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Gerhard Ludwig Müller, succède au cardinal Levada. Articles sur lui, dans ce site. Et une interviewe de Sandro Magister dans Il Sussidiario, qui parle du troisième homme de "l'équipe Ratzinger", avec les cardinaux Ouellet et Koch (3/7/2012).

Image ci-contre sur le site La Vigna del Signore.


A propos de Mgr Müller, sur mon site



     



Magister: Müller, une nomination «innovante» qui renforce Benoît XVI
www.ilsussidiario.net

Interviewe de Sandro Magister
Par Federica Ghizzardi
Mardi 3 juillet 2012
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C'est Gerhard Ludwig Müller, évêque de Ratisbonne, qui est le nouveau préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Le décret de nomination signé par Benoît XVI, qui a occupé ce poste pendant près de 24 ans, aux côtés de Jean-Paul II, a été rendu public lundi 2 Juillet simultanément à Rome, à l'ancien Saint-Office, et à Ratisbonne, où se trouvait le prélat. Mgr Müller succède au cardinal William Joseph Levada, qui avait présenté sa démission pour raison d'âge, il y a plus d'un an.
Mgr Müller, qui, en cette circonstance a été élevé à la dignité d'archevêque et recevra la barrette de cardinal lors du prochain consistoire, assume aussi la fonction de président de la Commission pontificale «Ecclesia Dei», de la Commission biblique pontificale et de la Commission théologique internationale.
64 ans en Décembre dernier, professeur à l'Université Ludwig-Maximilians de Munich et invité de plusieurs universités dans le monde, le nouveau préfet est très estimé par Papa Ratzinger, qui a confié le soin de son œuvre, c'est-à-dire le recueil de tous ses écrits théologiques.
Sur cette importante nomination vaticane, ilsussidiario.net à demandé l'avis de Sandro Magister.


- Comment jugez-vous la succession au poste de préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi décidée par le pape Benoît XVI?
« La nomination de Mgr Müller montre l'intérêt prééminent de Benoît XVI pour mettre au poste de Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi une personne de confiance absolue et très en phase avec sa vision théologique.

- Quand le cardinal William Levada a été nommé, on a dit: Benoît XVI considérait comme essentiel que le préfet soit avant tout un pasteur. Gerhard Ludwig Muller est aussi un théologien. Cela change-t-il quelque chose dans l'orientation du pape?
« Je dirais que non. Certainement, le nouveau préfet correspond très fortement à l'intérêt du pape d'avoir une personne avec qui travailler en étroite collaboration et en toute confidentialité. Entre autres choses, Muller, qui est un pasteur comme évêque de Ratisbonne, est aussi un théologien qualifié et a été chargé de s'uperviser l'édition complète des œuvres théologiques de Joseph Ratzinger.

- Un choix dicté par un facteur presque d' «empathie», et de proximité?
« Sans aucun doute. Il faut dire que ce n'est pas le premier cas de nomination faite à la curie par Benoît XVI, au point de pouvoir définir ces choix comme une «petite équipe» composée de gens de confiance du pape et travaillant en étroite collaboration avec lui. Au nom de Müller, en effet, on peut associer les noms du cardinal Marc Ouellet, qui nomme les évêques du monde entier, et du cardinal Kurt Koch, qui dirige le Conseil pontifical pour la Promotion de l'Unité chrétienne. Koch, Ouellet et Müller sont un trio qui a une grande importance dans le gouvernement de l'Église mondiale, et dans lequel Ratzinger nourrit une confiance très forte.

- Selon vous, cette nomination est soumise à des critères de nationalité, ou politiques? La Repubblica a écrit: plus d'Allemands autour du Pape en cette période difficile ... Qu'en pensez-vous?
« Müller est un Allemand, plus précisément un bavarois (ndt: en réalité, Müller est né à Mayence, capitale du Land de Rhénanie-Palatinat, mais il a fait une partie de ses études à Münich), mais Koch, par exemple est suisse, certes alémanique et Ouellet est canadien. Plutôt que géographique, leur proximité est culturelle, ayant affiné une vision théologique très similaire à celle du pape, qui leur permet de faire une vraie équipe.

