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Carlota a traduit le dernier article de JL Restàn, consacré au renouveau de l'Eglise à travers ce qu'il est convenu d'appeler les nouveaux mouvements. Le Saint-Père y tient, mais les clercs résistent. Eclairage (4/5/2012).

     



Lors de l'homélie mémorable de la messe chrismale, le jour du Jeudi Saint (centrée sur le thème de l'obéissance), le Pape avait eu ces mots:

Celui qui regarde l’histoire de l’époque post-conciliaire, peut reconnaître la dynamique du vrai renouvellement, qui a souvent pris des formes inattendues dans des mouvements pleins de vie et qui rend presque tangibles la vivacité inépuisable de la sainte Église, la présence et l’action efficace du Saint Esprit. Et si nous regardons les personnes, dont sont nés et naissent ces fleuves frais de vie, nous voyons aussi que pour une nouvelle fécondité il est nécessaire d’être remplis de la joie de la foi ; sont aussi nécessaires la radicalité de l’obéissance, la dynamique de l’espérance et la force de l’amour.

On en retrouve l'écho dans cet article (www.news.va/it/news/il-papa-e-i-movimenti) lu sur l'OR daté du 2 mai 2012. L'auteur est Giampietro Dal Toso, Secrétaire du conseil Pontifical «Cor Unum» .
Il y est question d'un essai récemment publié en Italie, sous la plume du cardinal Paul Josef Cordes, prélat allemand né en 1934 et président émérite du même dicastère depuis 2010.
Il s'agit d'une contribution à la publication de l'opera omnia de Joseph Ratzinger en cours à Ratisbonne, et le titre italien est «Benedetto XVI ispira i nuovi movimenti e le realtà ecclesiali. Il punto sulla situazione teologico-pastorale» (Libreria editrice vaticana, 2012).
L'auteur de l'article écrit (ma traduction):

Ayant été pendant de nombreuses années un proche collaborateur du cardinal [Cordes] au Conseil pontifical Cor Unum, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à une phrase que le Pape lui-même, dans la préface du volume célébrant le soixante-quinzième anniversaire du Cardinal [Cordes, donc en 2009], avait écrite à propos de son zèle pour les mouvements et communautés nouvelles dans l'Église: : «Du hast gesehen, dass das Organische wichtiger ist als das Organisierte». C'est à dire: « Tu as vu que l'organique est plus important que l'organisatif», alors que dans l'original allemand, le mot «organique» manifeste plus efficacement que l'italien l'origine biologique du terme, et a donc un sens implicite de vitalité, de vivacité et de dynamisme - ce qui n'est pas si évident en italien, où «organique» peut être plus facilement compris, en revanche, en termes de structure.
Une fois de plus le Pape, avec son habituel - et pourtant toujours nouveau et surprenant - soin dans le choix des concepts qu'il utilise, a précisé le cœur de la question.

Le livre, comme en témoigne son titre, tire sa substance de références à la pensée de Joseph Ratzinger - Benoît XVI.
C'est à lui, que l'auteur du livre doit une analyse théologique convaincante des particularités de ces nouveaux phénomènes de la vie de l'Eglise. (..) Il contribue à placer les mouvements et les communautés nouvelles dans le sillage de la grande tradition de l'Église et de cette Raison qui en guide les pas.

A relire sur ce sujet


* * *

Pardon pour ce long préambule, mais il est nécessaire pour bien comprendre ce qui suit.

Même si ce n'est probablement pas l'intention de JL Restàn, il n'est pas interdit de faire un parallèle avec ce qui attend la FSSPX au cas où sa situation canonique serait régularisée.

La pleine citoyenneté des mouvements, qui ne l’est pas tant que cela
Paginas digital
José Luis Restán
02/05/2012
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L’année 1987 s’écoulait et le Synode des évêques qui devait étudier la vie et la mission des laïcs était terminé. L’un des sujets brûlants de l’assemblée avait été la floraison des dits nouveaux mouvements, leur profil, leur tâche et leur place dans le corps de l’Église. Le rapporteur du Synode, le cardinal Thiandoum, a été interrogé par les journalistes à ce sujet et a répondu avec fermeté que « le Synode a reconnu la pleine citoyenneté des mouvements dans l’Église » .
Point final ?
Évidemment non, car nous parlons de réalités vivantes et tout ce qui vit pose des questions et suscite des problèmes à côté des fruits qu’il offre.

Vingt-cinq ans ont passé et la clarification en la matière menée à bien par les papes Jean-Paul II et Benoît XVI a été impressionnante. Le premier aimait la variété des charismes quasiment d’une façon naturelle, comme si cette « production » apparemment anarchique de l’Esprit s’avérait en soi déjà aimable, en coïncidence avec la propre vibration de sa grande âme.

Reste inoubliable son geste d’accueil aux mouvements et nouvelles communauté lors de la fête de la Pentecôte 1998, sur la place Saint Pierre couverte des présences les plus variées. Là, le Successeur de Pierre, avec tout le poids de son autorité, a expliqué que « ministère et charisme étaient co-essentiels » et il a décrit la genèse historique des charismes en appelant au dialogue continu du Christ avec les hommes de toutes les étapes historiques.

