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C'est aujourd'hui que se réunit à Rome la 'Quarta Feria' qui doit statuer sur le sort de la Fraternité. Un long texte d'explication sur le site Messa in Latino, qui est aussi un plaidoyer pour la réconciliation (16/5/2012).

-> Sur ce sujet, lire en particulier:

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Les lefebvristes, en attente du "oui" du Pape
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La lettre de Mgr Fellay
¤ Un entretien avec Mgr Nicolas Bux

J'ai retrouvé la photo ci-dessous sur mon site, elle illustrait la "Lettre ouverte à Mgr Fellay" du Père Scalese (http://benoit-et-moi.fr/2009-II/) qui reste sur ce thème d'une absolue actualité.
Il écrivait déjà il y a trois ans:

(... )
Si vraiment vous avez à cœur le sort de l'Église, il n'y a pas d'endroit meilleur, pour faire valoir ces principes, que l'Église elle-même. En restant dehors, vous laisserez l'Église à la merci de ces forces destructives qui l'amènent peu à peu à la ruine. Tant que vous continuerez à refuser le Concile, ces forces auront beau jeu de dire: « Vous voyez? Ils sont hors de l'Église, parce qu'ils refusent le Concile ; nous sommes la vraie Église, parce que nous acceptons, défendons et réalisons le Concile ». Si vous aussi acceptez le Concile, ils en resteront déconcertés ; et là, on verra bien qui est vraiment catholique et qui ne l'est pas ; celui qui interprète le Concile à la lumière de la tradition et celui qui l'interprète idéologiquement, en appelant à son prétendu « esprit ».



D'abord une précision: Si je m'intéresse autant à ce "retour" (pour lequel je ne suis pas partie prenante), c'est parce que je sais que le Saint-Père y accorde une très grande importance.

Aujourd'hui, Mgr Niccolas Bux que nous avons déjà rencontré ici (cf. Un entretien avec Mgr Nicolas Bux), consultant auprès de l'Office des Célébrations Liturgiques du Souverain Pontife et des Congrégations pour la Doctrine de la Foi et pour les Causes des Saints, et considéré comme "proche de Benoît XVI", accorde une interviewe au quotidien napolitain "Il Roma".
La date choisie n'est pas un hasard, car c'est le jour où la "Feria quarta", la comission restreinte de la CDF, examinera la réponse des lefebvristes au Saint-Siège au sujet du fameux Préambule doctrinal.
Malheureusement, l'article n'est pour le moment accessible qu'aux abonnés. L'Agence ASCA (reproduite par Raffaella) en donnait malgré tout un aperçu dès hier.

Extraits:
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«C'est le moment favorable pour le retour de la FSSPX en pleine communion avec Rome».
Mgr Bux exprime non seulement l'espoir d'une issue positive, mais aussi celui que «tous, au Saint-Siège soient désireux de contribuer à cette réconciliation».
«L'aujourd'hui de Dieu, dit-il, n'est pas différable. Nous devons saisir le moment où le Seigneur frappe».
Le signal, on peut le saisir dans le geste du Pape de lever l'excommunication en 2009, qui a consenti à commencer la rencontre pour réparer la déchirure et oeuvrer pour la réconciliation. ».

Enfin, concernant le nœud de l'acceptation du Concile Vatican II, Mgr Bux souligne: «La Fraternité Saint-Pie X n'a jamais nié le Concile Vatican II, c'est seulement la superficialité et les simplifications journalistiques qui lui ont ont attribué ce refus. Tout au plus, elle a critiqué certaines de ses doctrines, même pas d'une importance primordiale. Dans l'Église, il y a des personnes et des groupes qui nient des vérité plus importantes».