- Quels sont les points forts de cette vision théologique qui unit l '«équipe» de Ratzinger?
« C'est une vision qui s'appuie sur le meilleur que la théologie catholique du XXe siècle a produit. Qu'il suffise de dire que d'autres grands théologiens comme Hans Urs von Balthasar, Henri de Lubac et Jean Daniélou peuvent être associés à ce courant.

- Interrogé en Août 2010 dans ce journal (ndt: texte en italien ici), Mgr Müller, disait: «C'est seulement le 'principe' de l'amour, comme unité interne et inséparable de la raison et l'émotion, l'intelligence et l'affection, qui peut surmonter les contradictions de la raison moderne». Quel est votre commentaire?
« C'est une pensée certainement partagée par le pape. Mais peut-être que ce qui doit être souligné, c'est que ce courant théologique ne se distingue pas par un usage exclusif de la rationalité, mais est très fortement inspirée par le retour, effectué dans la seconde moitié du XXe siècle, à la pensée des Pères de l'Église. Fondamentales sont aussi la centralité de la liturgie et une interprétation de l'Écriture qui n'est pas purement historico-critique, mais canonique, c'est-à-dire inspiré à ce sens spirituel et global typique des grands érudits des Écritures au Moyen Age.

- En ce sens, vous pensez que cette nomination peut être considérée comme «innovante»?
« Absolument, parce qu'à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi arrive quelqu'un qui n'est pas simplement chargé de veiller sur la «pureté» de la doctrine, mais un théologien ayant une compétence et une vision suffisamment fortes pour promouvoir l'histoire de la foi dans le contexte moderne, fait ses débuts. Du reste, nous nous approchons d'une année que Benoît XVI a décrétée spécifiquement pour ranimer la foi dans le monde.

- Le nouveau préfet devra également diriger la Commission Ecclesia Dei , qui est en train d'examiner la possibilité d'une recomposition avec les adeptes de Mgr Marcel Lefebvre. Que pensez-vous que sera la ligne qui sera suivie par Müller?
« La même que celle suivie avec beaucoup de courage par Papa Ratzinger, défiant les résistances extrêmement fortes qui se font jour aussi et surtout au sein de l'Eglise, où il existe des courants fortement oecuméniques mais seulement en paroles; c'est-à-dire qu'en paroles, ils mettent constamment l'accent sur l'ouverture vers les communautés séparées, comme les protestants historiques, mais, en même temps, ils montrent non seulement une fermeture, mais un mépris réel vers des franges très proches de l'Eglise catholique, séparées depuis peu de temps, comme justement les lefebvristes. Courant qui peut et doit être un travail de réconciliation.

- Müller se déclare lui-même disciple et ami du théologien péruvien Gustavo Gutierrez, considéré comme l'un des instigateurs de la 'théologie de la libération'. Comment jugez-vous cette ouverture?
« Cette attention particulière pour la doctrine de Gutierrez a été utilisée comme une arme d'accusation par ceux qui ne souhaitaient pas Müller à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. En réalité, à bien y regarder, Gutierrez est certainement parmi les représentants les plus célèbres de la 'théologie de la libération', mais il est le seul qui n'a jamais été condamné parce qu'en fait, sa théologie est dans le "lit" de l'orthodoxie. En outre, ce courant a eu des dérives, surtout de type marxistes, absolument incompatibles avec la doctrine catholique tout court, mais d'autre part, il a également joué sur d'autres thèmes et abordé des problèmes qui ont été évalués positivement. Parmi ceux-ci, Mgr Müller, et dans le passé, le préfet Ratzinger lui-même s'étaient exprimés de façon critique sur certains aspects de la "théologie de la libération".