Le Pape à Viterbe et Bagnoregio
Reportage photos, et comptes-rendus (7/9/2009)
Benoît XVI accomplissait hier 6 septembre sa 16e visite pastorale en Italie, dans la province du Latium (environs de Rome), à Viterbe, qui fut siège de la papauté au XIIIème siècle, et à Bagnoregio, ville natale de Saint-Bonaventure, un des deux intellectuels, avec Saint-Augustin, qui ont le plus marqué le théologien Ratzinger, et auquel on sait qu'il a consacré sa seconde thèse de doctorat, celle d'habilitation à l'enseignement, sur "saint Bonaventure et sa théologie de l'histoire".
Il a raconté dans son livre autobiographique "Ma vie" les vicicissitudes de cette thèse.
Le site Zenit a traduit à ce sujet un article passionnant de Robert Moynihan, le directeur de la revue Inside the Vatican.
Il y explique pourquoi le "voyage du pape à Bagnoreggio [est] bien plus qu'un autre voyage papal ; c'est un voyage dans le passé intellectuel et spirituel de J. Ratzinger, et au cœur de sa vision intellectuelle et spirituelle".
A Viterbe, le Saint-Père s'est rendu au Palais des papes, et a visité la Salle du Conclave, ainsi nommée parce qu'en 1271, après une vacance de trois ans de la papauté, dans le cadre des luttes de pouvoir entres les guelfes et les gibelins , les autorités de Viterbe décidèrent d'enfermer "cum chiave" les électeurs, au pain et à l'eau, jusqu'à ce qu'ils réussissent à élire - rapidement - le pape Grégoire X. Celui-ci s'est souvenu de cette péripétie instaurant par la suite le conclave. Cinq autres papes furent élus à Viterbe, et quatre d'entre eux y ont leur sépulture.
Le Pape a ensuite célèbré la messe, à Viterbe, avant de réciter la prière de l'Angélus, puis de se recueillir sur les reliques de Sainte Rose de Viterbe (wikipedia lui consacre une notice incomplète, nous informant cependant que sa brève existence s'est déroulée entre 1240 et 1258, et que le 4 septembre, à Viterbe une grande fête a lieu en son honneur, durant laquelle la statue de la sainte est portée en procession à travers la ville).
Benoît XV l'a déclarée patronne de l'Action catholique féminine de la jeunesse.
En fin d'après-midi, il s'est rendu en hélicoptère à Bagnoregio (ravissante petite bourgade italienne éclairée par les rayons d'un soleil déclinant à une quarantaine de km de là - KTO nous a régalé des pittoresques commentaires du napolitain Flavio Esposito), où il a visité la cathédrale et s'est recueilli devant les reliques de saint Bonaventure puis a rencontré la population dans une ambiance de fête que je commence à bien connaître pour l'avoir éprouvée personnellement au moins 3 fois.
Les discours et homélies du Saint-Père sont à lire sur le site du Vatican, pour le moment en italien.
La "visite" à Sainte Rose a été l'occasion d'un de ces épisodes merveilleux (au sens de surnaturel ) dont nous sommes parfois les témoins stupéfaits lorsqu'il s'abîme en prières et oublie tout autour de lui, et qui me laissent dubitative sur les divagations des journalistes attribuant à Benoît XVI des visées politiques et des gestes de "gouvernement". Elles ne me semblent en rien correspondre à sa personnalité. C'est un pur intellectuel, et un homme de prières, avant tout. Et, par moments, un mystique.
Ce reportage du journal local, "Il Corriere di Viterba" en témoigne magnifiquement.
A lire ici: Viterbe: le face à face avec Sainte-Rose