La couverture de La Vie: une capote!
Il s'agirait d'expliquer "la révolution sexuelle de Benoît XVI". Il est surtout permis de ne pas apprécier! (25/11/2010)
La couverture de La Vie de cette semaine se veut une provocation.
Mais elle l'est!
Elle est surtout un raccourci scandaleux du traitement médiatique insensé de la sortie du livre-interviewe avec Peter Seewald, et de la préoccupation numéro un de notre société malade de sexe. Présenté évidemment sur le ton décalé de rigueur, dans les pages intérieures (j'ai acheté le journal, je le précise): l'éditorial du directeur prétend en effet nuancer, et expliquer son choix. Car évidemment, il s'adresse aux élites, et pas au vulgum pecus!
J'ai de plus en plus souvent le sentiment d'être stupide, quand je lis une certaine prose, mais si les propos du Pape sur le préservatif tels qu'ils ont été rapportés dans les anticipations de "Lumière du monde" m'ont paru inspirés par la seule sollicitude, et le respect de la vie, ceux du directeur sont confus, et le message brouillé.
Il écrit, interprétant à sa façon la réplique du Pape:
Et cependant, la voici, la révolution sexuelle de Benoît XVI. Elle n’abolit ni la loi, ni la vérité, ni ce que l’une et l’autre peuvent avoir d’exigeant. Mais elle renverse les perspectives. Elle met le réel d’abord, pour conduire ensuite vers le spirituel. Elle banalise la capote pour mieux parler d’amour. Voilà le sens de notre couverture.
Eh bien moi, obtuse que je suis, désolée, mais sur cette couverture d'un magazine que je suppose chrétien, je n'ai rien vu d'autre... qu'une capote! Et je ne suis sans doute pas la seule! En poursuivant dans cette voie, on pourrait très bien aller jusqu'à des couvertures encore plus crues... que je laisse à l'imagination de mes lecteurs!
Quant à dire que "la révolution sexuelle de Benoît XVI (je suppose que ce n'est pas la même chose que "Benoît XVI" tout court) ... banalise la capote".... il ne faudrait quand même pas prendre des désirs pour des réalités.
L'article se termine par ces nobles propos, qui séparent clairement les bons (à la fois pragmatiques et éclairés) et les mauvais (des "doctrinaires" coincés qui ne savent que condamner):
Car hiérarchiser, enfin, c’est mettre la morale dans le bon sens. Depuis l’affaire Humanae Vitae en 1968 – condamnation de la pilule par Paul VI –, le catholicisme est traversé par deux courants. L’un doctrinaire, l’autre pragmatique. Le premier affirme une norme intangible, à prendre ou à laisser, et qui apparaît d’autant plus inaccessible et d’autant moins souhaitable qu’on l’assortit d’une condamnation préalable. Le second part au contraire des situations concrètes, et cherche à les élever graduellement vers un mieux-disant éthique. C’est-à-dire vers un amour authentique, lequel ne se réduit pas à la sexualité. Si la décision du pape marque un tournant majeur, c’est parce qu’elle inverse le rapport de force entre le concret et le doctrinal, pour mieux dégager l’essentiel.
C'est vrai qu'à force de partir de situations concrètes pour les élever, etc., on a fini par ne même plus démarrer, et par rester sur place!
Le résultat est là.
En voyant cette couverture, j'ai du mal à percevoir le "mieux-disant éthique", et je pense uune fois de plus à la fable de la grenouille plongée, pauvre bête, dans une casserole d'eau froide.
Et c'est moi qui suis un pharisien???