Le Pape Ratzinger a son parcours relationnel particulier et original avec les dits nouveaux charismes. C’est à lui qu’est revenue pendant de longues années la tâche ardue et vitale de discerner toute nouveauté qui surgissait dans l’Église, et il a toujours démontré autant de délicatesse que de pénétration rationnelle. Son approche, il l’a révélé lui-même, avait un côté plus rationaliste, plus analytique et plein d’une curiosité intellectuelle. Etant à l’origine un théologien et un homme préoccupé du renouveau de l’Église à un moment de grave défi historique, le surgissement de ces réalités a supposé pour lui un motif d’interrogation, d’approfondissement, et finalement de grande joie. Et bien sûr, sans tomber dans l'angélisme ni dans les banalités « arc-en-ciel ». Joseph Ratzinger était trop exigeant pour céder à cette tentation.

Il se révélait ainsi, avec sa sincérité déconcertante, aux évêques du Portugal :
« Je vous confesse l’agréable surprise que j’ai eu en rencontrant les mouvements et les nouvelles communautés de l’Église. En les observant j’ai eu la joie et la grâce de voir comment, à un moment de fatigue de l’Église, à un moment où l’on parlait de "l’hiver de l’Église", l’Esprit Saint créait un nouveau printemps, en réveillant chez les jeunes et les adultes la joie d’être chrétiens, de vivre dans l’Église qui est le corps vivant du Christ. Grâce aux charismes, la radicalité de l’Évangile, le contenu objectif de la foi, le courant vivant de la sa tradition, se communiquent d’une manière persuasive et sont accueillis comme une expérience personnelle, comme une adhésion libre à tout ce que renferme le mystère du Christ ».

Évidemment, Benoît XVI, connaît aussi la tension qui fait que chaque nouveau bourgeon du corps de l’Église rencontre son espace, croît et murît, de sorte qu’il offre sa contribution à l’ensemble. Et en parlant aux évêques il leur recommandait d’aider les mouvements « à trouver le juste chemin, en apportant des corrections avec compréhension, cette compréhension spirituelle et humaine qui sait allier l'attitude de guide à la reconnaissance et à une certaine ouverture et disponibilité pour apprendre ».

Eh bien donc, vingt-cinq ans ont passé depuis cette solennelle citoyenneté proclamée par le Synode, mais parfois il en coûte beaucoup plus pour que l’ensemble de l’Église assimile certaines choses.
Et je le dis parce qu’il y a quelques jours, la prose d’une conférence régionale d’évêques d’un pays européen m’a surpris, une prose qui me fait craindre (crainte infondée ?) que ce quart de siècle ait passé en vain (ndt: j'ignore à quel fait précis se réfère JLR... mais ne voit-on pas la même attitude de certains épiscopats, envers la FSSPX, certes pas un "nouveau mouvement", mais, de façon spéculaire, un apport de forces nouvelles). Une sécheresse têtue, en rien paternelle, un oubli quasi coupable, et une myopie pour affronter le défi de la nouvelle évangélisation qui décourage. Bien sûr, peu s’opposeront aux propos du Pape précédemment cités, mais voir cette reconnaissance et ce style pastoral triompher est une autre affaire.

Qu’il soit entendu que cela n’a pas de sens de faire une appréciation en bloc de ce qu’on appelle les nouveaux mouvements, qui dans certains cas ne sont plus si nouveaux (beaucoup ont déjà pas mal atteint l’âge de la maturité) et quelques uns rejettent cette dénomination pour différentes raisons. Parmi eux, il y a autant de variété et de disparité de sensibilité comme l’on peut en trouver dans l’histoire entière de l’Église. En outre la réalité est dure et met tout le monde à l’épreuve, et comme c’est toujours arrivé dans l’histoire, certains se font plus forts et perdurent tandis que d’autres s’affaiblissent et s’épuisent. Mais ce qui est absurde c’est de faire comme s’ils n’existaient pas, ou maintenir une réticence invétérée par le simple fait qu’ils n’ont pas surgi des planifications officielles ou de ce qu’ils ont un tempérament qui leur est propre.

Réticence, sûrement, qui n’affecte pas seullement certaines curies diocésaines déterminées, mais aussi des notables laïcs toujours disposés à « coordonner » la vie qui surgit, si incommode, et en dehors de leurs schémas. Il semble que quelques uns les tolèrent mais souffrent de l’existence des mouvements, bien qu’en réalité, ils pensent (ou cela semble) que ce ne sont pas des formes complètes et nobles du vivre de l’Église.

Nous vivons un moment crucial, marqué par la fatigue de la foi et la force du nihilisme corrosif. Il serait stupide de jeter du goudron sur les bourgeons qui commencent à sortir du tronc, et de prétendre que la réponse naîtra d’une conception de laboratoire.

Benoît XVI disait d’une manière extraordinaire lors de la dernière Messe Chrismale : «en regardant l’histoire de l’époque post-conciliaire, on peut reconnaître la dynamique du vrai renouvellement, qui a souvent pris des formes inattendues dans des mouvements pleins de vie et qui rend presque tangibles la vivacité inépuisable de la sainte Église, la présence et l’action efficace du Saint Esprit» (ndlr: cf. ci-dessus). L’on voit que cette vivacité inépuisable en fatigue certains immédiatement. C'est donc qu'ils sont utiles, heureusement.