Prenons soin des enfants
Discours du Saint-Père devant l'assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille (8/2/2010)
Ce lundi matin, Benoît XVI a reçu les participants à l'assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille, présidée par le Cardinal Ennio Antonelli.
Après les salutations d'usage, l'évocation du défunt Cardinal Alfonso López Trujillo, qui fut président de ce dicastère pendant 18 ans, et les remerciements affectueux adressés à l'archevêque de Milan, Dionigi Tettamanzi (hum...) qui est sur le point d'accueillir, en 2012, dans son diocèse, la VIe Rencontre mondiale des familles, Benoît XVI a prononcé un important discours, où il parle
- de la préparation au mariage,
- du bien des enfants,
- de la ressource irremplaçable que constitue pour la société la famille fondée sur le mariage d'un homme et d'une femme,
- de sa condamnation sans appel des actes de pédophilie dans l'Eglise (ce qui a bien entendu été l'unique point retenu par les medias français, alors que cela n'occupe que quatre lignes, et que, surtout, l'avertissement contre les pourrisseurs de l'enfance s'adressait bien sûr aux prêtres pédomanes - et non pédophiles - mais pas seulement, comme en témoigne sa référence à l'Evangile selon Saint-Marc)
- et surtout de la nécessité, pour permettre aux enfants de construire leur personnalité, de grandir avec leurs deux parents.
Texte ici: http://www.vatican.va/
Ma traduction:
(..) le Conseil Pontifical poursuit plusieurs initiatives pour sensibiliser à la valeur fondamentale de la famille pour la vie de l'Église et la société. Parmi celles-ci se situe le projet "La famille, sujet d'évangélisation", par lequel vous souhaitez recueillir, à travers le monde, des expériences valides dans les différents domaines de la pastorale familiale, afin qu'elles servent de source d'inspiration et d'encouragement pour de nouvelles initiatives; et le projet " La famille, ressource pour la société", par lequel on entend mettre en évidence auprès de l'opinion publique les bénéfices que la famille apporte à la société, à sa cohésion et à son développement.
Une autre tâche importante du dicastère est l'élaboration d'un Vademecum pour la préparation au mariage. Mon bien-aimé prédécesseur, le vénérable Jean-Paul II, dans l'exhortation apostolique Familiaris consortio affirmait qu'une telle préparation est "plus que jamais nécessaire aujourd'hui" et "comporte trois étapes principales: une éloignée, une prochaine et une immédiate" (n. 66).
Se référant à ces indications, le dicastère se propose de définir correctement la physionoimie des trois étapes de l'itinéraire pour la formation et la réponse à la vocation conjugale.
La préparation éloignée concerne les enfants, les adolescents et les jeunes. Elle implique la famille, la paroisse et l'école, les lieux l'on est éduqués à comprendre la vie comme une vocation à l'amour, qui se spécifie par la suite, dans les formes du mariage et la virginité pour le Royaume des Cieux. A ce stade, d'ailleurs, devra émerger progressivement le sens de la sexualité, comme capacité de relation et d'énergie positive qui doit être intégrée dans l'amour authentique.
La préparation prochaine concerne les fiancés et devrait être un itinéraire de foi et de vie chrétienne, conduisant à une connaissance approfondie du mystère du Christ et de l'Eglise, du sens de la grâce et de la responsabilité du mariage. La durée et les modalités de mise en œuvre seront nécessairement différentes selon les situations, les opportunités et besoins. Mais il est souhaitable de fournir un chemin de catéchèse et d'expériences vécues dans la communauté chrétienne, l'assistance d'un prêtre et de plusieurs experts, y compris la présence d'animateurs, l'accompagnement de quelques couples exemplaires d'époux chrétiens, le dialogue entre couples et groupes dans un climat d'amitié et de prière. Il importe, en outre, d'apporter un soin particulier afin que les fiancés ravivent en cette occasion la relation personnelle avec le Seigneur Jésus, en particulier en écoutant de la Parole de Dieu, en s'approchant des sacrements et surtout en participant à l'Eucharistie. Ce n'est qu'en mettant le Christ au centre de l'existence personnelle et de couple qu'il est possible de vivre l'amour authentique et de le donner à d'autres: "Celui qui demeure en moi et moi en lui porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire" nous rappelle Jésus (Jean 15:5).
La préparation immédiate se déroule dans les environs immédiats du mariage. Au-delà de l'examen des fiancés, conformément au droit canon, elle pourrait inclure une catéchèse sur le rite du mariage et son sens, la retraite spirituelle et le soin afin que la célébration du mariage soit perçue par les fidèles et surtout par ceux qui s'y préparent, comme un don pour toute l'Eglise, un don qui contribue à sa croissance spirituelle. Il est bon également que les évêques encouragent l'échange des expériences les plus significatives, qu'ils fournissent un stimulant majeur pour un engagement pastoral sérieux dans ce domaine important et qu'ils montrent une attention particulière afin que la vocation des époux devienne un trésor pour toute la communauté chrétienne et, en particulier dans le contexte actuel, un témoignage missionnaire et prophétique.
Votre Assemblée plénière a pour thème «Les droits de l'enfant», choisi en référence au vingtième anniversaire de la Convention adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU en 1989.
L'Eglise au long des siècles, suivant l'exemple du Christ, a promu la protection de la dignité et les droits des enfants et, à bien des égards, elle a pris soin d'eux.
Malheureusement, dans plusieurs cas, certains de ses membres, agissant en opposition à cet engagement, ont violé ces droits: un comportement que l'Eglise ne manque et ne manquera pas de déplorer et condamner. La tendresse et l'enseignement de Jésus, qui voyait dans les enfants un modèle à suivre pour entrer dans le royaume de Dieu (cf. Mt 18,1-6; 19,13-14), ont toujours constitué un appel pressant à nourrir envers eux profond respect et soin.
Les paroles dures de Jésus contre ceux qui scandalisent l'un de ces enfants (cf. Mc 9.42 *) nous engagent tous à ne jamais abaisser le niveau de ce respect et de cet amour. C'est pourquoi la Convention relative aux droits de l'enfant a été accueillie avec faveur par le Saint-Siège, car elle contient des déclarations positives sur l'adoption, les soins de santé, l'éducation, la protection des personnes handicapées et la protection des enfants contre la violence, l'abandon, l'exploitation sexuelle et par le travail.
La convention, dans son préambule, désigne la famille "comme milieu naturel pour la croissance et la prospérité de tous ses membres et en particulier les enfants".
Eh bien, c'est justement la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme, qui est la plus grande aide que l'on puisse offrir aux enfants. Ils veulent être aimés par un père et une mère qui s'aiment, et ils ont besoin d'habiter, de grandir et de vivre avec les deux parents, parce que les figures maternelles et paternelles sont complémentaires dans l'éducation des enfants et dans la construction de leur personnalité et de leur identité.
Il est donc important que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour les faire grandir dans une famille unie et stable. À cette fin, il convient d'exhorter les conjoints à ne jamais perdre de vue les raisons profondes et la nature sacramentelle de leur pacte conjugal, et de le renforcer par l'écoute de la Parole de Dieu, la prière, le dialogue constant, l'acceptation mutuelle et le pardon réciproque. Un environnement familial troublé, la division du couple des parents et, en particulier, la séparation et le divorce ne sont pas sans conséquences pour les enfants, alors que soutenir la famille et promouvoir son bien authentique, ses droits, son unité et sa stabilité est la meilleure façon de protéger les droits et les besoins réels des enfants.
(*) Jésus contre les pourrisseurs de l'enfance
Mais, si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui mît au cou une grosse meule de moulin, et qu'on le jetât dans la mer.
