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La communication de l'Eglise, et la modernité

Réflexion autour de deux articles du père Scalese (8/3/2009)

Je me suis déjà insurgée contre la manie de certains journalistes de vouloir imposer une "communication" au Vatican. (La communication du Vatican , le Pape sur Youtube, ...)
Déjà, le mot souvent associé à "transparence" (par opposition aux "mystères" qui se cacheraient derrière les "hauts murs") me fait horreur. Car la communication, c'est un des artifices du politiquement correct pour qualifier le mensonge pur et simple. On pourrait dire, pour parler comme nos sociologues, que c'est un glissement sémantique: il ne s'agit pas d'informer, mais de tromper les gens, par des artifices de présentation et de langage. C'est un métier, et il ne peut pas être celui de l'Eglise.

La "communication" réclamée par les ennemis de l'Eglise est d'abord une façon de ridiculiser des méthodes d'un autre âge (la 'cellule-com' du Vatican, représenté par le Père Lombardi est à la communication moderne ce qu'un bulletin paroissial est au New York Times: un travail d'amateur, et c'est selon moi tout à son honneur), mais surtout une tentative de mettre le Pape sous la tutelle des médias, chargés de jouer un rôle d'interface afin de "lisser" ses propos.
J'ai souligné à plusieurs reprises à quel point les dés étaient pipés dès lors que le Vatican ne pouvait pas dire certaines choses (et même presque rien), alors que ses ennemis pouvaient tout se permettre.
(voir ici: Pénibles)

Oui, mais disons-le tout net: si c'est le Vatican lui-même qui prétend prendre le train de la communication, alors, qu'il s'en donne les moyens, et qu'il le fasse bien, afin d'aider le Saint-Père, plutôt que de lui mettre des bâtons dans les roues!

Le Père Scalese a consacré plusieurs articles à ce vrai problème, dont il ressort que la faute ne revient pas uniquement à l'entourage du Pape.
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Dans un billet du 21 février intitulé "Che tristezza", il revenait sur un épisode que je n'avais pas cru utile d'évoquer dans ces pages: une chaîne de télévision israélienne a diffusé une (ou des?) émission(s) satiriques blasphématoires contre la religion catholique, au point que le premier ministre sortant a cru devoir faire quelques excuses publiques:
Il constate que le Saint-Siège, cette fois, a été parfaitement réactif, ayant immédiatement diffusé un communiqué de protestation par l'intermédiaire de la Salle de Presse.
Mais c'est pour remarquer aussitôt qu'il n'y a eu aucune suite, aucun écho dans les medias, "l'information catholique, pourtant prompte en d'autres d'occasions, à s'engager dans des combats louables" a fait une impasse totale sur la chose:

Che tristezza

Lorsqu'il y a un mois, l'Évêque Williamson s'est permis d'avancer quelque doute sur l'Holocauste, nous avons assisté à une campagne médiatique dont nous entendons encore les séquelles. Lorsque furent publiées des caricatures de Mahomet, au-delà de la campagne médiatique orchestrée par ceux que nous connaissons, les places du monde musulman tout entier se sont remplies pour protester contre l'Occident blasphémateur.
Et cette fois-ci? Tout a fini par un communiqué de presse de huit lignes.
Oui, au moins dans ce cas, le Saint Siège a joué son rôle.
Et le monde catholique, où est-il ?

Je ne prétends pas qu'on remplisse les places de l'Occident sécularisé, capable aujourd'hui uniquement de se remplir pour un concert de rock ; mais je m'attendrais qu'au moins les églises se remplissent de fidèles en prière de réparation pour les insultes adressées à leur Seigneur et à sa très sainte Mère. Mais à ce qu'il semble, il n'a même pas la capacité de s'indigner. Pire, cela n'intéresse personne. Si ce sont là les résultats du renouvellement conciliaire, nous aurions aussi bien pu nous épargner la fatigue de Vatican II.