Sur le même sujet, le site traditionaliste (modéré) italien Messa in Latino, publie un très long article signé "Enrico".
Il s'agit d'une analyse détaillée de la lettre de Mgr Fellay en réponse aux excès de ses trois confrères évêques. C'est un document de premier ordre, et parfaitement crédible, tant les sentiments du Supérieur que la pauvreté des arguments de ses opposants internes, et les perpectives pour la FSSPX, et surtout, l'implication personnelle du Saint-Père

Texte en italien: http://blog.messainlatino.it/2012/05/la-tormentata-storia-delle-relazioni.html
Ma traduction.

* * *

Lundi 14 mai 2012
L'heure des décisions irrévocables pour la Société de Saint- Pie X
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L'histoire tourmentée des relations entre la Fraternité fondée par Mgr. Lefebvre et l'Église de Rome arrive - et il était temps - à sa fin, ou du moins, à un tournant fondamental. Et très peu de gens seront surpris du <coup de théâtre> (en français dans le texte) des derniers jours, autrement dit la publication de lettres enflammées qui montrent la fracture vertical au sommet de la Fraternité, entre le Supérieur Mgr Fellay, et le reste de son «collège épiscopal»...

Même si la publication des lettres entre les évêques de la Fraternité a été organisée par l'aile tradi-fanatique (leur première apparition a eu lieu sur un site semi-sedevacantiste et Le Figaro l'attribue à l'environnement de Mgr Williamson); même si un communiqué du siège général de la Fraternité estime qu'il s'agit d'un «grave péché» et l'indiscrétion un ferment de divisions; nous, au contraire saluons avec une réelle faveur cette révélation, qui porte enfin à la lumière du jour (et met un terme à tous ces bruits, ces rumeurs et ces chuchotements qui courent depuis des mois et des mois) une question qui affecte le sort de nous tous chrétiens, sur laquelle il est opportun d'avoir l'opinion la plus éclairée possible. Et, pour dire les choses franchement, nous ne pensons pas non plus que Mgr Fellay ignorait le risque d'une possible diffusion de sa lettre - il semble même qu'elle ait été écrite dans ce but, comme celle des trois évêques - ni qu'il en ait été beaucoup dérangé.

Mais revenons à la substance et essayons d'analyser brièvement les événements de ces derniers temps... et de prévoir les développements futurs.

La situation était déjà bien claire avant l'échange de ces lettres: la Fraternité Saint-Pie X se trouve dans la position, qui n'est enviable qu'en apparence, d'avoir face à elle un Pape qui, en substance, lui accorde tout. «Nous ne discuterons pas si auparavant la messe de toujours n'a pas été libéralisée et les excommunications levées» - dixit Mgr Fellay. Et ainsi fut fait. «Aucun accord canonique sans qu'il y ait eu d'abord des discussions doctrinales d'égal à égal» . Et s'en sont suivies des rencontres théologiques au plus haut niveau qui ont duré deux ans (et non pas trente ans, comme préconisait, en un vœu pieux , Mgr Tissier de Mallerais). «Nous avons besoin d'une structure qui garantisse la liberté d'action de la Fraternité» et, bien que le point soit encore à clarifier, Fellay lui-même reconnaît que, côté romain, ce point n'a jamais été un problème.

Cette attitude de Benoît XVI a privé la Fraternité de tout alibi. Mais si le Pape a tout accordé, pourquoi une telle agonie dans le corps même de la Fraternité? Pourquoi donc Mgr Fellay lui-même écrit-il - mais c'était déjà évident pour tout observateur - qu'il aurait préféré conserver indéfiniment le statu quo, dans lequel le Fratenité concède un respect (façon de parler ...) seulement du bout des lèvre à l'autorité du Pape, mais en fait se comporte comme une petite église autocéphale? Certes pas (ou du moins pas seulement) dans le but de continuer à être à la tête d'une institution qui, de fait, superiorem non recognoscet. Mais surtout parce que Mgr Fellay sait que le moment de vérité sera aussi le moment du traumatisme et des querelles intestines. Chose que, de façon très compréhensible, il veut éviter à tout prix. Mais ce ne sera pas facile.

