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Jean-Paul II se flagellait-il?

Deux articles de Salvatore Izzo. Pas forcément pour répondre à la question, mais pour juger de la pertinence d'avoir répandu la rumeur (30/1/2010)

La semaine qui s'achève a vu s'enfler une rumeur dans les medias: Jean-Paul II se flagellait (et accessoirement, il tenait prête une lettre de démission, au cas où).
Comme la nouvelle est reprise avec délectation par des sites qui ne sont pas précisément des soutiens habituels de l'Eglise (il y a dans cette "révélation" un côté scabreux, évoquant le Da Vinci Code, dont le public pourrait être friand...), la méfiance est de mise.
Voici par exemple ce que je lis sur le site d'Europe 1.

Jean Paul II se flagellait régulièrement pour se sentir plus proche du Christ et avait signé en secret avant sa mort une lettre de démission pour le cas où il serait atteint d'infirmité ou d'un mal handicapant, révèle un nouvel ouvrage sur le prédécesseur polonais de Benoît XVI. Intitulé "Pourquoi est-il un saint? Le vrai Jean Paul II", ce livre a été rédigé par Mgr Slawomir Oder, le responsable du Vatican chargé du procès en canonisation de Karol Wojtyla. Il révèle que lorsqu'il n'était pas malade, le défunt pape s'infligeait à lui-même des souffrances - des mortifications en termes chrétiens -, afin de se sentir plus près de Dieu. Jean Paul II a été malade et a souffert à plusieurs périodes de son pontificat. Il a été grièvement blessé dans une tentative d'attentat, en 1981, a subi plusieurs opérations, dont une pour un cancer, et souffrait de la maladie de Parkinson depuis plus de dix ans lors de sa mort, en 2005.



Je n'en avais pas parlé, d'abord parce que ce site n'est pas consacré à Jean-Paul II, et surtout parce que je trouvais (c'est un avis personnel) qu'il y avait une certaine obscénité à livrer ainsi en pâture à l'opinion publique - qui majoritairement ne s'intéresse pas au fait religieux, - des détails qui appartiennent à l'intimité stricte d'une personne et qui ne nous regardent pas (je ne nie pas que de nombreux saints se sont flagellés, ce n'est pas le problème ici).

Jean-Marie Guénois écrit justement sur son blog (les commentaires qui suivent l'article sont assez critiques):



(...) ce qui me choque, c'est la diffusion sur la place publique d'une telle intimité. Non parce qu'elle peut créer une incompréhension anachronique dans une société hédoniste où ce genre de pratique apparaîtrait scandaleuse. Mais parce que la vie spirituelle intime, que l'on croit ou non en Dieu, est un sanctuaire inviolable de la conscience personnelle.



Deux articles de Salvatore Izzo (publiés sur le site de Raffaella) permettent d'y voir un peu plus clair.
Le premier souligne que l'Osservatore Romano n'a pas consacré une seule ligne au best-seller du postulateur. (*)
Un signe.
Les deux donnent la parole à un biographe "au-dessus de tout soupçon" du pape polonais, Gianfranco Svidercoschi, ex-directeur adjoint de l'Osservatore Romano, et co-auteur d'un livre avec Karol Wojtyla ("Dono e mistero').
Un témoignage qu'on ne peut donc écarter d'un revers de main.
Gianfranco Svidercoschi n'apprécie pas la démarche de Mgr Slawomir Oder.
Elle n'est pas habile (elle pourrait être contre-productive), et sans doute même pas correcte (il a publié des documents confidentiels, et même des brouillons de lettres que le pape avait biffés de sa main, et n'ont jamais été envoyés!).
Les faits isolés rapportés dans le livre, destinés à créer un "scoop", et surtout un succés éditorial, doivent être replacés dans leur contexte (par exemple, à propos des flagellations, il s'agit de simples conjectures, et pas d'un témoignage direct), et surtout s'insérer dans un ensemble. Livrés aux medias (qui ont fait ce qu'ils savent faire, c'est-à-dire du sensationnel, difficile de leur reprocher), ils ne peuvent que brouiller la personnalité du grand Pape.

