, une telle foule pour le Pape, le mercredi?

C'est peut-être que dans l'oppression opaque d'une époque où tout semble être en déclin, dans des jours où l'on semble être condamnés à voler bas, à n'espérer, pour nous et encore plus pour nos enfants, que des horizons limités, voilà que justement à un moment comme celui-là, il y a plus de demande pour une autre parole. Quand une crise limite les espoirs des hommes dans des espaces restreints, il peut se répandre - souvent non exprimée, et pas même reconnue intérieurement - une attente tacite d'une autre, et plus grande espérance.
Nous pouvons aussi nous habituer à écouter chaque matin les chiffres du "spread" à la hausse, et du PIB et de l'emploi en baisse; nous pouvons nous résigner à être les plus pauvres, et nous attendre à l'être encore plus, quand nous serons vieux; mais justement dans ces horizons incertains, il y a la faim croissante d'une grande espérance, si grande qu'elle n'est réductible à aucun indice et qu'aucun diagramme ne peut la contenir.

Pourquoi vont-ils écouter le Pape, sans l'avoir planifié, quand tout autour il y a la splendeur de Rome, un matin de mai? Peut-être y vont-ils comme on recherche une bouffée d'oxygène, quand dans une pièce, l'air est vicié: et on se met à la fenêtre, et on respire à fond l'air frais. Parce que tout peut être décadent, et érodé par la crise, mais les hommes, du moins ceux qui ne s'oublient pas eux-mêmes, ont un besoin radical d'un horizon large et bon.
Maintenant, si tout ce qui nous attend pouvait être décrit avec les courbes en chute d'une population vieillissante et le déclin du revenu par habitant, il y aurait vraiment de quoi être triste. Nous avons besoin d'une autre parole; nous voulons nous entendre dire que tout ce que nous voyons d'attente et d'émerveillement, comme l'aurore, dans les yeux de nos enfants, n'est pas une illusion. Et qu'il y a vraiment l'éternité; qu'il existe un amour qui dure toujours. Et à quel point? A un point que nous ne pouvons pas dire avec nos mots.
Alors dans cette attente muette imperceptible, un mercredi, il arrive que la foule redouble, sur la place Saint-Pierre. Sans même l'avoir planifié, on va écouter la voix douce mais assurée de Benoît XVI. Qui hier, a parlé de Saint-Etienne, le premier des martyrs. Etienne qui, dans ses derniers instants, a dit: «Voilà, je contemple les cieux ouverts».
Ces cieux ouvert, dont nous avons, écrite au fond de nous, une nostalgie mystérieuse, comme si réellement, dans leurs espaces seuls, notre destin pouvait se dérouler, libre. Au nom de qui, si ce n'est du Christ, peut-on concevoir un tel espoir audacieux?
Un matin, on va écouter le pape. Pour s'entendre dire que cette audace, niée, souvent tournée en dérision, est raisonnable, pour s'entendre témoigner un Dieu qui n'est pas inconnu, et qui nous connaît même un par un. «Avec la confiance et l'abandon des enfants qui se tournent vers un Père, qui les aime infiniment», telle a été l'ultime exhortation du Pape Benoît XVI hier sur la Place Saint-Pierre.
Pour écouter cela, ils étaient venus en grand nombre, et même de loin. Pour cela, et rien de moins.