Induratum est cor (endurci est le coeur) d'une partie très significative des représentants de la Fraternité, comme cela se produit inévitablement dans tous les groupes dissidents. C'est une maladie appelée le «sectarisme». En plaisantant je dis depuis longtemps que certains éléments de la Fraternité rejetteraient avec horreur un préambule doctrinal qui ne contiendrait que les mots «Credo in unum Deum », dès lors qu'il viendrait de Rome.

La lecture du réquisitoire des évêques Tissier de Mallerais, Williamson et Galarreta ne fait que confirmer cette impression. Lisez-la attentivement: vous n'y trouverez pas de critiques (dans ce cas, ce serait constructif, ou du moins digne d'attention) à des passages précis du texte du préambule, ou à la solution canonique proposée, ou autres. Non monsieur! l'argument avancé est apodictique et sans appel: le Pape est «subjectiviste», c'est-à-dire qu'il ne croit pas en la réalité objective des vérités de la foi; en tant que tel, il peut accueillir dans le panthéon du catholicisme conciliaire toutes les sensibilités et les opinions, même contradictoires, puisque chacune n'est «vrai» que par rapport à son contexte.

Maintenant, affirmer ces choses du Pape, de ce Pape, qui de la lutte contre le relativisme religieux (en fait une conséquence du subjectivisme) a fait le programme de son pontificat depuis l'homélie de sa Messe pro eligendo pontife , n'est même pas une caricature (qui suppose toujours une vérité partielle de fond): c'est une inversion des faits et du bon sens.

Comme Mgr Fellay le réplique à juste titre à ses frères, oui, l'Église est défigurée, mais d'autre part, on ne peut pas attendre dans sa tour d'ivoire qu'elle guérisse: il faut participer au combat pour guérir ses maux; et même quand ceux-ci seront passés, de nouveaux apparaîtront: la vie non seulement de l'individu chrétien, mais de tout le Corps mystique est perpétuel <militia>, combat contre l'hydre toujours renaissante du mal et de l'hérésie.

Remarquez, de façon générale, le ton quasi solennel, en plus d'être analytique, de la lettre de réponse de Mgr Fellay et de ses assistants, qui contraste avec le parler par slogans de ses contradicteurs. La lettre de la Maison Générale semble destinée non seulement à faire taire la dissidence interne par la force de l'argumentation, mais aussi à fournir, grâce à un style soigneusement mesuré et réfléchi et à des rappels insistants au sensus Ecclesiae, une arme préventive au Vatican quand il lui faudra faire digérer le rapprochement aux épiscopats; dont le silence apparent sur la question peut en effet résulter d'un scepticisme plein d'espoir quant à l'issue des pourparlers, mais peut aussi être le prélude d'une rébellion orageuse au moment du oui.

Que va-t-il se passer maintenant?
Ces derniers temps, le baromètre lefebvriste enregistre un revirement de tendance: dans les mois suivant immédiatement la remise du Préambule doctrinal, les opposants à l'accord ont eu le dessus, et Fellay lui-même n'a rien eu de mieux que de chercher à différer autant que possible la réponse; provoquant en conséquence chez les «romains» une certaine impatience - et aussi une certaine dureté, ce qui ne l'a certainement pas aidé dans sa position difficile. Mais si la résistance antipapiste dans la Fraternité s'est organisée, cimentant les positions des trois évêques avec celles du Supérieur du puissant district français Cacqueray (qui dans l'éditorial du dernier numéro de Fideliter décrit encore Benoît XVI comme prisonnier d' «illusions profondes et graves» au sujet de la «nouvelle religion» conciliaire), en faveur d'une réconciliation sont venues les positions de certains Supérieurs de district, premier de tous l'Allemand Schmidberger, qui était également le premier successeur de Mgr Lefebvre à la tête de la Fraternité, ainsi que ceux des États-Unis (ndt: voir ici la lettre du Supérieur, traduction par le FC), Belgique, Hollande et Asie, et surtout l'important soutien de l'abbé Simoulin, qui, en pleine connaissance de cause - à l'époque, il était recteur du séminaire d'Ecône - a détruit l'argument selon lequel l'offre romaine doit être refusée, comme Mgr Lefebvre l'a fait en 1988 en révélant que le rejet ne dépendait nulement de divergences doctrinales, mais seulement de questions pratiques sur la nomination de son successeur.