Texte en italien ici: http://paparatzinger3-blograffaella..
Ma traduction.

Wojtyla: L'Osservatore Romano ne publie pas les dernières révélation
Salvatore Izzo (AGI), 29 Janvier
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L'Osservatore Romano ne leur a pas consacré une seule ligne.
Dans les milieux du Vatican on entend beaucoup de critiques.
De Pologne et en particulier de Cracovie, parviennent les échos d'un mécontentemente diffus. L'ouvrage qui vient d'être publié sur Jean-Paul II "Pourquoi il est saint?" fait couler beaucoup d'encre.
"Ce qui déconcerte avant tout - explique l'ancien directeur adjoint de L'Osservatore Romano, Gianfranco Svidercoschi - découle sans doute du fait que, pour la première fois, autant qu'on s'en souvienne, le postulateur d'une cause de béatification révèle bon nombre de témoignages qui ont été donnés sous le secret par des ecclésiastiques et des laïcs durant le procès canonique.
Et surtout, il le révèle avant même que le procès ne soit terminé,
puisque pour la béatification de Jean Paul II il manque toujours la dernière étape, celle de l'examen et de l'approbation du miracle, ainsi que la décision finale de Benoît XVI .
"Le postulateur, en y repensant maintenant - souligne Svidercoschi - estime que si Jean-Paul II avait voulu le rencontrer, c'était par une sorte de «précognition ».
Il écrit, en fait, «peut-être voulait-il connaître un peu plus en profondeur l'homme qui allait devenir son «représentant» devant la Congrégation pour les Causes des Saints. Comme pour dire, en somme, que le pape Wojtyla avait déjà pensé qu'il serait proclamé bienheureux, et donc il avait voulu connaître celui qui allait s'occuper de sa cause.
Et ce serait là le "vrai" Jean-Paul II?".

Le livre contient encore quelques documents inédits.
Il n'est pas expliqué - observe Svidercoschi - que certains textes sont simplement des études préparatoires. De même que, faute de précision, on a l'impression que Jean-Paul II a vraiment pensé à un moment donné, à démissionner. Lui, toutefois, s'est limité à demander aux experts si, comme pour les évêques (qui se retirent à 75 ans) et pour les Cardinaux de plus de quatre-vingt (écartés de l'élection du pape), il ne devait pas automatiquement s'ensuivre des limites à la papauté.
Et à la fin (même s'il avait fixé à cet effet une procédure qui était celle de Paul VI, en cas d'empêchement grave) il est arrivé à la conviction de devoir rester autant que Dieu le voulait".
"Le Christ est-il descendu de la croix?" disait en effet le Pape, comme cela a été signalé dans toutes les autres biographies.

Plus généralement, par ailleurs, on peut se demander - et cela vaut aussi pour le brouillon de la lettre à Agca que Wojtyla avait écrite et biffée de sa propre main - s'il est juste de publier des documents où le Pape avait peut-être jeté des phrases, avant de les rayer, car il ne se reconnaissait pas en elles.
Comment peut-on considérer ces mots comme significatifs si lui-même estimait qu'ils n'exprimaient pas sa pensée?
"Je pense - conclut Svidercoschi - qu'en cherchant le scoop à tout prix, on finit par fausser la personnalité de ce grand Pape. "

© Copyright (AGI)
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Wojtyla:
Un biographe: "Je ne crois pas qu'il se flagellait"
Salvatore Izzo (AGI) 29 Janvier