Le Père Scalese est certes sévère envers la "communication" du Vatican - on pourrait dire plutôt "lucide" - mais sa conception n'est pas celle de John Allen. Il ne s'agit pas d'utiliser les medias généralistes comme interface, mais plutôt les organes de presse catholiques pour répliquer aux attaques. Ce qui selon lui soulève le vrai problème des rapports entre l'Eglise et la modernité.

Se demandant en effet pourquoi la "défense " du Saint-Père, après l'attaque de HK - un exemple parmi d'autres - a été laissée aux seuls blogs, il constate que "se poser la question, c'est mettre le doigt sur la plaie".

Et de poursuivre: (http://querculanus.blogspot.com/2009/03/chiesa-e-modernita.html )

Eglise et modernité

Je ne sais pas si vous vous êtes aperçus que la tempête provoquée de la rémission de l'excommunication aux quatre Évêques lefebvristes (et les déclarations négationniste d'un de ceux-ci) s'est déchaînée juste au moment où le Saint Siège faisait un considérable effort d'image pour montrer que l'Église s'était pleinement réconciliée avec la modernité: célébrations galiléennes, rencontres sur Darwin, lancement du canal vatican sur YouTube.
Quelqu'un se rappelle-t'il de ces initiatives ?

L'unique image restée est que le Pape lève l'excommunication à un Évêque négationniste.
Un flop plus total, on ne peut pas l'imaginer. Je le regrette pour le Vatican et pour ceux qui avaient inventé et étaient en train d'exécuter ce lifting ecclésial. Mais, cela me peine de le dire, ils l'ont bien cherché.
Eh oui, parce que ce n'est pas de cette façon qu'on se réconcilie avec la modernité. Ce n'est pas en embrassant avec des siècles de retard les positions de quelqu'un qui avait précédemment été condamné qu'on devient moderne. Ce n'est pas en poursuivant le monde qu'on se fait accepter par lui ; parce que le monde change continuellement, et nous serons toujours en retard.
Aujourd'hui, disons le clairement, plus personne n'a rien à faire de Galilée et de Darwin, sinon pour polémiquer avec l'Église.
Et nous procéderions à de tardives autant qu'improbables réhabilitations ?
Le problème de la modernité n'est pas tant ou seulement un problème de contenus, mais c'est avant tout un problème de mentalité. Et la mentalité est encore celle de l'ancien régime (en français dans le texte). C'est ce que montre justement ce qui s'est produit avec l'interview de Küng. Personne n'a été capable de répliquer, et de le faire opportunément. Pourquoi ? La presse catholique n'aurait-elle personne en mesure de le faire, parmi ses intervenants? L'Osservatore Romano croit être moderne parce que désormais, même des juifs y écrivent ; l'Avvenire croit être moderne parce que désormais, même des athées y écrivent . Mais après cela, lorsqu'il s'agit de répliquer à Küng, on fait profile bas, laissant la place aux blogs.
Comment est-ce possible ? Parce que leur mentalité est encore celle du " bulletin officiel", celle du "vélin" (manifestement, pas celle de Canal 5 - une chaîne du câble, ndt -, mais celle du MinCulPop - ministère de la propagande sous Mussolini, ndt, là, pour autant que j'ai saisi, je trouve le Père un peu sévère!) : on attend qu'arrive le communiqué officiel de la Salle de Presse, autrement on ne bouge pas. On a peur de prendre position, parce qu'on pourrait se tromper ; on mesure les mots, autrement quelqu'un pourrait s'offenser.
Bonjour l'opportunité et l'incisivité de l'information.
Bien sûr qu'on peut se tromper. Et alors? Si on se trompe, on se corrige ; si on offense quelqu'un, on présente ses excuses. Où est le problème ?
Mais non, nous ne pouvons pas nous tromper!
Mais ne nous apercevons-nous pas que nous sommes ridicules ?
Si nous étions un peu plus simples, un peu plus humbles, mais avec un peu plus de passion pour la vérité, le problème du rapport entre Église et modernité serait peut-être résolu.

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