Fellay lui-même doit être pleinement conscient de deux choses.
La première: que Rome ne lui permettrait pas lontemps encore de tergiverser (comme il l'aurait beaucoup préféré) et qu'il devrait se décider pour le oui ou non.
La seconde: en cas de réponse négative à l'accord, lui-même, par le simple fait d'avoir mené des négociations de manière «modérée», serait bientôt destitué et probablement même épuré d'une Fraternité sur le chemin de l'extrémisme et de l'auto-ghettoisation. Risque très réel, comme Mgr Fellay l'écrit: «Cette incapacité à distinguer conduit l'un ou l'autre de vous à un endurcissement «absolu» . Cela est grave parce que cette caricature est hors de la réalité et conduira logiquement dans l'avenir à un vrai schisme. Et c'est peut-être un argument qui me conduit à ne pas retarder plus longtemps ma réponse aux instances romaines».

L'échange de lettres qui a fini sur Internet trahit en fait deux choses. D'une part, la crainte très forte des trois évêques récalcitrants qu'il y ait accord. De l'autre, le sentiment de sécurité que Mgr Fellay a désormais acquis, lui qui ressemblait jusqu'à présent davantage à un Roi Tentenna (ndt: locution familière pour désigner une personne irrésolue) qu'à un von Clausewitz (ndt: Karl von Clausewitz (1780-1831) est un officier et théoricien militaire prussien, auteur d'un traité majeur de stratégie militaire: De la guerre); on le voit clairement dans la façon dont il ne craint pas de faire face à ses confrères avec de dures accusations (de sédévacantisme, d'absence de confiance dans le surnaturel, d'insubordination pour avoir «ramé contre lui»).

Les problèmes liés au préambule doctrinal semblent, en effet, résolus. C'est ce qu'affirme Mgr Arrieta, secrétaire du Conseil Pontifical pour l'Interprétation des Textes Législatifs (dicastère qui s'occupe du problème suivant: la définition d'une structure canonique). Une indiscrétion qui nous a été révélée (prenez la pour telle, mais je vous assure qu'elle est fiable), est que la réponse finale de Mgr Fellay, par laquelle il accepte le fameux préambule, mais avec quelques modifications significatives, avant d'être envoyée officiellement à Ecclesia Dei et à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a été transmise, via Mgr Georg, directement au Pape, qui n'a pas soulevé d'objections. Façon d'éviter que quelque fonctionnaire romain zélé, peut-être en raison de l'attachement excessif au texte du préambule préparé par son dicastère, ne soulève un problème quelconque... De sorte que nous pouvons attendre avec confiance mercredi (ndt: aujourd'hui), quand la Congrégation pour la Doctrine de la Foi est appelée à à dire son avis sur réponse de la FSSPX.

Une fois déblayé le terrain des préliminaires doctrinaux, nous pouvons passer aux choses sérieuses. Qui sont, bien sûr juridiques ...
D'un côté, quel sera le sort de la Fraternité dans le cas d'une scission interne: tant en termes de chiffres que de propriété des structures et des centres d'apostolat (sur ce point, cependant, je me risque à prédire que le schisme interne - qui adviendra peut-être - sera substantiellement circonscrit et n'impliquera probablement pas les trois évêques: je ne pense pas qu'il y ait une grande envie de créer une sorte de «refondation lefebvriste»).

D'autre part, la question se pose de la structure canonique. Personnellement, je suis convaincu que c'est le seul point pour lequel la FSSPX aurait toutes les raisons de rejeter l'accord, si elle ne devait pas obtenir une exemption canonique absolue de l'autorité des évêques diocésains. Mais sur ce point, et sur les solutions qui se profilent, je vous renvoie à un prochain post.