"
Je ne crois pas que Jean-Paul II se flagellait".
C'est ce que déclare le biographe du pape Wojtyla, et ancien directeur adjoint de L'Osservatore Romano, Gianfranco Svidercoschi, qui a écrit avec Jean-Paul II le livre «Don et mystère».
Son hypothèse est que la religieuse dont le témoignage au procès en béatification est à l'origine de cette «révélation», se soit méprise, et que la plainte qu'elle peut avoir perçue comme venant de la chambre du pape soit due à une quelconque gêne physique. «N'oublions pas - dit-il - qu'après l'attentat du 13 Mai 1981 il y a eu de très lourdes séquelles pour la santé de cet homme qui était fort et qui aimait et pratiquait le sport, au point de soutenir qu'il avait besoin au moins de temps en temps de nager, skier et faire de la randonnée en montagne pour bien se porter.
Dans les milliers de pages de documents des actes du procès - du reste - il y a beaucoup de détails qui, s'ils sont isolés et amplifiés peuvent faire perdre de vue le cadre d'ensemble du caractère - et de la spiritualité - de ce Pape.
Par exemple, la phrase sur le désir d'aller à Medjugorje ne peut pas être interprétée comme une approbation des apparitions de Marie aux voyants bosniaques: si Jean-Paul II en avait été convaincu, il les aurait approuvées, ce n'est pas qu'il n'en ait pas eu le temps, ayant régné pendant plus de vingt ans après l'apparition des phénomènes, ni qu'il ait été dans son caractère de ne pas assumer ses responsabilités dans des questions aussi délicates: il suffit de penser à la décision de publier le secret de Fatima.
"Les épisodes cités dans la presse ces jours-ci - dit Svidercoschi - venant parfois du témoignage d'une seule personne, finissent pourtant par être "absolutisés" et, même sans le vouloir, "pliés" vers une certaine interprétation.
Ainsi - énumère l'écrivain catholique - pour l'attitude de Jean-Paul II sur Medjugorje (qui était beaucoup plus prudent que cela n'apparaît dans le livre), pour les relations avec Padre Pio (Karol Wojtyla les avaient très clairement expliquées dans « Don et mystère »), pour le détail de l'auto-flagellation (celui qui en a parlé l'a-t-il vu, ou en a-t-il seulement entendu parler?). Et aussi pour l'hypothèse d'un enlèvement du pape par les Brigades rouges (au Vatican, parmi les dirigeants de l'époque, personne n'avait jamais entendu parler) ou pour le récit par le général Jaruzelski de sa rencontre avec Jean-Paul II au château de Wawel en Juin 1983 (récit qui devrait au moins être replacé dans son contexte, rappelant qu'à deux reprises lors de ce voyage, le pape avait menacé de rentrer à Rome).
En somme, remarque Svidercoschi, "une chose est le procès, au cours duquel chacun, en toute bonne foi, raconte ce dont il se souvient, ce qu'il a compris et, parfois même ce qu'il a cru voir ou percevoir ou dont il a simplement eu l'intuition. Et une autre chose,toutefois, est de transférer tout cela dans un livre, courant le risque de devoir faire nécessairement des choix, et d'encourir ainsi des interprétations qui peuvent finir par fausser la personnalité et l'oeuvre, comme dans ce cas, d'un grand Pape".
Ce qui signifie qu'on ne peut pas s'arrêter aux phrases isolées contenues dans les témoignages apportés au procès canonique, où chacun raconte ce dont il se rappelle; toute autre chose est la pertinence des témoignages pour reconstruire à la fois la vérité historique et la personnalité réelle du futur bienheureux et saint. En effet, l'important, pour la cause, c'est que les témoignages ne fassent pas émerger des ombres contenues dans les écrits et les actes du serviteur de Dieu: quant aux dévotions et aux convictions qui lui sont attribuées, ce qui compte, c'est qu'elles soient conformes à la doctrine et si c'est évident, inutile d'approfondir les détails, parce que cela n'apporterait pas d'éléments de jugement plus significatifs.
Les lignes isolées de ces déclarations ne sont pas toutes aussi significatives: le vote des évêques et des cardinaux sur la «positio» qui regroupe tous les actes, est formulé d'après le cadre d'ensemble qui se dégage et qui, dans ce cas, prouve sans conteste l'héroïcité de ses vertus.

© Copyright (AGI)

Note

(*) Terminant cet article, je vois que le Suisse Romain commente la nouvelle, et rappelle justement que L'Osservatore Romano n'est pas le journal du Pape. Je l'ai assez dit pour ne pas le contredire. Aussi n'est-il pas question ici de dire que le Saint-Père Benoît est impliqué de quelque manière dans cette polémique. Nous ne savons pas ce qu'il pense.

En 2004, Politi interviewe le card. Ratzinger Images d'un Pape "sévère"